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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

question <strong>de</strong> Mêertê, rassurons l'auteur et protestons<br />

lui que, malgré les Horace, les Despréaux, et tous<br />

les légis<strong>la</strong>teurs <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> , il sera toujours permis f<br />

très-permis <strong>de</strong> faire <strong>de</strong> marnais vers, <strong>de</strong>s drames<br />

extravagants et <strong>de</strong> <strong>la</strong> prose insensée, sans qu'il y<br />

ait aucun inconvénient à craindre, si ce n'est celui<br />

qu'il nous indique lui-même, c'est-à-dire uu peu <strong>de</strong><br />

ridicule; et il sait que pour bien <strong>de</strong>s gens ce n'est<br />

pas une affaire.<br />

L'hommê^ fait imjmtê avec grâce ce qu'il n f est<br />

point forcé à faire. Ce petit axiome est un peu trop<br />

général et souffre exception. Tous ceux qui écrivent<br />

ue sont point forcés d'écrire, et pourtant tous ne le<br />

font pas avec grâce.<br />

La philosophie même craini <strong>de</strong> <strong>mont</strong>rer l'abuè<br />

dm régies* C'est que <strong>la</strong> philosophie, qui n'est que<br />

Tétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison, ne toit point d'abus à être raisonnable.<br />

L'auteur prétend que, si <strong>la</strong> Fontaine avait lu<br />

l'Art poétique,<br />

« i n'aurait pas eaé nous donner <strong>de</strong>s contes délicieux qui<br />

m blessent les lois et les maximes 9 ni ces apologues dont<br />

les ségttgences adorables forment su contraste si scanda­<br />

713<br />

On avait cru jusqu'iei que <strong>la</strong> déca<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>s lettres<br />

à Rome avait eu pour causes principales <strong>la</strong> dégradation<br />

<strong>de</strong>s esprits sous les empereurs, l'avilissement<br />

qui suit f esc<strong>la</strong>vage, l'effroi qu'inspirait nu<br />

gouvernement sous lequel les talents <strong>de</strong> Lucaîn lui<br />

ont coûté <strong>la</strong> Vie. Point <strong>du</strong> tout : c'est l'Art poétique<br />

d'Horace qui a pro<strong>du</strong>it cette fatale révolution. Si<br />

cette assertion est un peu extraordinaire, il ne faut<br />

pas nous en étonner : on trouve, un moment après,<br />

ces paroles remarquables : Je suis en train <strong>de</strong> dire<br />

<strong>de</strong>s choses extraordinaires. Quand il a dit celles-là,<br />

il était en bon train»<br />

Au reste, on peut lui rappeler que l'Art poétique<br />

d'Horace, tout <strong>de</strong>structeur qu'il ait pu être, avait<br />

para avant que Virgile composât son Enéi<strong>de</strong>. Ce<strong>la</strong><br />

est si vrai, qu'Horace, on par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> Virgile, ne fait<br />

l'éloge que <strong>de</strong> ses Êglogues et <strong>de</strong> ses Géorgiques,<br />

et le représente comme le favori <strong>de</strong>s Muses charn*<br />

pêtres. Pour l'épopée, il ne cite que Variasf dont<br />

nous avons per<strong>du</strong> les ouvrages. Ainsi l'Enéi<strong>de</strong> a au<br />

moins échappé à <strong>la</strong> funeste influence <strong>de</strong> <strong>la</strong> Poétique<br />

d'Horace, et c'est bien quelque chose.<br />

leux avec <strong>de</strong>s beautés arrangées et <strong>de</strong>s grâces tuées au<br />

« îî i fallu une <strong>la</strong>ngue nouvelle, eue régénération totale<br />

cor<strong>de</strong>au. »<br />

dans les expressions t et même dans les liées, pour effacer<br />

le souvenir <strong>de</strong> <strong>la</strong> désespérante sévérité <strong>de</strong> légis<strong>la</strong>teur ; et<br />

Pas un mot qui ne porte à faux. U n'y a point <strong>de</strong> lorsque le Dante a donné ce beau wmnstre où S'enfer et<br />

grâces Orées au cor<strong>de</strong>au; et Boileau, qui nous <strong>la</strong> paradis doivent être un peu étonnés <strong>de</strong> se trouver en­<br />

parle <strong>de</strong>s grâces d'Horace, ne nous en donne pas semble , il n'y a pas apparence que F Épitre aux Pisom ait<br />

cette idée. Les beautés arrangées sont propres influé en rien sur ses travaux. »<br />

aux ou Y rages sérieux : il en faut d'une autre espèce<br />

Oh ! non, et l'on s'en aperçoit ; car <strong>la</strong> divine comé­<br />

dans les contes, et qui n'étaient pas inconnues à<br />

die <strong>du</strong> Dante est précisément le nmnslrr dnat Horace<br />

celui qui a si bien développé celles <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine<br />

se moque dans les premiers vers <strong>de</strong> son ÉpMre aux<br />

dans son excellente dissertation sur Jocon<strong>de</strong>. Ces<br />

Pisom; et là-<strong>de</strong>ssus tout le mon<strong>de</strong> est d'accord avec<br />

contes ne bkssent point les maximes <strong>de</strong> l'Art poé­<br />

lui. 11 est fort douteux que ce monstre soit beau<br />

tique, où Ton ne parle pas <strong>du</strong> conte. Les Fables<br />

parce qu'on y trouve <strong>de</strong>ux ou trois morceaux qui<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine ne sont point adorables par <strong>la</strong> né­<br />

ont <strong>de</strong> l'énergie ; mais ce qui n'est pas douteux, c'est<br />

gligence .-elles sont sévèrement travaillées, quoique<br />

l'ennui mortel qui rend impossible <strong>la</strong> lecture suivie<br />

le travail n'y paraisse pas; les fautes, même légè­<br />

<strong>de</strong> cette rapsodie informe et absur<strong>de</strong>. On sait qu'elle<br />

res, y sont très-rares. L'auteur a confon<strong>du</strong> l'air né­<br />

n'a <strong>de</strong> prix, mime en Italie, que parce que l'auteur<br />

gligé qui sied au conte avec <strong>la</strong> facilité qui sied à <strong>la</strong><br />

fable ; et ce ne sont point les négligences qui ren<strong>de</strong>nt<br />

a contribué un <strong>de</strong>s premiers à former <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue et<br />

les apologues <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine adorables : ils ont cent<br />

<strong>la</strong> 'versification italienne. Cet avantage prouve le<br />

autres mérites qu'apparemment l'anonyme n'a pas<br />

talent naturel ; mais, s'il y eût joint quelque con­<br />

sentis.<br />

naissance <strong>de</strong> Fart, il eût pu faire us poème qu'on<br />

lirait avec p<strong>la</strong>isir. 11 se serait gardé, nan pas <strong>de</strong> met­<br />

Il se fait une objection :<br />

tre ensemble le paradis et l'enfer, comme le dit<br />

« Horace a donc eu tort <strong>de</strong> empoter on Art poéft* Fanonyme, qui ne sait pas mieux juger les défauts<br />

que? »<br />

que les beautés (ce rapprochement n'a rien <strong>de</strong> répré-<br />

Mais l'objection ne rembarrasse pas.<br />

hensible en lui-même, et se trouve' dans l'Enéi<strong>de</strong><br />

* Horace a eu tort, sans doute; et <strong>la</strong> preuve qu'il a eu et dans <strong>la</strong> Henria<strong>de</strong>)% irufc<strong>de</strong> composer un long<br />

tort s c'est que 9 <strong>de</strong>puis Horace 9 excepté Jevénal peut-être , amas <strong>de</strong> vers sans <strong>de</strong>ssein, sans action, sans îatérf 19<br />

il n'y a eu à Rome que <strong>de</strong>s poètes extrêmement médio­ sans gais, sans raison. En un mot, Il eût pu faire<br />

cres. »<br />

comme le Tasse; le Tasse, dont Fanonyme se donne<br />

Belle eon<strong>du</strong>stoo, et digne <strong>de</strong> Teior<strong>de</strong> !<br />

bien <strong>de</strong> gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> parler; le Tasse, qui assit lu im

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