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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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710<br />

Ce ne sont encore que <strong>de</strong> petto chicanes : ¥oici<br />

bien mieux :<br />

« Tous eroyea que FinISuencê <strong>de</strong> Boîlesu a été très»<br />

heureuse, et je ne fois que le mal qu'il a fait Yous<br />

croyes que les gens <strong>de</strong> lettres lui doivent <strong>de</strong> lu reconnaissance,<br />

et j'admire <strong>la</strong> modération <strong>de</strong> ceux qui, partageant<br />

mou opinion, ne sont qu'ingrats enfers lui, et portent<br />

son joug sans se p<strong>la</strong>indre. »<br />

SI Boiîeau n'a fait que <strong>du</strong> mai, sans doute l'anonyme<br />

va nous le prouver. Mais en attendant il<br />

aurait pu profiter <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses vers, qu'il a trop<br />

oubliés i<br />

Atmes doue <strong>la</strong> raiaou : que toujours vos écrits<br />

Empruntent d'elle seule et leur lustre et leur prix.<br />

L'anonyme répondra peut-être qu'il n'aime point<br />

in tout <strong>la</strong> raison; qu'il s f en pique même, et qu'il<br />

va nous le faire voir <strong>de</strong> manière qu'il ne sera pas possible<br />

d'en douter. Mais eet éloignément ne peut pas<br />

aller jusqu'à prétendre qu'il faille se eéntredire en<br />

déni lignes. Or, c'est ee qu'il fait ici; car ceux qui<br />

partagent son opinion pensent sûrement qu'on<br />

ne doit aucune reconnaissance à Boiîeau, qui n'a<br />

fait que <strong>du</strong> mai. Comment donc peuvent-ils être ingrats<br />

envers lui? On n'est ingrat qu'envers celui à<br />

qui l'on croit <strong>de</strong>voir quelque chose : <strong>la</strong> phrase renferme<br />

donc un contre-sens évi<strong>de</strong>nt. Je ne fais cette<br />

remarque qu'en passant, et c'est une bagatelle pour<br />

l'anonyme. Mais ee que j'ai déjà observé dans rAvertissement,<br />

et ce que je citerai <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lettre, nous prépare<br />

une réflexion conso<strong>la</strong>nte : on dirait qu'il y a une<br />

sorte <strong>de</strong> provi<strong>de</strong>nce qui condamne les contempteurs<br />

<strong>de</strong>s grands hommes (je ne dis pas les critiques),<br />

non-seulement à heurter le bon sens dans leurs opinions,<br />

mais à les décréditer eux-mêmes, s'il en était<br />

besoin 9 par une ignorance honteuse <strong>de</strong>s premiers<br />

éléments <strong>de</strong> Fart d'écrire. Poursuivons.<br />

COUH9 DE LITTÉEATUBE.<br />

« L $ Art poétique, ditez-voast est le plus beau<br />

ment qui ait été élevé à <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong>s Muses : je le crois<br />

comme vous. »<br />

C'est sans doute* une concession oratoire, et fauteur<br />

ne parie pas sérieusement. Comment ce qui<br />

n'est qu'une wmikâîm ingénieuse <strong>de</strong> Lafrenaye-<br />

Famqmeimeidê Smwi-Gmkz pourrait-il être un si<br />

beau mmmientî Comment ce qui a fait tant <strong>de</strong> mai<br />

aux lettres serait-Il à ia ghire <strong>de</strong>s Musest C'est encore<br />

une contradiction ; et Fauteur y est sujet<br />

«'Dequoi servirait un pa<strong>la</strong>is qui offrirait aux artistes les<br />

formes d'une architecture si parfaite, qu'elle inspirerait le<br />

désespoir tu lira d'exciter rtao<strong>la</strong>tion? •<br />

Voilà certainement le plus grand éloge possible<br />

<strong>de</strong> i'Jrtpoêtique. Ce n'est pas ma faute si l'on ne<br />

peut pas Faeeor<strong>de</strong>r avec le peu d'estime que Fauteur<br />

a témoigné plus haut pour le même ouvrage, et ce<br />

serait urne gran<strong>de</strong> tâche <strong>de</strong> le concilier avec lui-même.<br />

Ce n'est pas ma faute s'il <strong>la</strong>it un motif <strong>de</strong> réprobation<br />

<strong>de</strong> ce qui a toujours passé pour être le comble <strong>de</strong> ta<br />

gloire. On croit avoir énoncé le suffrage le plus f<strong>la</strong>tteur<br />

lorsqu'on dit d'un ouvrage : C'est le désespoir<br />

<strong>de</strong>s artistes. Point <strong>du</strong> tout : écoutez l'anonyme :<br />

« L'Art poétique retarda les progrès fi'aajmîesî pu<br />

faire les élèves ; il les arrêta à rentrée <strong>de</strong> k carrière, et<br />

les empêcha d'atteindre au but que leur noble orgueil aurait<br />

dû se proposer. Les infortunés virent <strong>la</strong> palme <strong>de</strong> ko,<br />

et n'osèrent y prétendre , <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> manquer sFeaieifie as<br />

milieu <strong>de</strong> leur <strong>cours</strong>e, et <strong>de</strong> trébucher sur use arène que<br />

le doigt <strong>du</strong> légis<strong>la</strong>teur leur <strong>mont</strong>rait partout «oéeéTéemefli<br />

et £ abîmes 9 et plus célèbre mille fois par les ééfmiks<br />

que par les victoires. Boiîeau en effet explique les règles<br />

<strong>de</strong> Fépopée , <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie, <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie 9 <strong>de</strong> l'o<strong>de</strong> y et ds<br />

quelques autres genres <strong>de</strong> poésie, leee tant <strong>de</strong> préeisîcn t<br />

<strong>de</strong> justesse et d'exactitu<strong>de</strong> ; que tout lecteur attentif se croit<br />

incapable tle Ses observer, et que <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong>s préceptes<br />

fait perdre Feu fie <strong>de</strong> donner jamais <strong>de</strong>s exemples. M ftat <strong>de</strong><br />

l'audace pour entreprendre, <strong>du</strong> courage pour exécuter; et<br />

fioMeau enchaîne l'audace, et g<strong>la</strong>ce le courage. AVaft-OB<br />

saisi* avant <strong>de</strong> le lire, <strong>la</strong> trompette héroïque ou <strong>la</strong> file<br />

champêtre 9 les crayons <strong>de</strong> Thaïe ou les pinceaux <strong>de</strong> Mefpomène<br />

; à peine Fa-t-on lu , que les pinceaux tombent <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

main, chargés encore <strong>de</strong> <strong>la</strong> couleur sang<strong>la</strong>nte, que les<br />

crayons s'échappent honteux d'avoir ébauché quelques<br />

traits 9 et que <strong>la</strong> flûte et <strong>la</strong> trompette se taisent y ou us<br />

poussent plus dans les airs que <strong>de</strong>s sons expirâmes m<br />

douloureux. »<br />

Il faut respirer un moment après cette coup<strong>la</strong>nte<br />

<strong>la</strong>mentable. Malgré <strong>la</strong> couleur sang<strong>la</strong>nte, et ks<br />

crayons honteux, et tessons dotdmsreux, malgré<br />

tout ce fatras amphigourique, certainement 9 messieurs,<br />

vous aurez été frappés <strong>de</strong> ce que dit l'auteur<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> manière dont les préceptes sont tracés dams<br />

rjrtpoétiqm, et vous vous serez dit à vous-mêmes :<br />

Est-ce donc un ennemi, un détracteur <strong>de</strong> Boiîeau,<br />

qui reconnaît si positivement le mérite qu'il a et<br />

qu'il <strong>de</strong>vait avoir? Rien n'est plus vrai : mais suspen<strong>de</strong>z<br />

votre jugement, et <strong>la</strong> suite vous convaincra<br />

que c'est bien contre son intention que Fauteur rend<br />

cet hommage à Boiîeau. Vous entendrez ses conclusions.<br />

Pour le moment, ce qui est très-c<strong>la</strong>ir, c'est<br />

qu'il tire <strong>de</strong> cette perfection même l'influence <strong>la</strong><br />

plus funeste pour les lettres. Cette manière <strong>de</strong> raisonner<br />

est si insoutenable, qu'il en coûterait trop<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> combattre directement : prenons une métho<strong>de</strong><br />

tout aussi sûre et plus agréable. Quand on veut<br />

prouver <strong>la</strong> fausseté d'un raisonnement sophistique,<br />

il suffit d'en dé<strong>du</strong>ire les conséquences exactes. Le<br />

raisonneur se trouve, comme disent les logiciens,<br />

ré<strong>du</strong>it à Fabsur<strong>de</strong>; et l'on finit par rire au lien<br />

d'argumenter. Ainsi donc, suivant <strong>la</strong> logique <strong>de</strong>

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