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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

jugé, et VAvare fut mis au nombre <strong>de</strong>s meilleures<br />

pro<strong>du</strong>ctions dt? fauteur. Os a soutint <strong>de</strong>mandé <strong>de</strong><br />

'nos jouis s'il va<strong>la</strong>it mieux écrire les comédies ea<br />

prose qu'eu ter s. Celui qui le premier a mis dans le<br />

dialogue m vers «autant <strong>de</strong> naturel qu'il pourrait y<br />

eu avoir eu prosef a résolu <strong>la</strong> question, puisque,<br />

sans rien ôter à <strong>la</strong> vérité, il a donné un p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong><br />

plus; et cet homme-là, c'est Molière. SU ne ?ersiia<br />

point l'Avare, c'est qu'il'n'eneut pas le temps;<br />

car il était obligé <strong>de</strong> s'occuper, non-seulement <strong>de</strong><br />

sa gloire particulière, mais aussi <strong>de</strong>s intérêts <strong>de</strong> sa<br />

troupe, dont il était le père plutôt que le chef; et il<br />

fal<strong>la</strong>it concilier sans cesse <strong>de</strong>ui choses qui ne vont<br />

pas toujours ensemble f l'honneur et le profit<br />

VAvare est une <strong>de</strong> ses pièces où il y a le plus<br />

d'intentions et d'effets comiques. Le principal caractère<br />

est bien plus fort que dans P<strong>la</strong>nte, et il n'y<br />

a nulle comparaison pour f intrigue» Le seul défaut<br />

<strong>de</strong> celle <strong>de</strong> Molière est <strong>de</strong> unir par un roman postiche<br />

, 'tout semb<strong>la</strong>ble à celui qui termine si mal<br />

i'École <strong>de</strong>s Femmes; et il est reconnu que ces dénoûments<br />

sont <strong>la</strong> partie faible <strong>de</strong> fauteur. Mais, à<br />

cette faute près, quoi <strong>de</strong> mieux conçu que f Avare f<br />

L'amour même ne le rend pas libéral, et <strong>la</strong> f<strong>la</strong>tterie<br />

<strong>la</strong> miêui adaptée à un vieil<strong>la</strong>rd amoureux n'en peut<br />

rien arracher. Quelle leçon plus humiliante pour<br />

Juî, et plus instructive pour tout le mon<strong>de</strong>, que<br />

al où il se rencontre, faisant le métier<br />

vis-à-vis. <strong>de</strong> son fils, qui fait<br />

celui d'un jeune hotlime à qui f a? ariee <strong>de</strong> ses parents<br />

refuse llionnéte nécessaire! Tel est le faux<br />

calcul <strong>de</strong>s passions : on croit épargner sur <strong>de</strong>s dépenses<br />

indispensables, etl'onNest contraint têt ou<br />

tard <strong>de</strong> payer <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ttes usurairei. Molière d'ailleurs<br />

n'a rien oublié pour faire déteeSerWta malheureuse<br />

passion, <strong>la</strong> plus vile <strong>de</strong> toutes ekia moins excusable.<br />

Son Avare est haï et méprisAie tout ce qui<br />

l'entoure : il est odieux à ses eafaafmà ses domestiques,<br />

à ses voisins; et Ton est forcWa vouer que<br />

ries n'est plus juste. Rousseau fait Ht reproche<br />

très-sértêux à Molière <strong>de</strong> ce que te ils d'Harpagon se<br />

moque <strong>de</strong> lui quand son père lui dit : Je te émnt<br />

ma wmiêdkMm. La réponse <strong>du</strong> ils, Je n'ai que<br />

faire <strong>de</strong> vmdtms, lui parait scandaleuse. Il prétend<br />

que c'est nous'apprendre à mépriser <strong>la</strong> maMfetion<br />

paternelle. Mais voyons les choses teîies^flrelîss<br />

sont. La malédiction paternelle est sans doute d'un<br />

grand poids, lorsque, arrachée à une juste indignation,<br />

elle tombe sur un ils coupable qui a offensé<br />

<strong>la</strong> nature et que <strong>la</strong> nature condamne. Mais/en vérité,<br />

te ils d'Harpagon n'a offensé personne en<br />

avouant qu'il est amoureux <strong>de</strong> Marianne, quand<br />

son père offre <strong>de</strong> <strong>la</strong> loi donner; et s'il'persiste à<br />

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dire qu'il l'aimera toujours, quand Harpagon cou*<br />

vient que ses offres n'étaient qu'un artifice pour<br />

avoir le secret <strong>de</strong> son fils, et veut exiger qu'il y renonce,<br />

sa résistance n'est-elto pas <strong>la</strong> chose <strong>du</strong><br />

mon<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus naturelle et <strong>la</strong> plus excusable? La<br />

malédiction d'Harpagon est-el te même bien séffeese ?<br />

Est-ce autre chose, dans cette occasion, qu'un trait<br />

d'humeur d'un vieil<strong>la</strong>rd jaloux et contrarié ? Le fils<br />

a-t-il tort <strong>de</strong> n'y mettre pas plus d'importance que<br />

son père n'en met lui-même ? La malédiction dans<br />

<strong>la</strong> bouche d'Harpagon n'est qu'une façon <strong>de</strong> parler,<br />

et Eousseau nous <strong>la</strong> présente comme un acte solennel<br />

: c'est ainsi qu'on parvient à confondre tous<br />

les faits et toutes les idées.<br />

La scène où maître Jacques le cuisinier donne te<br />

menu d'un reps à son maître, qui veut l'étrangler<br />

dès qu'il en est au rôti, et où maître Jacques te<br />

cocher s'attendrit sur les jeûnes <strong>de</strong> ses chevaux;<br />

celle où Valère et Harpagon se partent sans jamais<br />

s'entendre, l'un ne songeant qu'aux beaux yeux <strong>de</strong><br />

son Élise, et l'autre ne concevant rien aux beaux<br />

yeux <strong>de</strong> sa cassette; celte qui contient l'inventaire<br />

<strong>de</strong>s effets vraiment curieux qu'Harpagon veut faire<br />

prendre pour <strong>de</strong> l'argent comptant, et bien d'autres<br />

encore, sont d'un comique divertissant, dont il faut<br />

assaisonner te comique moral.<br />

Le sujets <strong>de</strong>s Femmes savantes paraissait bien<br />

susceptible <strong>de</strong> l'un et <strong>de</strong> l'autre. Il était difficile <strong>de</strong><br />

remplir cinq actes avec un ridicule aussi mince et<br />

aussi facile à épuiser que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> prétention au<br />

bel esprit. Molière, qui l'avait déjarattaqué dans les<br />

Précieuses, l'acheva dans tes Femmes savantes.<br />

Mais on fut d'abord si prévenu contre <strong>la</strong> sécheresse<br />

<strong>du</strong> sujet, et si persuadé que Fauteur avait tort <strong>de</strong><br />

s'obstiner à en tirer une pièce en cinq actes, que<br />

cette prévention, qui aurait dû ajouter à <strong>la</strong> surprise<br />

et à l'admiration, s'y refusa d'abord, et ba<strong>la</strong>nça le<br />

p<strong>la</strong>isir que faisait l'ouvrage, et te succès qu'il <strong>de</strong>vait<br />

avoir. L'histoire <strong>du</strong> Misanthrope m renouve<strong>la</strong> par<br />

un autre ehef-d'œuvre, et ce fut encore te temps<br />

qui fit justice. On s'aperçut <strong>de</strong> toutes tes ressources<br />

que Molière avait tirées <strong>de</strong> son génie pour enrichir<br />

l'indigence <strong>de</strong> son sujet. Si, d'un côté,. Phi<strong>la</strong>minte,<br />

Àrman<strong>de</strong> et Béllse sont entichées <strong>du</strong> pédantisme<br />

que l'hôtel <strong>de</strong> Rambouillet avait intro<strong>du</strong>it dans <strong>la</strong><br />

<strong>littérature</strong>, et <strong>du</strong> p<strong>la</strong>tonisme <strong>de</strong> l'amour qu'on avait<br />

essayé aussi <strong>de</strong> mettre à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, <strong>de</strong> l'autre se présentent<br />

<strong>de</strong>s contraste! multipliés sous différentes<br />

formes : <strong>la</strong> jeune Henriette, qui n'a que <strong>de</strong> l'esprit<br />

naturel et <strong>de</strong>là sensibilité, et qui répond si à propos<br />

à Trisaotin qui veut l'embrasser,<br />

Mimslnir, tirassE-ia®!, Je ne sais pa te grec ;<br />

<strong>la</strong> bonne Martine, cette grosse servante, <strong>la</strong> seule<br />

41.

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