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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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C93<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

fauteur <strong>de</strong> V\4rl poétique ; et je n'aurai qu'à étendre et <strong>de</strong> style, et sous co point <strong>de</strong> vue notre<strong>la</strong>ngw<br />

et développer ce texte pour rendre compte <strong>de</strong> cette n'avait encore rien pro<strong>du</strong>it d'aussi parfait» Que<br />

influence qu'on veot contester. H y a loin <strong>de</strong> ce <strong>la</strong>n­ m'Importe, a dit Yoltaire en comparant les «jeta<br />

gage an mépris qu'ont affecté ceux qui ont dit ce <strong>de</strong>s satires <strong>de</strong> Boileau à cet» qu'a traités Pope, qm<br />

p<strong>la</strong>t Boikau, k nommé Boikau f k froid versifica­ m'importe<br />

teur Boileau; ceux qui lui ont reproché, ainsi qu'à<br />

Racine, d'avoir per<strong>du</strong> <strong>la</strong> poésk française. J'ai pris<br />

<strong>la</strong> liberté, il y a déjà longtemps, d'en rire avec le<br />

Qn<br />

publie, et ce<strong>la</strong> ne mérite pas d'autre réponse. Mais<br />

il peut être intéressant d'examiner les reproches et<br />

les restrictions qu'un écrivain tel que Mar<strong>mont</strong>el<br />

mêle à ses éloges. Je ne prétends point le juger : ce<br />

sont <strong>de</strong>s objectiofis que je lui propose. Dans cette<br />

discussion, d'ailleurs t se trouveront naturellement<br />

p<strong>la</strong>cées les preuves que je croîs faites pour constater<br />

tout le bien que Boileau a fait aux lettres, tout<br />

l'honneur qu'il a fait à <strong>la</strong> France; et c'est en ce moment<br />

le principal objet doiit je dois m'occuper.<br />

« Boilêas n'apprît pas aux poètes <strong>de</strong> mm temps à bien<br />

faire <strong>de</strong>s fers; car les belles scènes <strong>de</strong> Cinna et <strong>de</strong>s Moraces,<br />

ces grands modèles <strong>de</strong> le versification française f<br />

étaient écrites lorsque Boileau ne faisait encore que d'ts-<br />

§m mauvaises satires. » ( Ékm. <strong>de</strong> MiiéraL )<br />

Quoiqu'il y ait <strong>de</strong> très-beaux vers, <strong>de</strong>s vers sublimes<br />

dans Cinna, dans k CM, dans les Borates;<br />

quoique ces belles scènes aient été les premiers<br />

modèles <strong>du</strong> style tragique, ceux où Corneille enseigna<br />

le premier, comme je l'ai dit ailleurs, quel ton<br />

noble, élevé, soutenu, <strong>de</strong>vait distinguer le <strong>la</strong>ngage<br />

<strong>de</strong> Melporoène, Je ne crois pas que ce fussent encore<br />

ks grands modèles <strong>de</strong> <strong>la</strong> versification française.<br />

Il aurait failli pour ce<strong>la</strong> que ces belks scènes fussent<br />

écrites avec une élégance continue; que <strong>la</strong> propriété<br />

<strong>de</strong>s termes, l'exactitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s constructions, <strong>la</strong> précision,<br />

l'harmonie, toutes les convenances <strong>du</strong> style,<br />

y fussent habituellement observées ; et II s'en faut<br />

<strong>de</strong> beaucoup qu'elles le soient. Le premier ouvrage<br />

<strong>de</strong> poésie où le mécanisme <strong>de</strong> notre versification ait<br />

été parfaitement connu, où <strong>la</strong> diction ait toujours<br />

été élégante et pure, où l'oreille et <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue aient<br />

été constamment respectées , ce sont les sept premières<br />

satires <strong>de</strong> Boileau, qui parurent avec te dis<strong>cours</strong><br />

adressé au roi, en 1666, un an avant Jndromaque.<br />

M. Mar<strong>mont</strong>el trouve ces satires assez<br />

mauvaises : on peut trouver ce jugement bien rigoureux.<br />

Ces satires doMHt être considérées sous différents<br />

rapports. S'il s'agit <strong>de</strong> l'intérêt <strong>du</strong> sujet, <strong>la</strong><br />

difficulté <strong>de</strong> <strong>la</strong> rime, les embarras <strong>de</strong> Paris, m<br />

mauvais repas, les Sermons <strong>de</strong> Cassaigne et <strong>de</strong> C©«<br />

tin, et <strong>la</strong> PuceUe <strong>de</strong> Chape<strong>la</strong>in, peuvent n'être pas<br />

<strong>de</strong>s objets fort attachants pour <strong>la</strong> postérité ; et c'est<br />

en ce sens que Yoltaire a dit qu'elle n*y arrêterait<br />

point ses regards. Mais il s'agit ici <strong>de</strong> versiieation<br />

f il peigne <strong>de</strong> Paris les tristes'asbârras,<br />

Go décrive m beaux ?ers es fort mantilg vepat?<br />

II faut d'antni sèjets à mtm teMMgmm* •<br />

Ce jugement, comme l'on voit, ne porte que sur<br />

<strong>la</strong> comparaison <strong>de</strong>s matières plus ou moins importantes.<br />

Mais II est Ici question <strong>de</strong> vers, <strong>de</strong> goût, <strong>de</strong><br />

style, et Voltaire avoue que ses vers sont beaux,<br />

et c'était on très-grand mérite dans un temps où il<br />

fal<strong>la</strong>it épurer et former <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue poétique. Aussi<br />

ces satires, qui aujourd'hui nous intéressent moins<br />

que les autres écrits <strong>du</strong> mémo auteur, eurent un<br />

succès prodigieux ; et ce n'était pas seulement<br />

parce que c'étaient <strong>de</strong>s satires; c'est que personne<br />

n'avait encore écrit si bien en vers. Les pièces <strong>de</strong><br />

Molière, si remplies <strong>de</strong> vers heureui, ne pouvaient<br />

pas être <strong>de</strong>s modèles <strong>du</strong> style soutenu : d'abord,<br />

parce que le genre comique admet le familier, et <strong>de</strong><br />

plus parce qu'elles fourmillent <strong>de</strong> fautes <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage<br />

et <strong>de</strong> versification. On convient que celles <strong>de</strong> Corneille,<br />

dans un autre genre, méritent le même w-..<br />

proche. C'était donc <strong>la</strong> première fois que nous avion<br />

un ouvrage en vers écrit avec toute <strong>la</strong> perfection<br />

donlMl était susceptible. Boileau nous apprît dono<br />

le premier à chercher toujours le mot propre, à<br />

lui donner sa p<strong>la</strong>ce dans les vers; à foire valoir les<br />

mots par leur arrangement; à relever et ennoblir<br />

les plus petits détails; à se défendre toute construction<br />

irréguiière, toute locution basse, toute<br />

consoiinanee vicieuse; à éviter les tournures louches,<br />

ou prosaïques, ou recherchées, les expressions<br />

parasites et les chevilles ; à ca<strong>de</strong>ncer <strong>la</strong> pério<strong>de</strong> poétique,<br />

à <strong>la</strong> suspendre, à <strong>la</strong> varier; à tirer parti <strong>de</strong>s<br />

césures ;-à Imiter avec les sons ; à n'oser <strong>de</strong>s figures<br />

qu'avec choix et sobriété : et qu'est-ce que tout ce<strong>la</strong>,<br />

si ce n'est apprendre, aux poètes à bien faire <strong>de</strong>s<br />

vers? On peut apprendre cet art même à ceai qui<br />

font <strong>de</strong>s ouvrages <strong>de</strong> génie. Corneille et Molière<br />

en avaient fait, car le génie <strong>de</strong>vance toujours le<br />

goût. Mais Boileau, qui n'aurait fait ni k CM nî k<br />

Misanthrope, fut précisément rhomme qu'il al<strong>la</strong>it<br />

pour donner à notre <strong>la</strong>ngue ce qui lui manquait encore,<br />

un système parfait <strong>de</strong> versification. Il s'occupait<br />

particulièrement à étudier <strong>la</strong> nôtre; il avait<br />

un taet juste 9 une oreille délicate, un discernement<br />

sûr. Il travail<strong>la</strong> toute sa vie sur le Ters français ; il<br />

en perfectionna le mécanisme, en sur<strong>mont</strong>a les<br />

dlfficultésf en indiqua les effets et les ressources,<br />

en évita les défauts. Aussi est-ce après lui que parut

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