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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Traîné <strong>du</strong> fond <strong>de</strong>s bols un cerf à l'audience ;<br />

Et jamais Juge 9 entre eux ordonnant le congrès ,<br />

De ce burlesque mut n'a saH MS arrêts.<br />

On se connaît ciiez eux ni piacefa ni requêtes t<br />

Ni haut ni bas conseil, ni chambre <strong>de</strong>s enquêtes,<br />

Chacun , fus a?ee l'autre, en tonte sûreté,<br />

Vil sous les pares loti <strong>de</strong> In simple équité.<br />

L'homme seul, l'homme seul, en sa foreur extrême,<br />

Met un brutal honneur à l'égorger soi-même.<br />

Citait peu que sa main v con<strong>du</strong>ite par Feuler,<br />

Eût pétri le salpêtre t eût aiguisé le fer ; * ,<br />

fi fal<strong>la</strong>it que sa rage , à l'unlve» funeste t<br />

Allât encor <strong>de</strong> lois embrouiller on Digeste ,<br />

Cherchât f pour l'obscurcir, <strong>de</strong>s gloses, <strong>de</strong>s docteur»;<br />

Accablât l'équité sous <strong>de</strong>s monceau d'auteurs;<br />

Et, pour comble <strong>de</strong> maux, apportât dans <strong>la</strong> France<br />

Des harangueurs <strong>du</strong> temps l'ennuyeuse éloquence.<br />

Est-ce là émm froi<strong>de</strong>ment? Remarquez ce <strong>de</strong>rnier<br />

trait contre le fastidieux babil <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>idoirie, qu'il<br />

met avec un sérieux si -comique au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> tous<br />

les maui que pro<strong>du</strong>it <strong>la</strong> chicane. N'est-ce pas là le<br />

cachet <strong>de</strong> <strong>la</strong> satire? N'est-ce pas mêler, comme il le<br />

prescrit, le p<strong>la</strong>isant an séoèret En vérité, quoi<br />

qu'on en dise , ce Boileau sa?ait son métier. YeutKin<br />

lui contester le droit <strong>de</strong> se moquer <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>ts écrivains?<br />

Écoutez-le :<br />

Et Je serai ta seul qvl ne pourrai liai dira!<br />

On sera ridicule, et Je n'oserai rire !<br />

Et qu'ont pro<strong>du</strong>it mes vers <strong>de</strong> si pernlcteni t<br />

Pour armer contre mol tant d'auteurs furieux?<br />

Loin <strong>de</strong> tes décrier, J® les al fait paraître ;<br />

Et souvent, sans ces vers qui les ont connaître,<br />

Leur talent dans l'oubli <strong>de</strong>meurerait caché.<br />

Et qui saurait t sans mol 9 que Cotin a prêché?<br />

La satire ne sert qu'à rendre un fat illustre;<br />

Cest nue ombre au tableau f qui lui donne <strong>du</strong> lustre,<br />

En les blâmant enfin, J'ai dit ce que j'en crol ;<br />

Et tel qui'm'en reprend en pense autant que mot.<br />

M s tort, dira l'un ; pmrqmm f&uPil qu'il nmnim?<br />

Jttaquer Chape<strong>la</strong>in! ah! cVfl un m ta» homme!<br />

Balzac enfuit Fëlo§e en cent endnritt dwen,<br />

M e§t vrai, »*êl m'eût cru, §t**t I m'eût peint fait <strong>de</strong> ver* :<br />

Mm tue à rimer : que n'éerii-ii en pnm?<br />

Voilà ce que l'on dit : et que dls-Je autre chose?<br />

En blâmant ses écrits, al-je d'un style affreux<br />

Hataié sac sa vie aa Testa dangereux?<br />

Ma muse, en l'attaquant, charitable et discrète t<br />

Sait <strong>de</strong> l'homme d'honneur distinguer le poète.<br />

Qu'on faute en lui <strong>la</strong> fol, l'honneur, Si probité t<br />

Qu\*n prise sa can<strong>de</strong>ur et sa civilité;<br />

Qu'il soit doux, comp<strong>la</strong>isant, officieux:, sincère :<br />

On le veut, j'y souscris, et suis prêt à me taire.<br />

Mais que pour un modèle on <strong>mont</strong>ra ses écrits;<br />

Qu'il soit le mieux rente <strong>de</strong> tous les beaux esprits;<br />

Comme roi <strong>de</strong>s auteurs, qu'on Féîève à l'empire;<br />

Ma bile alors s'échauffe, et je brûle d'écrire ;<br />

Et s'il ne m'est permis <strong>de</strong> le dira au papier,<br />

rirai creuser <strong>la</strong> terre, et, comme ce barbier,<br />

Faire dire aax roseaux par un nouvel organe :<br />

Midm, le mi MMm$ s <strong>de</strong>s oreUtoe d'âne.<br />

Et c'est là cet homme sons verve, ce versificateur<br />

froid! Le Misanthropef dans ses accès, a-t-il im<br />

autre ton? Prenons même cette satire contre ta<br />

Mime, si sou?eut censurée. Je sais que <strong>la</strong> rime importe<br />

fort peu à beaucoup <strong>de</strong> gens; mais elle désole<br />

parfois ceux qui <strong>la</strong> cherchent. Voyons §11 n'en parle<br />

pas en poète, et en poète satirique.<br />

SIÈCLE DE -LOUIS XIV- — POÉSIE. 69S<br />

Encor si pour rimer, dans^a verve lndlscrèto,<br />

Ma muse au moins souffrait une froi<strong>de</strong> éeliaète,<br />

le ferais comme us autre f cl, sans chercher si loin v<br />

J'aurais toujours <strong>de</strong>s mots pour les coudre au besoin.<br />

Si je louais Phills, en mimeleg fécon<strong>de</strong>,<br />

le trouverais bientôt ¥ à nulle antre mwn<strong>de</strong>. «<br />

Si je vou<strong>la</strong>is vanter un objet nmnpareil,<br />

Je mettrais à l'instant, plus beau que le mUil,<br />

Enfin, par<strong>la</strong>nt tqujoars cf usines et <strong>de</strong> merveille» 9<br />

De chej»-d?amurt dm <strong>de</strong>ux, <strong>de</strong> beautés mm pareiltm,<br />

Avec tous ces beaux mots, souvent mis au hasard,<br />

le pourrais aisément, sans génie et sans art,<br />

Et transportant cent fols et le nom et le verbe,<br />

Dans mes van recousus mettre en pièces Malherbe ;<br />

Mais mon esprit, tremb<strong>la</strong>nt sur le choix <strong>de</strong> ces mots,<br />

PTee dira jamais un, s'il ne tombe à propos,<br />

Et ne saurait souffrir qu'une phrase insipi<strong>de</strong><br />

Vienne à <strong>la</strong> fin d'un vers remplir <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce vi<strong>de</strong>,<br />

Ainsi, recommençant un ouvrage vingt fois,<br />

61 J'écris quatre mots, J'en effacerai trois.<br />

Maudit soit le premier dont <strong>la</strong> v erve Insensée<br />

Dans les bornes d'An vers renferma sa pensée,<br />

Et v donnant à ses mots use étroit® prison,<br />

Voulut avec <strong>la</strong> rime enchanter <strong>la</strong> raison;<br />

Sans ce métier fatal au repos <strong>de</strong> ma vie,<br />

Mes jours pleins <strong>de</strong> loisir couleraient sans envie :<br />

|@ n'aurais qu'à chanter, rire, boire d'autant,<br />

Et, comme un gras chanoine, à mon aise et content,<br />

Passer tranquillement t sans souci t sans affaire 9 '<br />

La nuit à bien dormir, et le Jour à rien faire.<br />

Mon coeur, exempt <strong>de</strong> soins, libre <strong>de</strong> passion,<br />

Sait donner une borne à son aubitloo.<br />

Et fuyant <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>urs <strong>la</strong> présence importune,<br />

le ne vais point au Louvre adorer Sa fortune ;<br />

Et Je serais heureux si, pour me consumer,<br />

Un <strong>de</strong>stin envieux ne m'avait fait rimer.<br />

Bienheureux Scudéry, dont <strong>la</strong> fertile plume<br />

Peut tous les mois sans peine enfanter un volume !<br />

Tes écrits, il est vrai, sans art et <strong>la</strong>nguissants,<br />

Semblent étra formés en dépit <strong>du</strong> bon sens :<br />

Mais ils trouvent pourtant, quoi qu'on en puisse dire,<br />

Un marchand pour les vendre, et <strong>de</strong>s sots pour les lire ;.<br />

Et quand <strong>la</strong> rime enin ae trouve au bout <strong>de</strong>s vers,<br />

Qu'importe que le reste y soit mis <strong>de</strong> travers?<br />

Malheureux mille fois celui dont <strong>la</strong> manie<br />

Veut aux régies <strong>de</strong> fart asservir son génie !<br />

Un sot, « écrivant, fait tout avec p<strong>la</strong>isir :<br />

H a*x point en ses vers l'embarras <strong>de</strong> choisir i<br />

Et toujours amoureux <strong>de</strong> ce qu'il vient d'écrire,<br />

Ravi d'étonnement, en soi-même tt s'admire.<br />

Mais un esprit sublime en vain veut s'élever<br />

A ce <strong>de</strong>gré parfait qull tâche <strong>de</strong> trouver;<br />

Et toujours mécontent <strong>de</strong> ce qull;vient <strong>de</strong> faire,<br />

Il p<strong>la</strong>ît à tout le mon<strong>de</strong>, et ne saurait aa p<strong>la</strong>ire.<br />

Eh Menl s'est-il donc si mal tiré <strong>de</strong> cette pièce mt<br />

<strong>la</strong> rime? NVt-il pas su joindre l'agrément à l'instruction?<br />

Était-ce une chose inutile <strong>de</strong> proscrire ces<br />

hémistiches rebattus, ces épithètes <strong>de</strong> remplissage<br />

que l'on prenait pour <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie, et qu $ il frappa<br />

d'un ridicule salutaire? N'y a-t-il pas un grand sens<br />

dans ce contraste qu'il établit entre l'homme médiocre<br />

, toujours enchanté <strong>de</strong> ce qu'il fait, parce qu'il<br />

n'imagine rien au <strong>de</strong>là, et l'homme supérieur, qm<br />

tourmente toujours l'idée <strong>du</strong> mieux, quand il a<br />

trouvé le bien?<br />

n f lit à tout le monda, tt ne nmalt §a p<strong>la</strong>tm<br />

Molière fut frappé <strong>de</strong> ce fers comme cFun trait <strong>de</strong>

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