la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
CIO<br />
C0U1S DE LITFÉRATH1E.<br />
<strong>la</strong> pièce, surtout si le rôle était joué par un aeteur<br />
aimé <strong>du</strong> public. Au reste f cette curiosité est <strong>la</strong> seule<br />
espèce d'intérêt qui eilste dans cette pièce, où le<br />
héros n'est jamais en danger. On imagine bien que<br />
cette intrigue fait naître beaucoup d'inci<strong>de</strong>nts qui<br />
ne sont guère vraisemb<strong>la</strong>bles , mais qui pourtant ne<br />
sont pas amenés sans art. Le style est celui <strong>de</strong> toutes<br />
les pièces <strong>de</strong> l'auteur : comme elles sont toutes,<br />
excepté Jrmne et te Comie d'Enêx, <strong>de</strong>s romans<br />
dialogues f le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong>s personnages n f a pas un autre<br />
caractère. Des fa<strong>de</strong>urs amoureuses , <strong>de</strong>s raisonnements<br />
entortillés, un héroïsme a<strong>la</strong>mbiqué9 une<br />
monotonie <strong>de</strong> tournures froi<strong>de</strong>ment sentencieuses f<br />
une diffusion insupportable, une versification f<strong>la</strong>sque<br />
et incorrecte, telle est <strong>la</strong> manière <strong>de</strong> Thomas<br />
Gorneille : il y a peu d'auteurs dont <strong>la</strong> lecture soit<br />
plus rebutante.<br />
Camma et SêMkm, qui eurent <strong>du</strong> succès pendant<br />
longtemps, n'oit d'autre mérite qu'une intrigue<br />
assez bien enten<strong>du</strong>e, quoique compliquée. Ce<br />
mérite est bien faible quand l'intrigue n'attache<br />
que l'esprit, et qu'il n'y a rien pur le cœur ; et c'est<br />
le ?ice capital <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux outrages, Ils manquent<br />
<strong>de</strong> cet intérêt qui doit toujours animer <strong>la</strong> tragédie;<br />
il n'y a ni passions, ni mouvements, ni caractères;<br />
les héros et les scélérats sont également sans physionomie<br />
; itedissertent et ils combinent voilà tout.<br />
Les situations étonnent quelquefois 9 mais s'attachent<br />
pas. (Test dans Camma que Fauteur <strong>de</strong> Zd*<br />
mire.a pris ce coup <strong>de</strong> théâtre qui <strong>la</strong> It réussir, ce<br />
poignard disputé entre <strong>de</strong>ux personnages, qui fait<br />
douter à un troisième lequel <strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux vou<strong>la</strong>it porter<br />
le coup y lequel vou<strong>la</strong>it l'arrêter. 11 se peut, à toute<br />
force, qu'un assassin soit capable <strong>de</strong> calculer en un<br />
clin d'oeil toutes les vraisemb<strong>la</strong>nces qui peuvent détourner<br />
les soupçons sur un autre, et les éloigner<br />
<strong>de</strong> lui; mais cet effort <strong>de</strong> présence d'esprit, lorsqu'on<br />
est surpris dans le crime, est au moins bien<br />
difficile à supposer, et ne peut d'ailleurs s'appuyer<br />
que sur un amas <strong>de</strong> circonstances qui tiennent à un<br />
fond trop romanesque, et par conséquent au vice<br />
<strong>du</strong> sujet : c'est le défaut <strong>de</strong> Camma et <strong>de</strong> Zelmîre,<br />
quoique celle-ci, dans les premiers actes, offre plus<br />
d'intérêt.<br />
Remarquons que jamais les écrivains supérieurs<br />
n'ont fait usage <strong>de</strong> ces petites ressources, <strong>de</strong> ces<br />
tours <strong>de</strong> force qui ont toujours le défaut <strong>de</strong> représenter<br />
ce qui n'est jamais arrivé nulle part et n'est<br />
point dans Tordre <strong>de</strong>s événements naturels. Et<br />
qu'est-ce qu'un art qui n'est qu'un jeu d'esprit 9 et<br />
non pas l'imitation <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature?<br />
La <strong>de</strong>ux seules tragédies <strong>de</strong> Thomas Corneille<br />
Jriane* Elles sont en effet très-supérieures aux- antres,<br />
surtout <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière. ¥oltair@ a joint le €om-.<br />
mentaire <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux pièces à celui <strong>du</strong> théâtre <strong>de</strong><br />
Pierre Corneille. 11 dit <strong>du</strong> Comte d'Maex :<br />
« Cette pièce, qui sé<strong>du</strong>isit le peuple', n'a jamais été in<br />
gaif <strong>de</strong>s eoiMialssears» »<br />
Et il dit vrai. 11 en fait sentir parfaitement tous les<br />
défauts; mais ce qu'il létaÉe dans ses notes ne<br />
doit faire iéi <strong>la</strong> matière que d'un esposé fort succinct.<br />
Toute analyse, dans le p<strong>la</strong>n que je suis, se<br />
doit avoir qu'une éten<strong>du</strong>e proportionnée au mérite<br />
<strong>de</strong> l'ouvrage et à l'importance <strong>de</strong>s objets.<br />
D'abord l'histoire est étrangement défigurée; et,<br />
nomme il s'agissait d'un peuple voisin et d'un fait asses<br />
récent, cette licence n'est pas excusable. 11 n'est<br />
pas permis 9 lorsqu'on représente sur le théâtre <strong>de</strong><br />
Paris un événement qui s'est passé en Angleterre, <strong>de</strong><br />
contredire <strong>la</strong> vérité <strong>de</strong>s faits et les mœurs <strong>du</strong> pays 9<br />
au point qu'un Ang<strong>la</strong>is qui assisterait à ce spectacle<br />
ne pourrait s'empêcher d'en rire, i faudrait, au son<br />
traire, qu'en voyant les personnages sur <strong>la</strong> scène il se<br />
crût dans Londres : tel est le <strong>de</strong>voir <strong>du</strong> poète dramatique.<br />
Passe encore <strong>de</strong> donner <strong>de</strong> l'amour à une reine<br />
<strong>de</strong> soixante-huit ans (c'était l'âge d'Elisabeth quand<br />
elle condamna le comte d'Essex) : on peut permettre<br />
à l'auteur <strong>de</strong> <strong>la</strong> supposer plus jeune. Mais que peut<br />
dire un Ang<strong>la</strong>is, que peut dire même tout homme un<br />
peu instruit, lorsqu'il voit le lord Essex, qui joue<br />
dans l'histoire un râle si médiocre, transformé en<br />
héros <strong>du</strong> premier rang, en homme <strong>de</strong> <strong>la</strong> plus gran<strong>de</strong><br />
importance qui tient dans ses mains le sort <strong>de</strong> l'Angleterre,<br />
et qui parle sans cesse comme s'il ne tenait<br />
qu'à lui <strong>de</strong> détrôner Elisabeth? Quoi! je sais,<br />
et tout le mon<strong>de</strong> peut savoir comme moi, que le<br />
seul exploit d'Essex fut d'avoir part à <strong>la</strong> défaite <strong>de</strong><br />
<strong>la</strong> flotte espagnole lorsque l'amiral Raleigh <strong>la</strong> battit<br />
<strong>de</strong>vant Cadix ; que <strong>la</strong> seule fols qu'il eut une armée<br />
à ses ordres, ce fut pour <strong>la</strong> <strong>la</strong>isser détruire par les<br />
rebelles d'Ir<strong>la</strong>n<strong>de</strong>; que sa mauvaise con<strong>du</strong>ite le it<br />
tra<strong>du</strong>ire en jugement, et qu'on se borna par grâce<br />
à le priver <strong>de</strong> toutes ses charges; et j'entendrai ce<br />
même homme parler <strong>de</strong> lui comme <strong>du</strong> plus grand<br />
appui <strong>de</strong> l'État, comme d'un général sur qui l'Europe<br />
a les yeux, que toutes les puissances redoutent,<br />
et dont <strong>la</strong> perte entraînera celle <strong>du</strong> royaume!<br />
Je sais qu'une vanité folle le rendit ingrat et coupable<br />
envers une reine sa bienfaitrice, au point <strong>de</strong><br />
vouloir se venger d'une punition très-juste, en formant<br />
une conspiration pour mettre sur le trêae<br />
Jacques, roi d'Ecosse; qu'on le vit courir dans les<br />
rues <strong>de</strong> Londres comme un insensé, sans pouvoir<br />
exciter parmi le peuple le plus léger mouvement,<br />
qui lui aient survécu, sont le Covmie t^Ene® et et que <strong>la</strong> fin <strong>de</strong> ses projets coupables fut on arrêt