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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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56§<br />

<strong>la</strong> passion. On dirait que, toutes les fois que Racine<br />

6e sert <strong>de</strong> ce qu'on autre a fait, c'est pour <strong>mont</strong>rer<br />

comment il fal<strong>la</strong>it faire.<br />

11 a fait usage <strong>de</strong> quelques autres traits <strong>de</strong> Sénèque<br />

: le plus remarquable est celui-ci :<br />

OENOKB.<br />

11 â pour tout le ieie une haine fi<strong>la</strong>it.<br />

le M me verrai point préféra? <strong>de</strong> rivale.<br />

CODES DE UTTÉMTU1E.<br />

Ce qui peut donner, en passant, une idée <strong>de</strong> <strong>la</strong> précision<br />

<strong>la</strong>tine : ces <strong>de</strong>ux fers sooltiae tra<strong>du</strong>ction d'un<br />

seul ?ers <strong>de</strong> Sénèque :<br />

€mm mmnê pmfm§iL — PeUidi earm meim.<br />

Une observation plus importante, c'est que ces<br />

<strong>de</strong>ux fers, qui ne sont dans Sénèque qu'un trait <strong>de</strong><br />

passion, sont dans Racine le germe d'une situation.<br />

Cette femme, qui attache un si grand prix à<br />

n'avoir point <strong>de</strong> rivale, dans quel état sera-t-elle<br />

lorsqu'un moment après die apprendra qu'elle en<br />

a une!<br />

J'ai indiqué à peu près tout ce que Racine levait<br />

ann anciens : il est temps <strong>de</strong> le suifre lui-même;<br />

et puisque f ai commencé à parler <strong>du</strong> rftle <strong>de</strong> Phèdre,<br />

continuons l'examen <strong>de</strong> ce rôle, qui d'ailleurs est<br />

prédominant dans <strong>la</strong> pièce, et à qui tout est subordonné.<br />

11 est regardé généralement par les connaisseursy<br />

et par Voltaire ? le premier <strong>de</strong> tous, comme le<br />

plus parfait <strong>du</strong> théâtre. En effet, il. réunit à lui<br />

seul, au plus haut <strong>de</strong>gré, tous les genres <strong>de</strong> beautés<br />

dramatiques, le feu <strong>de</strong> <strong>la</strong> passion, <strong>la</strong> profon<strong>de</strong>ur<br />

<strong>de</strong>s sentiments, le combat le plus terrible <strong>du</strong><br />

crime et <strong>du</strong> remords, -<strong>la</strong> morale <strong>la</strong> plus frappante,<br />

et, ce qu'il est rare <strong>de</strong>pouvqjr allier à tant <strong>de</strong> qualités,<br />

le plus grand éc<strong>la</strong>t <strong>de</strong> couleurs poétiques. U<br />

doit ce <strong>de</strong>rnier avantage aux accessoires si riches<br />

et si variés <strong>de</strong> <strong>la</strong> mythologie, dont ce sujet était susceptible.<br />

Mais si <strong>la</strong> palette était bril<strong>la</strong>nte, jamais<br />

Êgée<br />

Sous <strong>la</strong>s loti <strong>de</strong> l'hymen Je n'étais engagée,<br />

Mon repos, moi bonbettr semb<strong>la</strong>it être affermi,<br />

àasèsses me <strong>mont</strong>a mon superbe ennemi :<br />

le le vis, je rougit, Je palis à sa vue ;<br />

Un troHbte s¥teva dans mus âme éper<strong>du</strong>e<br />

Mes yens ae voyaient pitti, Je M pouvais parler;<br />

le sentis tout mm ©carpe et tressait et taaiem<br />

Voilà <strong>la</strong> peinture <strong>la</strong> plus fraie <strong>de</strong> toutes les trieurs<br />

<strong>de</strong> l'amour : raid ce que li Fable permettait<br />

d'y ajouter: * *<br />

le raeosims Tenus et «es feux redoutables.<br />

D'un sang qu'elle pourrait tourments Inévitables.<br />

Par <strong>de</strong>s voeux assi<strong>du</strong>s Je crus les détourner :<br />

le loi bâtis ae temple, et pris sa<strong>la</strong> <strong>de</strong> l'orner.<br />

De victimes , msl-même , à toute heure entourée v<br />

le cherchais dans leurs <strong>la</strong>aee ma ra<strong>la</strong>aa égarée.<br />

D'un Incurable amour remè<strong>de</strong>s impuissants!<br />

En vain sur les autels ma mais brû<strong>la</strong>it Peaceas :<br />

Quand ma bouche implorait le nom <strong>de</strong> <strong>la</strong> déaste,<br />

Fadorais Hippolyte ; et, le voyant sans cesse ,<br />

Même au pied <strong>de</strong>s autels que Je faisais fomer,<br />

r@lf tais teat à ce dieu qm Je n'osais aasajaee.<br />

La poésie a-t-elle jamais parlé as plus bsau <strong>la</strong>agage<br />

à rime jet à l'imagination ? Mans a?oas vu m<br />

même accord dans <strong>la</strong> iéeiarslloo <strong>de</strong> Phèdre; nom<br />

avons vu tout ce que le <strong>la</strong>byrinthe et Ariaae arafent<br />

fourni au poète. La Fable n'a pas moins embelli ca<br />

délire si intéressant <strong>de</strong> <strong>la</strong> première scène 9 al Phèdre<br />

mourante se rappelle tout ce que dans sa famille<br />

l'amour a fait <strong>de</strong> victimes. Mais c'est surtout dans<br />

le quatrième atte, quand <strong>la</strong> honte et <strong>la</strong> rage d'avoir<br />

une rivale <strong>la</strong> jettedaas le<strong>de</strong>rnierexeès<strong>du</strong> désespoir,<br />

c'est alors que notre poésie s'élève, sous <strong>la</strong> plume<br />

<strong>de</strong> Racine, à <strong>de</strong>s beautés vraiment sublimes » dont<br />

il n'existait aucun modèle chez les anciens ni chez<br />

les mo<strong>de</strong>rnes, et au <strong>de</strong>là <strong>de</strong>squelles on no atuf MI<br />

rien.<br />

. Misérable! etje va, 4Je soutiens <strong>la</strong> va*,<br />

De ce sacré soleil dont Je suis <strong>de</strong>scen<strong>du</strong>e 1<br />

J'ai pour aïeul le père et le maître <strong>de</strong>s dieux ;<br />

Le ciel, tout l'univers est plein <strong>de</strong> mes aïeux.<br />

Où me cacher? Fuyons dans Sa suit infernale ;<br />

Mais que dls-Jel mou père y lleat Panse fatale.<br />

Le sort f diî-on t fa mtse eu ses sévères mains;<br />

Mises Juge eai aafees tons les pales aaeseiea*<br />

âa ! combien frémira SOQ ombre épouvantée,<br />

Lorsqu'il verra sa tille, à ses yeux présentée,<br />

Contrainte d'avouer tant <strong>de</strong> forfaits divers,<br />

Et <strong>de</strong>s crimes peut-être <strong>la</strong>eaeaaii aux enfers I<br />

Que diras-ta, mon père, à ce spectacle horrible?<br />

le crois voir <strong>de</strong> ta mais tomber l'une terrible;<br />

le crois te voir, cherchant no supplice nouveau t<br />

Toi-même <strong>de</strong> ton sang <strong>de</strong>venir le bourreau.<br />

Pardonne : un dieu cruel a perds ta famille;<br />

Reconnais sa vengeance aux fureurs <strong>de</strong> ta «le»<br />

Hé<strong>la</strong>s ! <strong>du</strong> crime affreux <strong>de</strong>nt <strong>la</strong> honte me suit,<br />

Jamais mon triste ceear n'a recaeili le fruit :<br />

Jusqu'au <strong>de</strong>rnier soupir <strong>de</strong> malheurs poursuivie.<br />

Je rends dans les tourments une pénible vie.<br />

Je ne connais rien dass aucune <strong>la</strong>ngue au-<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong> ce morceau : il étincelle <strong>de</strong> traits <strong>de</strong> <strong>la</strong> première<br />

force. Quelle foule <strong>de</strong> sentiments et d'images! quelle<br />

profon<strong>de</strong> douleur dans les uns! quelle pompe à <strong>la</strong><br />

fois magnifique et effrayante dans les autres ! et quel<br />

coup <strong>de</strong> fart, quel bonheur <strong>du</strong> génie, d'avoir pu les<br />

réunir ! L'imagination <strong>de</strong> Phèdre, con<strong>du</strong>ite par celte<br />

<strong>du</strong> poète t embrasse le ciel, <strong>la</strong> terre et les enfers. La<br />

terreiui présente tous ses crimes et ceux <strong>de</strong> sa famille;<br />

le ciel, <strong>de</strong>s aïeux qui <strong>la</strong> font rougir ; les enfers, <strong>de</strong>s<br />

jug0s qui <strong>la</strong> menacent : les enfers, qui atten<strong>de</strong>nt<br />

<strong>la</strong>s autres criminels, repoussent <strong>la</strong> malheursuse<br />

Phèdre. Et quelle inimitable harmonie dans les tari 1

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