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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. - POÉSIE.<br />

n'eit jalouse <strong>de</strong> personne, en juge tout autrement;<br />

elle profite <strong>de</strong> tout m qu'on lui a <strong>la</strong>issé <strong>de</strong> bon, sans<br />

croire que l'auteur ait été obligé, plus que les autres<br />

hommes, <strong>de</strong> se dépouiller <strong>de</strong> tout amour <strong>de</strong> soimême.<br />

De quoi s'agit-il surtout ? D'avoir raison. Et<br />

Molière a-l-Il eu tort <strong>de</strong> faire une pièce très-gaie, où<br />

il se moque très-spirituellement <strong>de</strong> ceux qui avaient<br />

cm se moquer <strong>de</strong> lui ? Il intro<strong>du</strong>it sur <strong>la</strong> scène une<br />

Précieuse qui en armant se jette sur un fauteuil,<br />

prête à s'évanouir d'un mal <strong>de</strong> ccsur affreui, pour<br />

«33<br />

<strong>la</strong> pièce, il déc<strong>la</strong>ra dans sa préfate qn'B respectait<br />

les véritablesprécieuses* Mais comme es effet presque<br />

toutes alors étaient fort ridicules t le nom changea<br />

<strong>de</strong> signification et n'exprima plus qu'us ridicule.<br />

Il s'étendit même à d'autres objets, et l'on dit <strong>de</strong>puis<br />

t non-seulement une femme jpré^ns^ mais un<br />

style pré<strong>de</strong>ux, us txmpré<strong>de</strong>ux, touteslesfois que<br />

fou voulut désigner l'affectation d'être -agréable.<br />

Ainsi l'ouvrage <strong>de</strong> Molière fit un changement dans<br />

<strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue comme dans les mœurs ; et ce qui était une<br />

avoir vu cette méckanêe rapsodie <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong>s louange <strong>de</strong>?int une censure.<br />

Femmes. Elle est soutenue d'un <strong>de</strong> ces matquis tur- Mais le grand succès <strong>de</strong> l'École <strong>de</strong>s Femmes, celupins<br />

que Molière a?ait joués déjà dans les Précieului <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ui pièces qui <strong>la</strong> suivirent, et 1a satisfectlon<br />

ses, en y disant ?oir <strong>de</strong>s valets qui étaient les sin­ qu'en témoigna Louis XIV, dont le bon esprit goûges<br />

<strong>de</strong> leurs maîtres. Plusieurs s'étaient décfaataés tait celui <strong>de</strong> Molière, et qui s'était pas fiché qu'on<br />

contre l'École <strong>de</strong>s Femmes, prétendant que toutes l'amusât <strong>de</strong>s travers <strong>de</strong> ses courtisans, excitèrent<br />

les règles y étaient violées ; car alors il était <strong>de</strong> mo<strong>de</strong> bien un autre déchaînement contre le poëte comi­<br />

<strong>de</strong> les réc<strong>la</strong>mer avec pédastisnie, comme aujourd'hui que. On vit paraître successivement Im Vengeance<br />

<strong>de</strong> les rejeter a?ec extravagance. Un homme <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>de</strong>s Marquis, par <strong>de</strong> Viïliers; ZéMn<strong>de</strong>, m <strong>la</strong> CrUi^<br />

cour a?ait affecté <strong>de</strong> sortir <strong>du</strong> théâtre au second ^ <strong>de</strong>là mÉtqm,pMYhé; et le Portrait <strong>du</strong> Petm-<br />

acte, en criant au scandale. Molière se vengea en tréb par Boursault Les mauvais écrivains ne man­<br />

peintre ; il s'amusa à <strong>de</strong>ssiner ses ennemis, et fit rire quent jamais <strong>de</strong> se réunir contre le talent, sans<br />

<strong>de</strong> leur portrait. U peignit leur étour<strong>de</strong>rie étudiée, songer que cette réunion même prouve sa supério­<br />

leurs grands airs, leur foîd persif<strong>la</strong>ge, leur suffisance, rité. De Viïliers, comédien <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> Bourgogne,<br />

leurs grands éc<strong>la</strong>ts <strong>de</strong> rire, leurs p<strong>la</strong>tes railleries. vengeait l'injure <strong>de</strong> tous ses camara<strong>de</strong>s, que Molière<br />

11 leur associa un M. Lisidor, auteur jaloux, qui, avait joués dans l'Bnpromptu <strong>de</strong> Versailles, où il<br />

a?ec un ton fort discret et fort ménagé, finît par contrefaisait leur déc<strong>la</strong>mation emphatique. Ainsi il<br />

dire plus <strong>de</strong> mal que personne <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce <strong>de</strong> Molière. y avait non-seulement querelle d'auteur à auteur,<br />

Enfin, il leur opposa on homme raisonnable, qui mais <strong>de</strong> théâtre à théâtre. Visé, comme auteur <strong>de</strong><br />

parle très-pertinemment, et fait toucher au doigt mauvaises comédies, et, <strong>de</strong> plus, écrivain <strong>de</strong> Noth<br />

le ridicule et <strong>la</strong> déraison <strong>de</strong>s détracteurs. miles, espèce <strong>de</strong> journal qui précéda le Mercure,<br />

Molière revint encore aux marquis dans FIm- avait un double titreTiour déchirer Molière. U es<br />

promptu <strong>de</strong> Versailles, petite pièce <strong>du</strong> moment, qui était jaloux comme s'il eût pu être son rival, et Se<br />

divertit beaucoup Louis XIV et toute <strong>la</strong> cour. C'est critiquait comme s'il avait eu ledroit d'être son juge.<br />

là qu'il se fait dire,<br />

A l'égaed <strong>de</strong> Boursault, on est fâché <strong>de</strong> trouver son<br />

« Quoi! toujours <strong>de</strong>s marquis! »<br />

nom parmi les détracteurs d'un grand homme. Il<br />

et il répond,<br />

avait <strong>de</strong> l'esprit et <strong>du</strong> talent, et ce qui le prouve,<br />

c'est qu'os joue encore <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses pièces avec suc<br />

« Oui, toujours <strong>de</strong>s marquis. Que é<strong>la</strong>lile wmàm*mm<br />

qu'on presne P®Eî « caractère agréable <strong>de</strong> théâtre? Le<br />

ces, ïsope à <strong>la</strong> cmr et le Mercure gakmt* Mais on<br />

marquis aujourd'hui est le p<strong>la</strong>isant <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie ; et comme lui persuada que c'était lui que Molière avait eu en<br />

dans toutes les pièces anciennes os fait toujours un valet vue dans le rôle <strong>de</strong> Lisidor, et il fit contre lui le<br />

bouffon qui fait rire les auditeurs , <strong>de</strong> même maintenant PortmM<strong>du</strong> Peintre. Toutes ces satires ne firent pas<br />

il fout toujours un marquis ridicule qui divertisse <strong>la</strong> eom- gran<strong>de</strong> fortune. Dans l'Impromptu <strong>de</strong> FersmiUes,<br />

pageie. »<br />

Molière, emporté par ses ressentiments, eut le tort<br />

Les Précieuses avaient déjà valu à leur auteur plus inexcusable <strong>de</strong> nommer Boursault; et quoiqu'il ne<br />

d'une satire. Un sieur <strong>de</strong> Saumafse fit les Véritables l'attaque que <strong>du</strong> côté <strong>de</strong> l'esprit, m n'en est pas<br />

Précieuses ; car il est boo d'observer qu'originaire­ moins une vio<strong>la</strong>tion <strong>de</strong>s bienséances <strong>du</strong> théâtre, et<br />

ment ce mot, bien Soin d'avoir une acception désa­ <strong>de</strong>s lois <strong>de</strong> <strong>la</strong> société. La comédie est faite pour insvantageuse,<br />

signifiait une femme d'un mérite distruire tout le mon<strong>de</strong> et n'attaquer personne ; chatingué<br />

et <strong>de</strong> très-bonne compagnie. Quand Molière cun peut en prendre sa part; mais il ne faut <strong>la</strong> faire<br />

se moqua <strong>de</strong> <strong>la</strong> prétention et <strong>de</strong> l'abus 9 il se crut à qui que ce soit. Il est vrai que les ennemis <strong>de</strong> Mo­<br />

obligé <strong>de</strong> les distinguer <strong>de</strong> <strong>la</strong> chose même ; et non lière lu! es avaient donné l'exemple; mais il n'était<br />

content d'énoncer cette distinction dans le titre <strong>de</strong> I pas fait pour le suivre.

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