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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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n Sait 6)*une ¥olx légère,<br />

« Passer <strong>du</strong> gra¥@ an doux, do p<strong>la</strong>isant an sévère.<br />

* Ce fîii prou¥ê son mérite chez tous les gens <strong>de</strong> goût,<br />

c'est qu'un sait ses fers par sœur; et ce qui doit p<strong>la</strong>ire aux<br />

ptûSosophes, c'est qu'il a presque toujours raison.... Os<br />

oserait présumer Ici que F Are poétique <strong>de</strong> Boileau est<br />

supérieur à celui d'Horace. La métho<strong>de</strong> est certainement<br />

une beauté dans un poète didactique : Horace s'en a point<br />

Nous se lui en ferons pas un reproche f puisque son poème<br />

est une épltre familière aux Puons, et non pas un oufrage<br />

LA UÂfti'g. — TOI» t.<br />

SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE. 7-21<br />

Boileau, correct smtsÊr d£ qmïpm b&M écrits;<br />

Zûïle <strong>de</strong> Qulnault, et f<strong>la</strong>tteur <strong>de</strong> Louis ;<br />

Mais oracle <strong>du</strong> goût dans cet art difficile<br />

Où s'égayait Horace f où t?a¥aU!att Virgile, etc.<br />

régulier comme les Gé&rgàques. Mais c'est un mérite <strong>de</strong><br />

plus dans Boileau, mérite dontks philosophes doifent lui<br />

tenir compte. L'Art poétique <strong>la</strong>tin ne parait pas, à beaucoup<br />

près , si travaillé que le français. Horace y parle presque<br />

toujours sur le ton libre et femiller <strong>de</strong> ses autres épltres :<br />

c'est une .extrême justesse d'esprit » c'est un goût fin; ce<br />

sont <strong>de</strong>s ¥@rs heureux et pleins <strong>de</strong> sel, mais mm mi sans<br />

Maison, quelquefois <strong>de</strong>stitués d'harmonie; ce n'est pas l'élégance<br />

et <strong>la</strong> correction <strong>de</strong> Virgile, L'ouvrage est très-bon ;<br />

celui <strong>de</strong> BoUean parait encore meilleur ; et si ¥ous en exceptez<br />

les tragédies <strong>de</strong> ftac<strong>la</strong>e , qui ont le mérite supérieur <strong>de</strong><br />

traiter toutes Ses passions et <strong>de</strong> sur<strong>mont</strong>er toutes les difficultés<br />

<strong>du</strong> théâtre» VArt poétique <strong>de</strong> BoUeau est sans<br />

contredit le poème qui Ml le plus d'honneur à <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue<br />

française. » -<br />

Je no joindrai pas à un morceau si décisif et si<br />

frappant uoe fonte <strong>de</strong> passages où foliaire énonce<br />

le même mis en d'autres termes ; je n'insisterai pas<br />

sur le Commentaire <strong>de</strong> Corneilk, où non-seulement<br />

•les préceptes <strong>de</strong> Boileau f mais ses jugements 9 qmi<br />

nous ont été transmis par tradition y sont cités sans<br />

cesse comme on cite les lois dans les tribunaux*<br />

Mais je crois <strong>de</strong>voir remarquer, dans l'article qu'on<br />

fient d'entendre f <strong>la</strong> différence <strong>du</strong> ton <strong>de</strong> Voltaire<br />

et <strong>de</strong> ce<strong>la</strong>i <strong>de</strong> l'anonyme : elle est en raison in?ersa<br />

<strong>de</strong> colle <strong>de</strong>s lumières. Voltaire veut-il donner <strong>la</strong> préférence<br />

à l'Art poéMqm <strong>de</strong> Boileau, comment s'exprime-t-il?<br />

On oserait présumer»... Comparez cette<br />

reserre atec <strong>la</strong> confiance insultante, <strong>la</strong> morgue<br />

magistrale, <strong>la</strong> hauteur dédaigneuse d'un inconnu<br />

qui juge Boileau. Obserwea que dans cette longue<br />

diatribe -, où l'on contredit le jugement <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux<br />

siècles, on ne treiifepas une fois <strong>la</strong> formule <strong>du</strong> doute;<br />

qulen renversant tous les 1 Le premier est un éloge mince, le second est injurieux.<br />

Mais, je fous le <strong>de</strong>man<strong>de</strong>, messieurs, estce<br />

dans ces <strong>de</strong>ux vers qu'il faut chercher <strong>la</strong> vérita-'<br />

ble opinion <strong>de</strong> Voltaire, ou dans les morceaux si<br />

détaillés que TOUS âfez enten<strong>du</strong>s, et dans tout le reste<br />

<strong>de</strong> ses ouvrages? Celui qui fient <strong>de</strong> parler avec tant<br />

à<br />

principes reçus, toutes les<br />

notions <strong>du</strong> bon sens, on ose attester tous les bons<br />

esprits. Ce seul trait, entre mille autres, suflirait<br />

pour prouver que Fauteur ne doute <strong>de</strong> rien.<br />

Sur quoi donc peut-il s'appuyer .quand il dit que<br />

Voltaire s'est déc<strong>la</strong>ré contre Boileau f Sans doute<br />

sur <strong>de</strong>ux vers échappés à sa vieillesse, <strong>de</strong>ux vers<br />

qui ne sont qu'une saillie d'humeur, et qui. ne peuvent<br />

jamais, aux yeux <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison et <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne<br />

foi, démentir tant d'hommages réitérés et soixante<br />

ans d'admiration. On les lui a reprochés justement<br />

ees vers : ils commencent ÏÉpUre à Boileau.<br />

9 admiration <strong>de</strong> l'Art poétique, croyait-il en effet<br />

que son auteur ne fût que correct, et que son mérite<br />

se bornât à quelques bons écrits? Du moias<br />

ces <strong>de</strong>ux fers, qui ne sont que le caprice poétique<br />

d'une imagination mobile, ont-Ils pu <strong>la</strong>isser à l'anonyme<br />

une sorte do prétexte, mais je cherche en<br />

fain celui que peoveof lui fournir faovenargnes et<br />

Helvétîus, qu'il range parmi les détracteurs <strong>de</strong> Boileau.<br />

Voici tout ce qu'on trouve dans l'excellent lifro<br />

<strong>du</strong> penseur ¥aoveearguess un <strong>de</strong>s esprits les<br />

plus jpdicieui <strong>de</strong> ce siècle.<br />

« Boileau prouve, autant par son ouwage que par set<br />

préceptes, que toutes les beautés <strong>de</strong>s bons ouvrages naissent<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> vire expression et <strong>de</strong> <strong>la</strong> peinture <strong>du</strong> frai. Mais<br />

cette expression si touchante appartient moins à h réflexion,<br />

sujette à Terreur, qu'à un sentiment très-intime et très-<br />

Édèle <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature. La raison n'était pas distincte 9 dans<br />

Boileau, <strong>du</strong> sentiment : c'était son Instinct. Aussi a4-elle<br />

animé ses écrits <strong>de</strong> cet Intérêt qu'il est si rare <strong>de</strong> rencontrer<br />

dans les ouvrages didactiques.... Boileau ne s'est pas contenté.<strong>de</strong><br />

mettre <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité et <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie dans ses ouirra-<br />

|es; Il a enseigné sou art aux autres; il a éc<strong>la</strong>iré tout<br />

son siècle; il eu a banni le faux goût autant qu'il est permis<br />

<strong>de</strong> le bannir <strong>de</strong> chez tous les hommes. U fal<strong>la</strong>it qu'il<br />

rat né avec un génie bien singulier pour échapper, comme,<br />

il a fait, aux mauvais exemples <strong>de</strong> ses contemporains, et<br />

pour leur imposer ses propres lois. Ceux qui bornent le<br />

mérite <strong>de</strong> sa poésie à fart et à l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> versification<br />

ne font pas peut-être attention que ses vers sont pleins<br />

<strong>de</strong> pensées, <strong>de</strong> fifacitéf <strong>de</strong> saillies s et même d'invention<br />

<strong>de</strong> style. Admirable dans <strong>la</strong> justesse, dans ta solidité et <strong>la</strong><br />

netteté <strong>de</strong> ses idées, Il a su conserver ces caractères dans<br />

ses expressions, sans perdre <strong>de</strong> son feu et <strong>de</strong> sa force; ce<br />

qui proure incontestablement un grand talent... Si Ton est<br />

donc fondé à reprocher quelque défaut 4 Boileau, ce n'est<br />

pas, à ce qu'il me semble , Se défaut <strong>de</strong> génie ; c'est au contraire<br />

d'afoir eu plus <strong>de</strong> génie que d f éten<strong>du</strong>e ou <strong>de</strong> profon<strong>de</strong>ur<br />

d'esprit ; plus <strong>de</strong> feu et <strong>de</strong> férité que d'élévation et<br />

<strong>de</strong> délicatesse, plus <strong>de</strong> solidité et <strong>de</strong> sel dans <strong>la</strong> critique<br />

que <strong>de</strong> finesse ou <strong>de</strong> gaîaié, et plus d'agrément que <strong>de</strong><br />

grâce. On l'attaque encore sur quelques-uns <strong>de</strong> ses jugements<br />

qui semblent injustes; et je ee prétends pas qu'il<br />

fût infaillible. »<br />

Voilà l'article entier qui regar<strong>de</strong> Boileau, metsieurs<br />

: vous semblc-t-il d'un homme qui se déc<strong>la</strong>re<br />

contre lui? Peusez-vuus qoe Boileau en eût été sué*<br />

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