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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. - POESIE.<br />

68i<br />

peau n'était point en tableau chargé, dans nn temp et l'on sait combien Molière en a tiré parti. Ce ridi­<br />

où Ton rendait encore <strong>de</strong>s arrêts en fureur d'Ariscule a disparu, parce qu'il ne tenait qu'au formes<br />

tote ; et qoand Sganarelle donne <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> bâton extérieures; mais l'esprit <strong>de</strong> corps, qui pe change<br />

au pyrrhonien Marphurius, en lui représentant que, point, et tous les préjugés, tous les trafers qui en<br />

selon sa doctrine, il ne doit pas être sûr que ce soient résultent, ont fourni au poète obserfateur une foule<br />

<strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> bâtonf il se sert d'un argument pro­ <strong>de</strong> mots heureui, <strong>de</strong>venus proverbes, et qu'on cite<br />

portionné à <strong>la</strong> folie <strong>de</strong> cette doctrine.<br />

d'autant plus folontiers, qu'ils sont encore aujour­<br />

C'est malgré lui que Molière it k FesMn <strong>de</strong> Pierre. d'hui tout aussi frais que <strong>de</strong> son temps. C'«st aussi<br />

Ce irietn eanefas était originaire d'Espagne, où il dans cette pièce qu'il a caractérisé Im donneurs d'à-<br />

avait fait une gran<strong>de</strong> fortune; et il était bien juste vis par une scène charmante, dont tout l'esprit est<br />

qu'un peuple qui voyait a?ec édiication <strong>la</strong> f <strong>la</strong>rge et dans ce mot si connu : Monsieur Josse, vous êtes<br />

tes diables danser ensemble, et les sept sacrements orfèvre. On assure que VAmour mé<strong>de</strong>cin, qui a trois<br />

en "ballets, fît mœmm sainte terreur marcher une actes, fut fait et appris en cinq jours. Ce n'était pas<br />

statue sur <strong>la</strong> scène, et l'enfer s'ouvrir pour englou­ assez pour ce<strong>la</strong> d'être"Molière; il fal<strong>la</strong>it aussi être<br />

tir un athée. Mais comme le peuple est partout le chef <strong>de</strong> troupe.<br />

même, ce sujet n'eut pas moins <strong>de</strong> succès à Paris,<br />

•MTHM m. — Le MimnÈkrùpe.<br />

sur le théâtre d'Arlequin. Toutes les troupes comi­ Autant Molière a?ait été jusque-là au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong><br />

ques (il y en a?ail alors quatre à Paris) foulèrent tous ses rif aux, autant il fut au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lui-même<br />

a?oir et eurent es effet leur Festin <strong>de</strong> Pierre, comme iws k Misanthrope. Emprunter à <strong>la</strong> morale une<br />

celle <strong>de</strong>s Italiens;,car il faut remarquer que ce sont <strong>de</strong>s plus gran<strong>de</strong>s leçons qu'elle puisse donner aaï<br />

toujours les ouvrages faits pour <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong> qui hommes ; leur dé<strong>mont</strong>rer cette f érité qu'af aient mé­<br />

ont <strong>de</strong> ces prodigieux succès <strong>de</strong> mo<strong>de</strong>, attachés connue les plus fameux philosophes anciens, que <strong>la</strong><br />

à un nom qui siiflt pour attirer <strong>la</strong> foule à tous les' sagesse même et <strong>la</strong> f ertu * ont besoin d'une mesuref<br />

théâtres. Il n'y eut qu'un Misanthrope et qu'un Tar- sans <strong>la</strong>quelle elles <strong>de</strong>fiennent inutiles, ou même<br />

t-ufe; mais il y eut dans l'espace <strong>de</strong> peu d'années cinq nuisibles; rendre cette leçon comique sans compro­<br />

Festin <strong>de</strong> Pierre. Molière, pour contenter sa troupe, mettre le respect dû à l'homme honnête et f ertueus,<br />

fut obligé d'en faire un ; mais ce fut le seul qui ne c'était là sans doute le triomphe d'un poète philo­<br />

réussit pas. Ce n'est ps qu'il ne valût beaucoup sophe, et <strong>la</strong> comédie ancienne et mo<strong>de</strong>rne n'offrait<br />

mieux que tous les autres ; mais il était en prose ; et aucun eieraple d'une si haute conception. Aftssi<br />

c'était alors une noufeauté.sans exemple. On n'i­ arrif a-t-il d'abord à Molière ce que nous af ons f a<br />

maginait pas qu'une comédie pût n'être pas en ?ers, arrifer à Racine. Les spectateurs ne purent pas<br />

et <strong>la</strong> pièce tomba. Ce ne fat qu'après <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Mo­ l'atteindre : il arait franchi <strong>de</strong> trop loin <strong>la</strong> sphère<br />

lière que Thomas Corneille versiËa k Festin <strong>de</strong> <strong>de</strong>s idées fulgaïres. Le Misanthrope fut abandonné y<br />

Pierre, en suifant, à peu <strong>de</strong> chose près, le p<strong>la</strong>n et parce qu'on ne l'entendit pas. On était encore trop<br />

le dialogue <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce en prose. Il réussit, et c'est accoutumé au gros rire : il fallut retirer <strong>la</strong> pièce à <strong>la</strong><br />

le seul que l'on joueencore. La scène <strong>de</strong> M. Dimanche quatrième représentation. Ces méprises si fréquentes<br />

est comique, et le morceau sur l'hypocrisie annon­ nous font rougir, et ne nous corrigent pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> préçait,<br />

dans l'auteur original, l'homme qui défait cipitation <strong>de</strong> nos jugements. Ce n'est pas que l'exem­<br />

bientôt faire k Tartufe.<br />

ple <strong>du</strong> Misanthrope et i'Athaiie puisse se renouv e-<br />

L'Amour mé<strong>de</strong>cin est <strong>la</strong> première scène où Moler aisément; ce sont <strong>de</strong>s chefs-d'œuvre d'un ordre<br />

lière ait déc<strong>la</strong>ré <strong>la</strong> guerre â <strong>la</strong> Faculté, et cette guerre trop supérieur : mais on peut assurer que, dans<br />

<strong>du</strong>ra jusqu'à <strong>la</strong> in <strong>de</strong> sa fie; car son <strong>de</strong>rnier ouvra­ tous les temps, <strong>de</strong>s ouvrages d'un très-grand mérite,<br />

ge, k Ma<strong>la</strong><strong>de</strong> imaginaire, fut encore <strong>la</strong>it contre confon<strong>du</strong>s d'abord dans l'opinion et dans l'égalité<br />

les mé<strong>de</strong>cins. Comme, malgré l'utilité réeHe'<strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>du</strong> succès arec les pro<strong>du</strong>ctions les plus médiocres,<br />

mé<strong>de</strong>cine, et le mérite supérieur <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> ceui n'arrifent à leur p<strong>la</strong>ce qu'après bien <strong>de</strong>s années, et<br />

qui font eultivée, il n'y a point <strong>de</strong> science qui soit que <strong>la</strong> jalousie, qui est dans le secret, a le p<strong>la</strong>isir <strong>de</strong><br />

plus susceptible <strong>de</strong> tous les genres <strong>de</strong> char<strong>la</strong>tanisme, les f oir longtemps dans <strong>la</strong> foule afant que <strong>la</strong> f oii<br />

puisqu'elle domine sur les hommes par le premier publique les ait f engés d'une concurrence indigne f<br />

<strong>de</strong> tous les intérêts, l'amour <strong>de</strong> <strong>la</strong> fie et <strong>la</strong> crainte et proc<strong>la</strong>més dans le rang qui leur est dû.<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mort, c'est un objet qui ne défait point échap­ Molière se con<strong>du</strong>isit en homme/ habile : il sentit<br />

per à un poète comique. D'ailleurs le pédantisme, que k Misanthrope n'avait besoin que d'être enqui,<br />

étiez les mé<strong>de</strong>cins <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier siècle y était l'enseigne<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> sciencef prêtait beaucoup au ridicule;<br />

1 Mettmiàtqm, quoi mi âjJfëcMMwm, tm m§mmMm9 wmcf»».<br />

(TàdT. Agrie. if.)

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