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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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pies d'usité, est plus tragique, pies frappante , et plu attachante.<br />

»»<br />

C'est ce que fort peu <strong>de</strong> gens croient et ce que<br />

l'expérience <strong>du</strong> théâtre a démenti. Nous ferrons,<br />

dans <strong>la</strong> suite Y fie Morne mmée est sublime par <strong>la</strong><br />

conception <strong>de</strong>s caractères et par <strong>la</strong> versIÉeatton ;<br />

mais qu'elle est fort peu tragique, fort peu utîM~<br />

chante par le fond 9 et frappante seulement par les<br />

détails. Quant à l'unité, elle est observée dans les<br />

<strong>de</strong>ux pièces; mais dans celle <strong>de</strong> Yoltaire, les trois<br />

premiers actes sont sans action; et dans celle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

Fosse, faction ne <strong>la</strong>nguit pas un instant.<br />

Mous a?ons vu ce qu'a été <strong>la</strong> tragédie dans cet<br />

âge bril<strong>la</strong>nt dont nous parcourons f histoire littéraire<br />

: tournons maintenant nos regards vers un<br />

autre genre <strong>de</strong> poésie dramatique qui a pris naissance<br />

à <strong>la</strong> même époque, mais dans lequel <strong>la</strong> palme<br />

a été moins disputée. La comédie et Molière<br />

( ces <strong>de</strong>ux noms disent <strong>la</strong> même chose ) vont nous<br />

occuper à leur tour.<br />

CHAPITRE VL—lfefacamdAeJMf fc«Mefe<br />

éeLmâs MF.<br />

mmmmcmm.—De <strong>la</strong> comédie avant Molière.<br />

COURS BE fJTTÉMTIJlE.<br />

L'Italie et l'Espagne, qui donnèrent longtemps<br />

<strong>de</strong>s lois à notre théâtre, <strong>du</strong>rent avoir sur <strong>la</strong> comédie<br />

<strong>la</strong> même influence que sur <strong>la</strong> tragédie. Nous empruntâmes<br />

aux Italiens leurs pastorales ga<strong>la</strong>ntes et leurs<br />

bergers beaux-esprits. La Sylvie <strong>de</strong> Mairet, écrite<br />

dans ce genre , et qui n'est qu'un froid tissu <strong>de</strong><br />

madrigaux subtils 9 <strong>de</strong> conf ersations en pointes, et<br />

<strong>de</strong> dissertations enjeux <strong>de</strong> mots, excita dans Paris<br />

ne sorte d'ivresse qui proufait le mauvais goût<br />

dominant, et serrait à l'entretenir. Il ne fallut rien<br />

moins que k CM pour faire tomber ce ridicule ouvrage<br />

; et quoique Chimène, en quelques endroits,<br />

eût elle-même payé le tributà cette mo<strong>de</strong> contagieuse<br />

<strong>de</strong> faire <strong>de</strong> l'amour un effort d'esprit, cependant <strong>la</strong><br />

térité <strong>de</strong>s sentiments répan<strong>du</strong>s dans ce rAle et dans<br />

celui <strong>de</strong> Rodrigue a?ertit le cœur <strong>de</strong>s p<strong>la</strong>isirs qu'il<br />

loi fal<strong>la</strong>it, et <strong>de</strong> cette espèce <strong>de</strong> mensonge qu'un art<br />

mal enten<strong>du</strong> vou<strong>la</strong>it substituer à <strong>la</strong> nature. Les<br />

pointes commencèrent à tomber, mais lentement :<br />

comme elles se soutenaient dam les sociétés gui<br />

donnaient le ton, le théâtre n'en était pas encore<br />

purgé, à beaucoup près , et ce furent ks Préeiemêi<br />

à Paris, où jouait Molière dans le temps même<br />

qu'il commençait à élever le sien, nous avaient accoutumés<br />

à leurs râles <strong>de</strong> charge y à leurs caricatures<br />

grotesques ; et si les Arlequins et les Scaramouchcs<br />

leur restaient en propre, nous les avions remp<strong>la</strong>cés<br />

par <strong>de</strong>s personnages également factices, par <strong>de</strong>s<br />

bouffons grossiers qui par<strong>la</strong>ient à peu près le <strong>la</strong>ngage<br />

<strong>de</strong> don Japhet. Le burlesque plus ou moins<br />

marqué était <strong>la</strong> seule manière <strong>de</strong> faire rire. Les copitons,<br />

sorte <strong>de</strong> poltrons qui contrefaisaient les<br />

héros, comme nos Gilles <strong>de</strong> <strong>la</strong> foire contrefont les<br />

sauteurs 9 recevaient <strong>de</strong>s coups <strong>de</strong> bâton sur <strong>la</strong> scène<br />

en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong>s empereurs qu'ils areleat détrônés,<br />

et <strong>de</strong>s couronnes qu'ils distribuaient. Des personnages<br />

<strong>de</strong> ce genre firent réussir longtemps tes Fisionnaires<br />

<strong>de</strong> Besmarets 9 détestable pièce que <strong>la</strong><br />

sottise et l'envie osèrent encore opposer aux premiers<br />

ouvrages <strong>de</strong> Molière. Corneille, entraîné par<br />

l'exemple 9 ne manqua pas <strong>de</strong> mettre dans son Muaient<br />

comique on capitan Matamore, qui débute<br />

pas ces vers qu'il adresse à son valet :<br />

Èmî vnt cfue Je rive, et m «sali fémidn<br />

Lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux Je dois le premier mettre es pendre,<br />

De grand sopM <strong>de</strong> Pêne, os Estes <strong>du</strong> grand msffà.<br />

Le seul brait <strong>de</strong> mon nom renverse les mnraiiktv<br />

Défait le» escadrons f et gagne les batail<strong>la</strong> * ;<br />

Mon courage Invaincu, contre les empereurs,<br />

M'arme que là moitié <strong>de</strong> ses moindres fureurs;<br />

D'un seul comman<strong>de</strong>ment que Je fais au* trois Parquet,<br />

le dépeuple l'État <strong>de</strong>s plus heureux monarques.<br />

La fondre est mon canon, les <strong>de</strong>stins mes soMab;<br />

le ooaelie d'un reters mille ennemis aises;<br />

D'en souffle Je ré<strong>du</strong>is leurs projets en fumée.<br />

Et tu m'oses parler cependant d'une armée 1<br />

Tu n'auras plus l'honneur <strong>de</strong> soir un second Mata s<br />

le vais f assassiner d ? un seul <strong>de</strong> mes regards,<br />

YeU<strong>la</strong>qne ! Toutefois Je songe à ma naftrese.<br />

Ce penser m'adoucit : Ta, ma colère cesse;<br />

Et ce petit archer, qui dompte tous les dieux t<br />

fient <strong>de</strong> chasser <strong>la</strong> mort qui logeait dans mes yeux.<br />

Ces puériles extravagances et les turispsa<strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong> toute espèce étalent alors ce qu'on appe<strong>la</strong>it <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> comédie. Les Jo<strong>de</strong>lets Y les paysans truffons , les<br />

valets faisant grotesquement le rélc <strong>de</strong> leurs maîtres<br />

Y les bergers à qui l'amour avait tourné <strong>la</strong> tête,<br />

comme à don Quichotte, priaient un jargon bigarre,<br />

mêlé <strong>de</strong>s quolibets <strong>de</strong> <strong>la</strong> halle, et d'un néologisme<br />

emphatique. On retrouve jusque dans Je<br />

Princesse ttÊliâe, divertissement que Molière it<br />

pour <strong>la</strong> courf un <strong>de</strong> ces paysans facétieui , nommé<br />

Moron, que Fauteur met dans <strong>la</strong> liste <strong>de</strong>s personnages<br />

, sous le nom <strong>du</strong>pMsmnt <strong>de</strong> <strong>la</strong> princesse : il y<br />

en a un autre <strong>du</strong> même genre dans un opéra <strong>de</strong><br />

rêdkmks et ki Femmes smwantes qui portèrent le<br />

<strong>de</strong>rnier coup. Les théâtresétrangers avaient communiqué<br />

au altre bien d'autres vices non moins révoltants.<br />

Les farceurs italiens, qui aillent pi théâtre<br />

, • BoOcm a dit députe, dans sa belle épllrr sue le fanage<br />

<strong>du</strong> Rais, en par<strong>la</strong>nt <strong>du</strong> grand Coodé :<br />

Ceaié f Seat le tes! son fait longer les «assises,<br />

* Veret les escadron et figue les faïsfles.

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