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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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qu'elle fat l'époque <strong>de</strong> Fiiion <strong>de</strong> Qolnault et <strong>de</strong><br />

Lnlli f qui <strong>du</strong>ra pendant toute <strong>la</strong> fie <strong>du</strong> poète,<br />

Cmémm est <strong>la</strong> première pièce qu'on ait appelée<br />

imgéëiê lyrique, et je ne sais pourquoi. C'est une<br />

maufaise comédie mythologique, dont le sujet est<br />

<strong>la</strong> mort d'un serpent, et qui est remplie 9 en gran<strong>de</strong><br />

partie, <strong>de</strong>s frayeurs ridicules que ce serpent cause<br />

ara compagnons <strong>de</strong> Cadrans. C'était <strong>la</strong> suite <strong>de</strong><br />

cette-coutume bizarre, dont j'ai parlé ailleurs f <strong>de</strong><br />

mettre partout <strong>de</strong>s personnages bouffons. Il y a<br />

encore dans Akesie et dans Thésée f qui suivirent<br />

Cmémm, <strong>de</strong>s scènes d 9 un froid comique; <strong>de</strong>s ga<strong>la</strong>nteries<br />

<strong>de</strong> soubrettes; mais c'est <strong>du</strong> moins pour<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fois, et elles ne paraissent plus dans les<br />

opéras <strong>de</strong> Quinault, qui tait par purger son théâtre<br />

<strong>de</strong> toute bigarrure, comme Molière en ataîî<br />

purgé le sien.<br />

Jkeste est fort supérieure à Cmémm : il y a un<br />

nceud attachant, <strong>du</strong> spectacle, une marche théâtrale,<br />

un dénoûment fort noble et digne <strong>du</strong> rôle<br />

d'Hercule, qui, étant amoureux d'Alceste, <strong>la</strong> délira<br />

<strong>de</strong>s enfers, et <strong>la</strong> rend à son époux. Mais, indépendamment<br />

<strong>de</strong> ce comique dép<strong>la</strong>cé qui gâte tout,<br />

<strong>la</strong>s scènes ne sont guère que <strong>de</strong> froi<strong>de</strong>s esquisses :<br />

il y a <strong>de</strong>s fêtes mal amenées, et le dialogue est peu<br />

<strong>de</strong> chose. Voltaire cite ces fers que dit Hercule à<br />

Pluton, qui sont en effet ce qu'il y a <strong>de</strong> mieux :<br />

Si c'est te fifre outrage<br />

Wmtrw pat f&rce dans ta cour,<br />

Pardonne à mon courage,<br />

Et Mi grâce à l'amour.<br />

Ces <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers sont nobles; les <strong>de</strong>ux premiers<br />

sont trop prosaïques, et manquent d'harmonie. Le<br />

choix qu'en fait Yoltaire, qui pourtant ne pou?ait<br />

SIÈCLE ME LOUIS XIV. — POÉSIE. «66<br />

i'#»*< flft'MtJMlf JHfV<br />

JFefI f***»» min c#orf»<br />

Est-oa§a«s<br />

Deftircepassap?<br />

C'est on orage<br />

Qui meut an port.<br />

Le style <strong>de</strong> Quinault s'affermit dans Thésée; il<br />

•st plus soigné et plus soutenu; l'intrigue est bien<br />

menée i et le caractère <strong>de</strong> Médée est bien tracé.<br />

On voit dans cette pièce une situation empruntée<br />

<strong>de</strong> Racine ; c'est celle où Médée fait craindre sa ? engeance<br />

à sa-rivale, à <strong>la</strong> maîtresse <strong>de</strong> Thésée, au<br />

point <strong>de</strong> <strong>la</strong> forcer à feindre qu'elle ne l'aime plus,<br />

comme Junie dans <strong>la</strong> scène avec Britannïcus quand<br />

Héron les écoute. On s'attend bien que l'imitateur<br />

doit être inférieur au modèle ; mais le fond <strong>de</strong> cette<br />

scène est toujours théâtral 9 à l'opéra comme dans<br />

<strong>la</strong> tragédie.<br />

Madame <strong>de</strong> Maintenon préférait Atys à tons les<br />

autres poëmes <strong>de</strong> l'auteur : c'est ca<strong>la</strong>i où l'amour<br />

est le plus intéressant, et le dénoûment le plus<br />

tragique. Cest un moment terrible que celui où<br />

Cybèle, après avoir égaré <strong>la</strong> raison d'Atys, qui<br />

dans sa fureur a tué Sangarï<strong>de</strong>, lui dit avec une joie<br />

cruelle ces <strong>de</strong>ui beaux vers ;<br />

Achève ma ¥eapanee, Atys : connais ton crime t<br />

Et reprenais ta raison pont sentir too malheur.<br />

Je ne sais cependant si cette barbarie*<strong>de</strong> Cybèle<br />

ne ? a pas à un <strong>de</strong>gré d'atrocité trop fort pour un<br />

opéra, et peut-être aussi pour une divinité qu'on<br />

appe<strong>la</strong>it & Bonne Déesse. Il serait mietu p<strong>la</strong>cé dans<br />

une divinité <strong>de</strong>s enfers ou dans un personnage réputé<br />

méchant, tel que Junon. Cybèle s'en repent,<br />

et change Atys en pin. Mais ces métamorphoses,<br />

fort à <strong>la</strong> mo#e <strong>du</strong> temp <strong>de</strong> Quinault, qui a mis sur<br />

pas mieux choisir, prou?e que <strong>la</strong> Terslfication dUAU <strong>la</strong> théâtre une prtie <strong>de</strong> celles d'Ovi<strong>de</strong>, ne nous<br />

eesie est bien faible, et que <strong>la</strong> muse <strong>de</strong> Quinault p<strong>la</strong>isent plus aujourd'hui. Ce mer?eilleux <strong>de</strong> ma*<br />

n'était pas encore très-a?ancée. Un morceau beau­ chints est tombé, parcs qu'il n'estque pour les yeux,<br />

coup meilleur, mais dans un autre genre, c'est ce* et qu'il leur fait toujours trop peu d'illusion. Le<br />

lui que chantent les sui?ants <strong>de</strong> Pluton. Cependant merveilleux qu'il faut préférer est celui qui prie à<br />

Yoltaire ne va-t-il pas un peu trop loin quand il l'imagination : elfe est en nous ce qu'il y a <strong>de</strong> plus<br />

dit qu'il me connaît rien <strong>de</strong> plus stsèUmef Ils sont facile à tromper. Aux <strong>de</strong>rnières reprises, le dénot­<br />

en général d'une précision remarquable, quoiqu'il aient A'Atys a fait <strong>de</strong> <strong>la</strong> peine tu spectateur, et<br />

y ait <strong>de</strong>s répétitions et <strong>de</strong>s négligences.<br />

Ton a pris le parti <strong>de</strong> le faire ressusciter par l'A­<br />

Tout mortes doit §d paraître s<br />

mour, l'agent le plus uni?ersel <strong>du</strong> théâtre <strong>de</strong> l'opéra.<br />

On ne peut naître<br />

Que pour mourir,<br />

Do cent maux le trépas iéiiwa :<br />

1. Qui cfearciif à irlvm<br />

Cherche à souffrir.<br />

Vas» tous SOT sot sombres Ixudt :<br />

Le repos qu'on désira<br />

le Ueat soo empire<br />

Que dans le séjour ta morte.<br />

Chacun vieot tet-aas prendre oloea :<br />

San* cesse os y passe;<br />

Jamais on s'en sort.<br />

€*ast pour tôt» une loi nfeessaln -<br />

C'est dans Atys et Ms que le talent <strong>de</strong> Quinault<br />

parut avoir acquis toute sa maturité. Les morceaux<br />

que j'en ai cités suffiraient pour le prouver; et je<br />

pourrais en citer plusieurs autres. Mais le snjtt<br />

d'Ail est moins intéressant : les <strong>de</strong>q* <strong>de</strong>rniers actes<br />

<strong>la</strong>nguissent par l'uniformité d'une situation trop<br />

prolongée; celle «f<strong>la</strong>f que <strong>la</strong> jalousie <strong>de</strong> Junon<br />

litre au pouioir d'une Euméni<strong>de</strong>, et qui est transportée<br />

tour à tour dans les sables brû<strong>la</strong>nts <strong>de</strong> <strong>la</strong> mm

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