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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

â l'élégance, à <strong>la</strong> noblesse, à l'harmonie, à <strong>la</strong><br />

richesse qu'on admire dans les psaumes <strong>de</strong> Rousseau<br />

9 il font joindre cette onction qnll ifaît puisée<br />

dans l'original. Ci s'est pas qu'on ne puisse en désirer<br />

davantage , surtout quand on a lu les diseurs<br />

<strong>de</strong> Racine : il y a dans ceux-ci plus <strong>de</strong> sentiment,<br />

comme il y a plus <strong>de</strong> flexibilité dans les tons, et<br />

plus d'habileté à passer continuellement <strong>de</strong> l'élévation<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> force à <strong>la</strong> douceur et à <strong>la</strong> grâce, et h<br />

faire contraster <strong>la</strong> crainte et l'espérance , <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte<br />

et les conso<strong>la</strong>tions. Mais il est juste aussi <strong>de</strong> remarquer<br />

que les choeurs <strong>de</strong> Racine f mé<strong>la</strong>ngés <strong>de</strong> toutes<br />

les sortes <strong>de</strong> rhythroe, se prêtaient plus facilement<br />

à cette intéressante variété : c'était <strong>de</strong>s o<strong>de</strong>s que<br />

Rousseau vou<strong>la</strong>it faire. Il est vrai encore que dans<br />

<strong>la</strong> seule où il ait employé le mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> rhyfhmes<br />

qu'il aurait peut-être pu mettre en usage plus souvent<br />

9 1 n'en a pas tiré, à beaucoup près 9 te même<br />

parti que Racine dans ses chœurs. Mais enfin Ton<br />

peut avoir moins <strong>de</strong> sensibilité que Racine, et n'en<br />

être pas dépourvu; et c'est encore dans ses psaumes<br />

que Rousseau en a le plus. Je n'en veux pour preuve<br />

que le cantique d'Éféehïas , le morceau le plus touchant<br />

qu'il ait <strong>la</strong>it :<br />

Tai va mes tristes Journées<br />

DéeUner vers leur penchant :<br />

As midi 4e mes années<br />

I@ touchais à mon couchant<br />

Là mort, déployant ses ailes,<br />

Couvrait d'ombles étettMUet<br />

La datte dont je Jouis 9<br />

Et t dans cette suit funeste,<br />

le cfctfcfîits es veto te rente<br />

De mes Jours éftoonls. . i<br />

Grand Dieu! votre sa<strong>la</strong> rédame<br />

Les dons que j'en al reçus ;<br />

Elle Tient couper <strong>la</strong> trame<br />

Bes Joins qu'elle m 9 a tâsnt.<br />

Mon <strong>de</strong>rnier soleil se 1ère, . t<br />

» ' Et votre souffle m'enlève<br />

Bê<strong>la</strong> ferre <strong>de</strong>s vivants, \<br />

€omme <strong>la</strong> feaUSe séenée, ' *<br />

Qui, <strong>de</strong> sa tige arrachée,<br />

Devient le Jouet <strong>de</strong>s vents.<br />

Ainsi <strong>de</strong> «ta et tf a<strong>la</strong>rmes<br />

Mon mal semb<strong>la</strong>it se nourrir,<br />

Et mes jeu, noyés <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes,<br />

Etaient <strong>la</strong>sses <strong>de</strong> s'ouvrir.<br />

Je disais à <strong>la</strong> suit sombre :<br />

O ouït! tu Tas dans ton ombre<br />

Bfensevellf pour toujours,<br />

le redisais à l'aurore :<br />

Le jonr que ta fais éc<strong>la</strong>te<br />

Est le <strong>de</strong>nier <strong>de</strong> mes Jours, etc.<br />

Je ne reprocherai pas aui poésies sacrées <strong>de</strong><br />

Rousseau le retour fréquent <strong>de</strong>s mêmes idées et<br />

<strong>de</strong>s mêmes images : je crois que ce<strong>la</strong> était inévita-<br />

Me dans une imitation <strong>de</strong>s psaumes, dont les sujets<br />

se ressemblent beaucoup. Mais on pourrait désirer<br />

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qui! ne se fit pas dispensé quelquefois <strong>de</strong> rajeunir,<br />

par une expression plus -neuve, <strong>de</strong>s idées détenues<br />

trop communes. Dans ces stances morales, par<br />

exemple, dont j'ai cité les <strong>de</strong>ux plus belles, il f en<br />

a plusieurs <strong>de</strong> trop faibles.<br />

Tons mm vu tomber les plus illustres tètes 9<br />

Et vous pourries encore t Intenses que vous êtes,<br />

Ignorer te tribut que Ton doit à <strong>la</strong> mort!<br />

Non , non ; tout doit franchir ce terrible passage;<br />

Le riene et l'indigent, l'Impru<strong>de</strong>nt et le sage,<br />

Sujets à même M, subâssent même sort<br />

Ces <strong>de</strong>rniers ? ers surtout sont trop prosaïques<br />

et trop secs. Comparet-les à cet endroit d'un 'dis<strong>cours</strong><br />

en vers <strong>de</strong> Yoitaire, qui dit précisément <strong>la</strong><br />

même chose:<br />

CTest <strong>du</strong> même limon que tons ont pris naJuanee ;<br />

Dans <strong>la</strong> mène faiblesse Us traînent feureofanee;<br />

Et le rtebe et le pauvre, et le faible et le fort.<br />

Vont tous égsiement <strong>de</strong>s douleurs à <strong>la</strong> mort<br />

Quelle différence! et puisque les idées sont les<br />

mêmes , elle tient uniquement à ce qu'on appelle<br />

fintérét <strong>de</strong> style, qualité rare, et qui rachète sou-<br />

¥ent chez Voltaire ce qu'il a <strong>de</strong> moles parfait dans<br />

d'antres parties.<br />

Le dix-septième <strong>de</strong>s psaumes <strong>de</strong> Rousseau presque<br />

tout entier,<br />

Mon âme, loues le Seigneur, etc.,<br />

pèche par ce même vice <strong>de</strong> sécheresse prosaïque.<br />

Eenoneons au stérile appui<br />

Des grands qu'on implore aujourd*hnl ;<br />

He fondons point sur eus une espérance folie ;<br />

'Leur pompe, Indigne <strong>de</strong> nos vsui,<br />

If est qu'un simu<strong>la</strong>cre frivole t<br />

Et Ses soli<strong>de</strong>s Mens ne dépen<strong>de</strong>nt pas d'eui.<br />

Heureux qui <strong>du</strong> etel eceajé»<br />

Et d'un nwx éc<strong>la</strong>t détrompé t<br />

Met <strong>de</strong> bonne heure en ia! tonte son espérance !<br />

II * protige <strong>la</strong> vérité.<br />

Et saura prendre Sa défense*<br />

Du Juste que l'Impie aura persécuté.<br />

C'est le seigneur gai sous nourrit ,<br />

C*est le Seigneur qui nous guérit :<br />

D prévient nos besoins e il adoucit nos gènes;<br />

11. assure nos pas eralnttls ;<br />

1! délie, 11 brise nos datées;<br />

Et nos tyrans par lui <strong>de</strong>viennent nos captifs.<br />

11 n'y a pas 9 a proprement parler, <strong>de</strong> failles dans<br />

ces fers ; mais c'en est une gran<strong>de</strong> 9 dans eue pièce<br />

<strong>de</strong> huit strophes, d'en faire trois où il n'y a pas <strong>la</strong><br />

moindre beauté poétique. C'est une <strong>de</strong> ses pins mé*<br />

diocres 9 il est vrai ; mais plusieurs autres ne sont<br />

pas eiemptes <strong>du</strong> même défaut; et je ne mm pas<br />

épuiser <strong>de</strong>s citations que tout lecteur judiciem peut<br />

suppléer.<br />

Quelquefois aussi il paraphrase longuement et<br />

1 â quoi se rapporte il?<br />

LA HÂ1PB. — TOME I. #3

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