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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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Le Misanthrope dit, m grondant entre ses <strong>de</strong>nts :<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

Lt petto <strong>de</strong> ta chute , cmpoitoiiiMiir an dkbto S<br />

Ea eusses-tu fut une à te eassor le DIS !<br />

Là-<strong>de</strong>ssus Rousseau se récrie qu'il est impossible<br />

qu'Aleeste, qui, un moment après, va critiquer les<br />

jeui <strong>de</strong> mots, eu fasse un <strong>de</strong> cette nature. Mais ne<br />

dit-on pas tous les jours en eooversatïoa ce qu'on<br />

ne voudrait pas écrire? Et qui ne voit que ce quolibet<br />

échappe à <strong>la</strong> mauvaise humeur qoi se prend au<br />

<strong>de</strong>rnier mot qu'elle entend, et qui veut dire une injure<br />

à quelque prix que ce soit? La colère n ? y regar<strong>de</strong><br />

pas <strong>de</strong> si près , et l'homme <strong>de</strong> f esprit le plus sévère<br />

peut manquer <strong>de</strong> goût quand il se fâche. Cette eicuse<br />

est si naturelle, que Rousseau Ta prévue; mais it<strong>la</strong><br />

trouve insuffisante, et revient à son refrain : FoUè<br />

comme on avilit <strong>la</strong> vertu. En vérité, s'il ne faut<br />

qu'un calembour pour <strong>la</strong> compromettre, elle est<br />

aujourd'hui bien exposée. <<br />

Rousseau fait une autre chicane au Misanthrope ;<br />

il lui reproche <strong>de</strong> tergiverser d f abord avec Oroute,<br />

et <strong>de</strong> ne pas lui dire crûment, <strong>du</strong> premier mot, que<br />

son sonnet ne vaut rien ; et il ne s'aperçoit pas que<br />

le détour que .prend lices te pour le dire, sans'trop<br />

blesser ce qu'on homme <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> et <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour doit<br />

nécessairement avoir <strong>de</strong> politesse, est plus piquant<br />

cent fois que <strong>la</strong> vérité toute nue. Chaque fois qu'il<br />

répète Je ne dis pas ce<strong>la</strong>, il dit en effet tout ce qu'où<br />

peut dire <strong>de</strong> plus <strong>du</strong>r; en sorte que, malgré ce qu'il<br />

croit <strong>de</strong>voir aux formes, il s'abandonne à son caractère<br />

dans le temps même où il croit en foire le sacrifice.<br />

Rien n'est plus naturel et plus comique que<br />

cette espèce d'illusion qu'il se fait ; et Rousseau l'accuse<br />

<strong>de</strong> fausseté dans l'instant où il est le plus vrai,<br />

car qu'y a-t-il <strong>de</strong> plus vrai que d'être soi-même en<br />

s'efforcent <strong>de</strong> ne pas l'être?<br />

Le censeur genevois n'épargne pas davantage le<br />

rôle <strong>de</strong> Philinte : il prétend que ses maximes res­<br />

bert et Mar<strong>mont</strong>el, si elle ne m'eût servi à répandre<br />

un plus grand jour sur une prtle <strong>de</strong>s beautés<br />

<strong>de</strong> cette admirable comédie. Comme elle m'a<br />

entraîné un peu loin, je passe rapi<strong>de</strong>ment sur les<br />

autres parties <strong>de</strong> l'ouvrage ; sur le contraste <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

pru<strong>de</strong> Arsinoé et <strong>de</strong> <strong>la</strong> coquette Célimène, aussi<br />

frappant que celui d'Alceste et <strong>de</strong> Philinte; sur les<br />

<strong>de</strong>ux rôles <strong>du</strong> marquis, dont <strong>la</strong> fatuité risible égayé<br />

le sérieux que le caractère <strong>du</strong> Misanthrope et sa<br />

passion pour Célimène répan<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> temps en temps<br />

dans «<strong>la</strong> pièce-, sur les traits profonds dont cette<br />

passion est peinte ; sur <strong>la</strong> beauté <strong>du</strong> style, qui rénaît<br />

tous les tons : et je dois d'autant moins fatiguer l'admiration,<br />

que d'autres chefs-d'œuvre nous atten<strong>de</strong>nt<br />

et vont <strong>la</strong> partager.<br />

wsavm iv. — Des Farces <strong>de</strong> Mêlera; é $ AmpMir^m$ et<br />

l'Avare, <strong>de</strong>s Femmes savantes, etc.<br />

La comtesse d'Escatbagnm, le MMecin malgré<br />

kd, ks Fowberies <strong>de</strong> Scapim, k Ma<strong>la</strong><strong>de</strong>îma§§9miref<br />

M. <strong>de</strong> P&urcmwpmc, sont dans ea genre <strong>de</strong> bas eoeiifjna<br />

qui a donné lieu au reproche que le sévère<br />

Despréaux fait à Molière, d'avoir alUé TMmrm è<br />

Têremce. Le reproche est fondé : nous avons tvu<br />

quelle excuse pouvait avoir l'auteur, obligé <strong>de</strong> travailler<br />

pour le peuple. Mais ne pourrait-on pas excu­<br />

ser aussi jusqu'à un certain point ce genre <strong>de</strong> pièces,<br />

<strong>du</strong> moins tel que Molière Ta traité? Cnavasans<br />

d'abord qu'il n'y attachait aucune prétention ; et m<br />

qui le prouve, c'est que presque toutes ne furent imprimées<br />

qu'après sa mort. Convenons encore que <strong>la</strong><br />

variété d'objets est si nécessaire au théâtre, ccjmaaa<br />

partout ailleurs, et le rire une si bonne chose en ellemême,<br />

que, pourvu qu'on ne tombe pas dans <strong>la</strong><br />

grossière indécence ou <strong>la</strong> folie burlesque, les honnêtes<br />

gens peuvent s'amuser d'une farce sans l'estimer<br />

eommeune comédie. Mais à cette tolérance en faveur<br />

<strong>de</strong> l'ouvrage ne se mélera-t-il pas encore <strong>de</strong> l'estime<br />

semblent beaucoup à eeiïes <strong>de</strong>s fripons. Il est vrai pour l'auteur, si lors même qu'il <strong>de</strong>scend à <strong>la</strong> por­<br />

queRoosseau n'en donne pas <strong>la</strong> moindre preuve, et tée <strong>du</strong> peuple, il se fait reconnaître aux honnêtes<br />

qu'il ne cite rien à l'appui <strong>de</strong> son accusation : c'est gens par <strong>de</strong>s scènes où le comique <strong>de</strong> mœurs et <strong>de</strong><br />

que le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> Philinte est effectivement celui caractères perce au milieu <strong>de</strong> <strong>la</strong> gaieté bouffonne?<br />

d'un honnête homme qui hait le vice, maisqui se croit C'est ce que Molière a toujours fait. Quand <strong>de</strong>ux mé­<br />

obligé <strong>de</strong> supporter les vicieux, parce que, ne pou<strong>de</strong>cins assis près <strong>de</strong> M. <strong>de</strong> Poureeaugnac, l'un à<br />

vant les corriger, il serait insensé <strong>de</strong> s'en rendre droite, l'autre à gauche, délibèrent gravement en sa<br />

très-inutilement <strong>la</strong> victime. Ses principes <strong>de</strong> dou­ présence, et dans tous les termes <strong>de</strong> l'art, sur les<br />

ceur et <strong>de</strong> pru<strong>de</strong>nce ne ressemblent nullement à moyens <strong>de</strong> le guérir <strong>de</strong> sa préten<strong>du</strong>e folie, et que,<br />

ceux <strong>de</strong>s fripons : Rousseau a oublié que ceux-ci sans lui adresser seulement <strong>la</strong> parole, ils le regar­<br />

ne manquent jamais <strong>de</strong> mettre en avant une morale ' <strong>de</strong>nt comme un sujet livré à leurs expériences, cette<br />

tf autant plus sévère, qu'elle ne les engage à rien dans scène n'est-elle pas d'autant plus p<strong>la</strong>isante, qu'elle<br />

<strong>la</strong> pratique ; il a oublié que personne ne parle plus a un fond <strong>de</strong> vérité, qu'un pareil tour n'est pas sans<br />

liant <strong>de</strong> probité que ceux qui n'en ont guère. exemple, et qu'il y a encore <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins capables<br />

Je n'aurais pas entrepris cette réfutation après <strong>de</strong> faire <strong>de</strong>venir presque fou d'humeur et d'impa­<br />

celle <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux écrivains supérieurs, MM.

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