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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS X1Y. — POÉSIE.<br />

<strong>de</strong> dit syl<strong>la</strong>bes?.. Pourquoi n'a-1-il pas employé les<br />

rimas redoublées, les vers mêl@>9 les vers <strong>de</strong> huit syl<strong>la</strong>bes?»<br />

'<br />

C'est qt» chacun a son goût , et qu'il aimait mieux<br />

les grands fars; c'est qu'ils sont sans comparaison<br />

les plus difficiles <strong>de</strong> ton§9 comme les plus beat» ;<br />

c'est qu'il les faisait supérieurement.<br />

« Pourquoi est-il éternellement occupé <strong>de</strong> <strong>la</strong> facture <strong>du</strong><br />

monotone alexandrin ? *<br />

C'est que l'alexandrin est le fers <strong>de</strong> l'épopée, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> tragédie et <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie , <strong>de</strong> <strong>la</strong> satire et <strong>de</strong> Fépttre,<br />

et par conséquent le plus important <strong>de</strong> tous f<br />

celui qoi offre le plus <strong>de</strong> difficultés à vaincre et <strong>de</strong><br />

mérite à les sur<strong>mont</strong>er. S'il est mwwtww par luimême,<br />

l'art consiste à faire disparaître cette monotonie;<br />

et cet art, Boileau l'enseigna pendant toute<br />

sa fie.<br />

Autres reproches :<br />

« 0a regrette que ce grand peintre, au milieu <strong>de</strong>s chefsd<br />

f œuf re et <strong>de</strong>s merveilles <strong>de</strong> ee siècle 9 ne nous parle jamais<br />

<strong>de</strong>s arts.... »<br />

C'est qu'il ne se connaissait ni en peinture, ni es<br />

sculpture, ni ee architecture ; et qu'il n'aimait à par-<br />

1er que <strong>de</strong> ce qu'il savait. Ce<strong>la</strong> est un peu passé <strong>de</strong><br />

wmàe aujourd'hui * mais ne l'était pas encore <strong>de</strong> son<br />

temps.<br />

« Comment n'a-t-il pas m moins pressenti quelle force »<br />

quelle énergie, on pouvait donner à Fart <strong>de</strong>s vers en<br />

les nourrissant <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s idées d'une morale universelle<br />

et <strong>de</strong> Sa saine philosophie?.... Comment Boileaits disciple<br />

d'Horace et contemporain <strong>de</strong> Pope9 n'est-il jamais<br />

occupé <strong>du</strong> progrès <strong>de</strong>s lumières et <strong>de</strong> <strong>la</strong> marche <strong>de</strong> Fesprit<br />

humain?» ,<br />

Ce reproche, s'il était fondé, pourrait s'adresser<br />

à tous les grands poètes <strong>de</strong> son siècle. Voltaire, dans<br />

1e nôtre 9 est le premier Français qui ait appliqué Fart<br />

<strong>de</strong>s fers à <strong>la</strong> philosophie, et il a souvent abusé <strong>de</strong><br />

l'an et <strong>de</strong> l'autre. Bans <strong>la</strong> marche <strong>de</strong> l'esprit humain,<br />

Fimaginatiou précè<strong>de</strong> <strong>la</strong> réflexion f et les<br />

beâux-arts <strong>de</strong>vancent toujours <strong>la</strong> philosophie. D'ailleurs,<br />

on ne fait pas tout à <strong>la</strong> fois; et comme il a<br />

fallu créer l'algèbre avant <strong>de</strong> l'appliquer à <strong>la</strong> géométrie,<br />

<strong>de</strong> mêmetâvant <strong>de</strong> rendre les Muses françaises<br />

philosophes, il fal<strong>la</strong>it d'abord leur créer une<br />

<strong>la</strong>ngue. (Test à quoi Despréaux et Racine se sont<br />

exercés; et s'ils avaient tout fait dans leur siècle,<br />

que serait-il donc resté au nôtre?<br />

A l'égard <strong>de</strong> Pope, il n'avait que vingt et un ans<br />

quand Boileau est mort, et n'avait pas encore songé<br />

à son Essai sur l'homme. De plus, <strong>la</strong> <strong>littérature</strong><br />

ang<strong>la</strong>ise était presque inconnue en France, el fajpe<br />

lui-même et Addison sont les premiers poètes ang<strong>la</strong>is<br />

qui aient mis <strong>la</strong> philosophie en vers, lorsque<br />

TOT<br />

tous les genres <strong>de</strong> poésie étaient <strong>de</strong>puis longtemps<br />

cultivés chez eux avec succès, tant ta marche et<br />

l'esprit humain est partout <strong>la</strong> même !<br />

« On souffre <strong>de</strong> voir cet ami <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité si avare déloges<br />

pour Ses écrivains <strong>du</strong> premier ordre , et si prodigue <strong>de</strong> louanges<br />

pour <strong>la</strong> cour et les courtisans. »<br />

A4-II été si avare d'éloges pour Corneille, Racine,<br />

Molière « Pascal, Aroauld ? Ceux <strong>de</strong>s courtisans<br />

qu'il a loués en étaient-ils indignes? C'étaient Montausier,<br />

<strong>la</strong> Rochefoucauld, le grand Condé, Pomponne<br />

, Dangeau, Yrvonne, Colbert, Seigne<strong>la</strong>y,<br />

Lamoignon. Qu'on nous dise quel est celui d'entre<br />

eus qu'il fût honteux <strong>de</strong> louer, et qu'on nous cite un<br />

homme <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour dont l'éloge ait pu compromettre<br />

<strong>la</strong> muse <strong>de</strong> Boileau.<br />

« Après toutes ces questions f il m resterait peut-être<br />

une plus importante encore. Il serait facile <strong>de</strong> <strong>mont</strong>rer,<br />

le livre à <strong>la</strong> main 9 nombre dépressions 9 nombre <strong>de</strong> façons<br />

<strong>de</strong> parler, qui sans doute étaient reçues an temps <strong>de</strong> ce<br />

célèbre satiriquef et qui certainement sont aujourd'hui<br />

<strong>de</strong>s fautes <strong>de</strong> français; ce qui, dam le <strong>la</strong>it, accuse moins<br />

le goût très-épnré <strong>du</strong> poète que l'instabilité <strong>de</strong> nos idiomes<br />

mo<strong>de</strong>rnes.»<br />

Ce n'est plus ici une question, c'est une assertion;<br />

et, pour y répondre, il faut distinguer. Elle<br />

n'est pas sans fon<strong>de</strong>ment s'il s'agit <strong>de</strong> <strong>la</strong> prose <strong>de</strong><br />

Boileau; s'il s'agit <strong>de</strong> ses fers, elle est très-légèrement<br />

hasardée. Boileau et Racine sont les <strong>de</strong>ux écrivains<br />

qui ont fait en vers pour notre <strong>la</strong>ngue ce que<br />

Pascal avait fait en prose : ils Font liée. Rien ne serait<br />

si difficile et si rare que <strong>de</strong> trouver chez eux <strong>de</strong>s<br />

expressions qui aient vieil ii. Il y a pourtant <strong>de</strong>s fautes<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage; mais c'étaient <strong>de</strong>s fautes, <strong>de</strong> leur temps<br />

comme <strong>du</strong> nôtre. Au contraire, on trouve dans <strong>la</strong><br />

prose <strong>de</strong> Boileau beaucoup <strong>de</strong> locutions, <strong>de</strong> tournures,<br />

qui sont aujourd'hui vicieuses et inusitées, et<br />

qui ne Fêtaient pas <strong>de</strong> son temps; et ce<strong>la</strong> prouve<br />

seulement que le style soutenu a bien moins d'InstaMiifé<br />

que le <strong>la</strong>ngage usoel, toujours sou mis, à un<br />

certain point, aux variations <strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, à Fesprit<br />

<strong>de</strong> société, et à ce qu'on appelle le ton <strong>du</strong> jour.<br />

L'homme <strong>du</strong> mon<strong>de</strong>, qui, sous le nom <strong>de</strong> M. JVîgoodf<br />

a imprimé les questions précé<strong>de</strong>ntes, n'a<br />

point, comme on le voit, disputé à Boileau son<br />

mérite ; seulement il lui en désirerait un autre : et<br />

j'ai fait voir qu'on pouvait se contenter <strong>de</strong> celui<br />

.qu'il a eu. Les reproches sur ses jugements rentrent<br />

dans ceux que j'avais déjà discutés. Cependant Fauteur<br />

anonyme <strong>de</strong> <strong>la</strong> Lettre sur l'influeme <strong>de</strong> Boileau<br />

a bien envie <strong>de</strong> compter M. Nigood parmi ses complices,<br />

et en même temps il a grand'peur, je ne sais<br />

pourquoi, <strong>de</strong> passer pour son p<strong>la</strong>giaire. Dans un<br />

Avertissement <strong>de</strong>s éditeurs (car on sent bien qu'il

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