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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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S28<br />

Emporter apraa loi tout tel cœurs <strong>de</strong>s soldats,<br />

Et goûter, tout sang<strong>la</strong>nt, te p<strong>la</strong>isir et <strong>la</strong> gloire<br />

Que donne aux jeunes écran <strong>la</strong> première victoire.<br />

COtîES DE LITTÉEATDRE.<br />

Il fal<strong>la</strong>it disposer le spectateur en faveur <strong>de</strong> Bajaiety<br />

<strong>de</strong>stiné, dans le p<strong>la</strong>n <strong>de</strong>là pièce, à ne jouer qu'un<br />

rêie purement passif. Ce qu'on en dit ici commence<br />

à intéresser pour lui ; et dans <strong>la</strong> suite on le verra sans<br />

cesse ne <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r que <strong>de</strong>s armes et les moyens <strong>de</strong><br />

s'en servir. Sous ce rapport, le rôle <strong>de</strong> <strong>la</strong>jazet est<br />

tout ce qu'il <strong>de</strong>vait être.<br />

Hais, malgré ses soupçons 1 , le cruel Amnrmt$<br />

Avant qu'un Ha naissant eût rassuré FÉtat,<br />

n'osait sacrlier ce frère à M vengeance,<br />

M dm sang ottoman proscrire l'espérance.<br />

Alliai doue, pour un tempe, Amurat désarmé<br />

Laissa dâia te séraU Bajazet enfermé.<br />

Il partit, et voulut que9 idète à sa hainef<br />

Et <strong>de</strong>s Jours <strong>de</strong> son frère arbitre souveraine ,<br />

Roxane, as moindre bruitt et sans antrei raisona,<br />

Le fil sacrifier à ses mefei.rea seupcons.<br />

Acomat met ici le spectateur dans le secret <strong>de</strong> <strong>la</strong> '<br />

politique sanguinaire <strong>de</strong>s sultans, et <strong>de</strong>s raisons qui<br />

ont arrêté quelque temps <strong>la</strong> cruauté jalouse #d 9 Amurat.<br />

On <strong>de</strong>vine aussi, ce que <strong>la</strong> suite <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce<br />

coeirmera, qu'il a été averti <strong>de</strong>s complots qui se<br />

tramaient dans le sérail. L ? ordra qu'il avait envoyé<br />

<strong>de</strong> faire périr Bajazet en est une preuve, et quand<br />

on verra fioxane elle-même tuée par Orcan, Ton<br />

concevra sans "étonnement que le sultan a été instruit<br />

<strong>de</strong> son infidélité. Tous les ressorts <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce<br />

sont dans cette première scène.<br />

Pour moi , <strong>de</strong>meuré seul f use Juste colère<br />

Tourna bientôt mes vœux <strong>du</strong> coté <strong>de</strong> sou frère.<br />

Feoiretloa <strong>la</strong> sultane , et, cachas t mon <strong>de</strong>ssds,<br />

Lui <strong>mont</strong>rai d'Amurat le retour Incertain 9<br />

Les murmura <strong>du</strong> camp, <strong>la</strong> fortune <strong>de</strong>s armât,<br />

le p<strong>la</strong>ignis Bajazet ; Je lui vantai ses charmes,<br />

Qui t par un sois jaloux, dans l'ombre retenus,<br />

81 voisins <strong>de</strong> ses yeux, leur étaient ineonnuf.<br />

Que te dlral-je enfin t <strong>la</strong> sultane éper<strong>du</strong>e<br />

fTaat plus d'autre désir que celui <strong>de</strong> sa vue.<br />

Sa ekarmm : cette expression est remarquable.<br />

Partout ailleurs que dans cette pièce, Racine ne<br />

s'en serait pas servi ; et je n f en connais même aucun<br />

autre exemple, si ce s'est dans <strong>la</strong> Fable. On dit bien<br />

d'un homme qu'il est charmant, mais on ne parle<br />

guère <strong>de</strong> ses charme* : c'est une espression que<br />

notre <strong>la</strong>ngue a réservée pour lés femmes, tant les<br />

nuances <strong>du</strong> <strong>la</strong>ngage tiennent aux moeurs. Celles <strong>du</strong><br />

sérail autorisent l'expression <strong>de</strong> Racine : on sentira<br />

aisément, sans que j'en dise les raisons, qu'on peut<br />

parler <strong>de</strong>s charmée d'un homme dans un pays oà<br />

les femmes sont esc<strong>la</strong>ves et renfermées.<br />

Mais pouvatait-Ut tromper tant <strong>de</strong> Jaloux regards.<br />

Qui reamtftemt mettre entre eux dlsfisdbles remparts?<br />

ACOMAT.<br />

Feat4tie i ta mv<strong>la</strong>it qu'un récit peu idèli<br />

De k mort if Amurat It cottrif <strong>la</strong> nouvelle.<br />

La sultane, à ce bruM ! , feignant <strong>de</strong> s'effrayer,<br />

Par <strong>de</strong>s cria douloureux eut soin <strong>de</strong> l'appuyer.<br />

Sur <strong>la</strong> foi <strong>de</strong> ses pleurs, ses esc<strong>la</strong>ves tremblèrent ;<br />

De l'heureux Bajazet les gar<strong>de</strong>s se troublèrent ;<br />

Et les dons achevant d'ébranler leur <strong>de</strong>voir.<br />

Leurs captifs, dans ce trouble, osèrent s'entrevoir.<br />

A?ec quelle mesure et quel choii d'expressions<br />

fauteur a ren<strong>du</strong> ces détails si difficiles et si nécessaires<br />

pour'fon<strong>de</strong>r les liaisons <strong>de</strong> Bajazet et cte<br />

Roxane dans une <strong>de</strong>meure où il ne défait pas leur<br />

être possible <strong>de</strong> communiquer ensemble 1 Tout est<br />

motivé, tout est vraisemb<strong>la</strong>ble. Mais combien il fol<strong>la</strong>it<br />

d'art et d'Invention pour arranger si hjen toutes<br />

ces circonstances qu'il ne reste pas une objection i<br />

faire! La multitu<strong>de</strong> ne'se rend pas ordinairement<br />

si difficile sur tous ces moyens <strong>de</strong> l'avant-scène ; elle<br />

reçoit sans peine tout ce qu'on lui présente 9 et le<br />

vulgaire <strong>de</strong>s auteurs ne manque pas d'en profiter.<br />

Mais celui qui volt plus loin que le moment présent,<br />

et qui travaille pour les connaisseurs et <strong>la</strong> postérité,<br />

ne néglige pas l'espèce <strong>de</strong> mérite qui est <strong>la</strong><br />

moins sentie; et quand le temps <strong>de</strong> <strong>la</strong> justice est<br />

arrivé} ce soin9 qui n'appartient qu'au vrai talent,<br />

fait un poids dans <strong>la</strong> ba<strong>la</strong>nce.<br />

Roxane vit le prisée ; elle se put lui taire<br />

L'ordre dont elle seule était dépositaire * -<br />

Bajazet est aimable : il vit que sou salut<br />

Dépendait <strong>de</strong> lui p<strong>la</strong>ire, et bientôt il lui plut<br />

Tout conspirait pour lui : ses soins, sa œmp<strong>la</strong>aaarjce 9<br />

€e secret découvert t et cette <strong>la</strong>teiilgeoce t<br />

Soupirs doutant plus doux qu'il les fal<strong>la</strong>it celer.<br />

L'embarras irritant <strong>de</strong> ne s'oser parler,<br />

Même témérité f périls, cralslea communes t<br />

Lièrent pour Jamais leurs <strong>cours</strong> et leurs fortune».<br />

Ceux mêmes dont les yeux les <strong>de</strong>vaient éc<strong>la</strong>irer»<br />

Sortis <strong>de</strong> leur <strong>de</strong>voir, n'osèrent y rentrer.<br />

Un commentateur <strong>de</strong> Racine a trouvé ces vers<br />

dép<strong>la</strong>cés dans k bouche d'Acomat. 11 ne s'est pas<br />

aperçu qu'ils étaient non-seulement convenables y<br />

mais absolument nécessaires. Ce vers,<br />

L'embarras Irritant <strong>de</strong> ne s'oser parier,<br />

nous apprend, ce qu'il est très-important <strong>de</strong> savoir,<br />

que Bajazet et Eoiane ne se sont vus qu'avec <strong>la</strong> plus<br />

gran<strong>de</strong> contrainte. Quoique on ait enfreint us moment<br />

les lois terribles <strong>du</strong> sérail au brait <strong>de</strong> <strong>la</strong> mort<br />

d'Amurat, il serait trop peu vraisemb<strong>la</strong>ble que <strong>de</strong>puis<br />

elles eussent été si longtemps et si ouvertement<br />

violées : ce<strong>la</strong> serait trop contraire aui moeurs ;<br />

et, <strong>de</strong> plus, donnerait d'étranges soupçons sur le<br />

commerce amoureux <strong>du</strong> prince avec <strong>la</strong> sultane;<br />

esJKn une troisième raison, plus forte que toutes<br />

les autres, c'est qu'à moins <strong>de</strong> cette difficulté <strong>de</strong> M<br />

voir et <strong>de</strong> se parler, on ne concevrait pas ce que<br />

va dire Acomat, que Eoiane s'est servie d'Atali<strong>de</strong><br />

pour communiquer, pardon entremise, avec Bajazet.<br />

Une sultane favorite ne pouvais sans M

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