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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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646<br />

COUES DE LITTÉ1ATÏÎ1E.<br />

sos comique ne fut plus profond dans les vues, plus ment à sa déc<strong>la</strong>ration, tempère par le ridicule ce<br />

?if 'dans les effets; jamais il ne conçut avec plus que son hypocrisie et son ingratitu<strong>de</strong> ont <strong>de</strong> vil «t<br />

<strong>de</strong> verve, et n'écrivit avec plus <strong>de</strong> soin. Il eut même <strong>de</strong> repoussant. 11 était <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong> impo'rtaiiee<br />

ici un mérite particulier, celui d'une intrigue plus que cette scène fit con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> manière à préparer<br />

intéressante qu'aucune autre qu'il eût faite. C'est un et à motiver celle <strong>du</strong> quatrième acte, où le grand<br />

spectacle touchant que toute cette famille désolée nœud <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce est tranché, et Tartufe démasqué.<br />

autour d'un honnête homme, près d'être si cruelle­ Mais combien <strong>de</strong> ressorts <strong>de</strong>vaient y concourir!<br />

ment puni <strong>de</strong> son excessif e bonté pour un scélérat D'abord9 il fal<strong>la</strong>it que cette déc<strong>la</strong>ration! qui, dans<br />

qui le trompait ; et cet intérêt n'est point romanes- <strong>la</strong> bouche d'un homme tel que Tartufe 1 et dans les<br />

quement échafaudé, ni porté au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>s bornes-rai­ circonstances <strong>du</strong> moment, doit paraître si révolsonnables<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie.<br />

tante, fût pourtant reçue <strong>de</strong> façon qu'Elmire, dans<br />

L'exposition vaut seule une pièce entière : c'est l'acte suivant, ne parût ps revenir <strong>de</strong> trop loin,<br />

une espèce d'action. L'ouverture <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène fous quand elle est obligée, pour faire tomber le fourbe<br />

transporte sur-le-champ dans l'intérieur d'un mé­ dans te piège, <strong>de</strong> risquer une démarche qui resnage,<br />

où <strong>la</strong> mauvaise humeur et le babil gron<strong>de</strong>ur semble à <strong>de</strong>s avances. II fal<strong>la</strong>it <strong>de</strong> plus qu'Elmire ne<br />

d'une vieille femme, <strong>la</strong> contrariété <strong>de</strong>s avis, et <strong>la</strong> s'empressât pas d'accuser Tartufe, et <strong>la</strong>issât ce<br />

marche <strong>du</strong> dialogue, font ressortir naturellement premier mouvement à <strong>la</strong> jeunesse bouil<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> son<br />

tous les personnages 91e le spectateur doit connaî­ ils. Comme l'imposteur vient à bout, à force d'atre<br />

sans que le poète ait l'air <strong>de</strong> les lui <strong>mont</strong>rer. Le dresse, d'infirmer le témoignage <strong>de</strong> Demis, et <strong>de</strong> le<br />

sot entêtement d'Orgon pour Tartufe, les simagrées tourner à son avantage au point d'augmenter en­<br />

<strong>de</strong> dévotion et <strong>de</strong> zèle <strong>du</strong> faux dévot, le caractère core <strong>la</strong> prévention et l'aveuglement d'Orgon 9 si El­<br />

tranquille et réservé cTElmire , <strong>la</strong> fougue impétueuse mire eût figuré dans cette première tentative, mm<br />

<strong>de</strong> son fils Datais t <strong>la</strong> saine philosophie <strong>de</strong> son frère mari n'eût pas même voulu l'entendre dans une se­<br />

Cléante, <strong>la</strong> gaieté caustique <strong>de</strong> Donne, et <strong>la</strong> liberté con<strong>de</strong>. Mais le poète a eu soin d'accommo<strong>de</strong>r à ses<br />

familière que lui donne une longue habitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> dire fins le caractère et <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite d'Elmire ; non-seu­<br />

son avis sur tout, <strong>la</strong> douceur timi<strong>de</strong> <strong>de</strong> Marianne; lement il lui attribue une sagesse in<strong>du</strong>lgente et mo­<br />

tout ce que <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce doit développer, tout, dérée , fort éloignée <strong>de</strong> <strong>la</strong> pru<strong>de</strong>rie qui s'effarouche<br />

jusqu'à l'amour <strong>de</strong> Tartufe pour Elmire, est an­ d'une déc<strong>la</strong>ration, et qui fait un éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> ses refus ;<br />

noncé dans une scène qui est à <strong>la</strong> fois une exposî- mais il parle plus d'une fois, dans les premiers actes,<br />

tion, un tableau, une situation. A peine Orgon a- <strong>de</strong>s visites et <strong>de</strong>s ga<strong>la</strong>nteries que lui attirent ses<br />

t-il parlé, qu'il se peint tout entier par un <strong>de</strong> ces charmes, en .sorte qu'on peut lui supposer un peu<br />

traits qui ne sont qu'à Molière. On peut s'attendre <strong>de</strong> cette coquetterie assez innocente qui ne hait pas<br />

à tout d'un homme qui, arrivant dans sa maison, les hommages, et qui s'en amuse plus qu'elle se<br />

répond à tout ce qu'on lui dit, par cette seule ques­ s'en offense. Il ne fal<strong>la</strong>it rien <strong>de</strong> moins pour ne pas<br />

tion! Et Tartufe? et s'apitoie sur lui <strong>de</strong> plus en rompre en visière à un personnage aussi abject et<br />

plus, quand on lui dit que Tartufe a fort bien mangé aussi dégoûtant que Tartufe par<strong>la</strong>nt d'amour en<br />

et fort bien dormi. Ce<strong>la</strong> n'est point exagéré : c'est style béatiûque à <strong>la</strong> femme <strong>de</strong> son bienfaiteur.<br />

ainsi qu'est foi! ce que les Ang<strong>la</strong>is appellent Vinfa- Mais si <strong>la</strong> scène où Orgon est caché sous <strong>la</strong> table<br />

tuaiim, mot assez peu usité parmi nous, mais né­ était difficile à amener, était-il plus aisé <strong>de</strong> l'exécucessaire<br />

pour exprimer un travers très-commun. La ter ? Ce n'était pas trop <strong>de</strong> tout l'art <strong>de</strong> Molière pour<br />

distinction entre <strong>la</strong> vraie piété et <strong>la</strong> fausse'dévotion, faire passer une situation si délicate et si péril­<br />

si soli<strong>de</strong>ment établie par Géante, est en même temps leuse au théâtre. Si ce n'eût pas été <strong>la</strong> leçon <strong>la</strong> plus<br />

<strong>la</strong> morale <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce et l'apologie <strong>de</strong> l'auteur. Elle forte et <strong>la</strong> plus nécessaire par les circonstances,<br />

est si convaincante, que le tes Orgon n'y trouve c'eût été le plus grand scandale; si le spectateur<br />

d'autre réponse que celle qui a été et qui sera à ja­ n'étaif^as bien convaincu <strong>de</strong> l'honnêteté d'Elmais<br />

sur cette matière le refrain <strong>de</strong>s. imbéciles ou mire, bien indigné <strong>de</strong> <strong>la</strong> fausseté atroce <strong>de</strong> Tartufe,<br />

<strong>de</strong>s fripons :<br />

bien impatienté <strong>de</strong> l'imbécile cré<strong>du</strong>lité d'Orgon, <strong>la</strong><br />

Mon frère f ee dteotm seul te libertinage.<br />

On sait <strong>la</strong> réplique <strong>de</strong> Cléante :<br />

situation <strong>la</strong> plus énergique où le génie <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie<br />

ait p<strong>la</strong>cé trois personnages à <strong>la</strong> fois, était<br />

trop près <strong>de</strong> l'extrême indécence pour être sup­<br />

Voilà «le vos pareils le dlâcoun ordinaire.<br />

portée sur <strong>la</strong> scène. Heureusement elle est si connue<br />

Et tous <strong>de</strong>ux disent ce qu'ils doivent dire. • qu'if suffit <strong>de</strong> <strong>la</strong> rappeler ;-ear elle est si hardie,<br />

Le Jtrgon mystique que Tartufe mêle si p<strong>la</strong>isant- • ipi'il ne serait pas possible d'analyser |ot<br />

m * *•

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