23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

sujet d'une tout autre importance f et dans une<br />

pièce où tous les personnage» périssent, eicepté<br />

Aeomat. Ce n'est pas par <strong>de</strong>s idylles qu'il fiant amener<br />

<strong>de</strong>s meurtres; et Ton ne peut nier qu'en général<br />

les dis<strong>cours</strong> <strong>de</strong> Bajaiet et d'Atali<strong>de</strong> ne soient<br />

plus faits pour l'idylle que pour <strong>la</strong> tragédie. Mais,<br />

je le répète, celle-ci est <strong>la</strong> seule <strong>de</strong> Racine où l'amour<br />

ait un <strong>la</strong>ngage au-<strong>de</strong>ssous <strong>de</strong> <strong>la</strong> dignité <strong>du</strong><br />

genre, et <strong>la</strong> seule dont le p<strong>la</strong>n soit vi<strong>de</strong>ra.<br />

Le cinquième acte doit s'en ressentir : c'est une<br />

complication <strong>de</strong> meurtres qui ne pu?cal guère nous<br />

toucher. Roiane f égorgée par ordre d'Àmurat, reçoit<br />

le prix que mérite son infidélité et son ingratitu<strong>de</strong><br />

; et pour <strong>la</strong>jaial et Atali<strong>de</strong>, on sent trop qu'ils<br />

périssent parce qu'ils l'ont ?oulo.<br />

Tontes ees fautes prou?ent que, dans un art aussi<br />

difficile que celui <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie, l'esprit le plus judicieux<br />

et le gbût le plus éc<strong>la</strong>iré peuvent quelquefois<br />

se tromper. Mais puisque Bqjw&d est resté au<br />

théâtre, c'est une preuve aussi que, même eu se<br />

trompant, l'homme supérieur peut trouver dans<br />

sou talent les moyens <strong>de</strong> se faire pardouuer ses fautes,<br />

et cent ans <strong>de</strong> succès déci<strong>de</strong>nt, en fâfear <strong>de</strong><br />

Mqjmei, que ks beautés l'emportent sur les défauts.<br />

Aoomat et Roxane font excuser tout le reste. L'intrigue,<br />

quoique menée par <strong>de</strong> trop faibles ressorts,<br />

est cependant con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong> manière à soutenir <strong>la</strong> curiosité<br />

et à faire naître quelquefois <strong>de</strong> <strong>la</strong> terreur. Il<br />

y a <strong>de</strong>ux scènes qui pro<strong>du</strong>isent cet effet : celle <strong>du</strong><br />

cinquième acte dont j'ai déjà parlé, où Roxane finit<br />

par enfoyer Bajazet à <strong>la</strong> mort; et celle <strong>du</strong> quatrième,<br />

où elle essaye d'intimi<strong>de</strong>r Atali<strong>de</strong> pour arracher<br />

son secret.<br />

Madame, f ai reçu <strong>de</strong>s lettres <strong>de</strong> ramée.<br />

' Be tout eeqiils^ passe ête^vousMonaée?<br />

Le premier ?ers fat re<strong>la</strong>té par les critiques, comme<br />

étant <strong>de</strong> <strong>la</strong> conversation familière : <strong>la</strong> situation le<br />

rend admirable. Des lettres <strong>de</strong> l'armée, dans les<br />

circonstances où l'on est, ne peuvent apporter qu'un<br />

arrêt <strong>de</strong> mort contre Bajazet. Ce seul mot doit épouvanter<br />

Atali<strong>de</strong>; et quand l'expression n'a rien d'ignoble<br />

en elle-même, c'est un mérite vraiment<br />

dramatique <strong>de</strong> faire trembler avec les mots les plus<br />

ordinaires, et qui, partout ailleurs, seraient <strong>la</strong><br />

chose <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> <strong>la</strong> plus simple. Le même mérite se<br />

retrouve dans ces mots <strong>de</strong> Monime à Mithridate,<br />

admirés par Yoltake :<br />

ieSgiMsr, von change* <strong>de</strong> visaaje,!<br />

Ms sont aussi familiers, et le moment où on les dit<br />

les rend terribles. C'est ainsi que <strong>la</strong> haine aveugle<br />

ou <strong>de</strong> mauvaise foi s'attaque souvent à ce qu'il y a<br />

<strong>de</strong> plus louable, et par <strong>de</strong>s critiques spécieuses en<br />

impose i <strong>la</strong> multitu<strong>de</strong>, jusqu'à ce .que les eoonais-<br />

&S3<br />

seurs aient parié. Continuons cette scène, dont le<br />

dialogue a autant d'art que <strong>de</strong> simplicité.<br />

ÂTMJBB.<br />

Os n'a dit que <strong>du</strong> camp un esc<strong>la</strong>ve est veau :<br />

Le reste est tm secret fui ne m'est pas céans.<br />

BOXAMv<br />

ancrât est heureux.; <strong>la</strong> fortune eat changée g<br />

Madame, et mw ses lois Babyloue est rangée.<br />

ATAUM.<br />

Hé quoi ! madame t Qsmln...<br />

EOXAHE,<br />

Était mal nwrft;<br />

Et. <strong>de</strong>puis M» départ cet esc<strong>la</strong>ve est parti.<br />

Ces est fait<br />

âTâUDEjé psrl.<br />

Quel revers!<br />

ttOIAME.<br />

Pour comble <strong>de</strong> disgrâces s<br />

Le sultan qui ftatMf est pari sur ses traces.<br />

ATALIDB.<br />

Quoi ! les Persans aimés ne Furètent doue pas?<br />

•0XARB.<br />

Hou, madame, vers nous tt retient agrandi pas.<br />

ATAIJDE.<br />

Que Je vous p<strong>la</strong>ins', madame 1 et qull est nécessaire<br />

- D'actefer promptement ee que TOUS ¥©ultei faire 1<br />

BOIAHR. '•<br />

11 est taid <strong>de</strong> vouloir s'opposer an vainqueur.<br />

ATAUBM, à pari,<br />

OcM!<br />

Le temp s'a point adouci sa rigueur :<br />

Voua vofjai ^ &m mm ms ^ m sa volonté suprême.<br />

ATAUM.<br />

Et que TOUS msMe-t-ii?<br />

HOIAHB.<br />

Toyef t Useï vous-même,<br />

•mis eomnisseï, madame t et là lettié.ef le seing?<br />

ATAUM.<br />

Bu cruel Amurat Je reconnais <strong>la</strong> main.<br />

(Bit* Ht.)<br />

m Avant que Babytose éprouvât ma putaanœ,<br />

« le ¥®ns al fait porter mes ordres absolus :<br />

« le ne veux point douter <strong>de</strong> votre osélssanee,<br />

« Et crois que maintenant Bajaiet ne vit plus. '<br />

*« le <strong>la</strong>isse sons mes lois Babytone aasertle,<br />

« Et confirme en partant mon ordre souverain.<br />

« Tons t si vous ave* sols <strong>de</strong> ¥otre propre vie.<br />

« Ne TOUS mostrex à mot que sa tête à <strong>la</strong> mais. »<br />

BOXAMB.<br />

Hébient<br />

ATAUOT, il part.<br />

Cache tes pleurs, mawenreiise Atali<strong>de</strong>!<br />

BOXAIIB.<br />

Que ¥oos semble?<br />

ATAUM.<br />

•> ' Il poursuit soh <strong>de</strong>isels parrici<strong>de</strong>.<br />

Mais fl pense proserlre un prince sans appui :<br />

11 ne sait pas l'amour qui vous parle pour lut ;<br />

Que TOUS et Bajaset ¥Ous ne faites qu'use âme ;<br />

Que plutôt s sH le faut, ¥ous mourret,..<br />

lOXAMB.<br />

Mol, madame!<br />

le mmêmw le sauver; Je ne le puis haïr.<br />

ÂTMJSB.<br />

Quoi dose? qa*avea>voiia résolu?<br />

D'obéir f<br />

B0XAMB.<br />

Et quafttra dans m pérU extrême?<br />

nkfaul „ *<br />

IFobélr.

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!