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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COU1S DE LITTÉRATURE.<br />

588<br />

se eonee?ai t alors qu'une pièce sans amour pût être<br />

théâtrale. Ou répandit dans le public que Racine<br />

ataitfoulu foire une tragédie afec uo prêtre et un<br />

enfant, et Fou décida qu'un semb<strong>la</strong>ble outrage ne<br />

poufait être* fait que pour <strong>de</strong>s enfants. Quand <strong>la</strong><br />

pièce fut imprimée, <strong>la</strong> préf entïon était déjà établie 9<br />

et il était convenu qu'Jtkalie défait ennuyer. On<br />

n'ignore pas combien ces sortes <strong>de</strong> préjugés sont<br />

rapi<strong>de</strong>s et contagieux quand il y a <strong>de</strong>s gens intéressés<br />

à leur donner le mouvement, et il n'y en avait<br />

que trop. On connaît l'éplgramme attribuée à Fontenelle<br />

:<br />

rite, commença <strong>la</strong> réfolution. Ce fut en 1710 que<br />

<strong>la</strong>foix <strong>de</strong>s connaisseurs parvint jusqu'au régeat,<br />

qui était fait pour l'entendre, et qui donna ordre <strong>de</strong><br />

jouer Athalie. Elle eut quinze représentations suivies<br />

afec afflues**, et app<strong>la</strong>udies afee transport; et<br />

<strong>de</strong>puis elle s'est soutenue sur <strong>la</strong> scène afec le même<br />

éc<strong>la</strong>t.<br />

Gentilhomme eitraordloalre,<br />

El svppôt <strong>du</strong> Lucifer,<br />

Poïir âYoir fait pis qa'Bëtker,<br />

Gomment diable as-tu pu faire?<br />

Il n ? est pas fort étonnant que Fontenelle fût injuste<br />

entera ï<strong>la</strong>eine : il n'est que trop reconnu que<br />

ramour-propre offensé peut égarer même un [philosophe;<br />

et d'ailleurs Fontenelle n'était pas un excellent<br />

juge en poésie. Mais qu'un homme distingué<br />

d'ailleurs par <strong>la</strong> modération <strong>de</strong> son caractère, qui<br />

le rendit, pendant une longue fie, moins sensible<br />

aux critiques qu'aucun autre écrîvain ; qu'un esprit<br />

sage et modéré appelle Tmîmïâ*JiÂ4iHeiiM$Mppé,$<br />

<strong>de</strong> Lucifer, et souille sa plume <strong>de</strong> ces expressions<br />

grossières faites pour <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>ce <strong>de</strong>s fanatiques,<br />

c'est ce dont on peut douter ; ou, si l'épigramme est<br />

en effet <strong>de</strong> lui, c'est une preuf e <strong>de</strong> plus, parmi tant<br />

d'autres, qu'il faut peu compter sur <strong>la</strong> sagesse humaine.<br />

Racine, il est frai, avait fait aussi une épigramme<br />

sur Jspar; mais elle est d'un genre un peu<br />

différent, et il y a aussi loin <strong>de</strong> l'épigramme <strong>de</strong> Fontenelle<br />

à celle <strong>de</strong> Racine que û'Jspar kAthatie.<br />

» Boileau seul lutta contre le torrent, qui a?ait entraîné<br />

tout, jusqu'à Racine lui-même; car les mémoires<br />

<strong>du</strong> temps nous apprennent qu'il parut croire<br />

un moment qu'il s'était trompé. Au moins est-il certain<br />

qu'il se reprocha a?ec amertume sa comp<strong>la</strong>isance<br />

pour madame <strong>de</strong> Maintenon f et qu'il se repentit<br />

d'afoir fait Aikalie, Despréaux le rassura, et<br />

prédit que le jour <strong>de</strong> <strong>la</strong>-justice arriverait. U arrifa ;<br />

mais ni l'un ni l'autre ne l'a TU.<br />

- Une anecdote très-connue, c 9 CHAPITRE IV. — Mémmêswr Cmnélk<br />

et Racine.<br />

Plusieurs écrifains ont dit et l'on a répété après<br />

eux, que l'esprit factïeui qui régna en France sons<br />

le ministère <strong>de</strong> Richelieu, et pendant les troubles<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> Fron<strong>de</strong>, avait déterminé le choix et <strong>la</strong> nature<br />

<strong>de</strong>s sujets que Corneille a traités, et que <strong>la</strong> politesse<br />

et <strong>la</strong> ga<strong>la</strong>nterie qui-dominèrent ensuite sous un règne<br />

heureux et bril<strong>la</strong>nt avaient con<strong>du</strong>it <strong>la</strong> plume <strong>de</strong><br />

Racine. On a été jusqu'à dire <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier qu'il<br />

avait fait <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> <strong>la</strong> cmr <strong>de</strong> Louis XIV:<br />

c'est restreindre étrangement un génie tel que le<br />

sien. Je sais qu'il fit Bérénice pour madame Henriette;<br />

mais j'ose croire que ce fut pour les béas<br />

esprits <strong>de</strong> toutes les nations éc<strong>la</strong>irées qu'il fit Br*<br />

tamnicw, Andromaque, Iphigênie, Phèdre, et<br />

AthaMê. Il n'a point feit <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> h courte a<br />

fait celle <strong>du</strong> coeur humain. Tout homme supérieur<br />

reçoit <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature un caractère d'esprit plus on<br />

moins marqué, et c'est ce<strong>la</strong> même qui fait sa supériorité<br />

: c'est dans ce caractère qu'il faut d'abord<br />

chercher celui <strong>de</strong> ses ouvrages. Sans doute l'esprit<br />

général et les mœurs publiques y ont aussi quelque<br />

influence, et le modifient plus ou moins; mais le<br />

type originel s'y trouve toujours : les grands écrifains<br />

agissent beaucoup plus sur leur siècle que<br />

leur siècle n'agit sur eux, et lui donnent beaucoup<br />

plus qu'ils n'en reçoivent.<br />

Corneille a?ait une trempe i<br />

est que, dans plutîenrs<br />

sociétés, on avait établi, par forme <strong>de</strong> p<strong>la</strong>isanterie,<br />

<strong>de</strong> donner pour pénitence <strong>la</strong> lecture d'un<br />

certain nombre <strong>de</strong> fers û'Atkalk. Ainsi donc Racine<br />

fut traité une fois en sa fie comme Chape<strong>la</strong>in! Un<br />

jeune officier, condamné à lire <strong>la</strong> première scène,<br />

lut toute <strong>la</strong> pièce, et <strong>la</strong> relut sur-le-champ une sewnia<br />

fois; ensuite il remercia <strong>la</strong> compagnie <strong>de</strong> lui<br />

afoir donné un p<strong>la</strong>isir auquel il ne s'attendait guère.<br />

Ce petit événement, qui fit <strong>du</strong> bruit par sasingu<strong>la</strong>-<br />

f esprit naturellement<br />

rigoureuse, et une imagination élevée. Le raisonnement,<br />

les pensées, les grands traits d'éloquence,<br />

dominent dans sa composition; et il aurait porté<br />

ces mêmes qualités dans quelque genre d'écrire f ail<br />

eût choisi. Il eût été un grand orateur dans le sénat<br />

romain ou dans le parlement d'Angleterre, mais il<br />

aurait plus ressemblé à Démosthènes qu'à Cicéroo.<br />

Comme l'art dramatique est le résultat d'une foule<br />

<strong>de</strong> talents réunis, il a donné le premier modèle <strong>de</strong><br />

ceux qui tiennent à Féléfation<strong>de</strong> l'âme et <strong>de</strong>s Idées,<br />

à <strong>la</strong> force <strong>de</strong>s combinaisons, et il a eu les défauts<br />

qui en sont voisins. Ses lectures <strong>de</strong> préférence, ses<br />

étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> prédilection étaient, si l'on tant y prendre<br />

gar<strong>de</strong>, analogues à <strong>la</strong> tournure <strong>de</strong> ion esprit.<br />

On sait que ses auteurs favoris forent Lueaia, Se-

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