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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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su<br />

COURS DE LITTÈMTU1E,<br />

<strong>de</strong>ur daes le développement <strong>du</strong> caractère d'Hippo- î également irréprochable. Je ne prétends point qu«<br />

lyte, tel que nous venons <strong>de</strong> le voir:<br />

Il porte le même jugement <strong>de</strong> <strong>la</strong> scène suivante<br />

entre Aricie et Thésée, et avec aussi peu <strong>de</strong> justice.<br />

Il prétend qu'e/fe ne préparé point Thésée à <strong>la</strong> justification<br />

<strong>de</strong> son fils. C'est nier l'évi<strong>de</strong>nce : il suffit<br />

ici <strong>de</strong> citer. Voici comme Aricie parle à Thésée :<br />

Et comment souffrez-vous que d'horribles dis<strong>cours</strong><br />

D'une si belle vie osent noircir te <strong>cours</strong>?<br />

ÂYM-voes dis sos cœur si peu <strong>de</strong> connaissance?<br />

Diseernes-voss si mal le crime et rinnocefiee?<br />

Faut-Il qu'à vos yeux seuls im nuage odieux<br />

Dérobe sa vertu qui brille à tous les yeux?<br />

Ah l c'est trop le livrer à <strong>de</strong>s <strong>la</strong>ngues perfi<strong>de</strong>s.<br />

Gesses : repentez-vous <strong>de</strong> vos vœux homici<strong>de</strong>s.<br />

Craigne!, seigneur, craignez que le ciel rigoureux<br />

Ne vous haïsse assez pour exaucer vos vœux.<br />

Souvent dans sa colère il reçoit nos victimes ;<br />

Ses présents sont souvent <strong>la</strong> peine <strong>de</strong> nos crimes.<br />

THÉSÉE.<br />

Ifoii, vous voulez en vain couvrir son attentat<br />

Votre amour vous aveugle en faveur <strong>de</strong> l'ingrat;<br />

Mais J'en crois <strong>de</strong>s témoins certains, irréprochables :<br />

Tai vu, J'ai vu couler <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes véritables.<br />

ARICIE.<br />

' Frênes g&fd®, seigneur : vos Invincibles mains<br />

Ont <strong>de</strong> monstres sans nombre affranchi les humains;<br />

Mais tout n'est pas détruit, et vous en <strong>la</strong>issez vivre<br />

Un... Votre ils, seigneur, me défend <strong>de</strong> poursuivre.<br />

Instruite <strong>du</strong> respect qu'il veut vous conserver, *<br />

le l'affligerais trop si j'osais achever :<br />

Faillite sa pu<strong>de</strong>ur, et fuis votre présence t<br />

Pour n'être pas forcée à rompre le silence.<br />

Je <strong>de</strong>mandé si l'on peut m dire davantage, à<br />

moins <strong>de</strong> dire tout, et si ce n'est pas là préparer<br />

ta justification d'Hippoiyte. Ce<strong>la</strong> est si ? rai que<br />

Thésée, <strong>de</strong>meuré seiiî, commence dès ce moment<br />

à sentir <strong>de</strong>s doutes et <strong>de</strong>s craintes. 11 vent interroger<br />

OEnone ; il ordonne qu'on <strong>la</strong> fasse venir. Qu'on<br />

Juge à présent <strong>de</strong> l'équité <strong>du</strong> critique ! Il a tant envie<br />

<strong>de</strong> trouver <strong>de</strong>s imdiUêés, qu'il reproche à Tbéramène<br />

d'être inutile. C'est pousser les chicanes un<br />

peu loin. Jamais on n'exigea d'un confi<strong>de</strong>nt qu'il fût<br />

nécessaire ans ressorts qui font mouvoir <strong>la</strong> pièce :<br />

c'est même une faute <strong>de</strong> les p<strong>la</strong>cer dans <strong>la</strong> main <strong>de</strong><br />

ces personnages subalternes ; ils ne doivent servir<br />

en général qu'aux scènes <strong>de</strong> développement et <strong>de</strong><br />

conidênce, et à raconter les événements. C'est ce<br />

que fait Tbéramène ; il annonce à Hippolyte qu'Athènes<br />

a choisi Phèdre pour reine et il apprend à<br />

Thésée <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> son ils : c'est tout ce qu'il <strong>de</strong>vait<br />

faire,<br />

Le mime censeur traite un peu <strong>du</strong>rement Hippolyte<br />

et Aricie f et répète les critiques qu'on en a<br />

<strong>la</strong>ites. J'en ai hasardé l'apologie. Je ne donne point<br />

mon avis pour une décision : il y a dans tous les<br />

ouvrages <strong>de</strong>s parties qui peuvent être considérées<br />

sous plusieurs faces, et que l'on petit, jusqu'à un<br />

certain point 9 condamner ou justifier, selon le point<br />

ê» tue sous lequel on les considère ; tout n'est pas<br />

cet épiso<strong>de</strong> le soit absolument; mais enfin il a pro<strong>du</strong>it<br />

Sa jalousie <strong>de</strong> Phèdre 9 c'est-à-dire une <strong>de</strong>s plus<br />

belles choses qu'il y ait au théâtre. Je <strong>de</strong>man<strong>de</strong>rai 9<br />

pour <strong>de</strong>rnier résultat, à ceux qui blâment le plus<br />

cet épiso<strong>de</strong>, s'ils fondraient qu'on le retranchât,<br />

et avec lui le quatrième acte qui en est <strong>la</strong> suite.<br />

Quoi ! Ton pardonne à Corneille les fautes les plus<br />

révoltantes, les plus monstrueuses, parce qu'elles<br />

amènent <strong>de</strong>s beautés, et Ton ne pardonnera pas à<br />

Racine un épiso<strong>de</strong> qui n'a rien <strong>de</strong> vieietix en luimême,<br />

et auquel on ne peut reprocher que d'être<br />

d'un moindre effet que le rôle <strong>de</strong> Phèdre, c'est-àdire<br />

d'être au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> ce qu'il est impossible d'égaler<br />

I C'est un excès <strong>de</strong> rigueur que je n'ai pas le<br />

courage d'imiter; et ce que j'y vois <strong>de</strong> plus prouvé,<br />

c'est qu'on a trop communément <strong>de</strong>ux poids • et <strong>de</strong>ux<br />

mesures; qu'il y a <strong>de</strong>s écrivains que l'on voudrait<br />

toujours justifier, parce qu'ils en ont très-souvent<br />

besoin; et d'autres que l'on voudrait toujours reprendre<br />

, parce qu'ils sont très-rarement dans le cas<br />

d'être repris.<br />

On a écrit <strong>de</strong>s volumes pour et contre le récit <strong>du</strong><br />

cinquième acte : je crois qu'on a été trop loin <strong>de</strong><br />

part et d'autre. On prétend que Tbéramène s dans 1®<br />

saisissement où il doit être, se peut pas avoir <strong>la</strong><br />

force d'entrer dans aucun détail : c'est beaucoup;<br />

on oublie qu'il est naturel et même nécessaire que<br />

Thésée s'informe <strong>du</strong> moins <strong>de</strong>s principales circons­<br />

tances <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> son ils, et que Tbéramène »<br />

encore tout plein <strong>de</strong> ce qu'il a vu, doit satisfaire,<br />

autant qu'il est en lui , cette curiosité. Mais je conviens<br />

aussi que le récit est trop éten<strong>du</strong> et trop soigneusement<br />

orné: il brille d'un luxe <strong>de</strong> poésie quelquefois<br />

dép<strong>la</strong>cé : plus simple et plus court, il eût<br />

été conforme aux règles <strong>du</strong> théâtre. Tel qu'il est.,<br />

c'est us <strong>de</strong>s plus beaux morceaux <strong>de</strong> poésie <strong>de</strong>scriptive<br />

qui soient dans notre <strong>la</strong>ngue. C'est <strong>la</strong> seule fois<br />

<strong>de</strong> sa vie que Racine s'est permis d'être plus poète<br />

qu'il ne fal<strong>la</strong>it, et d'une faute il a fait un chef-d'œuvre<br />

: on ne doit pas craindre trop que cet exemple<br />

soit contagieux.<br />

Enfin, le rôle <strong>de</strong> Thésée n'a pas été non plus à<br />

l'abri <strong>de</strong> <strong>la</strong> critique ; on Fa taxé <strong>de</strong> trop <strong>de</strong> cré<strong>du</strong>lité<br />

et <strong>de</strong> précipitation. Je crois

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