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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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COU1S DE OTTÉEATU1E.<br />

pouvait loi servir <strong>de</strong> mère , et lui hlsaer si» petit royaume.<br />

13 est Irèt-naturel qu'une vieille femme s'intéresse au seul<br />

«Jeton <strong>de</strong> sa famille. »<br />

Es conséquence, il fouirait que Josabeth <strong>la</strong> prit<br />

au mot, et loi dft :<br />

« Cet entant est .votre petit-JUs. Soyez doue sa mère. »<br />

11 me semble que <strong>de</strong>s raisons péreraptolres, prises<br />

dans les mœurs , dans ia religion, dans le caractère<br />

<strong>de</strong>s personnages et dans <strong>la</strong> situation, ne permettaient<br />

pas que Racine fit prendre ee parti à Josabeth'<br />

et à Joad. C'est ici qu'il faut se rappeler cette aversion<br />

réciproque, cette horreur mutuelle entre <strong>la</strong><br />

maison d ? que le plus grand esprit peut errer, et même gravement,<br />

quand il est vieui et qu'il a <strong>de</strong> l'humeur.<br />

Le grand prêtre, lorsque Âbner <strong>la</strong>i remet Joas<br />

après son entretien avec Athalie, soutient un caractère<br />

bien différent <strong>de</strong> celui qu'on vou<strong>la</strong>it lui donner<br />

ici. 11 finit l'acte par ces vers :<br />

Que Dtau veille sur vous, enfant dont le emutp<br />

Tient <strong>de</strong> rendre à son nom ©a noble témolgiiaii 1<br />

le reconnais t âbner» ce service important :<br />

Souvenez-vous <strong>de</strong> Ftieare où load vous attend.<br />

Et nous , dont celle femme Impie et meurtriéra<br />

â souillé les regards et troublé <strong>la</strong> prière,<br />

Rentrons t et qu'un sang pur par mes mains épanché<br />

Lave jnaquea an marine où ses pas ont touché.<br />

Achab et celle <strong>de</strong> David, dont Fune était Si <strong>la</strong> reine, après avoir interrogé Joas, eût exigé<br />

l'objet <strong>de</strong> <strong>la</strong> protection <strong>du</strong> ciel 9 et l'autre <strong>de</strong> ses ven­ sur-le-champ qu'on le lui remît, il s'eût pas été<br />

geances ; et se souvenir en même temps <strong>de</strong> ces vers possible <strong>de</strong> prolonger Faction jusqu'au cinquième<br />

que dit Mathan en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> Joad :<br />

acte. Il était essentiel <strong>de</strong> con<strong>du</strong>ire le second <strong>de</strong> manière<br />

qu'Athalie pût sans invraisemb<strong>la</strong>nce ne pas<br />

faire alors cette <strong>de</strong>man<strong>de</strong> que son caractère et les<br />

a<strong>la</strong>rmes qu'elle a <strong>mont</strong>rées pouvaient naturellement<br />

faire attendre : c'est à quoi le rôle d'Âbner a servi.<br />

Il fait à <strong>la</strong> reine une sorte <strong>de</strong> honte <strong>de</strong> <strong>la</strong> frayeur que<br />

lui inspiraient un songe et un enfant : quand il <strong>la</strong> voit<br />

émue un instant, et comme malgré elle, <strong>de</strong> l'innocente<br />

can<strong>de</strong>ur <strong>de</strong> Joas 9 il se hâte <strong>de</strong> lui dire :<br />

Plutôt que dans met mains par load soit livré<br />

Un enfant qu'à son Bleu Joad a eoosacré 9<br />

Ta lui verras subir <strong>la</strong> mort <strong>la</strong> plus terrible.<br />

• Ce n'est pas un homme <strong>de</strong> ee caractère qui doit<br />

livrer Joas entre k$ mmim d'Atbalie. Voilà une<br />

raison <strong>de</strong> convenance : en voici une <strong>de</strong> nécessité.<br />

Joad et Josabeth pouvaient-ils être sûrs, pouvaientils<br />

même supposer raisonnablement qu'Athalie aurait<br />

pour Joas9 pour l'héritier légitime-<strong>du</strong> trône<br />

qu'elle occupe, les mêmes sentiments qu'elle <strong>mont</strong>re<br />

pour un orphelin dont <strong>la</strong> naissance est inconnue? Ce<br />

qu'elle avait fait était-il fort rassurant sur ce qu'elle<br />

pouvait faire? Était-il três-mturei qu'elle n'eût aucune<br />

inquiétu<strong>de</strong> f aucune frayeur d'un enfant dont le<br />

ciel l'avait menacée , d'un enfant qui lui présageait<br />

un si funeste avenir? Pouvait-elle se croire sans danger<br />

dès que Joas serait reconnu? Et alors n'avaitelle<br />

pas lieu <strong>de</strong> craindre que le seul rejeton <strong>de</strong> David<br />

qui tilt échappé à <strong>la</strong> proscription m servit <strong>de</strong> motif<br />

et <strong>de</strong> moyen pour venger tous les autres? Enfin,<br />

quels sont les sentiments qu'elle manifeste dans cette<br />

même scène, après qu'elle a enten<strong>du</strong> les réponses<br />

<strong>de</strong> Joas?<br />

Esta <strong>de</strong> voira Dieu l'Imp<strong>la</strong>cable vengeance<br />

Entra sot <strong>de</strong>ux maisons rompit toute alliance.<br />

David m'est eu horreur, et les ils <strong>de</strong> ©a roi,<br />

Quoique nés <strong>de</strong> mon sangf tout étrangers pour mol.<br />

Et Joad et Josabeth auraient dû remettre Joas à<br />

cette femme! En vérité, plus je réfléchis sur cet assemb<strong>la</strong>ge<br />

<strong>de</strong>s motifs les plus puissants qui font d'Athalie<br />

rennemie naturelle <strong>de</strong> Joas, sa religiony sa<br />

politique, son ambition, sa sûreté, moins je conçois<br />

que Voltaire ait eu une opinion si peu conforme à<br />

cette supériorité <strong>de</strong> lumières et <strong>de</strong> jugement qui lui<br />

était naturelle. Quand nous verrons quelques autres<br />

paradoxes aussi peu soutenantes, avancés dans ses<br />

<strong>de</strong>rnières années, il faudra nous dire à nous-mêmes<br />

Madame, voilà donc est ennemi terrible!<br />

De vos songes menteurs l'imposture est visible.<br />

L'effet <strong>de</strong> cette observation d'Abner est d'autant<br />

plus sûr, que cette femme altière <strong>mont</strong>re elle-même<br />

quelque confusion <strong>du</strong> trouble et <strong>de</strong> l'inquiétu<strong>de</strong><br />

qu'elle éprouve : aussi ne prend-elle aucun parti<br />

dans ce moment; mais son orgueil se console en<br />

s'app<strong>la</strong>udïssant <strong>de</strong> tout le sang qu'elle a versé, en<br />

insultant avec dédain à Fabjeetion et à l'impuissance<br />

<strong>de</strong> Ses ennemis, aux frivoles espérances dont ils se<br />

repaissent.<br />

Ce Dieu, <strong>de</strong>puis longtemp votre unique refuge.<br />

Que <strong>de</strong>viendra l'effet <strong>de</strong> ses prédictions 1<br />

QuHI vous donne ce roi promis aux nattons,<br />

Cet enfant <strong>de</strong> David, votre espoir, voire attente....<br />

Mais nous nous reverrons. Adieu. le sors contente.<br />

J'ai voulu voir : J'ai vu.<br />

Elle soutient <strong>la</strong> hauteur <strong>de</strong> son caractère. Mais<br />

remarquez que ces brava<strong>de</strong>s, ces insultes an dieu<br />

<strong>de</strong>s Juifs font pressentir avec quelque p<strong>la</strong>isir que ee<br />

dieu sera vengé. Le spectateur sait qu'il existe, cet<br />

enfant <strong>de</strong> David qu'elle croit avoir fait périr : il est<br />

dans le secret <strong>de</strong>s vengeances célestes, <strong>de</strong>s <strong>de</strong>sseins<br />

<strong>du</strong> pontife et <strong>du</strong> sort <strong>de</strong> Joas, et n'en est que plus<br />

porté à se ranger <strong>de</strong> leur parti contre une femme<br />

coupable et odieuse, qui se vante <strong>de</strong> ses forfaits et<br />

<strong>de</strong> leur impunité. Remarquez encore que cette expression<br />

familière, nous nom reverrons, qui pourrait<br />

faire rire ailleurs, ici ne fait point un mauvais

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