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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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seule férité qu'il y ait dans celte brochure. Ils relèvent<br />

<strong>la</strong> méprise <strong>de</strong> M. Daanoo, qui a confon<strong>du</strong><br />

C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Perrault, l'architecte, avec Charles Perraultf<br />

fauteur <strong>du</strong> parallèle <strong>de</strong>s anciens et <strong>de</strong>s mo<strong>de</strong>rnes;<br />

et aiu qu'il ne Foublie pas, ils ajoutée! :<br />

SIÈCLE DE LOUIS XIV, — POÉSIE.<br />

* U y a es quatre Perrault; qui, tous quatre, étaient<br />

frères comme les quatre fih Àymom, »<br />

Quelle p<strong>la</strong>titu<strong>de</strong>? elle sera sifflée à Parte comme<br />

dans les collèges <strong>de</strong> l'Oratoire.<br />

M» lui pardonnent pourtant cette erreur, mais<br />

non pas d'avoir dit que l'intérêt <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>littérature</strong><br />

exigeait ks raiMerUs <strong>du</strong> satirique contre ks Perrault;<br />

et c'est là-<strong>de</strong>ssus qu'ils prononcent les axiomes<br />

suifants :<br />

« Jamais U se fait raUlêr an homme <strong>de</strong> génie, et l'architecte<br />

Perrault en avait Jamais il ne faut rallier im philosophe<br />

lorsqu'il cherché <strong>la</strong> vérité, et Perrault le philosophe<br />

Fa cherchée dans son Parallèle. » #<br />

Malgré le respect que doit inspirer ce ton sentencieux<br />

et magistral, fuserai proposer aux éditeurs<br />

quelques petites distinctions. Jamais il ne faut raU :<br />

fer tr#t homme <strong>de</strong> génie : non, jamais, j'en conviens,<br />

s'il ne sort point <strong>de</strong>s objets re<strong>la</strong>tifs à son génie,<br />

Ainsi Boileau aurait tu grand tort <strong>de</strong> railler Perrault,<br />

s'il fil été question d'architecture; mais si FarcMtecte<br />

veut se rendre juge en poésie, et juge ridiculement<br />

, je ne sais s'il ne serait pas permis à toute<br />

force <strong>de</strong> s'en moquer un peu, et je crois même que<br />

nombre d'honnêtes gens prendraient cette liberté.<br />

Or, C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Perrault prenait bien celle <strong>de</strong> dire beaucoup<br />

<strong>de</strong> mal <strong>de</strong>s écrits <strong>de</strong> Despréaux, et <strong>de</strong> trouver fort<br />

bons les jugements <strong>de</strong> son frère Charles 9 qui mettait<br />

Homère au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> Scudéry. Pourquoi dose le<br />

poète, se trouvant sur son terrain, n'auraitril pas<br />

eu le droit <strong>de</strong> prendre sa revanche? Newton va<strong>la</strong>it<br />

-bien C<strong>la</strong>u<strong>de</strong> Perrault : ne s'est-on pas moqué <strong>de</strong> son<br />

Apocalypse? Ce<strong>la</strong> n'a pas empêché que sa théorie<br />

<strong>du</strong> mon<strong>de</strong> ne soit admirable, comme <strong>la</strong> faça<strong>de</strong> <strong>du</strong><br />

Louvre est un monument superbe.<br />

« Jamais il ne faut ralMer un philosophe lorsque cherche<br />

<strong>la</strong> vérité, et le philosophe Perrault Fa cherchée dans son<br />

Parallèle. »<br />

Ah! messieurs les éditeurs! personne ne vous<br />

accor<strong>de</strong>ra jamais un® proposition si malsonnante.<br />

Vous sentez bien que, <strong>de</strong>puis îe mé<strong>la</strong>nge fortuit <strong>de</strong>s<br />

atomes d'Épicure jusqu'aux mona<strong>de</strong>s <strong>de</strong> Leibnits<br />

et aux tourbillons <strong>de</strong> Descartes, toos les philosophes<br />

vous diront qu'ils ont cherché <strong>la</strong> vérité; et le<br />

mon<strong>de</strong> entier vous dira que l'on a osé mille fois se<br />

moquer <strong>de</strong>s rêveries <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie tant ancienne<br />

que mo<strong>de</strong>rne , sans croire commettre un sacrilège.<br />

Lt mon<strong>de</strong> entier ? ouf dira qu'en cherchant <strong>la</strong> vé-<br />

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rite il est très-possible et très-commun <strong>de</strong> débiter<br />

mille folies, et qu'en conscience il serait trop <strong>du</strong>r<br />

qu'il fit défen<strong>du</strong> <strong>de</strong> s'en amuser. Perrault, qu'il vous<br />

p<strong>la</strong>ft d'appeler le philosophe, a pu chercher <strong>la</strong> vérité<br />

dans son Parallèle; mais à coup sûr il ne l'a pas<br />

trouvée; et, si jamais ouvrage a pu prêter à rire,<br />

c'est celui où il a rassemblé tant <strong>de</strong> paradoxes insensés.<br />

J'avoue qu'on Fa bien surpassé <strong>de</strong>puis dans ce<br />

genre; mais Boileau ne pouvait pas <strong>de</strong>viner l'avenir,<br />

et surtout <strong>la</strong> Lettre dont vous êtes les éditeurs,<br />

et dont il est temps <strong>de</strong> parler.<br />

Elle est adressée à un homme <strong>de</strong> qualité qui a<br />

fait <strong>de</strong>s vers élégants, qui aime ceux <strong>de</strong> Boileau, et<br />

qui, dans un dis<strong>cours</strong> aussi bien pensé que bien écrit,<br />

a détaillé les principales obligations que nous avions<br />

à Faut@ur.<strong>de</strong> F Art poétique. L'hommage qu'il lui<br />

rend a beaucoup scandalisé l'anonyme, qui lui dit<br />

d'abord :<br />

« Tous me permettrez <strong>de</strong> voir dans Fauteur <strong>du</strong> Ijutrin<br />

un parodiite adroit <strong>de</strong>s auteurs <strong>de</strong> I. 'Misée et <strong>de</strong> FÉnêiée;<br />

dans celui <strong>de</strong> l'Art poétique , un imitateur ingénieux d'Horace,<br />

<strong>de</strong> Lafresaje-VauqueSin et <strong>de</strong> Saint-Geste*; dans<br />

celui <strong>du</strong>s Épitres, et surtout <strong>de</strong>s SaUrm, un g<strong>la</strong>ne»<br />

furtif d'idées et <strong>de</strong> mots épars ça tt là; et dans tous<br />

ses écrits enfin, <strong>de</strong>s geinea composées d'épis étrangersf<br />

et ramassés dans <strong>de</strong>s domaines qui ne lui appartenaient à<br />

aucun titre. »<br />

L'anonyme à son tour nous permettra (car je ne<br />

suis pas seulàlui<strong>de</strong>man<strong>de</strong>r cettepermi8sion)<strong>de</strong>voir<br />

dans k Lutrin toute autre chose qu'une parodie,<br />

et dans l'épiso<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mollesse quelque chose <strong>de</strong> plus<br />

que <strong>de</strong> f adresse; <strong>de</strong> voir dans F Art poétique, oè il<br />

n'y a que soixante vers imités d'Horace, autre<br />

chose qu'une imitation ingénieuse ; <strong>de</strong> compter pour<br />

rien Lafrenage- Fauquettn, dont <strong>la</strong> Poétique, souverainement<br />

p<strong>la</strong>te, n'est le plus souvent qu'une <strong>la</strong>nguissante<br />

paraphrase d'Horace, et n'a rien fourni à<br />

Boileau qui vaille <strong>la</strong> peine d'être cité; <strong>de</strong> mettre à<br />

l'écart les satires <strong>la</strong>tines <strong>de</strong> Saint-Genfez, qui n'ont<br />

rien <strong>de</strong> commun avec ï ArtpoéUqwe, quoique Boileau<br />

en ait à peu près imité une douzaine <strong>de</strong> vers dans ses<br />

Satires et ses Épitres. 11 nous penmUra <strong>de</strong> lui rappeler<br />

ce que tout le mon<strong>de</strong> sait, qu'il n'y a aucun do<br />

nos grands poètes qui n'ait emprunté plus ou moins,<br />

et qu'ils ne sont pas pour ce<strong>la</strong> regardés comme <strong>de</strong>s<br />

g<strong>la</strong>neurs furtifs, d'abord parce qu'ils ne s'en sont<br />

point cachés, ensuite pareequ'on n'appelle point g <strong>la</strong>tienne<br />

ceux qui, possédant un champ fertile et <strong>de</strong>s<br />

moissons abondantes, cueillent quelques leurs dans<br />

le champ d'autruL Enfin nous <strong>la</strong>isserons à Boileau te<br />

domaine <strong>de</strong> son Art poétique, <strong>de</strong> son Lutrin, <strong>de</strong><br />

ses belles Êpitres et <strong>de</strong> ses bonnes Satires, jusqu'à<br />

ce qu'on nous aitappris à fui ce domaine appartient<br />

plutôt qu'à lui.

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