23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

COUES DE LITTÉRATURE.<br />

66<br />

part <strong>de</strong>s critiques, que, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux poèmes if Homère,<br />

celui-ci est fort inférieur à l'autre. Je ne fois dans<br />

l'Odyssée ol ces grands tableaux 9 ni ces grands<br />

caractères, ni ces scènes dramatiques, ni ces <strong>de</strong>scriptions<br />

remplies <strong>de</strong> feu, ni cette éloquence <strong>de</strong> sentiment,<br />

ni cette force <strong>de</strong> passion, qui font <strong>de</strong>/7-<br />

Ma<strong>de</strong> un tout plein d'âme et <strong>de</strong> vie.<br />

Homère avait beaucoup voyagé; il savait beaucoup.<br />

11 avait parcouru une partie <strong>de</strong> l'Afrique et<br />

<strong>de</strong> rAsie Mineure. Ses connaissances géographiques<br />

étalent si exactes, que <strong>de</strong>s savants ang<strong>la</strong>is, qui <strong>de</strong><br />

nos jours ont voyagé dans ces mêmes contrées, ses<br />

.ouvrages à <strong>la</strong> main, ont vérifié souvent par leurs<br />

recherches ce qu'il dit <strong>de</strong> <strong>la</strong> position <strong>de</strong>s lieux, <strong>de</strong><br />

leurs aspects, <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature <strong>du</strong> sol, et quelquefois<br />

même <strong>de</strong>s coutumes, quand le temps ne les a pas<br />

changées. U parait qu'Homère, dans sa vieillesse,<br />

s'est plu à composer un poème où il pût rassembler<br />

les observations qu'il avait faites, et les traditions<br />

qu'il avait recueillies. Il est très-fidèle dans les observations,<br />

et très-fabuleux dans les traditions.<br />

C'est un genre <strong>de</strong> merveilleux qui rappelle à tout<br />

fuyards. J'y vois <strong>de</strong> plus fart <strong>du</strong> poète, qui, après<br />

avoir signalé plus ou moins tous ses héros dans<br />

Iqs batailles, met Achille aux prises avec un fleuve<br />

irrité qui se débor<strong>de</strong> dans sa foreur. Mais Ulysse<br />

et ses compagnons enfonçant os arbre dans l'œil<br />

<strong>du</strong> Cyclope endormi après qu'il a mangé <strong>de</strong>ux hommes<br />

tout crus ne m'offrent rien que <strong>de</strong> puéril. Les<br />

fables <strong>de</strong> l'Arioste amusent, parce qu'il en rit le premier;<br />

ce qui rend sa manière <strong>de</strong> conter si piquante<br />

et si originale : mais Homère raconte sérieusement<br />

ces extravagances, qui d'ailleurs sont en elles-mémes<br />

beaucoup moins agréables que celles <strong>du</strong> poète<br />

<strong>de</strong> Ferrare.<br />

La marche <strong>de</strong> l'Odyssée est <strong>la</strong>nguissante. Le<br />

poème se traîne d'aventores en aventures, sans former<br />

un nœud qui attache l'attention, et sans exciter<br />

assez d'intérêt. La situation <strong>de</strong> Pénélope et <strong>de</strong><br />

Télémaque est <strong>la</strong> même pendant vingt vingt-quatre<br />

chants. Ce sont, <strong>de</strong> <strong>la</strong> part <strong>de</strong>s poursuivants <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

reine, toujours les mêmes outrages, dans le pa<strong>la</strong>is<br />

toujours les mêmes festins ; et <strong>la</strong> mère et le ils<br />

forment toujours les mêmes p<strong>la</strong>intes. ïéîéiïiaque<br />

moment celui <strong>de</strong>s Contes arabes. L'histoire <strong>de</strong> Po- s'embarque pour chercher son père, et son voyage<br />

lyptième et celle <strong>de</strong>s Lestrigons, que Virgile, en ne pro<strong>du</strong>it rien que <strong>de</strong>s visites et <strong>de</strong>s conversations<br />

les abrégeant beaucoup, n'a pas dédaigné d'imiter, inutiles chez lester et Méné<strong>la</strong>s. Ce n'est pas ainsi<br />

parce qu'elles lui fournissaient <strong>de</strong> beaux vers, sont que Fénelon Fa fait voyager. 11 y a beaucoup plus<br />

absolument dans le goût <strong>de</strong>s Mille et une Nuits. d'art dans l'Imitation que dans l'original. Ulysse<br />

On peut en dire autant <strong>de</strong>s métamorphoses opérées est dans Ithaque dès le douzième chant <strong>de</strong> l'Odys­<br />

par <strong>la</strong> baguette <strong>de</strong> Cireé, <strong>de</strong> ces transmutations sée, et Jusqu'au moment où il se fait reconnaître.<br />

d'hommes en toutes sortes d'animaux : on les re­ il ne se passe rien qui répon<strong>de</strong> à l'attente <strong>du</strong> lectrouve<br />

dans toutes les fables orientales. Lorsque le teur. Le héros est chez Eumée $ déguisé en men­<br />

poète parle <strong>de</strong> cette poudre merveilleuse qu'Hélène diant; il y reste longtemps sans rien faire et sans<br />

jette dans <strong>la</strong> coupe <strong>de</strong> chaque convive à <strong>la</strong> table <strong>de</strong> que faction avance d'un pas. L'auteur, il est vrai y<br />

Méné<strong>la</strong>s, et qui avait <strong>la</strong> vertu <strong>de</strong> faire oublier tous a eu l'adresse d'ennoblir ce déguisement en faisant<br />

les maux, au peint que celui qui en avait pris dire par un <strong>de</strong>s poursuivants que souvent les dieux,<br />

dans sa boisson n'aurait pas versé une <strong>la</strong>rme <strong>de</strong> qui se revêtent à leur gré <strong>de</strong> toutes sortes <strong>de</strong> for­<br />

toute <strong>la</strong> journée, quand wiéme U aurait vu mourir mes , prennent <strong>la</strong> figure d'étrangers dans les pays<br />

son père et sa mére3 ou tuer son frère et son fils qu'ils veulent visiter pour y être témoins <strong>de</strong> <strong>la</strong> jus­<br />

unique; ne reconnaissons-nous pas, dans les effets tice qu'on y observe ou <strong>de</strong>s violences qu'on y com­<br />

<strong>de</strong> cette poudre dont <strong>la</strong> reine d'Egypte avait fait met. Ce<strong>la</strong> prépare le déooûment 9 mais s'empêche<br />

présent à Hélène, l'opium dont fusage et même pas que ce déguisement ignoble ne donne lieu à <strong>de</strong>s<br />

l'abus fut <strong>de</strong> tout temps familier aux peuples d'O­ scènes plus faites pour un conte que pour un poème.<br />

rient, et qui pro<strong>du</strong>it l'ivresse <strong>la</strong> plus complète et On n'aime point à voir Ulysse couvert d'une besace<br />

l'oubli le plus absolu <strong>de</strong> toute raison ?<br />

aux portes <strong>de</strong> <strong>la</strong> salle à manger, dévorant avec avi­<br />

L'Ilia<strong>de</strong> et l'Odyssée sont également remplies <strong>de</strong> dité les restes qu'on lui envoie; un valet qui lui<br />

fables'; mais les unes élèvent et attachent l'imagi­ donne un-coup d® pied et le charge <strong>de</strong>s plus grosnation,<br />

les autres <strong>la</strong> dégoûtent et <strong>la</strong> révoltent; les sières Injures; un <strong>de</strong>s poursuivants qui lui jette à <strong>la</strong><br />

unes semblent faites pour <strong>de</strong>s hommes, les autres tête un pied <strong>de</strong> bœuf, un autre qui le frappe d'une<br />

pour <strong>de</strong>s enfants. Qmmi Homère me <strong>mont</strong>re le escabelleà l'épaule; un gueux, sommé Irus, qui<br />

Scamandre combattant avec tous ses flots contre vient lui disputer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce qu'il occupe, et le grand<br />

Achille, je jois dans cette action un fonds <strong>de</strong> vérité, Ulysse jetant son manteau et se battant à coups <strong>de</strong><br />

le péril d'un guerrier téméraire prêt à être englouti poing avec ce misérable. Je ne sais si je me trompe,<br />

dans les eaux d'un fleuve où fl a poursuivi <strong>de</strong>s malt il me semble qu'en cette occasion Homère a

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!