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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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644 C0U1S DE LITTÉ1ATU1E.<br />

<strong>de</strong> tous les domestiques que <strong>la</strong> ma<strong>la</strong>die <strong>de</strong> l'esprit<br />

n*ait pas gagnée; Clitandre, homme <strong>de</strong> bonne compagnie,<br />

homme <strong>de</strong> sens et d'esprit, qui doit haïr les<br />

pédants, etqui sait s'en moquer; esin,et par-<strong>de</strong>ssus<br />

tout, cet excellent Chrysale, ce personnage toutcomiqiHet<br />

<strong>de</strong> caractère et <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngage, qui a toujours<br />

raison, mais qui n'a jamais une ?oSonté; qui parle<br />

d'or quand il retrace tous les ridicules <strong>de</strong> sa femme,<br />

mais qui n'ose en parier qu'en les appliquant à sa<br />

sœur; qui, après avoir mis <strong>la</strong> main <strong>de</strong> sa fille Henriette<br />

dans celle <strong>de</strong> Clitandre, et juré <strong>de</strong> soutenir<br />

son choix 9 un moment après trôti?e tout €imple <strong>de</strong><br />

donner rat te même Henriette à Trlssotin, et sa sœur<br />

Arman<strong>de</strong> à ramant d'Henriette,"et qui appelle ce<strong>la</strong><br />

un accommo<strong>de</strong>ment» Le <strong>de</strong>rnier trait <strong>de</strong> ce rôle est<br />

celui qui peint le mieux cette faiblesse <strong>de</strong> caractère,<br />

<strong>de</strong> tous les défauts le plus commun, et peutêtre<br />

le plus dangereux. Quand Trlssotin, trompé par<br />

<strong>la</strong> ruine supposée <strong>de</strong> Phi<strong>la</strong>minte et <strong>de</strong> Chrysale, se<br />

retire brusquement, et qu'Henriette, <strong>de</strong> l'aveu<br />

même <strong>de</strong> Phi<strong>la</strong>minte, détrompée sur Trissotin, <strong>de</strong>vient<br />

<strong>la</strong> récompense <strong>du</strong> généreux Clitandre ; Chryr<br />

sale, qui dans toute cette affaire n'est que spectateur,<br />

et n'a rien mis <strong>du</strong> sien, prend <strong>la</strong> main <strong>de</strong> son<br />

gendre, et, lui <strong>mont</strong>rant sa 111e, s'écrie d'un air<br />

triomphant,<br />

le le rava<strong>la</strong> bien, mol, que TOUS l'épouseriez ;<br />

et dit au notaire <strong>du</strong> ton le plus absolu ,<br />

Allons, monsieur, suivis Tordra que J'ai prescrit,<br />

El faites le outrât ainsi que Je f al dit.<br />

Que ?oilà bien l'homme faible, qui se croit fort<br />

quand il n'y a personne à combattre, et qui croit<br />

avoir une volonté quand il fait celle d'autrui ! Qu'il<br />

est adroit d'à?oir donné ce défaut à un mari d'ailleurs<br />

beaucoup plus sensé que sa femme, mais qui<br />

perd, faute <strong>de</strong> caractère, tout l'avantage que lui<br />

donnerait sa raison? Sa femme est une folle ridicule<br />

: elle commandé. Il est fort raisonnable : il<br />

obéit. Voltaire a bien raison <strong>de</strong> dire à ce grand précepteur<br />

<strong>du</strong> mon<strong>de</strong> :<br />

Et tu mm aurais corrigés t<br />

SI Fisprlt humai a poeYait l'être.<br />

En effet, les hommes reconnaissent leurs défauts<br />

plus souvent et plus aisément qu'ils ne s'en corrigent<br />

: mais pourtant c'est un acheminement à se<br />

corriger ; et il n'en est pas <strong>de</strong> tous les défauts comme<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> faiblesse, qui ne se corrige jamais, parcequ'elle<br />

n'est que le manque <strong>de</strong> force, et qu'elle n'en est<br />

pas un abus.<br />

Mais si Chrysale est comique quand il a tort, il<br />

ne l'est pas moins quand il a raison : son' instinct<br />

tout grossier s'eiprime avec une bonhomie qui fait<br />

voir que l'ignorance sans prétention tant cent fois<br />

mieux que <strong>la</strong> science sans le bon sens. Le pauvre<br />

homme ne met-il pas tout le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> son parti<br />

quand il se p<strong>la</strong>int si pathétiquement qu'on lui été<br />

sa servante, parce qu'elle ne parle pas bien français<br />

f<br />

Qu'Importe qu'elle masque aux Iota <strong>de</strong> Yasge<strong>la</strong>s*<br />

Pourvu qu'à <strong>la</strong> cuisine elle ne manque pas ?<br />

ralrae Mea mieux, pour moif qu'en épluchant sas botes v<br />

Elle accommo<strong>de</strong> mal les assis avec les ferbes ;<br />

Qu'elle dise cent fols un bas et méchant mot,<br />

Que <strong>de</strong> brûler ma vian<strong>de</strong> et trop saler moa muî :<br />

Je YU <strong>de</strong> baaae soupe et non <strong>de</strong> basa <strong>la</strong>ngage.<br />

Yaageias n'apprend polni à Mes faire aa potage;<br />

Et Malherbe et Balzac, al savants en beaux mata,<br />

En cuisine peut-étra auraient été <strong>de</strong>s sots.<br />

Mes gens à <strong>la</strong> science aspirent pour vous p<strong>la</strong>ire ?<br />

Et tous se fout rien motos que ce qu'Us ont à faire.<br />

Raisonner est l'emploi <strong>de</strong> toute <strong>la</strong> maison,<br />

Et le rarsoQoement m bannit <strong>la</strong> raison.<br />

L'us me brûle mon rot en Usant quelque histoire;<br />

L'autre rêve à <strong>de</strong>s vers quand Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à botre.<br />

Ea<strong>la</strong> je vais par eux votre exemple suivi, -<br />

Et J'ai <strong>de</strong>s serviteurs et ne suis point servi.<br />

Uae pauvre servante au moins m'était restée,<br />

Qui <strong>de</strong> ce mauvais air n'était point infectée;<br />

Et voilà qu'on <strong>la</strong> chasse avec un grand'fracas,<br />

A cause qu'elle manque à parler Yauge<strong>la</strong>s!<br />

Je vous le dis, ma sœur, tout ce train-là me Messe ;<br />

Car c'est ? comme j'ai dit, à vous que je m'adresse.<br />

le n'aime point céans tous vos gens à <strong>la</strong>tin,<br />

Et principalement ee monsieur Trlssotin.<br />

C'est lui qui dans <strong>de</strong>s vers vous a tympanlsées :<br />

Tous les propos qu'il tient sont <strong>de</strong>s billevesées;<br />

Oa cherche ce qu'il dit après f ail a parlé.<br />

Et je lui crois , pour moi, te timbre un peu fêlé.<br />

Ce style-là, il faut l'avouer, est d'une fabrique<br />

qu'on n'a point retrouvée <strong>de</strong>puis Molière r eatte<br />

foule <strong>de</strong> tournures naï?es confond lorsqu'on y réfléchit.<br />

Estril possible, par exemple, <strong>de</strong> peindre<br />

mieux l'effet que pro<strong>du</strong>it le pfaébus et le galimatias,<br />

dans <strong>la</strong> confcrsatïon comme dans les litres, que<br />

par ee vers si heureux ?<br />

On eberefaM qu'il dit après qull t parlé.<br />

Ce poumwre encore <strong>la</strong> <strong>de</strong>?ise <strong>de</strong> plus d'un b<strong>de</strong>sprit<br />

<strong>de</strong> ofs jours.<br />

Molière n'a pas même négligé <strong>de</strong> distinguer les<br />

trois rôles <strong>de</strong> s&mmtes par différentes nuances;<br />

Phi<strong>la</strong>minte, par l'humeur altière qui établit le pouvoir<br />

absolu qu'elle a sur son mari ; Arman<strong>de</strong>, par<br />

<strong>de</strong>s M^syr l'amour follement exaltées, et par use<br />

iertfWa fois dédaigneuse et jalouse, qu'on est bien<br />

aise <strong>de</strong> ?oïr humiliée par les railleries ines d'Henriette,<br />

et par <strong>la</strong> franchise <strong>de</strong> Clitandre; Bélise, par<br />

<strong>la</strong> persuasion habituelle où elle est que tous les hommes<br />

sont amoureux d'elle, persuasion poussée, il<br />

est ?rai s jusqu'à un «ces qui passe les bornes <strong>du</strong><br />

ridicule comique, et qui ressemble à <strong>la</strong> démené©<br />

complète. Ce rôle m s i toujours paru le seul f dans

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