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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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41 ! nalhwfetix âreai ! te m'as trahi !<br />

elle se hâte <strong>de</strong> lui dire9<br />

«<br />

Mon père.<br />

Cessai <strong>de</strong> vcras troubler, vous s'éles point trahi : •<br />

* Qiund vota eonnaaiidêRs, TOQI ferez obéi.<br />

Et le reste, comme ou fient <strong>de</strong> l'entendre. Il me<br />

paraît très-naturel qu'Iphigéoie , qui connaît toute<br />

<strong>la</strong> violence <strong>de</strong> Ctytemnestre, et quî-eo a déjà été<br />

témoin <strong>de</strong>vant Achille, qui même a eu soin <strong>de</strong> dire<br />

à son amant ,<br />

Os ne connaît que trop <strong>la</strong> fierté <strong>de</strong>s Atri<strong>de</strong>s :<br />

Laisseï parler, seigneur, <strong>de</strong>s bouches plus timi<strong>de</strong>s,<br />

se hâte <strong>de</strong> prévenir les emportements <strong>de</strong> sa mère,<br />

et d'essayer ce que peuvent sur Agmemnon <strong>la</strong> pitié<br />

et <strong>la</strong> nature. D'un autre celé, il n'est pas moins<br />

vraisemb<strong>la</strong>ble que Clyteoinestre, qui a eu le temps<br />

<strong>de</strong> revenir <strong>de</strong> ses premiers transports; se contienne<br />

encore jusqu'au moment où elle aura enten<strong>du</strong>, <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> bouche même <strong>de</strong> son époux, ce qu'en effet elle<br />

ne doit croire entièrement que lorsqu'il l'aura<br />

lui-même avoué. Après qu'îphigénie a parlé, Clyteoinestre<br />

doit d'autant plus attendre <strong>la</strong> réponse<br />

d'Agamemnon, qu'elle a tout lieu d'espérer qu'il<br />

n'aura pu résister aux pleurs <strong>de</strong> sa fille. 11 s'explique<br />

cependant <strong>de</strong> manière à ne <strong>la</strong>isser aucune espérance.<br />

C'est alors que Forage commence, et avec d'autant<br />

plus d'effet que le spectateur fa vu s'amasser dans<br />

le cœur <strong>de</strong> Clytemnestre pendant qu'Agaraemnoo<br />

par<strong>la</strong>it, et qu'elle ne se livre à toute sa fureur qu'après<br />

qu'elle a per<strong>du</strong> tout espoir. Aussi perd-elle<br />

en même temps tout ménagement, et luit par se<br />

jeter sur sa fille comme une forcenée, et l'entraîne<br />

avec elle hors <strong>du</strong> théâtre. Cette marche me paraît<br />

en tout celle <strong>de</strong> <strong>la</strong> nature : on y observe ce progrès<br />

si essentiel à l'effet théâtral, et qui manque à <strong>la</strong><br />

scène d'Euripi<strong>de</strong>; et non-seulement je n'y trouve<br />

rien à reprendre, mais je n'y vois rien qu'on ne<br />

doive admirer.<br />

Ensuite je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> aux critiques où ils auraient<br />

foulu p<strong>la</strong>cer ce dialogue coupé, qui leur semble<br />

préférable, et comment il pouvait trouver p<strong>la</strong>ce<br />

dans une pareille situation. Prétendre que tout l'art<br />

<strong>du</strong> dialogue consiste dans un conflit <strong>de</strong> reparties<br />

rapi<strong>de</strong>ment multipliées, c v est une gran<strong>de</strong> erreur. Il<br />

doit toujours être conforme à <strong>la</strong> situation; et dès que<br />

ce rapport existe $ toutes les formes qu'il prend sont<br />

également bonnes.<br />

« Hait trois grands couplets qui forment une scène f<br />

c'est bien long, et ce<strong>la</strong> ressemble à trois iwBgiies qui<br />

se stieèéeisf, »<br />

disent les critiques qui se patent <strong>de</strong> mots, et qui<br />

s'imaginent qu'il ne pept y avoir <strong>de</strong> chaleur que<br />

dans les traits et dans les saillies? Je réponds : Il y<br />

SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

549<br />

a tel moment où un couplet <strong>de</strong> quatre vers est long,<br />

parce qu'il est inutile, et tel moment où soixante,<br />

quatre-vingts, cent vers, ne sont point une longueur,<br />

parce qu'il n'y a rien <strong>de</strong> trop. Dans les scènes<br />

<strong>de</strong> brava<strong>de</strong> ou <strong>de</strong> passion, dans une crise pressante<br />

et instantanée, le dialogue doit être vif et coupé.<br />

Voyez <strong>la</strong> scène <strong>de</strong> ÏCéron et <strong>de</strong> BHtaonicus, quand<br />

ils se bravent tous tes <strong>de</strong>ux ; celle d'Agamemnon et<br />

d'Achille, dont je parlerai tout à l'heure; elles sont<br />

<strong>de</strong> ce genre : alors Pexplosion est continuelle. Mais<br />

quand il y a <strong>de</strong>s combats intérieurs, quand il en<br />

coûte <strong>de</strong> parler ou <strong>de</strong> répondre, quand ce qui s'offre<br />

à dire ne peut s'appuyer que sur une suite d'idées<br />

liées entre elles, quand celui qui parle est tellement<br />

animé qu'il est comme impossible <strong>de</strong> l'interrompre,<br />

alors chacun ne doit parler que pour tout dire ; et<br />

tous ces cas différents se trouvent dans fa scène<br />

'dont il s'agit. D'abord, Agamemnon est dans Pétat<br />

le plus violent et le plus pénible : on vient lui reprocher<br />

<strong>de</strong> faire ce qu'il ne fait que malgré lui : il<br />

est comme surpris par sa fille et par sa femme, qui<br />

viennent lui livrer un assaut imprévu. Dira-t-on<br />

qu'il soit fort pressé d'interrompre les prières et les<br />

I armes d'Iphigénie ? Ce<strong>la</strong> ne peut même se supposer.<br />

II souffre; et il lui faut <strong>du</strong> temps pour recueillir<br />

toutes ses forces et rassembler toutes ses raisons.<br />

Il Pécoute donc et doit l'écouter. Quand il parle à<br />

son tour, est-ce If ingénie qui lui coupera <strong>la</strong> parole?<br />

Elle a dit ce qu'elle <strong>de</strong>vait dire : s'il est inflexible,<br />

elle est résignée. Ira-t-elle lutter <strong>de</strong> reparties contre<br />

lui? Rien ne serait plus opposé à <strong>la</strong> décence et au<br />

caractère noble que le poète lui donne. Mais Clytemnestre<br />

, dira-t-oo f comment n'éc<strong>la</strong>te»t-elle pas<br />

d'abord ? Elle feit bien plus : elle se contient quelque<br />

temps; elle a Pair <strong>de</strong>'se dire à elle-même :<br />

Voyons comment un père trouvera <strong>de</strong>s raisons<br />

pour immoler sa fille. A mesure qu'elle Pécoute,<br />

<strong>la</strong> rage <strong>la</strong> suffoque; elle a besoin <strong>de</strong> rappeler tout<br />

ce qu'elle a <strong>de</strong> force; et le poète Pa si bien senti,<br />

qu'elle commence par quatre ¥ers pleins d'une fureur<br />

sour<strong>de</strong> et interne, pleins d'une ironie amère<br />

et sang<strong>la</strong>nte.<br />

Tous ne démentez notai mm race funeste;<br />

Oui, wes êtes Se sang d'Atrée et <strong>de</strong> Th jette :<br />

Bourreau <strong>de</strong> votw tille , tl ne wons reste enf<strong>la</strong><br />

Que d'en faire à sa mère nn horrible fest<strong>la</strong>.<br />

Barbare, etc.<br />

Sou<strong>la</strong>gée par cette première éruption, c'est alors<br />

que cette âme, tourmentée et embrasée comme un<br />

volcan, répand <strong>de</strong>s torrents <strong>de</strong> reproches, d'in-<br />

¥ectives, <strong>de</strong> douleurs, <strong>de</strong> fureurs; et c'est ici, plus<br />

que jamais, que je <strong>de</strong>man<strong>de</strong> à tous ceux qui l'ont<br />

enten<strong>du</strong>e, s'ils imaginent quelque moyen humais<br />

<strong>de</strong> l'interrompre ou <strong>de</strong> l'arrêter, à. moins <strong>de</strong> <strong>la</strong> tuer

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