23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

64<br />

iïie édition qui liftât bientôt faillisse et it oublier<br />

toutes les autres. C'est celle-là qui nous a été transmise,<br />

et qui paraît en effet très-correcte et très-soignée,<br />

puisqu'il y a peu d'auteurs anciens dont le<br />

teite soit aussi c<strong>la</strong>ir, aussi suivi, et offre aussi peu<br />

d'endroits qui aient l'air d'avoir souffert <strong>de</strong>s altérations<br />

essentielles.<br />

Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à présent s'il est probable que tant<br />

d'hommes éminents par leur rang ou leurs connaissances<br />

se soient occupés à ce point, et à <strong>de</strong>s époques<br />

si éloignées 9 <strong>de</strong>s ouvrages d'un poète qui n'aurait eu<br />

qu'une renommée <strong>de</strong> convention; si c'est tant <strong>de</strong><br />

siècles après <strong>la</strong> mort d'un auteur, chez <strong>de</strong>s peuples<br />

qui parlent sa <strong>la</strong>ngue, que son mérite peut n'avoir<br />

été qu'un préjugé. Rien ne me pratt plus contraire<br />

à <strong>la</strong> raison et à l'expérience. Un succès <strong>de</strong> préjugé<br />

peut exister <strong>du</strong> vivant d'un auteur, et tenir à une<br />

<strong>la</strong>ngue qui n'est pas encore formée, à use époque<br />

où le goût n'est pas bien épuré, à <strong>de</strong>s circonstances<br />

personnelles, à <strong>la</strong> faveur <strong>de</strong>s princes et <strong>de</strong>s grands 9.<br />

à l'esprit <strong>de</strong> parti, entn à toutes les catftes passagères<br />

qui peuvent égarer l'opinion publique. Telle a<br />

été parmi nous <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> célébrité <strong>de</strong> Ronsard, <strong>de</strong><br />

Desportes f <strong>de</strong> Toiture. Mais elle ne leur a pas survécu;<br />

après eux, elle est tombée d'elle-même, et<br />

sans que personne s'en mêlât. Au contraire, Homère<br />

a été attaqué dans tous les temps, <strong>de</strong>puis Zoîle et<br />

Galigu<strong>la</strong> jusqu'à Perrault et <strong>la</strong> Mothe : et il a eu<br />

pour adversaires <strong>de</strong>s hommes puissants, ce qui<br />

prouve que l'éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> son nom pouvait irriter l'orgueil;<br />

et <strong>de</strong>s hommes <strong>de</strong> beaucoup d'esprit, ce qui<br />

prouve qu'il pouvait prêter à <strong>la</strong> critique ; et ni l'une<br />

ni l'autre espèce d'ennemis n'a pu entamer sa réputation<br />

, ce qui prouve en même teiip que son mérite<br />

était réel et <strong>de</strong> force à soutenir toutes les épreuves<br />

: c'est là, ce me semble, le résultat <strong>de</strong> l'équité.<br />

De tout temps il eut aussi ses enthousiastes, et<br />

l'on sait que l'enthousiasme va toujours trop loin.<br />

On en vit un exemple terrible, s'il en faut croire<br />

Yitruve. Selon lui, ce Zoîle, qui s'était ren<strong>de</strong> le<br />

mépris et l'horreur <strong>de</strong> son siècle-en attaquant Homère<br />

avec une fureur outrageante, fut brûlé vif<br />

par les habitants <strong>de</strong> Smyrne, qui se crurent intéressés<br />

plus qued'autres à venger <strong>la</strong> mémoire <strong>du</strong> grand<br />

poète qu'ils réc<strong>la</strong>maient comme leur concitoyen.<br />

Vîtrave ajoute que Zolfcavait bienmériêésmi sort,<br />

et madame Dacier ne s'éloigne pas <strong>de</strong> cet avis. Ainsi<br />

le fanatisme <strong>de</strong>s opinions littéraires peut donc <strong>de</strong>venir<br />

atroce, comme toute autre espèce <strong>de</strong> fanatisme.<br />

Cet assassinat <strong>de</strong> Zoîle en l'honneur d'Homère, et<br />

celui <strong>de</strong> Ramus en l'honneur d'Aristote, font voir<br />

<strong>de</strong> quels eicèsf esprit humainn'est que tropcapable.<br />

0 mmtrm kmmimmm mmtm I êpect&m cam f<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

Madame Dacier eâî mieux fait d'observer seulement,<br />

comme un trait particulier à fauteur <strong>de</strong> 17-<br />

Ma<strong>de</strong>, que le nom <strong>de</strong> son détracteur, Zoîle, est <strong>de</strong>venu<br />

une injure, et celui <strong>de</strong> son éditeur, Aristarque,<br />

un éloge.<br />

11 ne nous est rien resté <strong>de</strong>s Invectives que Zoîle<br />

vomissait contre Homère; mais elles ne pouvaient<br />

guère être plus grossières que celles dont madame<br />

Dacier accable <strong>la</strong> Mothe. On est d'autant plus révolté<br />

qu'une femme écrive d'un ton si peu décent,<br />

que celui <strong>de</strong> son adversaire est un exemple <strong>de</strong> modération<br />

et <strong>de</strong> politesse. On est également flciié <strong>de</strong><br />

voir l'un dégra<strong>de</strong>r ste esprit par <strong>de</strong> mauvais paradoxes,<br />

et l'autre déshonorer son sexe et <strong>la</strong> science<br />

par une amertume qui semble étrangère à tous les<br />

<strong>de</strong>ux. Elle traite avec un mépris très-ridicule un<br />

homme d'un mérite très-supérieur au sien, et qui<br />

n'avait d'autre tort que <strong>de</strong> se tromper. La gros litre<br />

qu'elle a écrit contre lui n'est guère qu'un amas d'injures<br />

pesamment accumulées, et <strong>de</strong> mauvaises raisons<br />

débitées orgueilleusement. A <strong>de</strong>ux ou trois endroits<br />

près, elle réfute très-mal <strong>la</strong> Mothe, qui le<br />

plus souvent a raison sur les détails, et â qui l'on<br />

ne <strong>de</strong>vait guère contester, que ses principes et ses<br />

conséquences. Son ouvrage y malgré ses erreurs f est<br />

d'une élégance et d'un agrément qui le font lire a?ec<br />

quelque p<strong>la</strong>isir. Celui <strong>de</strong> son antagoniste, intitulé<br />

De <strong>la</strong> Cmrfuptim <strong>du</strong> goéi, n'est en effet qu'un objet<br />

<strong>de</strong> dégoût. Elle trouve dans Homère tant <strong>de</strong><br />

sortes <strong>de</strong> mérites qui n'y sont pas, qu'il est même<br />

douteux qu'elle ait bien senti <strong>la</strong> supériorité <strong>de</strong> ses<br />

beautés réelles. A propos d'une sentence fort commune<br />

en elle-même, et, <strong>de</strong> plus, mal p<strong>la</strong>cée, die<br />

s'écrie pédantesqnement : Sentence grmse <strong>de</strong> sens,<br />

et qu'on mM Um qw Minerm m inspirée. Soit intérêt<br />

d'amour-propre en faveur <strong>de</strong>s tra<strong>du</strong>cteurs en<br />

prose 9 soit désir d'envelopper dans une proscription<br />

générale ilMa<strong>de</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> Mothe, qui est en vers, elle<br />

ne craint pas d'affirmer ce qui, comme principe,<br />

est précisément le contraire <strong>de</strong> <strong>la</strong> vérité : Que tes<br />

poètes tra<strong>du</strong>its en vers cmseni d'être pûiêes » qu'ils<br />

êmiemMmtpkts, rampâmes, d4fi§urés, etc. Le<br />

fait a été souvent trop vrai; mais tout ce qu'on m<br />

peut conclure, c'est qu'alors le poète n'est pas tra<strong>du</strong>it<br />

par un poète, et <strong>la</strong> remarque <strong>de</strong> madame Dacier<br />

m subsiste pas.<br />

La Mothe attaque Homère fort mal à propos sur<br />

<strong>la</strong> morale. Ce reproche est grave, et c'est un <strong>de</strong><br />

ceux sur lesquels ce poète peut et doit être justiié.<br />

Le critique prétend qu'Homère n'énonce pas son opinion<br />

comme il le <strong>de</strong>vrait, sur ce qu'il y a <strong>de</strong> vicieux<br />

dans le caractère et les actions <strong>de</strong> ses personnages.<br />

Il censure en particulier celui d'Achille, ma<strong>la</strong><strong>de</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!