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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

et <strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong>, il allât en se <strong>la</strong>issant toujours entraîner<br />

à sa passion, d'abord jusqu'à Hambourg, <strong>de</strong><br />

Hambourg en Danemarck, en Suè<strong>de</strong>, et <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong><br />

jusqu'en Laponie. Un simple motif <strong>de</strong> comp<strong>la</strong>isance<br />

pour le roi <strong>de</strong> Suè<strong>de</strong>, qui le pressa <strong>de</strong> visiter <strong>la</strong> Laponie,<br />

ou plutôt sa curiosité naturelle, le con<strong>du</strong>isit<br />

jusque près <strong>du</strong> pâle, précisément au même endroit<br />

où <strong>de</strong>s savants ont été <strong>de</strong> nos jours fériler les calculs<br />

mathématiques, et déterminer <strong>la</strong> figure <strong>de</strong> k<br />

terre. 11 fut accompagné dans ce voyage par <strong>de</strong>ux<br />

gentilshommes français qui avaient voyagé en Asie,<br />

nommés, l'un Fercourt, et l'autre Corberon. Aratés<br />

à Tornéo, qui est <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fille <strong>du</strong> globe <strong>du</strong><br />

côté <strong>du</strong> nord , ils s'embarquèrent sur le <strong>la</strong>c <strong>du</strong> même<br />

nom* qu'ils re<strong>mont</strong>èrent l'espace <strong>de</strong> huit lieues, ar-<br />

, rivèrent jusqu'au pied d'une <strong>mont</strong>agne qu'ils nommèrent<br />

Métavara, et gravirent avec peine jusqu'au<br />

sommet, d'où ils découvrirent <strong>la</strong> mer G<strong>la</strong>ciale. Là<br />

il gravèrent sur un rocher une inscription en vers<br />

<strong>la</strong>tins, qui ne seraient pas indignes <strong>du</strong> siècle d'Auguste<br />

:<br />

Gû,Umnm§mmtt wêêii mmÂfinm9 ëangmm<br />

Mamimm, Mump&imqm ocuÊû imimmmm mmmmm*<br />

Cmièm §t warim aeîî Èermqm tmriqœ,<br />

Swiiwmê kk tan<strong>de</strong>m, mbû «M i^fuii orMf.<br />

On peut les tra<strong>du</strong>ire ainsi :<br />

les Français , éprouvés par «si périls dlven ;<br />

Le Gange mm a vm moater Jiwpi'à ses Mure»,<br />

L'Afrique affronter ses déserts,<br />

L'Europe paresarir ses eUmats et ses ne»;<br />

Volet le terme île mmmmmm^<br />

Et sons sons arrêtons où fiait Fnniven.<br />

C'étaient les compagnons <strong>de</strong> Régnard qui avaient<br />

été sur les bonis <strong>du</strong> Gange ; pour lui, il ne connaissait<br />

l'Afrique et <strong>la</strong> Grèce que par le malheur d'y avoir<br />

été esc<strong>la</strong>Te. L'amour lut <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> cette disgrâce.<br />

A son second voyage d'Italie, Régnard rencontra à<br />

Bologne une dame provençale, qu'il appelle Eltire,<br />

et dont il nomme le mari Bepra<strong>de</strong>. H conçut pour<br />

elle une passion-très vive ; et comme elle était sur le<br />

point <strong>de</strong> revenir en France, il s'embarqua avec elle et<br />

son maei, à Civita-Yecehiâ 9 sur une frégate ang<strong>la</strong>ise<br />

qui faisait route pour Toulon. La frégate fut prise<br />

par <strong>de</strong>ux corsaires algériens, et tout l'équipage mis<br />

aui fers et con<strong>du</strong>it à Alger pour y être ven<strong>du</strong>. Régnard<br />

fut évalué f on ne conçoit pas trop pourquoi,<br />

beaucoup plus cher que sa maîtresse;ce qui pourrait<br />

f<strong>la</strong>ire naître <strong>de</strong>s idées peu avantageuses sur <strong>la</strong><br />

beauté qu'il avait choisie , quoiqu'il <strong>la</strong> représente<br />

partout comme une créature charmante. Leur patres<br />

s'appe<strong>la</strong>it Actimet Talem. 11 s'aperçut que son<br />

captif s'entendait en bonne chère : il le fit cuisinier.<br />

Ainsi, bien en prit à Régnard d'avoir été en France<br />

un gourmand <strong>de</strong> profession. A l'égard d'£lvire9 on<br />

6M<br />

ne nous dit pas ce que Talem en it ; et c'est apparemment<br />

par discrétion. Au bout <strong>de</strong> quelque temps,<br />

Achmet eut affaire à Constantînople : il y mena ses<br />

<strong>de</strong>ux esc<strong>la</strong>ves, dont il rendit <strong>la</strong> captivité très-rigoureuse,<br />

jusqu'à ce que <strong>la</strong> famille <strong>de</strong> Régnard lui It<br />

toucher une somme <strong>de</strong> douze mille livres, qui servit<br />

à payer sa rançon, celle <strong>de</strong> son valet <strong>de</strong> chambre<br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> Provençale. Us revinrent à Marseille, et <strong>de</strong><br />

Marseille à Paris. Pour comble <strong>de</strong> bonheur, ils apprirent<br />

<strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Bepra<strong>de</strong>, qui était <strong>de</strong>meuré à<br />

Alger t citez un patres» Rien ne s'opposait plus à leur<br />

union, .et ils croyaient, après tant <strong>de</strong> traverses,<br />

toucher au moment le plus heureux <strong>de</strong> leur vie, lorsque<br />

Depra<strong>de</strong>, que l'on croyait mort, reparut tout à<br />

coup avec <strong>de</strong>ux religieux mathurins qui l'avaient racheté.<br />

Cette <strong>de</strong>rnière révolution renversa toutes les<br />

espérances <strong>de</strong> Régnard, qui, pour se distraire <strong>de</strong><br />

ses chagrins, se remit à voyager. Ce fut alors qu'il<br />

tourna vers h nord, après a?oie vu le midi, et que <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> Hol<strong>la</strong>n<strong>de</strong> il passa jusqu'à Tornéo.<br />

. Il s'amusa <strong>de</strong>puis à embellir toute cette aventure<br />

d'un vernis romanesque, et il en composa une nouvelle<br />

intitulée & Provençale, Toutes les règles <strong>du</strong><br />

roman y sont scrupuleusement observées. Comme<br />

il est le héros <strong>de</strong> son ouvrage, il commence par<br />

faire son portrait sous le nom <strong>de</strong> Zeimis; et, soit<br />

à titre <strong>de</strong> romancier, soit à titre <strong>de</strong> poëte> soit par<br />

<strong>la</strong> réunion <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ui qualités, il se dispense absolument<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>stie, Yoiei comme il se peint :<br />

« Zeimis est us etvtlier qui p<strong>la</strong>tt d'abord ; c'est asseï<br />

<strong>de</strong> le voir une fois pour le remarquer : et sa aerne mine<br />

est si ammtageme t qu'il M faut pas chercher avec soin<br />

<strong>de</strong>s endroits dans aa personne pour le trouva 1 eàpiile;<br />

U faut êêetemait se défendre ds le trop aimer « » x<br />

Passe pour Téloge, puisqu'il faut qu'un héros <strong>de</strong><br />

roman soit accompli ; mais sa bonne mîmf qui est<br />

si avantageuse, et les endroits <strong>de</strong> m personne, ne<br />

sont pas use prose digne <strong>de</strong>s vers <strong>du</strong> Ugaêaire et<br />

<strong>du</strong> Joueur. Tout le reste est écrit <strong>de</strong> ce style. D'ailleurs<br />

, tout y est <strong>mont</strong>é au ton <strong>de</strong> l'héroïsme, lit ire<br />

a lies p<strong>la</strong>têt <strong>la</strong> dignité romaine que <strong>la</strong> vivacité provençale<br />

z elle en impose d'un coup d'œil à Mustapha,<br />

le chef <strong>de</strong>s pirates, qui a pour elle tout le respect<br />

que <strong>de</strong>s corsaires africains ont toujours pour <strong>de</strong><br />

jeunes captives. Le roi d'Alger (quoiqu'il n'y ait<br />

point <strong>de</strong> roi à Alger) se trouve au port à <strong>la</strong> <strong>de</strong>scente<br />

<strong>de</strong>s captà%, et ne manque pas <strong>de</strong> <strong>de</strong>venir tout d'un<br />

coup éper<strong>du</strong>ment amoureux af EMre* Il <strong>la</strong> mène<br />

dans son harem, où ses rivales <strong>la</strong> voient entrer et<br />

frémissent <strong>de</strong> jalousie. Toujours Idèle à son amant,<br />

elle se refuse à toutes les instances <strong>du</strong> roi, qui f <strong>de</strong><br />

son côté, ne brûle pour elle que <strong>de</strong> l'amour 1e plus<br />

pur et le plus respeetuem, tel qu'il est ordinairement

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