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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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•SIÈCLE Dl LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

Sot répandra te sang plus <strong>la</strong>rgement qm ta», '<br />

S'élève nue maison mo<strong>de</strong>ste et retirée,<br />

Dont te chagrin surtout ne connaît point rentrée»<br />

L'cril vol! d'abord ce <strong>mont</strong> dont les antres profosdi<br />

Fournissent à Paris Fhosneur <strong>de</strong> ses p<strong>la</strong>fonds,<br />

Où <strong>de</strong> trente moulins tes ailes éten<strong>du</strong>es<br />

M'apprennent chaque Jour quel vent chasse les nues.<br />

Le jardin est étroit; mais les yeux satisfaits<br />

S'y promènent au loin sur do vastes marais.<br />

Ceat là qo'en mille endroits <strong>la</strong>issant errer ma vue ?<br />

Je vols croître à p<strong>la</strong>isir l'oseille et <strong>la</strong> <strong>la</strong>itue;<br />

Cest là que, dans se» temp, <strong>de</strong>s moissons i'artMiaols<br />

BïI jardinier actif sê€&méenê les travaux,<br />

Et que <strong>de</strong> champignons une couche voisine<br />

Ke <strong>la</strong>it, quand il ne p<strong>la</strong>ft, qalui tant dans ma eoWiie.<br />

11 y a <strong>de</strong>s négligences dans ces fers ; mais c'est<br />

bien le ton et <strong>la</strong> manière qui convient à l'épttre et<br />

à <strong>la</strong> satire. Régnard a tra<strong>du</strong>it asses bien , à quelques<br />

fautes près, cet endroit d'Horace : Pmuper Opimku,<br />

etc.<br />

Oronte, pâte, étlipe et presque diaphane,<br />

Par les Jeûnes cruels mmxqmelg U-ae condamne ,<br />

Tombe ma<strong>la</strong><strong>de</strong> enfin : déjà <strong>de</strong> toutes parts<br />

Le Joyeux héritier promène ses regards,<br />

D'us ample coffre-fort contemple <strong>la</strong> figure,<br />

En perce <strong>de</strong> ses yeux les ais et <strong>la</strong> serrure.<br />

Un nouvel Escu<strong>la</strong>pe, en celle extrémité, '<br />

au ma<strong>la</strong><strong>de</strong> aux abois assure <strong>la</strong> santé,<br />

SU veut prendre un sirop que dans sa main tl porte.<br />

Que eoùie-t-ii? lui dit l'agonisant — Qu'Importe?<br />

— Qulmporte, dites-vous? Je veai savoir combien. —<br />

Peu d'argent, lui dit-il. — Mais enewr? — Presque rtes :<br />

Quinte sous. — Juste ciel ! quel brigandage extrême !<br />

On me tue, on me vole. Et n'est-ce pas le même,<br />

De mourir par <strong>la</strong> lèwe ou par <strong>la</strong> pauvreté? etc. -<br />

Le scepticisme dont Régnard faisait profession<br />

est porté jusqu'à l'excès dans une épître où il s'efforce<br />

<strong>de</strong> prouver qu'il n'y a réellement ai vice ni<br />

vertu, puisque telle action est criminelle dans un<br />

pays, et louable dans un autre. 11 y a longtemps<br />

qu'os a pulvérisé ce sophisme frivole; mais il n'est<br />

pas inutile d'observer que ces systèmes d'erreur,<br />

lur lesquels on a fait <strong>de</strong> nos jours <strong>de</strong>s Yolumes dont<br />

les auteurs se croyaient une profon<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> génie<br />

bien supérieure au plus grand talent dramatique,<br />

se retrouvent dans les amusements <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse<br />

d f un poëtf comique, et ne valent pas une scène <strong>de</strong><br />

«es moindres pièces. Observons encore combien<br />

tout change avec le temps, les circonstances et les<br />

personnes, puisque-cette mauvaise philosophie <strong>de</strong><br />

Régnant n'a pas pro<strong>du</strong>it le plus petit scandale $ et<br />

qu'on a imprimé t avec approbation et privilège <strong>du</strong><br />

roi, cette mime pièce où l'on avance que tout est<br />

incertain, et que, sur toutes les matières <strong>de</strong> métaphysique<br />

et <strong>de</strong> morale, •<br />

Usa femme en sait plus que toute <strong>la</strong> Sorbonne.<br />

Ce vers scandaleux est une injure à <strong>la</strong> Sorbonne<br />

et au bon sens, sans être un compliment pour les<br />

femmes.<br />

Une <strong>de</strong>s premières pièces <strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse <strong>de</strong> lé-<br />

655<br />

gnard est une épîtro à QuinauJt f où Boileau est cité<br />

avec éloge. C'est bien là <strong>la</strong> franchise étourdie d'an<br />

jeune homme : reste à savoir si Quinault en fut content;<br />

tuais Boileau ne <strong>du</strong>t pas en être très-Iatté,<br />

non plus que Racine f dont l'éloge succè<strong>de</strong> immédiatement<br />

à celui <strong>de</strong> Campistron; et c'est ainsi que les<br />

talents sont encore loués tous les jours. Une autre<br />

épttre est adressée à ce même Bespréaux, à <strong>la</strong> tête<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie <strong>de</strong>s Mêmœkmm* Régnard, avant celte<br />

dédieace, s'était brouillé avec le satirique, et avait<br />

répon<strong>du</strong> assez mal à sa satire contre les femmes<br />

par une satire contre les maris. Il avait même fait<br />

une autre pièce, qui a pour titre k Jbmèem <strong>de</strong><br />

BoMemu, et dans <strong>la</strong>quelle il y a <strong>de</strong>s traits dignes <strong>de</strong><br />

Boileau lui-même. 11 suppose que ce grand satirique<br />

vient <strong>de</strong> mourir <strong>du</strong> chagrin que lui a causé le mauvais<br />

Succès <strong>de</strong> ses <strong>de</strong>rniers ouvrages. 11 décrit son<br />

convoi :<br />

Mes yeux ont vu passer dans <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce prochain®<br />

Des menlns <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort une ban<strong>de</strong> inhumalM.<br />

De pédants mal peignés un bataillon crotté<br />

Descendait à pas lents <strong>de</strong> l'Université.<br />

Leurs loop manteaux <strong>de</strong> <strong>de</strong>uil traînaient jusque» à terra ?<br />

A leurs crêpes flottants les vents faisaient <strong>la</strong> guerre,<br />

Et chacun à <strong>la</strong> main avait pris pour f<strong>la</strong>mbeau<br />

Us <strong>la</strong>urier Jadis vert, pour oracr us tombeau.<br />

J'ai vu parmi im mn§*, malgré <strong>la</strong> foule extrême,<br />

De maint auteur dotent <strong>la</strong> face sèche et blême,<br />

Deux Grecs et <strong>de</strong>ux Latins escortaient te cercueil,<br />

Et, le mouchoir en main, BarMs menait le <strong>de</strong>uil.<br />

Ce <strong>de</strong>rnier vers est p<strong>la</strong>isant. Régnard rapporte<br />

les <strong>de</strong>rnières paroles <strong>de</strong> Boileau, adressées à ses<br />

vers :<br />

« O vous, mes tristes ¥ers, noble objet <strong>de</strong> l'envie,<br />

« Tous dont j'attends l'honneur d'une secon<strong>de</strong> vie t<br />

« Pstelei-vous échapper au naufrage <strong>de</strong>s ans?<br />

« Et bravor à Jamais l'ignorance et te temps !<br />

« Je ne vous verrai plus ; déjà <strong>la</strong> mort hi<strong>de</strong>use<br />

« autour <strong>de</strong> mon chevet étend une aile affreuse !<br />

* Mais je meurs sass regret dans un temp dépravé, «<br />

« Où le mauvais goût règne et va te front levé;<br />

« Où le public Ingrat, infidèle, perfi<strong>de</strong>,<br />

« Trouve ma veine usée, et mon style Insipi<strong>de</strong>.<br />

« Mol, qui me erus Jadis à Régnier préféré ;<br />

« Que diront nos neveux? Régnard m'est comparé !<br />

« Lui qui, pendant dix ans, <strong>du</strong> couchant à l'aurore,<br />

« Erra chez le Lapon, on rama sous le Maure!<br />

« Lui qui ne sut jamais si le gros ni l'hébreu,<br />

« Qui Joua Jour et nuit ? fit grasd'chèro et bon feu 1 etc. »'<br />

Du c&mhmi à fourere n'est pas très-bien p<strong>la</strong>cé'<br />

avec le Lap@m eê k Marne, qui sont au nord et au 1<br />

midi. Régnard reproche à Boileau d'être jaloux <strong>de</strong><br />

lui : 'Û m travail<strong>la</strong>it pourtant pas dans le même<br />

genre. Au surplus, on a oublié ces querelles <strong>de</strong> IV<br />

mour-propre, et l'on ne se souvient .plus que <strong>de</strong>s<br />

pro<strong>du</strong>ctions <strong>de</strong> leur'génie.<br />

Celles <strong>de</strong> Régnard lui ont donné une p<strong>la</strong>ce érainente<br />

après Molière, et il a su être un grand comique<br />

sans lui ressembler. Ce n'est aï <strong>la</strong> raison su-

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