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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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iS4<br />

Visé fut celui <strong>de</strong> tous qui se déchaîna contre loi<br />

avec le plus <strong>de</strong> fureur. 11 ne put faire jouer sa Zé~<br />

&mk ; mais il est eurieui <strong>de</strong> voir <strong>de</strong> quelles armes<br />

se sert ce gakmt homme (qui Ait <strong>de</strong>puis le fondateur<br />

<strong>du</strong> Mercure gokmt) dans une Lettre sur tes<br />

affaires <strong>du</strong> ikêêêre, 11 se prétendait à ries moins<br />

qu'à soulever toute <strong>la</strong> noblesse <strong>de</strong> France contre<br />

Molière « et à le rendre coupable <strong>de</strong> lèse-majesté.<br />

¥oid comme il soutient cette belle accusation :<br />

COUBS DE LITTEiATIJlE.<br />

« Pour m qui est <strong>de</strong>s marquis,ils se ?eag«t asset par<br />

leur pru<strong>de</strong>nt gieace , et fini voir qu'ils ont beaucoup d'esprit<br />

9 m m l'estimant pas asseï pour se soucier <strong>de</strong> ce qu'il<br />

a dit contre eux. Ce s'est pas que <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong> l'État se Ses<br />

est obligés à se p<strong>la</strong>indre 9 puisque c'est tourner le royaume<br />

en ridicule9 rallier toute <strong>la</strong> noblesse, et rendre méprisables<br />

, non-seulement à tous les Français 9 mais encore à tous<br />

les étnngersf <strong>de</strong>s noms éc<strong>la</strong>tants 9 pour qui Fou <strong>de</strong>vrait<br />

avoir <strong>du</strong> respect.<br />

« Quoique cette tante se soit pas parfonaaMe, elle en<br />

renferme use autre qui Test bien moins, et sur <strong>la</strong>quelle<br />

je veai croire que Sa pru<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> Molière n'a pas fait réflexion.<br />

Lorsqu'il joue tonte <strong>la</strong> cour, et qa s U s'épargne que<br />

l'auguste personne <strong>du</strong> roi , que son mérite rend plus considérable<br />

que celui <strong>de</strong> son trône 9 il ne s'aperçoit pas que<br />

cet incomparable monarque est toujours accompagné <strong>de</strong>s<br />

gens qu'il f eut rendre ridicules ; que ce sont enx qui for»<br />

ment sa conr ;rfoe c'est avec eux qu'il se divertit ; que c'est<br />

avec eux qui! s'entretient, et que c'est mm eux qu'il<br />

<strong>de</strong>nse <strong>de</strong> <strong>la</strong> terreur à ses ennemis. C'est pourquoi Molière<br />

<strong>de</strong>vrait plutôt travailler à nous Mm voir qu'Us sont tous<br />

<strong>de</strong>sliéros, puisque le prince est toujours an salon d'eux 9<br />

et qu'il en est comme le chef, que <strong>de</strong> nous en faire voir <strong>de</strong>s<br />

portraits ridicules.<br />

« 11 ne suffit pas <strong>de</strong> gar<strong>de</strong>r le respect que nous <strong>de</strong>?ons<br />

au <strong>de</strong>mi-dieu qui sous gouYê¥fie9 II tint épargner ceux<br />

qui ont le glorieux avantage <strong>de</strong> l'approcher, et ne pas jouer<br />

ceux qu'il honore <strong>de</strong> son estime. »<br />

Les raisonnements <strong>de</strong> ce Ylsé sont aussi forts<br />

que ses intentions sont loyales. Il veut que <strong>de</strong>s personnages<br />

<strong>de</strong> comédie soient tous <strong>de</strong>s héros, parce<br />

que ce sont <strong>de</strong>s gens <strong>de</strong> cour ; il f eut qu'Us ne puissent<br />

pas être rMieuks, parce f ne ce sont <strong>de</strong>s gentilshommes;<br />

il ?êut que chaeus d'eux prenne Molière<br />

à §MiFtIes et il ne songe pas que <strong>de</strong>s peintures<br />

générales ne peuvent jamais offenser personne. Il<br />

serait superflu d'opposer <strong>de</strong>s vérités trop connues<br />

à une déc<strong>la</strong>mation trop absur<strong>de</strong> : je ne l'ai citée<br />

que pour faire voir qu'es tout temps les maufais<br />

critiques ont été aussi <strong>de</strong>s hommes très-méchants,<br />

et que, nos contents <strong>de</strong> dénigrer l'outrage, ils se<br />

croient tout permis pour perdre Fauteur. Apparemment<br />

Faniraosité <strong>de</strong> Yisé avait augmenté avec les<br />

suocèf <strong>de</strong> Molière; car dans un autre passage <strong>de</strong> ses<br />

Nmmetks, imprimé us an aupara¥antY il irait mêlé<br />

beaucoup d'éloges i §m critiques. Il est ?rai que<br />

ses louanges s'étaient pas toujours iatteuses; par<br />

exemple i lorsqu ? es dtaaat beaucoup <strong>de</strong> bien <strong>de</strong> i'Ê~<br />

cokdrn Maris, il <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce après ks FMmssmîmsàu<br />

Desmarets, et lorsqu'il regar<strong>de</strong> Sgmmmik comme<br />

<strong>la</strong> meilleure <strong>de</strong>s pièces <strong>de</strong> Molière. En revanche, il<br />

dit beaucoup <strong>de</strong> mal <strong>de</strong>s Précieuses smMcuks, étmi<br />

<strong>la</strong> réussite fit emmmîtte à l'auteur qu'on aimait <strong>la</strong><br />

smâre et <strong>la</strong> fMgatdk9 que k siêck était wmhée,<br />

ei que ks buums choses ne M p<strong>la</strong>maient pas»<br />

Je ne sais <strong>de</strong> quelles hommes choses il vent parler<br />

: ce qui est sûr, c'est que <strong>de</strong> très-mauvaises étaient<br />

<strong>de</strong>puis <strong>la</strong>ngtaanp en possession <strong>de</strong> p<strong>la</strong>ire, et que si<br />

ks Pré<strong>de</strong>mes firent relr f ne k siêck éteM mussmée,<br />

m s'est que parce que le tableau fut app<strong>la</strong>udi v c'est<br />

parée qu'il était idèle ; et <strong>la</strong> réussite II voir m mémo<br />

temps que le- siècle n'était pas incurable. Mais ce<br />

qu'il y a <strong>de</strong> plus singulier c'est que le même auteur,<br />

q^m fou<strong>la</strong>it armer tout à l'heure castra Molière tous<br />

les grands seigneurs <strong>du</strong> royaume, leur reprocha <strong>de</strong><br />

l'encourager; <strong>de</strong> lui fournir même <strong>de</strong>s mémoires;<br />

ce qui était arrivé en effet pour <strong>la</strong> comédie <strong>de</strong>s Fâcheux.<br />

« Molière apprit , dit-fl, que les put <strong>de</strong> qualité se ?ntr<br />

<strong>la</strong>leat rira qu*à leurs dépôts ; qu'ils étaîeat les plus docile<br />

do mon<strong>de</strong> 9 et f oatakat qu'on fît voir leurs défauts ai public<br />

9<br />

Eh! oui, monsieur Yisé, voilà précisément ce que<br />

Molière avait <strong>de</strong>visé, et ce dont TOUS ne TOUS seriez<br />

pas douté. 11 a tféeouvert que <strong>la</strong> comédie était un miroir<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fie humaine! où personne s'était fiché <strong>de</strong><br />

se voir, pourvu qu'il y pût voir ses raisins f parce<br />

que l'amour-propre se sauve dans <strong>la</strong> foule, et que<br />

ehaeus s'amuse aui dépens <strong>de</strong> tous les autres. Ce<strong>la</strong><br />

ratas parait <strong>de</strong> <strong>la</strong> bagatêlk, et sans doute <strong>la</strong> rareté<br />

et ks curiosité <strong>de</strong>s tréteaux d'Espagne et d'Italie<br />

vous parait use èmme chose; mais si raaa es sarier<br />

aataat que Molière, mus rerrleique cette èa§aieik,<br />

c'est <strong>la</strong> rrale comédie.<br />

i£ Mariage forcé, eoraédïe-baltet es un acte, était<br />

encore un <strong>de</strong> ces intermè<strong>de</strong>s bouffons qui faisaient<br />

partie <strong>de</strong>s spectacles <strong>de</strong> <strong>la</strong> cour. Os rappe<strong>la</strong> k Muikt<br />

<strong>du</strong> Moi, parce que Louis X1Y y dansa. Le principal<br />

rôle est un Sgasarelle, nom qui désignait,<br />

dans les anciennes farces, un personnage imbécile<br />

ou grotesque. Il n 9 y a aucune intrigue dans <strong>la</strong> pièce;<br />

mais, accoutumé à p<strong>la</strong>cer partout <strong>la</strong> critique <strong>de</strong>s<br />

mœurs, Molière se moque Ici <strong>du</strong> verbiage scîentlique<br />

que les pédants <strong>de</strong> fécale avaient conservé,<br />

quoiqu'il fût passé <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> partout ailleurs; et il<br />

joue dans les <strong>de</strong>ui docteurs, Pancrace et ifarpharius,<br />

<strong>la</strong> manie <strong>de</strong> philosopher hors <strong>de</strong> propos, <strong>la</strong><br />

morgue <strong>de</strong> <strong>la</strong> science, et <strong>la</strong> sottise <strong>du</strong> pynrhosisme,<br />

La fureur <strong>de</strong> Pancrace à propos <strong>de</strong> h forme eu ckar

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