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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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64Î<br />

COURS DE LITTÉMTD1B.<br />

nlers actes. Le roi, dont l'esprit juste avait senti peu longue^ il est vrai, et même un peu subtile, <strong>de</strong><br />

tout ce que va<strong>la</strong>ient les premiers, dit à Molière, qui l'amant et <strong>de</strong> l'époux, dans les scènes è?Alcmène et<br />

était un peu consterné : FûUS ne m'avez jamais <strong>de</strong> Jupiter : c'est un défait qui n'est pas dans P<strong>la</strong>nte;<br />

tant fait rire. Et aussitôt <strong>la</strong> cour et <strong>la</strong> ville forent mais ce défaut tient à beaucoup <strong>de</strong> différents mérites<br />

<strong>de</strong> favis <strong>du</strong> monarque.<br />

que P<strong>la</strong>nte n'a pas non plus. En effet, il fal<strong>la</strong>it une<br />

Si j'ai cru <strong>de</strong>voir réfuter Rousseau au sujet <strong>du</strong> scène d'amour à <strong>la</strong> première entrevue <strong>de</strong>-Jupiter et<br />

Misanthrope, jeerois <strong>de</strong>voir eonveninfu'il a raison d'Alcmène, qui <strong>de</strong>vait nécessairement être un peu<br />

sur Georges Gandin, dont il trouve le sujet im­ froi<strong>de</strong>, comme toute scène entre <strong>de</strong>ux amants égamoral.<br />

Ce if est pas que, sous le point <strong>de</strong> vue le lement satisfaits; mais celle-ci amène <strong>la</strong> querelle<br />

plus général et le plus frappant, <strong>la</strong> pièce ne soit uti­ entre Alcmène et Amphitryon, querelle qui pro<strong>du</strong>it<br />

lement Instructive, puisqu'elle enseigne à ne point <strong>la</strong> réconciliation entre Jupiter sons <strong>la</strong> forme <strong>du</strong> mari,<br />

s'allier à plus grand que soi, si Ton ne veut être do­ et <strong>la</strong> femme qui le croit tel réellement; et cette réminé<br />

et humilié; mais aussi Ton ne peut nier qu'une conciliation, qui par elle-même n'est pas sans inté­<br />

femme qui trompe son mari le jour et <strong>la</strong> nuit, et rêt, en répand beaucoup sur teréled'*Alcmène, qui,<br />

qui trouve le moyen d'avoir raison en donnant <strong>de</strong>s par <strong>la</strong> vivacité <strong>de</strong> sa douleur et <strong>de</strong> ses sentiments,<br />

ren<strong>de</strong>z-vous à son amant, ne soit d'un mauvais nous <strong>mont</strong>re combien elle est sincèrement attachée<br />

exemple au théâtre; et il peut être plus dangereux à son époux. Cet aperçu n'était rien moins qu'in­<br />

<strong>de</strong> ne voir dans <strong>la</strong> mauvaise con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> <strong>la</strong> femme différent dans le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce ; il était même très-<br />

que <strong>de</strong>s tours p<strong>la</strong>isanta, qu'il n'est utile <strong>de</strong> voir important que <strong>la</strong> pureté <strong>de</strong>s sentiments d'Alcmène*<br />

dans Georges Dandin <strong>la</strong> victime d'une vanité impru­ et sa sensibilité vraie rachetassent et couvrissent<br />

<strong>de</strong>nte. Au reste M. et madame <strong>de</strong> Sotenvilte sont <strong>du</strong> ce qu'il y a d'involontairement déréglé dans ses ac­<br />

nombre <strong>de</strong> ces originaux qui venaient souvent se tions : rien n'était plus propre à sauver l'immora­<br />

p<strong>la</strong>cer sous les pineeaui <strong>de</strong> Molière, et qui dans ses lité <strong>du</strong> sujet. MmÛ est peut-être excusable <strong>de</strong> n'y<br />

moindres compositions font retrouver <strong>la</strong> main <strong>du</strong> avoir pas même songé, sur un théâtre beaucoup<br />

maître.<br />

plus libre que le nôtre; mais il faut savoir gré à<br />

Amphitryon, dont le sujet est pris dans un mer­ Molière d'en être venu à bout, par une combinaison<br />

veilleux mythologique et <strong>de</strong>s transformations hors dont personne ne lui avait fourni ridée, et que per­<br />

<strong>de</strong> nature, ne peut par conséquent blesser <strong>la</strong> mosonne, ce me semble, n'avait encore observée.<br />

rale , puisqu'il est hors <strong>de</strong> l'ordre naturel ; mais il Molière a bien d'autres avantages sur P<strong>la</strong>nte. En<br />

blesse un peu <strong>la</strong> décence, puisqu'il met l'a<strong>du</strong>ltère établissant <strong>la</strong> mésintelligence d<br />

sur <strong>la</strong> scène, non pas, à <strong>la</strong> vérité, en intention,<br />

mais en action. On a toléré ce qu'il y a d'un peu licencieux<br />

dans ce sujet, parce qu'il était donné par<br />

<strong>la</strong> Fable et reçu sur les théâtres anciens; et on a<br />

pardonné ce que les métamorphoses <strong>de</strong> Jupiter et<br />

<strong>de</strong> Mercure ont d'invraisemb<strong>la</strong>ble, parce qu'il n'y<br />

a point <strong>de</strong> pièce où l'auteur ait eu pus <strong>de</strong> droit <strong>de</strong><br />

dire au spectateur : Passez-moi un faltifiie vousne<br />

pouves pas croire, et je vous promets <strong>de</strong> vous divertir.<br />

Peu d'ouvrages solît aussi réjouïssants qu'Âmphttrym.<br />

On a remarqué, il y a longtemps, que les<br />

méprises sont une <strong>de</strong>s sources <strong>de</strong> comique les plus<br />

fécon<strong>de</strong>s; et comme il n'y a point <strong>de</strong> méprise plus<br />

» forte que celle que peut faite naître un personnage<br />

qui paraît double, aucune comédie ne doit<br />

faire rire plus que celle-ci : mais comme le moyen<br />

est forcé, te mérite ne serait pas grand si l'exécution<br />

n'était pas parfaite. Nous avons vu, à l'article <strong>de</strong><br />

P<strong>la</strong>nte, ce que fauteur mo<strong>de</strong>rne lui avait emprunté,<br />

et combien il avait enchéri sur son modèle. Je ne<br />

sais pourquoi Bespréaux, si Ton en croit le Bolmna,<br />

j ugeait si sévèrement Amphitryon, et semb<strong>la</strong>it même<br />

. préférer celui <strong>de</strong> P<strong>la</strong>nte 11 blâme <strong>la</strong> distinction, un<br />

9 un mauvais ménage<br />

entre Sosie et Cléanthis, il donne un résultat tout<br />

différent à l'aventure <strong>du</strong> maître et <strong>du</strong> valet, et don»<br />

ble ainsi <strong>la</strong> situation principale en <strong>la</strong> variant. 11<br />

donne à Cléanthis un caractère particulier, celui <strong>de</strong><br />

ces épouses qui s'imaginent avoir le droit d'être insupportables<br />

, parce qu'elles sont honnêtes femmes. '<br />

11 porte bien plus loin que P<strong>la</strong>nte le comique <strong>de</strong> détails<br />

qui naît <strong>de</strong> l'i<strong>de</strong>ntité <strong>de</strong>s personnages. Bals,<br />

ne pouvant, paria nature extraordinaire <strong>du</strong> sujet, y<br />

mettre autant <strong>de</strong> vérité caractéristique et d'idées<br />

morales que dans d'autres pièces, il a semé plus<br />

que partout ailleurs les traits ingénieui, l'agrément<br />

et les jolis vers. Il a surtout tiré un grand parti <strong>du</strong><br />

mètre et <strong>du</strong> mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong>s rimes ; et, par <strong>la</strong> manière<br />

dont il -s'en est servi, il a justifié cette innovation,<br />

et prouvé qu'il enteodait très-bien ce genre <strong>de</strong> versification,<br />

que l'on croit aisé, et dont les connaisseurs<br />

savent <strong>la</strong> difficulté, le mérite et les effets.<br />

La prose, qui avait fait tomber k Fesim <strong>de</strong><br />

Pierre dans sa nouveauté, nuisit d'abord au succès<br />

<strong>de</strong> l'Avare et le retarda ; mais cependant, comme<br />

cetfe comédie est infiniment supérieure au Festm<br />

<strong>de</strong> Pierre, son mérite remporta bientôt sur te pré-

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