23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

130<br />

Woompa tout entier, et m'âpprendre êm cl«ix<br />

Les mouvements divers Ineonnus à nos yeux,<br />

Les noms et les vertus <strong>de</strong> eei c<strong>la</strong>rtés errantes<br />

'Par qui sont nos dattes et sot mœurs différantes?<br />

Que tl Je ne sols se pour <strong>de</strong> st grands projets,<br />

Bu moins que les ruisseaux m'offrent <strong>de</strong> doux objets ;<br />

Que je peigne en mes vers quelque rive fleurie.<br />

La Parque à filets d'or s'ourdira point ma rie;<br />

Je se dormirai polo! sous <strong>de</strong> riches <strong>la</strong>mbris;<br />

, Mais voit-oo que le somme en per<strong>de</strong> <strong>de</strong> sou prix?<br />

En est-il moins profond et moins plein <strong>de</strong> délices?<br />

le lui voue au désert <strong>de</strong> nouveaux sacrifices.<br />

Quand le moment viendra d $ aller trouver les morts,<br />

Taural vécu sans soins, et mourrai sans remords.<br />

C'est là le ton d'an homme qui révèle ses goûts ,<br />

et qui épanche son cœur. Dans d'autres occasions<br />

ce n'est qu'ira mot en passant, qui trahit son caractère<br />

:<br />

Toi donc, qui que tu sois t ô père <strong>de</strong> famille t<br />

C Et Je se t'ai Jamais envié cet honneur.)<br />

Quand nous ne saurions pas que <strong>la</strong> Fontaine ne<br />

potwalt pas souffrir les embarras <strong>du</strong> ménage, et qu'il<br />

avait une femme qui ne les lui faisait pas aimer, ce<br />

?er§ nous rapprendrait.<br />

Auteurs, c'est un trait <strong>de</strong> gaieté, une saillie :<br />

Une souris tomba <strong>du</strong> bec d'un enat-huant ;<br />

le ne l'aurais pas ramassée;<br />

Mais un Bramin le Et : chacun a sa pensée<br />

S'il eût dit simplement qu'un Bramfn <strong>la</strong> ramassa, il<br />

n'y a?ait rien <strong>de</strong> piquant. Tout le sel <strong>de</strong> cet endroit<br />

consiste dans Fadresse <strong>de</strong> Fauteur à se mettre en opposition<br />

mm le Bramtn, et ce<strong>la</strong> lorsqu'on y pense le<br />

moins, par une réiexion si simple, qu'elle fait ressortir<br />

davantage <strong>la</strong> singu<strong>la</strong>rité <strong>de</strong> l'Indien. C'est ainsi<br />

qu'il égayé et embellit tout par <strong>de</strong>s moyens que lui<br />

seul connaît : personne n'a su entremêler a?ec plus<br />

<strong>de</strong> rapidité, <strong>de</strong> justesse et <strong>de</strong> bonheur, le récit et <strong>la</strong><br />

réflexion.<br />

Un lièvre en son gîte songeait ,<br />

Car que faire en un gfte, à moins que Ton ne songe?<br />

Dans un profond ennui ce Métro se plongeait :<br />

Cet mimai est triste, et <strong>la</strong> crainte le ronge.<br />

CODES DB mTÉMTUH.<br />

Les exemples <strong>de</strong> cette espèce sont sans nombre. Il<br />

reste à parler <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie <strong>de</strong> ses fables; mais elle<br />

est si riche, quelle <strong>de</strong>man<strong>de</strong> un détail fort éten<strong>du</strong> t<br />

et <strong>la</strong> Fontaine mérite bien <strong>de</strong> nous occuper <strong>de</strong>ux<br />

séances.<br />

Toujours guidé par un discernement sûr, <strong>la</strong> Fontaine<br />

a réglé sa manière d'écrire <strong>la</strong> fable et le conte<br />

fur leplus<strong>du</strong>moins<strong>de</strong> sévérité<strong>de</strong> ehaque genre. Tout<br />

est bon dans un conte, pourvu qu'on amuse : il y<br />

hasar<strong>de</strong> toutes sortes d'écarts. 11 se détourne vingt<br />

fois <strong>de</strong> sa route, et l'on ne s'en p<strong>la</strong>int pas ; on fait ?olontiers<br />

le chemin avcelui. Dans <strong>la</strong> fable, qui tend<br />

à un but que l'esprit cherche toujours, il faut aller<br />

plus tite, et ne s'arrêter sur les détails«qu'autant<br />

qu'ils concourent à Funité <strong>de</strong> <strong>de</strong>ssein. Dans cette<br />

partie, comme dans tout le reste, les fables <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Fontaine, à un très-petit nombre près, sont îles<br />

modèles <strong>de</strong> perfection.<br />

Le conte, familier et badin, Dut prdoniier les<br />

fautes <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage, d'autant plus facilement qu'il ressemble<br />

à ua% conversation libre et gale; <strong>la</strong> fablef<br />

plus sérieuse, ne les souffre pas. Aussi <strong>la</strong> Foutaisef<br />

négligé dans ses Cùnies, est en général beaucoup<br />

plus correct dans «es Feéks ; il y respecte <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

bien plus que Molière dans ses comédies : nos content<br />

d'y prodiguer les beautés, il s'y défend les fautes.<br />

Et qui croira pouvoir s'en permettre aucune,<br />

quand <strong>la</strong> Fontaine s'en permet si peu?<br />

Cette correction, quT suppose une composition<br />

soignée, est d'autant plus admirable, qu'elle est accompagnée<br />

<strong>de</strong> ce naturel-quï semble exclure toute<br />

idée <strong>de</strong> travail. Je ne crois pas qu'on trouve dans <strong>la</strong><br />

Fontaine, <strong>du</strong> moins dans les écrits qui ont consacré<br />

son nom, une ligne qui sente <strong>la</strong> recherche on Faffectation.<br />

11 ne compose point ; il converse : $11 raconte,<br />

il est persuadé; s'il peint, il a ¥u : c'est toujours<br />

son âme qui s'épanche, qui nous paria, qui se<br />

trahit. 11 a toujours Fair <strong>de</strong> sous dire son secret, et<br />

d'avoir besoin <strong>de</strong> le dire. Ses idées, ses réflexions,<br />

ses sentiments, tout lui échappe, tout naît <strong>du</strong> mo­<br />

ment. Rien n'est appelé, rien n'est préparé. Tout,<br />

jusqu'au sublime, paraît lui être facile et familier :<br />

il charme toujours et n'étonne jamais.<br />

Ce naturel domine tellement chez lui, qu'il dérobe<br />

au commun <strong>de</strong>s lecteurs les autres beautés <strong>de</strong> son<br />

style. Il n'y a que les connaisseurs qui sachent à quel<br />

point <strong>la</strong> Fontaine est poète par l'expression, m<br />

qu'il a vu <strong>de</strong> ressources dans notre <strong>la</strong>ngue, ce qu*il<br />

en a tiré<strong>de</strong> richesses. On ne fait pas asseïd'attention<br />

à cette foule <strong>de</strong> locutions aussi nouvelles qu'elles<br />

sontheureusemest%uries.Gombienn'yeiia-t-ilpas<br />

dans <strong>la</strong> seule fable <strong>du</strong> Chêne et <strong>du</strong> Jto*eaijf Veut-il<br />

peindre l'espèce <strong>de</strong> frémissement qu'un v eut léger<br />

fait courir sur <strong>la</strong> superficie <strong>de</strong>s eaux :<br />

lie moindre vent qui d'avorton<br />

fUt ri<strong>de</strong>r te face <strong>de</strong> rean....<br />

Ce mot <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>r offre <strong>la</strong> plus parfaite ressemb<strong>la</strong>nce.<br />

Veut-il exprimer les endroits bas et marécageux on<br />

croissent ordinairement les roseaux :<br />

Mats vous naissez le plus souvent<br />

Sur les humi<strong>de</strong>s bords <strong>de</strong>s royaumes <strong>du</strong> vent<br />

S'agit-il <strong>de</strong> peindre <strong>la</strong> différence <strong>de</strong> l'arbuste fragile<br />

au chêne robuste, peut-elle être mieux représentée<br />

que dans ce vers d'une précision si expressif e?<br />

Tout vous est aquilon, tout me semb<strong>la</strong> léphyr.<br />

Un ?ent d'orage, un f eut impétueux et <strong>de</strong>structeur

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!