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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

641<br />

leurs mains comme insensé? Quand Seapln démon* <strong>de</strong>mment amené pur remplir <strong>la</strong> <strong>du</strong>rée <strong>de</strong> <strong>la</strong> repré-<br />

tre aa seigneur Argante qu'il faut encore mieux tentation ordinaire <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux pièces, et divertir <strong>la</strong><br />

donner <strong>de</strong>ux cents pistoles que d'avoir le meilleur multitu<strong>de</strong>, que ces sortes <strong>de</strong> mascara<strong>de</strong>s amusent<br />

procès 9 et qu'il loi détaille tout ce qu'on peut a?oir tsajssrs. Mais les trois premiers actes sont d'un très-<br />

à souffrir et à pyer dès que Ton est entre les griffes bon comique : sans doute celui <strong>du</strong> Misanthrope et<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> chicane; cette leçon si vivement tracée, qu'elle <strong>du</strong> Turtujèmt beaucoup plus profond; mais il n'y<br />

frappe même uu vieil avare, et le détermine à un en a pas un plus vrai ni plus gai que le personnage<br />

sacrifice d'argent; cette leçon n'est-elle pas d'un bon <strong>de</strong> M. Jourdain. Tout ce qui est autour <strong>de</strong> lui le fait<br />

comique ? et n'est-il pas à souhaiter qu'on nese borne ressortir : sa femme, sa servante Nicole ; ses maîtres<br />

pas toujours à en riref et qu'on s'avise quelque<br />

jour d'en profiter? Si <strong>la</strong> thèse <strong>de</strong> réception soutenue<br />

<strong>de</strong> danse, <strong>de</strong> musique, d'armes et <strong>de</strong> philosophie; te<br />

grand seigneur, son ami, son confi<strong>de</strong>nt et son dé*<br />

par le Ma<strong>la</strong><strong>de</strong> imaginaire, si le mauvais <strong>la</strong>tin, et biteur; <strong>la</strong> dame <strong>de</strong> qualité dont il est amoureux, te<br />

<strong>la</strong> cérémonie, et l'argumentation ne sont qu'une ca­ jeune homme qui aime sa fille, et qui ne peut l'obtenir<br />

ricature, le personnage <strong>du</strong> Ma<strong>la</strong><strong>de</strong> imaginaire, tel <strong>de</strong> lui, parce qu'il n'est pas gentilhomme ; tout sert à<br />

qu'il est dans le reste <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, n'est-il pas trop mettre en jeu <strong>la</strong> sottise <strong>de</strong> ce pauvre bourgeois, qui<br />

souvent réalisé? La fausse tendresse d'une belle- est presque parvenu à se persua<strong>de</strong>r qu'il est noble,<br />

mère qui caresse un mari qu'elle déteste pour s'ap­ ou <strong>du</strong> moins à croire qu'il a fait oublier sa naissance;<br />

proprier <strong>la</strong> dépouille <strong>de</strong>s sa<strong>la</strong>nts, est-elle une pein­ si bien-que, quand sa femme lui dit, Descendonsture<br />

chimérique dont l'original n'eiiste plus? La nous tous <strong>de</strong>ux que <strong>de</strong> bonne bourgeoisie f M. Jour­<br />

Comtesse d'Escarbagnas ne représente-t-elte pas dain dit naïvement, Ne mUà pm k coup <strong>de</strong> km»<br />

au naturel cette manie provinciale <strong>de</strong> contrefaire guet l\ faut être M. Jourdain pour se p<strong>la</strong>indre d'un<br />

gauchement le ton et les manières <strong>de</strong> <strong>la</strong> capitale coup <strong>de</strong> <strong>la</strong>ngue quand on lui rappelle qu'il est le fi<strong>la</strong><br />

et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour ? A l'égard <strong>de</strong>s f al* intrigants et four- <strong>de</strong> son père. Mais, d'ailleurs, sous combien <strong>de</strong> faces<br />

lies, tels que le Mascariile <strong>de</strong> l'Étourdi, Seapin, diverses Molière a multiplié ce ridicule si commun,<br />

Hali, Sylvestre ,Sbrigaait et tous les Crispins que<br />

Régnant mit à <strong>la</strong> mo<strong>de</strong>, à compter <strong>du</strong> premier Cris-<br />

et fait voir tout ce qu'il coûte ! On lui emprunte son<br />

argent pour parler <strong>de</strong> lui dam <strong>la</strong> chambre <strong>du</strong> roi ;<br />

pin qui se trouve dans k Marquis rkémk <strong>de</strong> Sear- on prend sa maison pour régaler à ses dépens <strong>la</strong> œsfron,<br />

ce n'était dans Molière qu'un reste d'imitation tresse d'un autre; et tout te mon<strong>de</strong>, femme, ser­<br />

<strong>de</strong> l'ancienne comédie grecque et <strong>la</strong>tine. C'est dans vante, valets, étrangers, se moquent <strong>de</strong> lui» Mais<br />

P<strong>la</strong>nte et Térence, qui copiaient les Grecs, qu'existe Molière a su tirer encore <strong>de</strong>s autres personnages un<br />

le modèle <strong>de</strong> ces sortes <strong>de</strong> personnages, bien plus comique inépuisable : l'humeur brusque et chagrine<br />

vraisemb<strong>la</strong>bles chez les anciens que parmi nous : c'é­ <strong>de</strong> madame Jourdain ; <strong>la</strong> gaieté franche <strong>de</strong> Nicole ; <strong>la</strong><br />

taient <strong>de</strong>s esc<strong>la</strong>ves, et, en cette qualité, ils étaient querelle <strong>de</strong>s maîtres sur <strong>la</strong> prééminence <strong>de</strong> leur art ;<br />

obligés <strong>de</strong> tout risquer pour servir leurs maîtres. les préceptes <strong>de</strong> modération débités par le philoso­<br />

Mais, dans nos mœurs, ce dévouement dangereux phe, qui un moment après se met en fureur, et se bat<br />

est incompatible avec <strong>la</strong> liberté qu'on <strong>la</strong>isse aux do­ en l'honneur et gloire <strong>de</strong> <strong>la</strong> philosophie ; <strong>la</strong> leçon<br />

mestiques : nassl les intrigues <strong>de</strong> valets sont-elles <strong>de</strong> M. Jourdâïs^ à jamais fameuse par cette décou­<br />

passées <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> sur <strong>la</strong> scène, parce que les valets, verte qui ne sera point oubliée, que <strong>de</strong>puis quarante<br />

<strong>du</strong> moins ceux qui sont en livrée f ne mènent plus<br />

aucune intrigue dans le mon<strong>de</strong>. Eégnard 9 qui avait<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> gaieté, et qui en mit beaucoup dans ses rôles<br />

ans M faisait <strong>de</strong> <strong>la</strong> prose sans k savoir; <strong>la</strong> futilité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> scaîaslifue si finement raillée; le repas donné<br />

à Dorimèse par M. Jourdain, sous le nom <strong>du</strong> cour*<br />

<strong>de</strong> Crispins, ne put pas se résoudre à se passer d'un llsaa Dorante; <strong>la</strong> ga<strong>la</strong>nterie niaise <strong>du</strong> bourgeois, et<br />

ressort qu'il savait mettre en œuvre ; mais Molière ne le sang-froid cruel <strong>de</strong> l'homme <strong>de</strong> cour qui l'immole<br />

s'en servit jamais dans aucune <strong>de</strong> ses bonnes pièces. à <strong>la</strong> risée <strong>de</strong> Dorimène^ tout en lui empruntant sa<br />

J'avoue que je ne saurais me résoudre à ranger maison, sa table et sa bourse; <strong>la</strong> broiiiJlerie<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

Se Bourgeois gentilhomme dans le rang <strong>de</strong> ces farces jeunes amants et <strong>de</strong> leurs valets, sujet traité si sou- -<br />

dont je viens <strong>de</strong> parler. J'abandonne volontiers les vent par Molière, et avec une perfection toujours<br />

<strong>de</strong>ux <strong>de</strong>rniers actes : je conviens que, pour ridiculi­ <strong>la</strong> même et toujours différente : tous ces morceaux<br />

ser dans M. Jourdain cette prétention, si commune sont <strong>du</strong> grand peintre <strong>de</strong> l'homme, et nullement <strong>du</strong><br />

à <strong>la</strong> richesse roturière, <strong>de</strong> figurer avec <strong>la</strong> noblesse, ferceur popu<strong>la</strong>ire. C'est là sans doute le mérite qui<br />

it n'était pas nécessaire <strong>de</strong> le faire assez imbécile avait frappé Louis XIV lorsqu'on représenta <strong>de</strong>vant<br />

pour donner sa fille au fils <strong>du</strong> Grand Turc, el <strong>de</strong>­ lui k Bourgeois gemtUkomme, que <strong>la</strong> cour ne goûta<br />

venir mamamouchi ; ce spectacle grotesque est évi-<br />

LA ass»L — mm t.<br />

pas f apparemment à cause <strong>de</strong> <strong>la</strong> mascara<strong>de</strong> ito<strong>de</strong>r•

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