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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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§70<br />

ils échapper ' au son?eilr <strong>de</strong> toute là eourf <strong>de</strong>vant<br />

qui Estber disait :<br />

m Fatlière Yatthl dont J'occupe <strong>la</strong> p<strong>la</strong>n f<br />

Lorsque le rot t eoetre elle enf<strong>la</strong>mmé <strong>de</strong> dépit,<br />

<strong>la</strong> canna <strong>de</strong> Km trône, ainsi que <strong>de</strong> M» Ht<br />

Mali 11 ne pat sitôt «i tenait <strong>la</strong> pensée :<br />

Vaithi réfiift lougtemp dans son ftme offensée<br />

On sait assez avec quel p<strong>la</strong>isir malia Ton retroufait<br />

Louvois dans Aman. La proscription <strong>de</strong>s Julfe<br />

rappe<strong>la</strong>it, dit-on9 <strong>la</strong> révocation <strong>de</strong> redit <strong>de</strong> Nantes.<br />

.Mais cette allusion ne Ait certainement pas celle<br />

qui marqua le plus : il s'en fal<strong>la</strong>it <strong>de</strong> beaucoup que<br />

Fou ftt alors cette proscription <strong>du</strong> même œil dont<br />

on Fa fat <strong>de</strong>puis; et l'a<strong>du</strong><strong>la</strong>tion et le fanatisme (c'était<br />

bien alors le fanatisme, et je prie <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue <strong>du</strong><br />

bon sens, et non pas <strong>la</strong> <strong>la</strong>ngue révolutionnaire)<br />

célébraient comme un triomphe cette fatale erreur<br />

<strong>de</strong> Louis XIV, qu'il luit bien appeler ainsi puisqu'il<br />

fut trompé f mais quiy en elle-même, est an yeui<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> politique et <strong>de</strong> l'humanité une gran<strong>de</strong> faute<br />

qui a eu <strong>de</strong> longues et funestes suites.<br />

Les défauts <strong>du</strong> p<strong>la</strong>n à\E$iàer sont connus et<br />

avoués : le plus grand <strong>de</strong> tous est le manque d'intérêt.<br />

Il ne peut y en avoir d'aucune espèce. Esther<br />

et Mardochée ne sont nullement en danger, malgré<br />

<strong>la</strong> proscription <strong>de</strong>s Juifs ; car assurément Assuérus,<br />

qui aime sa femme, ne <strong>la</strong> fera pas mourir<br />

pane qu'elle est Juive, ni Mardochée, qui loi a<br />

sauté <strong>la</strong> fie, et qui est comblé; par son ordre, <strong>de</strong>s<br />

plus grands honneurs. Il ne s'agit donc que <strong>du</strong><br />

peuple juif; mais on Sait que le danger d'un peuple<br />

ne peut pas seul faire <strong>la</strong> base d'un intérêt dramatique,<br />

parce qu'on ne s'attache pas à une nation<br />

comme à un indivi<strong>du</strong> : il faut t dans ce cas f lier au<br />

sort <strong>de</strong> cette nation celui <strong>de</strong> quelques personnages<br />

intéressants par leur situation; et Ton voit que celle<br />

d'Esther et <strong>de</strong> Mardoehée n'a rien qui fasse craindre<br />

pour eux. Les caractères ne sont pas moins répréhensibles,<br />

si l'on excepte celui d'Esther, qui est<br />

d'un bout I feutre ce qu'elle doit être9 et dont le<br />

.rtle est fort beau. Zarès, femme d'Aman y est entièrement<br />

inutile, et ne tient en rien à <strong>la</strong> pièce :<br />

c'est un remplissage. M ardoehée n'est guère plus<br />

nécessaire. Assuérus n'est pas excusable : c'est un<br />

fantôme <strong>de</strong> roi9 un <strong>de</strong>spote insensé Y qui proscrit<br />

tout un penple sans le plus léger examen 9 et en<br />

abandonne <strong>la</strong> dépouille au ministre qui en a proposé<br />

<strong>la</strong> <strong>de</strong>struction. La haine d'Aman a <strong>de</strong>s motifs trop<br />

petits 9 et Ton ne peut concevoir que le mattre d'un<br />

grand empire soit malheureux parce qu'un homme<br />

<strong>du</strong> peuple ne s'est pas prosterné <strong>de</strong>vant <strong>la</strong>i comme<br />

les autres, et qu'il aille jusqu'à dire :<br />

lIMocMe, tfsli «tx porta <strong>du</strong> pliii s<br />

COU15 DE UntiRATUBR.<br />

J)mêmmmiMMlhmwmm§ûmêmMêiaÊêt<br />

Et toute ma gran<strong>de</strong>ur me <strong>de</strong>vient Insipi<strong>de</strong>,<br />

Tandis que ce soleil éc<strong>la</strong>ire ce perfi<strong>de</strong>,<br />

Mardochée n'est point perfi<strong>de</strong>; et si ce Juif fait<br />

une pareille impression sur Aman f il faut qu'Aman<br />

soit fou. On prétend que ces petitesses <strong>de</strong> l'orgueil<br />

sont dans <strong>la</strong> nature : il se peut qu'elles aillent jusque-là<br />

; mais alors elles ne doi?ent pas faire le fon<strong>de</strong>ment<br />

d'une action et d'un caractère : il est trop<br />

difficile <strong>de</strong> s'y prêter. Je sais que Eacine a trouvé<br />

le moyen <strong>de</strong> If s revêtir <strong>de</strong>s couleurs les plus imposantes.<br />

Aman, quand il avoue que c'est Mardochée<br />

qui attire sûr les Juifs l'arrêt qui les condamne,<br />

ajoute :<br />

Il faut <strong>de</strong>s diâttuieiits dont Fcialee» icéeiisie ;<br />

Qu'on tremble en comparant rafleoie et le suppliée;<br />

Que les peuples entiers dans le sang soient noyés,<br />

le ¥eux qu'on dise os jour au siècles efeàjét :<br />

1 fut <strong>de</strong>s Mfi$ Il fui eue insolente race;<br />

Répan<strong>du</strong>s sur <strong>la</strong> terre t Ils en confiaient <strong>la</strong> feee :<br />

Un seul cet d'Aman attirer le courroux ;<br />

Aussitôt <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre Us disparurent tous.<br />

J'admire <strong>de</strong> si beaux vers. Mais si Aman était un<br />

grand personnage9 un homme extraordinaire, qu'il<br />

eût reçu une offense gra?e9 je pourrais entrer jusqu'à<br />

un certain point dans ses ressentiments, et<br />

alors son rôle serait théâtral : tel qu'il est, je se<br />

fois en loi , malgré tout l'art <strong>du</strong> poète 9 que f orgueil<br />

extravagant et féroce d'un favori enivré <strong>de</strong> sa fortune<br />

9 qui veut exterminer une nation parce qu'un<br />

homme ne Fa pas salué.<br />

La vraisemb<strong>la</strong>nce est aussi trop blessée. Après<br />

<strong>la</strong> scène où Esther l'a dénoncé au roi comme un<br />

calomniateur et un assassin, lorsqu'il a TU toute<br />

l'impression que faisaient les dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> reine<br />

sur Assuérus; et tout le poutoir qu'elle était sur<br />

lui9 lorsque <strong>la</strong> connaissance qu'il a <strong>du</strong> caractère <strong>de</strong><br />

ce prince doit lui faire voir qu'il est per<strong>du</strong> f il offre<br />

«on cràiit à Esther en <strong>la</strong>veur <strong>de</strong>s Juifs.<br />

Princesse, es leur firoanr employée mon crédit<br />

Le foi, TOUS le voyez t iotte encore Interdit :<br />

Je sais par quels ressorts ©a le pousse, on Fartéte;<br />

Et fais comme 11 m® plelt te calme et <strong>la</strong> tessfête»<br />

Parte....<br />

11 est trop ma<strong>la</strong>droit <strong>de</strong> supposer qa'Esther soit<br />

aseei aveugle pour croire que ee soit onoore lui qui<br />

puisse/aire le emkm et <strong>la</strong> tempéie, ni qu'elle puisse<br />

le ménager après avoir éc<strong>la</strong>té à ce point oontre lui.<br />

Elle rejette ses offres avec dédain; alors il te jette<br />

à ses pieds et lui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>la</strong> vie. Cette bassesse le<br />

rend vil9 après que sa confiance fa ren<strong>du</strong> ridicule.<br />

Il ne fait pas s'étonner qu'un drame qui n'a rien<br />

<strong>de</strong> théâtral n'ait eu aucun succès au théâtre s lortqu'il<br />

y parut dépouillé <strong>de</strong> tous les accessoires qui<br />

en avaient fait <strong>la</strong> fortune. Mais si l'on ne savait dt

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