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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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l'Innocent Hippolyte, plutôt que sur <strong>la</strong> malheureuse<br />

passion <strong>de</strong> Phèdre;.et l'exécution parait conforme<br />

â ce <strong>de</strong>ssein. Chez tous les <strong>de</strong>ux, Phèdre est à peu<br />

prêt également odieuse f et si l'un al l'autre n'a<br />

songé à rendre sa con<strong>du</strong>ite excusable, ni à faire<br />

p<strong>la</strong>indre sa faiblesse. C'est doue à loi seul que Racine<br />

doit cette idée si heureuse et si dramatique, <strong>de</strong><br />

faire naître d'une passion coupable un grand intérêt;<br />

et cette idée seule, quand il n'aurait pas tant<br />

d'autres afaatâgaa» suffirait pour l'élever bien au<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>de</strong>s <strong>de</strong>ux anciens. La marche <strong>de</strong> sa pièce se<br />

rapproche plus <strong>de</strong> Sénèque que <strong>de</strong> celle d'Euripi<strong>de</strong>.<br />

Cest d'après 1® poète <strong>la</strong>tin qu'il a conçu <strong>la</strong> scène où<br />

Phèdre déc<strong>la</strong>re son amour à Hippolyte, au lieu que<br />

dans Euripi<strong>de</strong> c'est 1a nourrice qui se charge <strong>de</strong> parler<br />

pour <strong>la</strong> reine. Sénèque eut donc le mérite d'éviter<br />

un défaut <strong>de</strong> bienséance, et <strong>de</strong> risquer une scène<br />

très-délicate à manier; et Racine l'a salfl dans ces<br />

<strong>de</strong>ui points. îl lui doit aussi <strong>la</strong> supposition que Thésée<br />

est <strong>de</strong>scen<strong>du</strong> aux enfers pour servir Pirithoûs,<br />

et qu'-il n'eu doit pas retenir; et l'idée <strong>de</strong> faire servir<br />

féaéa d f Hippolyte, restée entre les aiaias <strong>de</strong><br />

Phèdre,<strong>de</strong> témoignage contre lui; idée admirable,<br />

et bien heureusement substituée à <strong>la</strong> lettre calomnieuse<br />

imaginée par Euripi<strong>de</strong>. C'est aussi à l'exemple<br />

<strong>de</strong> Sénèque que Racine amène Phèdre à <strong>la</strong> lu<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce pour confesser son crime v et attester l'innocence<br />

d'Hippolyte en se donnant <strong>la</strong> mort. Enfin<br />

(et ce n'est pas <strong>la</strong> moindre gloire <strong>de</strong> Sénèque) il a<br />

fourni à Racine cette fomeuse déc<strong>la</strong>ration, un <strong>de</strong>s<br />

plus beaui morceaux <strong>de</strong> <strong>la</strong> Phèdre française. Voici<br />

<strong>la</strong> tra<strong>du</strong>ction littérale <strong>du</strong> <strong>la</strong>tin, qui fera voir ce que<br />

Racine a emprunté <strong>de</strong> Sénèque, et ce qu'il a su y<br />

ajouter. Phèdre se p<strong>la</strong>int d'un feu secret qui <strong>la</strong> dévore.<br />

Hippolyte lui dit :<br />

SIÈCLE DE LOUIS XI?. — POÉSIE.<br />

« Je le vois bien : votre amour pour Thésée tous tour-mente<br />

et vous égare, »<br />

' raàsBi.<br />

m Oui, Hippolyte, 11 est vrai v j'aime Thésée, tel qu'il<br />

était dans les Jours <strong>de</strong> soi printemps, lorsqu'un léger <strong>du</strong>vet<br />

œuvrait à peine ses joues, lorsqu'il vint attaquer Se<br />

monstre <strong>de</strong> Crète dans les détours dû <strong>la</strong>byrinthe , et qn f uu<br />

il lui servait <strong>de</strong> guidé. Quel était alors son éc<strong>la</strong>t 1 Je vois<br />

encore ses cheveux renoues, son teint bril<strong>la</strong>nt ds céleris<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> jeunesse et <strong>de</strong> Sa pu<strong>de</strong>ur, ce mé<strong>la</strong>nge <strong>de</strong> force et <strong>de</strong><br />

beauté. 11 avait le visage <strong>de</strong> cette Diane que vous adores ,<br />

• on <strong>du</strong> Soleil, mon aïeul ; ou plutôt il avait votre air. C'est<br />

h vous, oui, à vous qu'il 'ressemb<strong>la</strong>it quand il charma <strong>la</strong><br />

fille <strong>de</strong> sou ennemi. C'est ainsi qu'il portait sa tête; mais<br />

sa grâce uégîigée brille encore plus dans son fils. Votre<br />

père respire tout entier en vous, et vous tenei <strong>de</strong> votre<br />

mère fkmmmm je ne sais quoi d'un peu farouche qui mêle<br />

<strong>de</strong>s grâces sra?ages à <strong>la</strong> beauté d'en visap pse. Ah! si<br />

fous frrsfes venu dans k Crète, c'est à vont que ma<br />

•teur aurait écume Se il secourante, etc. »<br />

Ici <strong>la</strong>it ee que Racine a imité. QoatM vers après,<br />

Phàire parle sans ambiguïté, et se jette atii genou<br />

d'Hippolyte. On va voir combien Racine a perfectionné<br />

ce morceau en limitant, et les changements<br />

qu'il a cru y <strong>de</strong>voir faire d'après les convenances<br />

différentes <strong>du</strong> théâtre d'Athènes et <strong>du</strong> nôtre.<br />

•moun.<br />

le vois <strong>de</strong> votre amour reflet prodigieux ;<br />

Tout mort ipll est, Thésée est présent à vos jfVf<br />

Toujours <strong>de</strong> sou amour voire âme est embrasée.<br />

MêME.<br />

Oui, p1a«t Je iaepui, Je lirale pour Thésée. . à<br />

le Faillie, nos point tel que fout vu les enfers «<br />

¥ otage adorateur <strong>de</strong> mille objets divers,,<br />

Qui va <strong>du</strong> dieu <strong>de</strong>s morts déshonorer <strong>la</strong> eouche....<br />

Elle commence par <strong>mont</strong>rer sous on jour odiem<br />

les infidélités <strong>de</strong> Thésée : c'est une excusa indirecte<br />

<strong>de</strong> sa faute. Ce tour adroit n'est point <strong>de</strong> Sénèque.<br />

Mais Mète, osais fier, et même on peu farouche,<br />

Charmant, Jeune, traînant tous les cœurs après soi;<br />

Tel qu'on dépeint oosdieux, on tel que Je Tom vol.<br />

1! avait votre port, vos y roi, votre <strong>la</strong>ngage;<br />

Celte noble pu<strong>de</strong>ur colorait son visage 9<br />

lorsque <strong>de</strong> notre Crète 11 traversa les flota.<br />

* Digne sujet <strong>de</strong>s Yonu <strong>de</strong>s Elles <strong>de</strong> MMot.<br />

H y a ici beaucoup moins <strong>de</strong> détails que dans Sénèque<br />

sur <strong>la</strong> beauté d'Hippolyte : Os auraient été<br />

beaucoup moins bien p<strong>la</strong>cés pour nous, qui ne rendons<br />

pas à <strong>la</strong> beauté, dans les <strong>de</strong>ux sexes, un culte<br />

aussi déc<strong>la</strong>ré et aussi général que les Grecs et les<br />

Latins. Phèdre 9 dans Sénèque, dosée plus <strong>de</strong> louanges<br />

h <strong>la</strong> beauté d'Hippolyte, et, dans Racine, elle a<br />

pi il s <strong>de</strong> mouvements passionnés. Les rers qui sui-<br />

?€rït ne sont point dans le <strong>la</strong>tin :<br />

Que fatsta-vous alors? Pourquoi, sans Hippolyte,<br />

Des héros <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce assemb<strong>la</strong>-t-ll l'élite?<br />

Pourquoi, trop jeûna encor, ne pûtes-vous alors<br />

Entrer dans Se vaisseau qui le mit sur oos tais?<br />

Par vous aurait péri le monstre <strong>de</strong> <strong>la</strong> Crète,<br />

Malgré tous les détours <strong>de</strong> sa vaste retraite ;<br />

Pour en développer rembarras Incertain t<br />

Ma sœur <strong>du</strong> 111 fatal eût armé votre main.<br />

Tout ce qui suit est entièrement <strong>de</strong> Radar f et<br />

c'est ïel qu'il enchérit le plus sur son modèle :<br />

Mais BOB , dans ce <strong>de</strong>ssein Je l'aurais <strong>de</strong>vancée ;<br />

L'amour m'en eût efabord inspiré <strong>la</strong> pensée.<br />

Gm% moi t prises, c'est moi dont futile se<strong>cours</strong><br />

Vous eût <strong>du</strong> <strong>la</strong>byrinthe enseigné les détours.<br />

Que <strong>de</strong> soins m'eût coûtés cette tète étonnante I<br />

Un il n'eût point asse* rassuré votre amante :<br />

Compagne <strong>du</strong> péril qu'il vous fal<strong>la</strong>it cherchée,<br />

Moi-même <strong>de</strong>vant vous j'aurais voulu marcher;<br />

Et Phèdre, au <strong>la</strong>byrinthe avec vous <strong>de</strong>scen<strong>du</strong>e,<br />

Se serait avec vous retrouvée ou per<strong>du</strong>e.<br />

Elle ne initias ici, comme dans Sénèque, par<br />

un aveu formel <strong>de</strong> son amour, et par un mouy»»<br />

mest qui en est <strong>la</strong> plustunulliaste «pression. L'égarement<br />

est porté à son comble f et son secret t qw<br />

lui échappe, n'est que le <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>gré<strong>du</strong> délire <strong>de</strong>

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