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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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êM C0U1S DE LITTÉRATURE.<br />

dès les premiers fers, et débute par use comparaison<br />

qui sert à l'annoncer.<br />

Ainsi le g<strong>la</strong>l?e fidèle<br />

B@ l'ange exterminateur<br />

Plongea dans l'ombre étemelle<br />

Us peuple profanateur, *<br />

Quand l'Assyrien terrible<br />

Vil, dans mie nuit horrible,<br />

Tous ses soldats égorgés,<br />

De<strong>la</strong>Ëdèfeludée,<br />

Par ses armes obsédée,<br />

Couvrir les champ saccagea<br />

Où sont cas ils <strong>de</strong> <strong>la</strong> Terre ,<br />

Dont tes fières légions<br />

Devaient allojaer <strong>la</strong> guerre<br />

* An sien <strong>de</strong> nos régions?<br />

•La nuit <strong>la</strong>s fit rassemblées,<br />

Le jour les voit écoulées<br />

Comme <strong>de</strong> faibles ruisseau.<br />

Qui, gonflés par quelque orage,<br />

Tiennent Inon<strong>de</strong>r <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ge<br />

Qui doit engloutir leurs eau.<br />

Cette comparaison est admirable, il y es a?ait déjà<br />

1111e dans <strong>la</strong> première strophe ; mais celle-ci est d'eue<br />

tournure toute différente-, et d'ailleurs l'o<strong>de</strong>, comme<br />

l'épopée,- permet <strong>de</strong> multiplier cette espèce d'ornements,<br />

pourvu qu'ils soient Mea p<strong>la</strong>cés. Rousseau<br />

ei celle dans cette partie. On ? oit d'ailleurs qu'il procè<strong>de</strong><br />

ici bien différemment <strong>de</strong> ce qu'il a fait dans les<br />

o<strong>de</strong>s précé<strong>de</strong>ntes : ni préparation ni détours; il est<br />

tout <strong>de</strong> suite sur le champ <strong>de</strong> bataille, et cette vivacité<br />

brusque est parfaitement analogue' au sujet.<br />

Autant sa muse est impétueuse quand il chaste<br />

une victoire 9 autant il sait <strong>la</strong> ralentir quand il pleure<br />

<strong>la</strong> mort <strong>du</strong> prince <strong>de</strong> Gostî. C'est <strong>la</strong> différence d'un<br />

chant <strong>de</strong> triomphe à un hymne funèbre, également<br />

marquée dans le rhythme et dans le style. Au lieu<br />

<strong>de</strong> ces petits ? en <strong>de</strong> trois pieds et <strong>de</strong>mi qui semblent<br />

se précipiter les uns sur les autres, trois hexamètres<br />

se traînent lentement, et se <strong>la</strong>issent tomber,<br />

pour ainsi dire, sur un fers qui n'est que <strong>la</strong> moitié<br />

d'un alexandrin.<br />

Peuples dont <strong>la</strong> douleur ai» <strong>la</strong>rmes obstinée<br />

De m prince chéri dépion le trépas ,<br />

Approcha , et voyei quelle est <strong>la</strong> <strong>de</strong>stinée<br />

Des gran<strong>de</strong>urs dlct-bas.<br />

Il n'est plus, et les dietfx , en <strong>de</strong>s temps si fouettes,<br />

M 9 ont fait que le <strong>mont</strong>rer aux regards <strong>de</strong>s mortels.<br />

Soumettons-nous : allons porter ces tristes restes-<br />

Au pied <strong>de</strong> leurs autels.<br />

Je ne passerai pas plus loin les citations.<br />

Les o<strong>de</strong>s dont j'ai parié, qui toutes ont une marche<br />

différente, sont les plus bril<strong>la</strong>ntes pro<strong>du</strong>ctions<br />

<strong>du</strong> génie <strong>de</strong> Rousseau dans le genre le plus relevé,<br />

et dans ce qu'on appelle les grands sujets. On peut<br />

y joindre Y O<strong>de</strong> aux primes ckréêiem ;<br />

CM n'est donc point asseï que ce peuple perl<strong>de</strong> , etc.<br />

H y a <strong>de</strong> belles choses dans VO<strong>de</strong> $w Im pmbe <strong>de</strong><br />

Passamviiz,<br />

Les eradfbppKsseiiri 4a l'Aile fndfgsée, etc. ;<br />

dans VO<strong>de</strong> mmi<strong>de</strong> Pologne, dans VO<strong>de</strong> swtapmijc ;<br />

mais elles sont en total fort inférieures, et le dédis<br />

<strong>de</strong> fauteur s'y fait apercevoir. Ce dédis est bien<br />

plus sensible dans presque toutes les o<strong>de</strong>s <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier<br />

livre. Quoique l'auteur ne fût pas fort avancé en âge,<br />

sa muse avait vieilli avant le temps. Je n'ai point<br />

parlé <strong>de</strong> V O<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> naissance <strong>du</strong> <strong>du</strong>c <strong>de</strong> Bretmgne,<br />

qui est <strong>la</strong> première <strong>de</strong> son recueil : il y a <strong>du</strong> nombre<br />

et <strong>de</strong>là tournure ; mais le talent <strong>de</strong> l'auteur n'était<br />

pas mûr encore, et ce n'est guère qu'une application<br />

<strong>de</strong> rhétorique, un amas <strong>de</strong> froi<strong>de</strong>s exc<strong>la</strong>mations,<br />

une imitation ma<strong>la</strong>droite d'imeéf logue<strong>de</strong> Vîrgjje. Il<br />

<strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> lyre <strong>de</strong> Pisdare; et pourquoi? Pour<br />

nous annoncer que<br />

Les tasaps prédits par Sa sibylle<br />

A leur terme soat pammis :<br />

Mous touchons au règne tranquille<br />

Du vieux Saturne et <strong>de</strong> Jasas.<br />

Un nouveau mon<strong>de</strong> vient d'édoie :<br />

L'univers se reforme encore<br />

Dans les abîmes <strong>du</strong> chaos.<br />

Les éléments cessent leur guerre,<br />

Les <strong>de</strong>ux ont repris leur as «a ;<br />

Un feu sacré purge <strong>la</strong> terre<br />

De tout ce qu'elle avait d'impur.<br />

On ne craint plus l'herbe mortelle,<br />

Et le crocodile infidèle<br />

Du im ne trouble plus les eaux ;<br />

Les lions dépouillent leur rage,<br />

Et dans le même pâturage<br />

Bondissent avec les troupeaux.<br />

Toute cette mythologie <strong>de</strong> l'âge d'or est très-dép<strong>la</strong>cée<br />

et très-voisine <strong>du</strong> ridicule. La poésie "peut dans<br />

tous les temps fouiller <strong>la</strong> mine, quoique ne peu<br />

épuisée, <strong>de</strong>s fables <strong>de</strong> l'antiquité; mais, pour donner<br />

<strong>cours</strong> à cette vieille monnaie, il faut <strong>la</strong> refrapper<br />

à notre coin. 11 faut surtout se servir <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fable<br />

<strong>de</strong> manière à ne pas choquer <strong>la</strong> raison; et Ton sent<br />

kies que <strong>la</strong> naissance d'un <strong>du</strong>c <strong>de</strong> Bretagne ne pouvait,<br />

es aucun sens, refomwr l'univers dam Im<br />

aùimes <strong>du</strong> chaos, se faisait rien aux crocodiles <strong>du</strong><br />

Nil, et ne pouvait pas familiariser les lions avec les<br />

troupeau : c'est <strong>de</strong> <strong>la</strong> poésie d'écolier, et Rousseau<br />

est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>vesu un maître.<br />

L'o<strong>de</strong> est susceptible <strong>de</strong> tous les sujets. Il y en a<br />

d'héroïques, et ce sont celles dont je viens <strong>de</strong> faire<br />

mention : il y en a <strong>de</strong> morales f <strong>de</strong> badines, <strong>de</strong> ga<strong>la</strong>ntes<br />

, <strong>de</strong> bachiques, etc. Horace surtout a fait prendre<br />

à l'o<strong>de</strong> tous les tons, et Rousseau en a essayé plusieurs.<br />

La plus célèbre <strong>de</strong> ses pièces morales est<br />

VO<strong>de</strong> à ta Pmîmm : il y a <strong>de</strong> belles strophes, mais<br />

<strong>la</strong> marche en est trop didactique. Le fond <strong>de</strong> l'ou-

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