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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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êê%<br />

remp<strong>la</strong>cer <strong>la</strong> déeou?erte <strong>du</strong> secret que le poète défait<br />

cacher.<br />

Est-ce à mol <strong>de</strong> <strong>la</strong>nguir dans cette Ineertttn<strong>de</strong>?<br />

Sortons! a-t-eUe dit, sortons d'inquiétu<strong>de</strong>.<br />

Vous-même à Josabetb prononcez cet arrêt :<br />

Les feux vont s'allumer, et le fer est tout prêt ;<br />

lie» M peut <strong>de</strong> leur temple empêcher le ravage,<br />

SI je n'ai <strong>de</strong> teac M eet enf<strong>la</strong>nt pou otap.<br />

Le danger est donc ici dans sa progression naturelle,<br />

grâce au rôle <strong>de</strong> Mathan, que <strong>de</strong>s critiques<br />

s'ont pas trouvé assez essentiel. On voit qu'il Test<br />

assex : et quel antre personnage aurait pu a?oir un<br />

intéfét plus particulier et plus probable à imaginer<br />

tout ce qui peut bflter <strong>la</strong> perte <strong>de</strong> Joad, <strong>la</strong> ruine<br />

<strong>du</strong> temple et <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières espérances <strong>du</strong> peuple<br />

juif?<br />

On lui a reproché, a?ec plus d'apparence <strong>de</strong> raison,<br />

<strong>de</strong> dire trop <strong>de</strong> mal <strong>de</strong> lui-même; mais ce reproche,<br />

bien examinéf ne me.paraît pas a¥oir plus <strong>de</strong> fon-<br />

1 dément. Il n 9 est pas naturel qu'un homme, quel<br />

qu'il soit, parle do lui <strong>de</strong> manière à s'avilir à ses<br />

propres yeu ni aux yeux ffattirai; et si Racine<br />

a?ail commis cette faute contre les bienséances morales<br />

et dramatiques, elle serait d'autant plus remarquable<br />

, qu'aucun auteur ne les a plus parfaitement<br />

observées. Mais on n'a pas fait attention qu'il<br />

y a <strong>de</strong>s choses odieuses et basses par elles-mêmes f<br />

et qu'un personnage peut dire <strong>de</strong> lui sans s'afoeer<br />

ni fil ni odieux, poomi qu'il les <strong>mont</strong>re sous un<br />

point <strong>de</strong> f ue différent, et analogue à son caractère,<br />

à ses prétentions, à ses <strong>de</strong>sseins. Ainsi l'ambition,<br />

<strong>la</strong> politique, <strong>la</strong> haine, peuvent Étira <strong>de</strong>s aveux que<br />

<strong>la</strong> morale condamne , mais dontces mêmes passions<br />

tirent une sorte d'orgueil, malheureusement trèsconcevable<br />

et très-commun. Voyons sous ce rapport<br />

quelle petit |tre l'intention <strong>de</strong> Mathan dans ce<br />

qu'il dit à Nabal : il me semble qu'elle n'est pas<br />

équivoque. Nabal lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> si c'est le zèle <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

religion qui l'anime contre Joad et contre les Juifs :<br />

Mathan commence par repousser cette idée avec<br />

mépris :<br />

Amlf peux-ta penser que cffifj lèle frivole<br />

le me <strong>la</strong>isse aveugler pour ose value Idole t<br />

Pour us fragile bols que, malgré mon se<strong>cours</strong> t<br />

Les vert sur son autel consument tous les Jours f<br />

Hé ministre <strong>du</strong> dieu qu'en ce temple on adore,<br />

Peut-être que M athan le servirait encore,<br />

SI rameur ie* gran<strong>de</strong>urs, <strong>la</strong> soif <strong>de</strong> comman<strong>de</strong>r,<br />

avec ton joug étroit pouvaient s'accommo<strong>de</strong>r.<br />

Certainement t en bonne morale, ries s'est plus<br />

méprisable que l'hypocrisie d'un prêtre qui professe<br />

un culte auquel il ne croit pas. Mais Forgueil et<br />

l'ambition qui dominent Mathan lui font voir les<br />

choses bien différemment. Il se croirait offensé au<br />

contraire si son ami le jugeait capable d'une cré<strong>du</strong>lité<br />

imbécile : il met son amour-propre à lui paraître<br />

COUBS DE LITTÉMTUM.<br />

ce qu'il est, c'est-à-dire un homme uniquement occupé<br />

<strong>de</strong> son élévation 9 et fort au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s préjugés<br />

<strong>de</strong> son sacerdoce. C'est son intérêt qui fa fait apostat;<br />

c'est son intérêt qui Fa fait pontife <strong>de</strong>Baal. Ce<br />

caractère, l'opposé <strong>de</strong> celui <strong>de</strong> Joad, est très-bien<br />

adapté au p<strong>la</strong>n <strong>de</strong> fauteur. 11 convenait que Joad<br />

fût rempli <strong>de</strong> <strong>la</strong> crainte <strong>de</strong> son dieu, et que Mathatt<br />

méprisât le sien. C'est mettre d'un tété <strong>la</strong> vérité,<br />

et <strong>de</strong> l'autre le mensonge; et c'est par conséquent<br />

un moyen <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r les affections <strong>du</strong> spectateur<br />

: c'est dter toute excuse à Mathan, qui n'en<br />

doit point avoir dans ses crimes, et en préparer une<br />

à Joad, qui peut dans <strong>la</strong> suite en avoir besoin,<br />

malgré <strong>la</strong> justice <strong>de</strong> sa cause. Jusqu'ici tout rentre<br />

dans les vues <strong>de</strong> Fauteur : le reste <strong>du</strong> dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong><br />

Mathatt n'y est pas matas conforme, et ne s'éloigne<br />

pas davantage <strong>de</strong>s convenances.<br />

Qu'est-U besoin t littal, qu'à tes yeux Je rappelle<br />

De Joad et <strong>de</strong> moi <strong>la</strong> fameuse querelle,<br />

Quand j'osai contre lui disputer l'encensoir;<br />

Mes, brigues, mes combats, mes pleurs f mou désespoir?<br />

Yaincu par lui} feutrai dans use autre carrière,<br />

Et mon âme à <strong>la</strong> cour s f ât<strong>la</strong>ctia tout entière.<br />

rapprochai par <strong>de</strong>grés <strong>de</strong> f oreille <strong>de</strong>s ro<strong>la</strong>t<br />

Et bientôt es oracle on érigea ma voix.<br />

J'étudiai leur cœur, Je f<strong>la</strong>ttai leurs caprices,<br />

Je leur semai <strong>de</strong> fleura Se bord <strong>de</strong>s précipices.<br />

Près <strong>de</strong> leurs passions, ries se me fut sacré :<br />

De mesure et <strong>de</strong> poids je changeais à leur gré.<br />

Autant que <strong>de</strong> Joad rinflexible ru<strong>de</strong>sse<br />

De leur superbe oreille offensait <strong>la</strong> moUesae,<br />

autant Je les charmais par ma <strong>de</strong>xtérité,<br />

Dérobant à leurs yeux <strong>la</strong> triste vérité,<br />

Prêtant à leurs fureurs <strong>de</strong>s couleurs favorables,<br />

Et prodigue surtout <strong>du</strong> sang <strong>de</strong>a misérables.<br />

Enfin f au dieu nouveau qu'elle avait Intro<strong>du</strong>it ,|<br />

Par les mains d'Athalle un temple fut construit<br />

Jérusalem pleura <strong>de</strong> se voir profanée :<br />

Des enfants <strong>de</strong> Lévl <strong>la</strong> troupe consternée<br />

Es poussa vers le elel <strong>de</strong>s hurlements affreux.<br />

Moi seul, donnant l'exemple aux timi<strong>de</strong>s Hébreux,<br />

Déserteur <strong>de</strong> leur loi , J'approuvai l'entreprise-1<br />

Et par là <strong>de</strong> Baal méritai <strong>la</strong> prêtrise :<br />

Par là Je me rendis terrible à mon rival ;<br />

Je ceignis <strong>la</strong> tiare t et marchât son égal *.<br />

Qui peut méconnaître à ce <strong>la</strong>ngage <strong>la</strong> satisfaction<br />

intérieure d'un homme qui se félicite <strong>de</strong> ses succès,<br />

qui se faute d'être l'artisan <strong>de</strong> sa fortune, d'être un<br />

politique habile 9 uo homme profond dans <strong>la</strong> science ><br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong>*coer; qui oppose a?ee orgueil sou adresse et<br />

ses talents à <strong>la</strong> rttrJeteetfmB rltttï défaut qui d'abord<br />

il avait été humilié, et dont il est <strong>de</strong>puis <strong>de</strong>venu<br />

Tégal? Tout ee<strong>la</strong>o'est-il pas dans le cœur humain ?<br />

Sans doute il y a un côté très-odieux f et si c'était<br />

celui-là qu'il eût présenté v c'est alors qu'on pouvait<br />

l'accuser <strong>de</strong> dire trop <strong>de</strong> mal <strong>de</strong> lui ; mais il n'envisage<br />

et ne fait envisager que ce qui l'élève à ses<br />

propres yeui, et ce qui n'empêche pasquelespecta-<br />

* Marchai mm égal rappeUe l'expression <strong>de</strong> Virgile,<br />

Ait ego fe« divan imeiéê retts»,

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