23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

$m<br />

C0U1S DE UTTÉRATDUL<br />

Tu ïnfiifïiffiif» pins par d'injustei reprochai,<br />

Et que tes f alss se<strong>cours</strong> cessent <strong>de</strong> rappeler<br />

Us reste île chaleur tout prêt à l'exhaler.<br />

Bans €€ même instant on lui apporte <strong>la</strong> nouvelle<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Thésée ; cette nouvelle doit bientôt<br />

après se trouver fausse; mais alors elle est d'autant<br />

plus vraisemb<strong>la</strong>ble, qu'il est dit, dès les premiers<br />

vers <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce, qu'on ne sait <strong>de</strong>puis six mois ce<br />

que Thésée est <strong>de</strong>venu. Ce moyen est indiqué pr<br />

Sénèque; mais il est bien plus adroitement employé<br />

par Racine. Dans <strong>la</strong> pièce <strong>la</strong>tine, Thésée, dès le<br />

commencement, est supposé mort; ce qui fait<br />

•* qu'entre les remords <strong>de</strong> Phèdre et sa déc<strong>la</strong>ration<br />

d'amour il ne se passe rien qui doive <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ire <strong>de</strong><br />

l'un à l'antre. Bans <strong>la</strong> pièce française , an contraire,<br />

elle entre sur <strong>la</strong> scène, résolue à mourir.<br />

Soleil t je te tiens voir pour <strong>la</strong> <strong>de</strong>rnière fols.<br />

Etquand elle a tout dit à CEnone, elle renouvelle<br />

encore, comme on vient <strong>de</strong> le voir, <strong>la</strong> même résolution*<br />

11 fal<strong>la</strong>it donc un inci<strong>de</strong>nt qui changeât l'état<br />

<strong>de</strong>s choses, et rendit à <strong>la</strong> reine quelques motifs <strong>de</strong><br />

•ivre et d'espérer. Racine en a rassemblé <strong>de</strong> bien<br />

puissants dans le dis<strong>cours</strong> qu'il prête à CEnone,<br />

lorsqu'on apprend que Thésée est mort.<br />

Madame t Je cessais <strong>de</strong> YôSS presser <strong>de</strong> vivre;<br />

Déjà même an tombeau Je songeais à vous suivre.<br />

Poar vous en détourner Je n'avais plus <strong>de</strong> voix.<br />

Mais ce son?eau malheur vous prescrit d'astres Ma :<br />

Yotre fortune change, et prend une autre faes.<br />

Le roi n'est plue t madame ; il fout prendre sa p<strong>la</strong>ce.<br />

Sa mort voui <strong>la</strong>isse un fils à qui venu vous <strong>de</strong>vez ,<br />

Esc<strong>la</strong>ve, s'il vous perd, et roi, si YOUS vif ci.<br />

Sur qui, dans son malheur, voulez-vous qu'il suppute?<br />

Ses <strong>la</strong>rmes n'auront plus <strong>de</strong> main qui les essuie ; -<br />

El ses cris Innocents, portés Jusques aux dieux,<br />

Iront contre sa mère irriter ses aïeux.<br />

Hippolyt» pour vous <strong>de</strong>vient moins redoutable;<br />

Et vous pouvez le voir sans vous rendre coupable<br />

Peut-être, convaincu <strong>de</strong> votre aversion,<br />

li va donner uu chef à <strong>la</strong> sédition :<br />

Détrompez sou erreur, fléchisses son courage,<br />

loi <strong>de</strong> ces bords heureux, Trézëne est son partage ;<br />

Hais 11 sait que les Sols donnent à votre fils<br />

Les superbes remparts que Minerve a bàl<strong>la</strong>,<br />

' Tous avei Fou et l'autre une juste ennemie :<br />

Unissez-vous tous <strong>de</strong>ux pour combattre Ari<strong>de</strong>.<br />

PBÈnug. '<br />

Eh bien ! à tes conseils Je me <strong>la</strong>isse entraîner.<br />

Vivons, si vers <strong>la</strong> vie on peut me ramener,<br />

Et si ramour d'us ftls, es se moment funeste,<br />

De mes faibles esprits peut ranimer le reste.<br />

Cet inci<strong>de</strong>nt /ménagé avec art, termine parfaitement<br />

le premier acte. 11 engage Phèdre à vivre par<br />

le plus louable <strong>de</strong> tous les motifs, <strong>la</strong> tendresse ma*<br />

ternelle. 11 lui donne une raison p<strong>la</strong>usible pour voir<br />

Hippolyte; ce qu'elle ne pouvait pas faire convenablement<br />

après <strong>la</strong> manière dont elle venait <strong>de</strong> s'exprimer.<br />

Il donne au spectateur, comme à Phèdre,<br />

un intervalle <strong>de</strong> sou<strong>la</strong>gement et une lueur d'espé-<br />

rance. 11 amène <strong>la</strong> cléc<strong>la</strong>rtllôi, et en fournit es<br />

même temps l'excuse, lorsque Phèdre peut dire à<br />

Hippolyte :<br />

Que dis-je? cet aveu que Je te viens <strong>de</strong> faire,<br />

Cet aven si honteux, le crois-tu volontaire? i<br />

Tremb<strong>la</strong>nte pour uu 01s que je n'osais trahir,<br />

le te venais prier <strong>de</strong> ne le point haïr.<br />

Faibles projets d'un ceectr trop plein <strong>de</strong> ce cplî aJmel<br />

Mê<strong>la</strong>s I Je ne fa! pu parler que <strong>de</strong> toi-même.<br />

Enfin, cet inci<strong>de</strong>nt prépare use révolution terrible<br />

lorsque Phèdre apprendra le retour le Thésée.<br />

Combien 4e choses dans un moyen qui paraît si<br />

simple! Que <strong>de</strong> bienséances théâtrales réunies dans<br />

on seul fait! Telle est <strong>la</strong> science <strong>de</strong> l'intrigue : et,<br />

F on ne saurait trop le redire, elle n*a été approfondie<br />

que par les mo<strong>de</strong>rnes.<br />

Comparez à cette marche celle d'Euripi<strong>de</strong>. A peine<br />

<strong>la</strong> confi<strong>de</strong>nte a-t-dle appris le secret <strong>de</strong> Phèdre,<br />

qu'elle l'exhorte, sans aucune retenue, à se livrer à<br />

son penchant 9 à étouffer ses remords. La rase a<br />

beau repousser ses conseils avec horreur :<br />

» Cesse <strong>de</strong> m'empo<strong>la</strong>oïiser par tes horribles diteoars. »<br />

Elle répond :<br />

« Tout horribles qu'Us sont, ils valent mieux que votre<br />

farouche verts. »<br />

Elle lui propose un philtre qui apaise les foreurs <strong>de</strong><br />

Pamour, mais pour lequel il faut, ditrdle, un morceau<br />

<strong>de</strong>s habits d'ffippofytt; et Phèdre veut savoir<br />

si ce philtre est un signe extérieur ou un breuvage.<br />

La confi<strong>de</strong>nte <strong>de</strong>man<strong>de</strong> seulement qu'on <strong>la</strong> <strong>la</strong>isse<br />

faire, et va trouver Hippolyte. Avouons-le : il y a<br />

loin d'une pareille con<strong>du</strong>ite à Part <strong>de</strong> Racine.<br />

On lui a reproché (tantnous sommes plus sévères<br />

sur les bienséances que les anciens !) d'avoir fait<br />

dire à OËnone , dans <strong>la</strong> scène que je viens <strong>de</strong> citer :<br />

Yivei. Vous n'avei plus <strong>de</strong> reproche à vous faire;<br />

Voire f<strong>la</strong>mme <strong>de</strong>vient une iamme ordinaire :<br />

Thésée, en eipirani, vient <strong>de</strong> rompre les seetiii<br />

Qui faisaient tout Se crime et l'horreur <strong>de</strong> vos feux.<br />

Je conviens que c'est aller un peu loin, et que<br />

Pamour <strong>de</strong> Phèdre pour le ils <strong>de</strong> son mari est encore<br />

assez condamnable, même quand ce n'est plus un<br />

a<strong>du</strong>ltère. Mais il faut se souvenir qu'une esc<strong>la</strong>ve ,<br />

suivant les mœurs anciennes, n'est pas obligée d'être,<br />

dans ses sentiments, aussi scrupuleuse qu'une<br />

reine ; que celle-ci s'entre point dans <strong>la</strong> pensée <strong>de</strong><br />

sa confi<strong>de</strong>nte, et qu'elle ne paraît se rendre qu'à<br />

l'Intérêt d'un fils. Il est vrai qu'après avoir parlé à<br />

Hippolyte, elle s'abandonne plus ouvertement à sa<br />

passion, et cherche avec OEnone les moyens <strong>de</strong> le<br />

-fléchir; elle espère <strong>de</strong> le sé<strong>du</strong>ire par l'offre do<br />

sceptre d'Athènes. Il me semble que <strong>la</strong> nature et le<br />

théâtre <strong>de</strong>mandaient cette progression. D'abord I<br />

est sûr que, croyant son époux mort, elle doit voir

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!