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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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096<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

<strong>la</strong>inière» FoMà, dit-il au jeune po€te en lui serrant <strong>la</strong> ouvrages qui auraient eiigé une qualité qui! nV<br />

main 9 une <strong>de</strong>s plus belles vérités que vous ayez diYait<br />

pas. Quant au naturel, s'il ne va pas chez lui<br />

tes. Je me suis pas <strong>de</strong> ces esprits sublimes dont vous jusqu'à <strong>la</strong> grâce, on ne peut pas dire assurément<br />

parlez : mais, tel que je suk,je n'ai rien fait en qu'il en manque : il a toujours celui qui tient an bon<br />

ma vie dont je sois véritablement content» Les désens<br />

et au goût 9 et qui eiclut toute affectation.<br />

tracteurs <strong>de</strong>s grands écrivains auraient tort <strong>de</strong> se Yoltaire a dit que Boileau avait répan<strong>du</strong> dans ses<br />

prévaloir contre eux <strong>de</strong> cet aveu qui leur est com­ écrits plus <strong>de</strong> sel que ée grâces : cette- appréciation<br />

mun a¥ec Molière, et <strong>de</strong> dire : Nous avons donc rai­ me parait plus mesurée.<br />

son <strong>de</strong> vous censurer. Le génie aurait droit <strong>de</strong> ré­ H faut en venir à ces jugements d'autant plus repondre<br />

; Oui, si en me censurant TOUS m'éc<strong>la</strong>iries; prochés à Boileau 9 qu'on pardonne moins à celui<br />

mais fous n'en avez le plus souvent ni <strong>la</strong> volonté ni qui a si souvent raison, d'avoir tort quelquefois.<br />

if pouvoir. Vos critiques et ma conscience sont ra­ C'en est un réel <strong>de</strong> n'avoir pas su 9 comme le dit<br />

rement d'accord f et ce que je cherche, ce n'est pas M. Mar<strong>mont</strong>elt aimer QidnauM mi admirer k Tasse*<br />

TOUS qui me le <strong>mont</strong>rerez.<br />

Mais n'oublions pas ce que f ai rappelé ailleurs, que<br />

/ Pour revenir à cette satire, je ne me pique pas ses satires sont antérieures aux opéras <strong>de</strong> Qaiiiasfi,<br />

d'être plus difficile que Molière, et je <strong>la</strong> trouve très- qui ne fut connu d'abord que par <strong>de</strong> mauvaises<br />

agréable. Au reste, en rendant aui satires <strong>de</strong> Boi­ tragédies. N'oublions pas que le satirique a déc<strong>la</strong>ré<br />

leau <strong>la</strong> justice que je leur crois <strong>du</strong>e, je ne prétends que les opéras <strong>de</strong> Quinault M avaient fait tme juste<br />

pas qu'elles soient irrépréhensibles; que dans <strong>la</strong> réputation. Je ne prétends pas détraire le reproche,<br />

foute <strong>de</strong>s bons fers il n'y en ait quelques-uns <strong>de</strong> mais seulement le restreindre* Ce n'était pas un éloge<br />

faibles, ou même <strong>de</strong> mauvais; que quelques idées suffisant d'avouer que fauteur €Atg$ et ê'Jrmi<strong>de</strong><br />

ne manquent <strong>de</strong> justesse. On l'a relevé sur Aleian- excel<strong>la</strong>it è faire <strong>de</strong>s mrs bms à être mis m ckamt,<br />

dre, qu'il veut mettre aux Petiks-Maisom ; ce<strong>la</strong> puisque ces vers se sont trouvés bons à lire et à<br />

est un peu fort, même dans une satire; et <strong>de</strong> plus retenir; mais si le critique a été trop sévère, il n'a<br />

on a observé qu'il y avait une contradiction ma<strong>la</strong>­ pas été absolument injuste, et ii y a bien quelque<br />

droite à traiter si mal Alexandre, qu'ailleurs il met différence. 11 ne l'a pas été non plus envers le Tasse.<br />

I côté <strong>de</strong> Louis XIV. Mais je pense que malgré ces Peut-être eût-il mieux valu ne pas faire ce vers fa­<br />

taches, qui sont rares, ses satires furent très-uti* meux, où il n'est cité que sous un rapport défavo­<br />

ks dans leur temps, et qu'elles sont encore trèsrable;estimables dans le nôtre. 11 me pareil les avoir fort Et le eUaquant <strong>du</strong> Tassa à tout For <strong>de</strong> VlrgUe,<br />

bien appréciées lui-même dans cet endroit <strong>de</strong> son Mais ce vers est-Il sans fon<strong>de</strong>ment? Les plus<br />

ÊpUre à M. <strong>de</strong> Seignetay :<br />

grands admirateurs <strong>de</strong> ce poète (et je suis <strong>du</strong> nombre)<br />

Sals-tu pourquoi nés ¥®ts sont lus dam les pwtaeai, peuvent-ils disconvenir qu'il ne soit aussi inférieur<br />

Sont recherchés eu peuple, et reçut cbes les.princes? à Yirgile pour le style, qu'il l'emporte sur lui pour<br />

Ce n'etf pas que leurs sons, agréables f nombreux,<br />

Soient to^ours à l'oreille également heureux; l'invention? Sa poésie n'est-elle pas assez souvent<br />

Qu'en plus d'un Ueu le sens n'y gêne <strong>la</strong> mesure, faible dans l'expression, et recherchée dans les idées?<br />

Et qu'un mot quelquefois n'y brave <strong>la</strong> césure; • Ce clinquant que blâme Despréaux n'est-il pal asses<br />

Mais c'est qu'en eux le vrai, <strong>du</strong> mensonge vainqueur,<br />

Partout se <strong>mont</strong>a au» yeux et va saisir le eosor^ fréquent dans <strong>la</strong> Jérusalem, et même dans les mor­<br />

Que le bien et le mal y sont prisés au Juste; ceaux les plus importants ou les plus pathétiques,<br />

Que jamais un faquin n'y tint us rang auguste;<br />

Et que mou cœur, toujours con<strong>du</strong>isant mon esprit dans <strong>la</strong> <strong>de</strong>scription <strong>de</strong>s jardins d'Armi<strong>de</strong>, dans le<br />

f<br />

Me dit ries aux lecteurs qu'à>ol-méme M n'ait dit récit <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Clorin<strong>de</strong> ? L'Aristarque <strong>du</strong> siècle<br />

Ma pensée au grand Jour partout s'offre et s'expose, n'était-il pas d'autant plus fondé à réprouver ce<br />

Et mon vers f bien ou mal $ dit toujours quelque chose.<br />

clinquant qu'il opposait à l<br />

Tel est en effet le caractère <strong>de</strong> Boileau dans ses<br />

satires, et dans ses épîtres et dans l'Art poétique,<br />

qui sont fort au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ses satires : c'est partout<br />

le poète <strong>de</strong> <strong>la</strong> raison. M. M ar<strong>mont</strong>ei reconnaît<br />

en M toutes ks qualités <strong>du</strong> poète, hormis <strong>la</strong> sensibilité<br />

et les grâces <strong>du</strong> naturel A l'égard <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

sensibilité, ions avons déjà ?u quelle valeur on<br />

peut donner à ce reproche; et puisque <strong>la</strong> nature<br />

ne l'avait pas fait sensible, mm m peut que le louer<br />

d'avoir eu <strong>la</strong> sagesse <strong>de</strong> ne pas entreprendre <strong>de</strong>s<br />

f or <strong>de</strong> Firgtie, qu'alors<br />

<strong>la</strong> France al<strong>la</strong>it chercher ses modèles dans l'Italie<br />

et dans l'Espagne? Et n'était-ce pas sa mission <strong>de</strong><br />

faire voir en quoi ces modèles pouvaient être danger<br />

eus? Faut-il en conclure que le mérite <strong>du</strong> Tasse<br />

lui eût échappé? 11 y revient dans F Art peéêiqm,<br />

à propos <strong>de</strong> l'intervention <strong>du</strong> diable et <strong>de</strong> l'enfer<br />

<strong>de</strong>s chrétiens, qu'il veut exclura <strong>de</strong> l'épopée mo<strong>de</strong>rne.<br />

Je crois cette prohibition beaucoup trop<br />

rigoureuse, et je ne condamnerai dans le Tasse que<br />

l'usage trop répété <strong>de</strong> ce moyen, et quelquefois.

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