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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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501<br />

G0U1S DE LITTÉ1ATD1E.<br />

le M mérite plu ces doux eupraianaiti ;<br />

Tous êtes offensé. La fortune jalouse<br />

W&fmm votre absence épargné votre épouie.<br />

<strong>la</strong>tiSgse <strong>de</strong> TOUS p<strong>la</strong>ire et <strong>de</strong> vous approcher,<br />

le se doit désormais soager qu'à me cacher.<br />

Elle ne dit pas sa mot qui soit contraire à <strong>la</strong> vérité;<br />

ps un qui parte d s uu eœur qui s'excuse. Je ne crois<br />

pas qu'il soit possible d'observer mieux toutes les<br />

mmfmmms <strong>de</strong> fart.<br />

Un moment après, au bruit <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère <strong>du</strong> roi ,<br />

elle accourt éper<strong>du</strong>e; elle est prête à s'accuser ellemême<br />

; mais ce qu'elle entend <strong>de</strong> <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong> Thésée<br />

étouffe dans <strong>la</strong> sienne <strong>la</strong> vérité, qui al<strong>la</strong>it en<br />

sortir : elle apprend qu'Hippolyte se faute d'aimer<br />

Aricie. Thésée ne le croit pas9 mais l'infortunée ne<br />

le croit que trop; elle sent jusqu'au fond <strong>du</strong> cœur<br />

d'où venaient les mépris et les rebuts d'Hippoiyte.<br />

Qu'on se représente sa douleur, sa confusion» sa<br />

rage.<br />

Hippoïyte est sensible, et m sent rien pour mof 1<br />

Ari<strong>de</strong> a son cœur, Ari<strong>de</strong> a sa foi !<br />

Ali ! dieu ! kmqu'à mes vceox Ftngrat toexor&Mo<br />

S'armait d'as œl! si 1er, d*un Iront si redoutable,<br />

Je pensais qu'à rameur M» «sur toujours ferai<br />

Fût contre tout mon sexe également armé.<br />

Une autre cependant a fléGhi son audace;<br />

Devant ses yeux ereeli une autre a trou?é grâce.<br />

Peut-#re t-t-0 on ©oeur facile à l'attendrir :<br />

Je sots le seul objet qull ne saurait souffrira<br />

Et Je me ehargerals <strong>du</strong> sols <strong>de</strong> le défendra !<br />

Ce sentiment est-il assez profond et assez amer?<br />

La jalousie a-t-elle <strong>de</strong>s traits plus poignants et plus<br />

cruels? Quels transports dans celle <strong>de</strong> Phèdre!<br />

(Sonne, qui l'eût cm? fatals use ri?aie !<br />

. . . Hlppoiyte aime, et Je n'en puls.doater.<br />

Ce istosiche ennemi qu'os ne postait dmspter,<br />

Qu'offensait le respect, qu'Importunait <strong>la</strong> p<strong>la</strong>inte;<br />

Ce tigre que Jamais je n'abordât suis crainte,<br />

Soumis, apprivoisé, reconnaît un vainqueur :<br />

Ari<strong>de</strong> a trouvé le chemin <strong>de</strong> son cœur...<br />

. . . âaldcwleiif non eurore éprouvée!<br />

'A quel nouveau tourment Je me.snls réservée!<br />

Tout ee que f al souffert, ea%s craintes , mes transports ,<br />

La fureur <strong>de</strong> mes feux, Fhorreur <strong>de</strong> mes remords t<br />

Et d'un ceins eroel riuaupportable injure t<br />

l'étaient qu'us faillie essai <strong>du</strong> tourment que J'en<strong>du</strong>re,<br />

v li s'aiment ! Par quel charme ont-Us trompé mes yepx?<br />

Commentassont-Ils vus ? <strong>de</strong>puis quand ? dans quels Heu?<br />

Toi le gavais. Pourquoi me <strong>la</strong>issais-tu sé<strong>du</strong>ire?<br />

De leur furtive ar<strong>de</strong>ur ne pouvais-tu mlnslrulra?<br />

Les â-t-os vus souvent se parler, se chercher?<br />

Dans le fond <strong>de</strong>s forêts aitaientoli se cacher?<br />

Hé<strong>la</strong>s ! ils se voyaient avee pleine lkenetf;<br />

Le ctet» <strong>de</strong> leurs soupirs approuvait l'innocence.<br />

Ils suivaient sans remords leur penchant amoureus ;<br />

Tous les Jours se levaient c<strong>la</strong>irs et sereins pour eux.<br />

Et moi, triste relint <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature entière t<br />

Je me cachati au Jour, Je fuyais <strong>la</strong> lumière.<br />

La mort est le seul dieu que J'osai* taipteter ;<br />

raltendak le moment où J'al<strong>la</strong>is expirer.<br />

Me tratiRfstttit <strong>de</strong> iel, <strong>de</strong> <strong>la</strong>rmes atewvée,<br />

Eneor dans mon mattieur <strong>de</strong> trop près observée y •<br />

le n'osais dans mes pleurs me noyer à loisir;<br />

le feaiiaJs en tremb<strong>la</strong>nt ee funeste p<strong>la</strong>isir;<br />

Et tous un fennt serein déguisant mes a<strong>la</strong>rmes,<br />

U fal<strong>la</strong>it Mee souvent me priver <strong>de</strong> mes termes<br />

Qui croirait que le eemmentatenr <strong>de</strong>Radnetron¥e<br />

cetteseèneataes intdikî Quoi Lune scène fui achève<br />

<strong>la</strong> punition <strong>de</strong> Phèdre 9 qui joint les horreurs <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

jalousie à tons les mam qu'elle a .soufferts, qui<br />

l'empêche <strong>de</strong> déc<strong>la</strong>rer Finnocenee d'Hippoiyte, cette<br />

scène est imdlkl Elle suffirait seule pour jestito<br />

l'épiso<strong>de</strong> d*Aricie, qui a essuyé tant <strong>de</strong> reproche*,<br />

et qu'il est temps d'examiner. En voilà assez sur le<br />

rôle <strong>de</strong> Phèdre : nous avons vn qu'il réunit tout;<br />

c'est une <strong>de</strong> ces pro<strong>du</strong>ctions achevées 9 uniquea dans<br />

leur genre, qui sont <strong>la</strong> gloire <strong>de</strong>s arts et Feffort <strong>de</strong><br />

l'esprit humain.<br />

H n'en est pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> Phèdre comme<br />

<strong>de</strong> celle à'ïphîgêmîe, ou presque tous les rôles sont<br />

d ? uoe force à peu près égale, et se ba<strong>la</strong>ncent les<br />

uns les autres; celui <strong>de</strong> Phèdre éclipse tout, et ee<strong>la</strong>r<br />

<strong>de</strong>vait être : mais il n'en est pas moins vrai que les<br />

autres personnages sontf à peu <strong>de</strong> choses près, ce<br />

qu'ils doivent être aussi. Je n 9 ignore pas combien<br />

l'amour d'Hippoiyte a été censuré <strong>de</strong>puis le janséniste<br />

Arnauld 9 qui, exceptant <strong>la</strong> tragédie <strong>de</strong> Phèdre<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> proscription générale où <strong>la</strong> sévérité <strong>de</strong> ses<br />

principes enveloppait toutes les pièces <strong>de</strong> théâtre 9 reconnaissait<br />

hautement que cet ouvrage respirait<br />

<strong>la</strong> morale <strong>la</strong> plus pure, et donnait l'exemple le plus<br />

effrayant <strong>de</strong>s malheurs attachés aux penchants illégitimes,<br />

mais qui en même temps reprochait à Fauteur<br />

d'avoir fait Hlppoiyte amoureux. On sait <strong>la</strong><br />

réponse <strong>de</strong> Racine : Et sam ce<strong>la</strong> qu'ammimi dit<br />

nm peêUs-m&Uresf Elle prouve l'opinion générale<br />

où l'on était alors , que <strong>la</strong> tragédie ne pouvait jamaii<br />

se passer d'une intrigue d'amour. Ce préjugé est<br />

fortifié'par l'exemple <strong>de</strong> Corneille, qui, plus capable<br />

qu'an autre <strong>de</strong> traiter <strong>de</strong>s sujets où l'amour ne <strong>de</strong>vait<br />

pas entrer, lui avait donné dans tous les siens<br />

une p<strong>la</strong>ce presque toujours bien mal jremplie. Mais<br />

faut-il conclure <strong>de</strong>s paroles <strong>de</strong> Racine que lui-même<br />

condamnait l'amour d'Hippoiyte. Cet amour est-Il<br />

en effet un défaut ? Je croirais volontiers que Racine,<br />

ne vou<strong>la</strong>nt pas disputer contre AraaoW, trouvait<br />

plus court <strong>de</strong> rejeter sur les spectateurs ce qu'il<br />

aurait pu justifier. Personne n'est plus convaincu<br />

que mol qu'il faut bannir l'amour <strong>de</strong> tous les sujets<br />

où il n'est pas naturellement appelé, et avec lesquels<br />

il forme une sorte <strong>de</strong> disparate. Le sujet <strong>de</strong> Phèdre<br />

est-il <strong>de</strong> ce genre? L'amour d'Hippoiyte a-t-îl refroidi<br />

<strong>la</strong> pièce, comme il ne manque jamais d'arriver<br />

quand l'amour est mal p<strong>la</strong>cé? Je n'ai point remarqué<br />

cet effet au théâtre. 11 me semble même<br />

que <strong>la</strong> tendresse innocent® <strong>du</strong> sévère Hippolyte pouf<br />

<strong>la</strong> jeune Aricie, <strong>de</strong>rnier rejeton d'une race proscrite,<br />

offre un contraste agréable avee <strong>la</strong> passion funeste<br />

et ïoreenée <strong>de</strong> Phèdre. Je crois respirer un air plus

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