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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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602<br />

COURS DE LITTÉRATURE.<br />

<strong>de</strong> ce qu'il aurait pu faire, s'il eût voulu traiter<br />

fameur comme Racine : il n'y a rien <strong>de</strong> commun<br />

entre le style d'une comédie-ballet et le style tragique<br />

; et le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> Psyché conversant avec l'Amour<br />

n'est pas celui <strong>de</strong> Melpomène. Le Menteur est<br />

une pièce <strong>de</strong> caractère empruntée aux Espagnols.<br />

Elle est faible <strong>de</strong> comique; l'intrigue en est fîcïeiisf<br />

et un peu froi<strong>de</strong>. Les récits <strong>de</strong> Dorante, qui ont <strong>de</strong><br />

l'agrément, et quelques méprises amenées par ses<br />

mensonges | soutiennent l'ouvrage; et Ton reconnaît<br />

Corneille dans <strong>la</strong> scène entre le Menteur et son<br />

père , précisément parce que cette scène 9 toute sérieuse<br />

et morale, s'élève au-<strong>de</strong>ssus <strong>du</strong> ton ordinaire à<br />

ce genre <strong>de</strong> drame.<br />

ÊJ89 P<strong>la</strong>i<strong>de</strong>urs <strong>de</strong> Racine sont remarquables en<br />

ce que <strong>la</strong> pièce n'est qu'une'farce, et qu'elle est écrite<br />

d'un bout à l'autre <strong>du</strong> style <strong>de</strong> <strong>la</strong> bonne comédie.<br />

D'ailleurs, elle manque absolument d'intrigue et<br />

d'intérêt, et ne se soutient que par <strong>la</strong> gaieté <strong>de</strong>s<br />

détails et le comique <strong>de</strong>s personnages. Mais aussi<br />

jamais on n'a prodigué a?ec plus d'aisance et <strong>de</strong><br />

goût le sel <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>isanterie : presque tous les vers<br />

sont <strong>de</strong>s traits; et tous sont si naturels et si gais9<br />

que <strong>la</strong> plupart sont <strong>de</strong>venus proverbes.<br />

On ne peut cependant voir dans tes Pimiémrg<br />

qu'un badinage que l'auteur it en se jouant, et<br />

qui <strong>mont</strong>re ce qu'il aurait pu faire dans <strong>la</strong> comédie<br />

, s'il s'y était appliqué : comme ses lettres polémiques,<br />

son Histoire <strong>de</strong> Port-<strong>Royal</strong>, et ses Dis<strong>cours</strong><br />

à l'Académie, prouvent seulement <strong>la</strong> facilité<br />

qu'il aurait eue à exceller dans <strong>la</strong> prose ainsi que<br />

dans les vers. Mais dans les chœurs û'Esêker et<br />

ê'JÈkaUe il s'est mis, sans paraître y penser, au<br />

premier rang <strong>de</strong> nos poètes lyriques : personne<br />

aujourd'hui ne lui conteste ce titre. Son commentateur,<br />

que je crois <strong>de</strong>voir citer quand il a raison,<br />

puisque je le combats quand je crois qu'il a tort,<br />

compare souvent Racine et Rousseau dans ses notes<br />

sur AtkaBe, généralement-plus judicieuses que<br />

telles <strong>de</strong>s autres pièces. U dit, au sujet <strong>de</strong>s chœurs :<br />

« Rousseau avait Mes cette pompe et celte forée dans<br />

•es vers ; mais il ii f âvait point ces passages heureux d'une<br />

pinte® douée à un tableau terrible, d'us morceau touchant<br />

I <strong>de</strong>s daseripthMis élevées; «tin, il manquait <strong>de</strong> cette vailéléfdMtleeliiiiiieàjesven<strong>de</strong>Eaciiie.<br />

lest sir que,<br />

•1 cet illustre tragique eût buvaUM dans le même pure que<br />

iêtissatiaf il eût mis dans ses o<strong>de</strong>s pins <strong>de</strong> wiété9 <strong>de</strong> dos-<br />

€êur et <strong>de</strong> grâce. 11 avait une flexibilité <strong>de</strong> génie qui savait<br />

se plier à tous les tons, un goût épuré qui mettait tout à<br />

ai piaee. Ba<strong>de</strong>® ; m un mot ; eût réussi dans tous les génies<br />

, §11 eût voulu les embrasser tous. »<br />

C'était l'opinion <strong>de</strong> foliaire; c'est eelle <strong>de</strong> tous<br />

les hommes instruits. Ce grand homme a dit dans<br />

une épîtw adressée à Horace, et qui en est digne :<br />

Est-ee asMt, m effet, d'us® faenmiseeSariéf<br />

Et ne péclMifi**ëtis pas par rultanlté?<br />

Ce reproche n'est que trop souvent fondé : je n'y<br />

connais pas <strong>de</strong> meilleure réponse que les chœurs<br />

<strong>de</strong> Racine. Il est vrai que le genre s'y prétait plus<br />

aisément que celui <strong>du</strong> drame 9 qui n'est pas ftusceptible<br />

<strong>de</strong> différentes mesures; mais aussi Ton ne<br />

trouvera point dans notre <strong>la</strong>ngue une poésie plus<br />

véritablement lyrique, une harmonie plus diversifiée<br />

et plus musicale, et qui réunisse avec plus<br />

d'intérêt tous les tons, tous les sentiments, et toutes<br />

les formes <strong>du</strong> rfaythme. Écoutons un <strong>de</strong>s choeurs<br />

ê'Estker :<br />

Pleurons et gémissons , mes Idéfes compagnes;*<br />

À nos «agiote donnons un libre ©ours :<br />

ta?oai les yeux vers les saintes <strong>mont</strong>agnes ,<br />

D'où l'înnoeenêe attend tout son se<strong>cours</strong>.<br />

O mortelles a<strong>la</strong>rmas 1<br />

Tout lirait périt Fleuret, mes tristes yeux;<br />

11 ne M Jamais ions <strong>la</strong>s <strong>de</strong>ux<br />

Us il Juste sajet <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes.<br />

Quel'carnage <strong>de</strong> tontes parts 1<br />

Os éfarga à <strong>la</strong> fols les enfants, les vteU<strong>la</strong>rds t<br />

Et <strong>la</strong> tourelle frère,<br />

Et <strong>la</strong> Ilîe et <strong>la</strong> mère,<br />

Le fils dans les bras <strong>de</strong> son père.<br />

Que dt corps entassés ! que <strong>de</strong> membres épars.<br />

Privés <strong>de</strong> sépulture!<br />

grand Dieu ! tes saints sont <strong>la</strong> pâture<br />

Des tigres et <strong>de</strong>s léopards.<br />

uni DES mis mmm isuâÉutBS.<br />

Hé<strong>la</strong>s ! il jeune encore t<br />

Par quel crime al-je pu mériter mon malheur f<br />

Ma vfe à peine a commencé d'édore :<br />

le tomberai comme une fleur<br />

Qui n'a ta qu'use aurore.<br />

Hé<strong>la</strong>s ! si jeune encore,<br />

Par quel crime al-je pu mériter mon malheur ?<br />

Après m tableau d'horreur, suivi d'un chant <strong>de</strong><br />

p<strong>la</strong>inte, le chœur reprend par un cantique plein<br />

d'une confinée religieuse , et finit par une in?ceation<br />

sublime.<br />

Le Dieu que sons serrons est le Dieu <strong>de</strong>s combats i<br />

Mon $ non, U se souffrira pas<br />

Qu'on égorge ainsi rinnocenw.<br />

Eh quoi! dirait l'impiété,<br />

Où donc est-il t m Mes si redouté,<br />

Dont Israël noua vantait <strong>la</strong> puJssam»?<br />

Ce dieu jalons, ce Dieu victorieux,<br />

FrémfsseE t peuples <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre,<br />

ۥ dieu Jalons, ee Dtea victorieux,<br />

Est le seul qui comman<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>u t<br />

M les éc<strong>la</strong>irs, ni le tonnerre,<br />

N'obéissent point à vos dieu.<br />

11 renverse l'audacieux ;<br />

Il prend l'humble sous sa défense.<br />

Le Dlen que nous servons est le Dten <strong>de</strong>s eomsata.<br />

Mon, non, il ne souffrira paa<br />

Qu'on égorge ainsi l'innocence,<br />

H10X ISRAÉLITES.<br />

O dieu que <strong>la</strong> gloire couronne t<br />

Mes que <strong>la</strong> lumière environne t<br />

Qui ?a<strong>la</strong>s sur l'aile <strong>de</strong>s f aali,<br />

Et dont le trône est porté par les anges ;<br />

Me», qui veux Mes que <strong>de</strong> stmp<strong>la</strong>s enfanta<br />

àaae eux chantent tes !oaaa§§a;

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