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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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mt<br />

C0U1S DE LUTÉBATDBE.<br />

lustre M. <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine, irai m'a <strong>de</strong>vancé dans celle .<br />

route, et que je m prétends suivre que <strong>de</strong> très-Ida. Il M<br />

faut que comparer les siennes avec celles que j'ai faites f •»<br />

pour voir que c'est lui qui est le maître» Les soins inutiles<br />

que j'ai pris <strong>de</strong> limiter m'ont appris qu'il est inimitable;<br />

et c'est beaucoup pour moi que h gloire d'avoir été souffert<br />

où M a été admiré. »<br />

Bonrsanlt, qui s'était bien trouvé <strong>de</strong>s pièces à<br />

tiroir, et qui apparemment se sentait plus fait pour<br />

les détails que pour l'invention et l'ensemble, fou<strong>la</strong>i<br />

mettre encore une fois Ésope sur <strong>la</strong> scène, et<br />

ne mit pas dans cette nouvelle pièce plus d'intrigue<br />

et <strong>de</strong> p<strong>la</strong>n que dans l'autre. Cest un défaut d'autant<br />

plus blâmable, que rien ne l'empêchait <strong>de</strong> p<strong>la</strong>cer<br />

son Ésope dans un cadre dramatique, et <strong>de</strong> lui<br />

conserver son* costume <strong>de</strong> philosophe et <strong>de</strong> fabuliste.<br />

Ésope à <strong>la</strong> cour ne fut représenté qu'après <strong>la</strong><br />

mort <strong>de</strong> Fauteur : il fut d'abord médiocrement<br />

goûté; mais à toutes les reprises il eut beaucoup <strong>de</strong><br />

succès, et il est resté au théâtre. Cependant <strong>la</strong> critique<br />

, même en mettant <strong>de</strong> cêîé le vice <strong>du</strong> genre,<br />

peut y trou?er <strong>de</strong>s défauts très-marqués : le plus<br />

, grand est d'avoir fait Ésope amoureux et aimé f <strong>de</strong>ux<br />

choses incompatibles, Time avec sa sagesse, l'autre<br />

avec sa figure. Mais à cet amour près, son caractère<br />

est aussi noble que son esprit est sensé; et <strong>la</strong> pièce<br />

offre tour à tour <strong>de</strong>s scènes touchantes et <strong>de</strong>s scènes<br />

comiques, toutes également morales et instructif es.<br />

On sait que le repentir <strong>de</strong> Rodope s qui a méconnu<br />

sa mère un moment, a toujours fait verser <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes<br />

: Fauteur a touché un <strong>de</strong>s endroits <strong>du</strong> coeur<br />

humain les plus sensibles. Il a retrouvé son comique<br />

<strong>du</strong> Mercure gakmê dans le personnage <strong>du</strong> financier,<br />

M. Griffet, et dans <strong>la</strong> manière dont il explique ce<br />

que c'est que k tour <strong>du</strong> bâtom. Enfin, le dénoûment<br />

est heureux : il Fa tiré d'une fable <strong>de</strong> <strong>la</strong> Fontaine,<br />

intitulée k Berger etk Roi, et Fusagequ 9 une feuille périodique on ait attribué tout à l'heure<br />

à un avocat <strong>de</strong> nos jours, comme une chose toute<br />

nouvelle, un trait si frappant d'une pièce aussi connue<br />

que YÉêope à fa cour, <strong>de</strong> Boursault.<br />

Je ne dois pas omettre ici une anecdote digne d'attention.<br />

Quand cet ouvrage fut représenté en 1701,<br />

on fit supprimer au théâtre quelques endroits <strong>du</strong> rêle<br />

<strong>de</strong> Crésus et <strong>de</strong> celui d'Ésope, comme trop hardis.<br />

11 faut croire qu'ils le parurent moins à l'impression<br />

: les voici. Gréstis dit, à propos <strong>de</strong>s hommages<br />

et <strong>de</strong>s louanges qu'on lui prodigue :<br />

Jé m'aperçois on fin moins Je soupçonne<br />

Qu'on encense <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce entant epe là personne ;<br />

Que c'est au diadème ne trient que Fan rend $<br />

Et que k roi qui règne est toujours k plus grand.<br />

A <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers vers, dont le second<br />

est fort bon, et dit ce qu'il doit dire, on es mit <strong>de</strong>ux<br />

dont le second est fort mauvais :<br />

Qu'on* me rend <strong>de</strong>s honneurs qui ne sont pas pour mol f<br />

Et que k Mm esnt» Remporte mr te roi.<br />

Le trêne qui Femporte sur le roi est un p<strong>la</strong>t galimatias.<br />

Mais comme on avait beaucoup loué Louis<br />

XI¥, on ne vou<strong>la</strong>it pas cra'il entendit que k roi qui<br />

régne est toujours k pim grand. On ne voulut pas<br />

non plus qu'Ésope récitât <strong>de</strong>vant lui les vers suivants,<br />

adressés à Créées :<br />

Par <strong>de</strong>s soins prévenants, votre âme bienfaisante<br />

En fépand snr no eent <strong>de</strong> quoi suffira à trente :<br />

Et ee qu'un seul obtient, répan<strong>du</strong> sur chacun,<br />

Tous feries trente heureux ? et vous n'en faites qu'an.<br />

Si Louis XIV avait été instruit <strong>de</strong> cette suppression,<br />

par qui se serait-il cru offensé, ou par le poète, qui<br />

répétait après'tant d'autres ces vieilles et utiles vérités<br />

, ou par ccai qui en faisaient évi<strong>de</strong>mment à leur<br />

souverain une application si maligne?<br />

il en a<br />

sBcnoii u. — légnari»<br />

fait est intéressant et théâtral. Je citerai encore une Ce ne fut qu'en 1696, vingt-trois ans après <strong>la</strong> mort<br />

scène d'un ton très-noble et d'une intention très- <strong>de</strong> Molière, que 1a bonne comédie parut enfin remorale,<br />

celle où un officier ?eut engager Ésope à naître avec tout son éc<strong>la</strong>t, dans une pièce <strong>de</strong> carac­<br />

le servir <strong>de</strong> son crédit pour supp<strong>la</strong>nter un concurtère et en cinq acnés, Le Joueur annonça, non pas<br />

rent. Cest là que se trouve ce mot si ingénieux tout à fait un rival, mais <strong>du</strong> moins un digne suc­<br />

qu'il adresse à cet officier, qui, très-piqué <strong>de</strong> ce cesseur <strong>de</strong> Molière : Régnard ait cette gloire, et <strong>la</strong><br />

qu'Ésope, en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> lui, s'est serti <strong>du</strong> nom <strong>de</strong> soutint. U avait alors près <strong>de</strong> quarante ans, et <strong>la</strong> vie<br />

soldat, lui dit avec hauteur,<br />

qu<br />

le ne rais point soldat , et nul ne m'a vu Tetra ;<br />

Je suis bon colonel, et qoJlers nka l'Etat.<br />

Moniteur le colonel, qui n'êtes point soldat,<br />

répond Ésope. Il y a peu <strong>de</strong> reparties aussi heureuses.<br />

Si l'on n'était convaincu par <strong>de</strong>s exemples trèsrécents<br />

que <strong>de</strong>s gens qui impriment journellement'<br />

ne savent pas même <strong>de</strong> quels auteurs a parlé Boileau<br />

dans fjrê poétique, on ne concevrait pas que dans<br />

f il avait menée jusque-là, son goût pour le p<strong>la</strong>isir,<br />

le jeu et les voyages, semb<strong>la</strong>ient promettre si<br />

peu ce qu'il est <strong>de</strong>venu, que quelques détails sur sa<br />

personne et ses aventures, d'ailleurs curieux par<br />

eut-mêmes, ee feront que répandre plus d'intérêt<br />

sur <strong>la</strong> notice <strong>de</strong> ses ouvrages dramatiques.<br />

Régnard, célèbre par ses comédies, aurait pu l'être<br />

pr ses seuls voyages : c'était ches lui un goût<br />

dominant, qui ne fut pas toujours heureui, mais<br />

qui était si vif, qu'étant parti pour voir <strong>la</strong> F<strong>la</strong>ndre

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