la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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COU1S DE LITTÉEATU1E.<br />
576<br />
- La théocratie, particulièrement établie chez les<br />
Mis, était dose le principal objet que <strong>de</strong>vait développer<br />
Fauteur i'Àiàmik* Aussi 9 dès <strong>la</strong> première<br />
scène 9 il fon<strong>de</strong> puissamment toutes les idées qui<br />
doivent goiiferner l'esprit <strong>de</strong>s spectateurs ; il rappelle<br />
tous les faits qui doivent influer sur le reste<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce; il prépare tout ce qui doit arriver. 11<br />
choisit, pour le jour qu'il a <strong>de</strong>stiné à <strong>la</strong> proc<strong>la</strong>mation<br />
<strong>de</strong> Joas, une <strong>de</strong>s principales fêtes <strong>de</strong>s Juifs 9 celle où<br />
Ton célébrait l'anniversaire <strong>de</strong> <strong>la</strong> publication <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
loi, et qu'on appe<strong>la</strong>it aussi <strong>la</strong> fête <strong>de</strong>s Prémices,<br />
parce qu'on y offrait à Bien les premiers pains <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />
nouvelle jnoisson. 11 intro<strong>du</strong>it avec le grand prêtre<br />
un guerrier qui a servi avec distinction sons les rois<br />
<strong>de</strong> Juda9 également attaché à leur mémoire et au<br />
culte <strong>de</strong> ses pères. Bans tout autre sujet, il semblerait<br />
que ce fût à un homme tel qu'Abner cf être<br />
le vengeur et l'appui d'un roi orphelin, et <strong>de</strong> travailler<br />
à son rétablissement. Mais ici c'est Bien<br />
qui doit tout faire :<br />
Bleu f qui <strong>de</strong> l'orphelin protège l'Innocence f<br />
Et Ml dans Sa faiblesse éc<strong>la</strong>ter sa puissance.<br />
Cest <strong>de</strong> cette faiblesse même que Fauteur a tiré<br />
f Intérêt qu'il sajt répandre sur <strong>la</strong> cause <strong>du</strong> grand<br />
prêtre et <strong>de</strong> Joas. On lui a reproché <strong>de</strong> n'avoir pas<br />
fait le râle d'Abner plus agissant : s'il l'eût fait, sa<br />
pièce ressemb<strong>la</strong>it à tout; elle n'avait plus ce caractère<br />
religieux qui <strong>la</strong> distingue et qui <strong>la</strong> rend à <strong>la</strong> fois<br />
si originale et si conforme au mœurs théocratiques.<br />
A quoi donc lui a servi Abner? A présenter dans un<br />
homme <strong>de</strong> cette importance, dans un guerrier vertueux<br />
, dans un serviteur Idèle <strong>de</strong>s rots <strong>de</strong> Juda, les<br />
sentiments que <strong>la</strong> plus saine partie <strong>de</strong> <strong>la</strong> nation a<br />
conservés pour ia famille <strong>de</strong> David, sentiments qui<br />
seraient suspects <strong>de</strong> quelque intérêt particulier, si<br />
l'auteur ne les eût <strong>mont</strong>rés que dans le grand prêtre<br />
et ses lévites; à ba<strong>la</strong>ncer auprès d'Athalie, qui ne<br />
peut lui refuser son estime, le crédit et les suggestions<br />
<strong>de</strong> Mathan; à former entre l'humanité d'un<br />
soldat et <strong>la</strong> cruauté d'un prêtre ce beau contraste<br />
qui met <strong>du</strong> côté <strong>de</strong> Joad tout ce qu'il y a <strong>de</strong> plus intéressant,<br />
et <strong>du</strong> côté d'Athalie tout ce qu'il y a <strong>de</strong><br />
plus odieux; enfin, à relever <strong>la</strong> fermeté d'âme et <strong>la</strong><br />
pieuse 'eon<strong>la</strong>nce <strong>de</strong> Joad, qui, pouvant se servir<br />
per<strong>du</strong> peur le théâtre dont U a été <strong>la</strong> gloire, U voulut d'abord<br />
<strong>la</strong>i réciter le rôle <strong>de</strong> Gustave. Non, non, dit le poète ; je n*mme<br />
pm kt wmupûii vert. Le jeune homme Mi offrit alors <strong>de</strong> répéter<br />
<strong>la</strong> première scène tfAtkaiitj entre load et Aimer. Yaf»<br />
taira ré€ontef et l'ouvrage lui faisant oublie? facteur, U s'écria<br />
arec transport : Quel êiylel quelle poésie! Et toute <strong>la</strong> pièce<br />
«Iécrite es même! Ah! wmmiemrf quel homme que Hécate/<br />
C'est Ixkato qui rapporte, dans <strong>de</strong>s Mémoires manuscrits, m<br />
fait dont II fut d'autant plus frappé que, dans ce moment, il<br />
•watt Mes voulu que Voltaire s'occupât an peu plus <strong>de</strong> lui<br />
et un peu moins <strong>de</strong> ï<strong>la</strong>ctoe*<br />
d'an homme si brave et si accrédité, ne s'en sert<br />
pas, parce qu'il attend tout <strong>de</strong> Bien seul. Et quoi<br />
<strong>de</strong> pies propre à relire ira® cause respectable, à en<br />
persua<strong>de</strong>r <strong>la</strong> justice, que île <strong>la</strong> présenter toujours<br />
comme <strong>la</strong> cause <strong>de</strong> Bien lui-même? Je ie répète :<br />
sans cet art, que peut-être on s'a pas assez senti,<br />
<strong>la</strong> pièce échouait. Quand Josabeth dit an grand<br />
prêtre,<br />
àtaiar, le brave Aimer, vlendra-t-fl sons défendre?<br />
Joad répond,<br />
Abner, quoiqu'on se pût assurer rar sa foi,<br />
Ne sait pas même eneor si nous avons un roi.<br />
JOSASETlf.<br />
Mais à qui <strong>de</strong> loas caalcr-vaas <strong>la</strong> gar<strong>de</strong>?<br />
Est-ce Obed? est-ce àaaaea que cet honneur regar<strong>de</strong>?<br />
Dejnon père sur eu les bienfaits répan<strong>du</strong>s...<br />
JOâB.<br />
A i<strong>la</strong>jdta Màal<strong>la</strong> ils se sont tous ven<strong>du</strong>s.<br />
Qui doue oppasei-voas contre ses satellites î<br />
JOÂB.<br />
He TOUS fai-Je pas dit ? nos prêtres, nos lévites.<br />
IOSÂBETB.<br />
Peut être daas leurs bras Joas percé <strong>de</strong> coup...<br />
J04B.<br />
Et eomptêi-Tous pour qui rien Dieu ceaiîaii pour créais?<br />
Toujours Bien : et quand Âthaliê périra, c'est le<br />
bras <strong>de</strong> Bien qui l'aura frappée , et qui cachera celui<br />
<strong>de</strong> Joad, qu'il était si essentiel <strong>de</strong> ne pas <strong>mont</strong>rer.<br />
Ce sujet a quelque chose <strong>de</strong> si particulier, que le<br />
rôle d'Abner me parait louable par une raison tout<br />
opposée à celle qui fait louer d'autres rôles : eeex-cï<br />
ne raient ordinairement qu'en raison <strong>de</strong> ce qu'ils<br />
font dans une pièce ; celui d'Abner vaut en raison <strong>de</strong><br />
ce qu'il n'y fait pas.<br />
Avec quelle dignité s'ou?re cette première scène f<br />
où fauteur a disposé tous les ressorts <strong>de</strong> son drame I<br />
Oui, Je Tiens daas son temple adorer rfitaroel ;<br />
Jelviens, selon ratage antique et solennel,<br />
Célébrer avec vous <strong>la</strong> fameuse journée<br />
Où sur le <strong>mont</strong> S<strong>la</strong>a <strong>la</strong> lot nous fut donnée.<br />
Que les temps sont ctpngés ! Sitôt que <strong>de</strong> ce Jour<br />
La trompette sacrée annonçait le retour,<br />
Du temple, orné partout <strong>de</strong> festons <strong>la</strong>agaliqaes s<br />
Le peuple saint es foule inondait les portiques ;<br />
Et tons f <strong>de</strong>?aat faute!, avec ordre intro<strong>du</strong>its , [fruits,<br />
De leurs champs dans leurs mains portant les nouveaux.<br />
As Bleu <strong>de</strong> Funifers consacraient ces prémices :<br />
Les prêtres ne pouvaient suffire aux sacrifices.<br />
L*audace d'une femme, arrêtant ce con<strong>cours</strong> f<br />
En <strong>de</strong>s Jours ténébreux a changé ces beaux Jours.<br />
D'adorateurs lélés à peine un petit nombre<br />
Ose <strong>de</strong>s premiers temps nous retracer quelque ombre.<br />
Le reste pour son Dieu <strong>mont</strong>re un oubli fatal,<br />
Os même, s'empres&ant aux autels <strong>de</strong> Baal 9<br />
Se fait initier à ses honteux mystèresf<br />
Et b<strong>la</strong>sphème Se nom qu'ont invoqué leurs pères.<br />
le tremble qu'AthaUe, à ne TOUS rien eaetierf<br />
Vous-même <strong>de</strong> l'autel Vous faisant arracher,<br />
N'achèfê enfin sur vous ses vengeances funestes;<br />
Et d'un respect forcé se dépouille Ses restes.