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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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«20<br />

Narcisse, qui cherche à gouverner Néron comme 11<br />

a gouverné C<strong>la</strong>u<strong>de</strong>, en f<strong>la</strong>ttant ses passions, s'a<br />

aucun intérêt à sauver Britannicus. Dans son caractère<br />

établi, tous les moyens lui doivent être<br />

bons; il ne fait que suivre son naturel bas et pervers<br />

; et si <strong>la</strong> scène entre lui et Néron, malgré <strong>la</strong><br />

perfection dont elle est, n'est pas, à beaucoup près,<br />

app<strong>la</strong>udie comme celle <strong>de</strong> Burrhus, c'est que, dans<br />

aucun cas, dans aucune supposition, elle ne peut<br />

faire le même p<strong>la</strong>isir ; et j'en trouve <strong>la</strong> raison dans<br />

le cœur humain. L'âme vient <strong>de</strong> s'épanouir en écoutant<br />

Burrhus ; elle se resserre et se flétrit en voyant<br />

Narcisse. Le rôle qu'il joue est un <strong>de</strong> ceux qui ne<br />

peuvent être que supportés et qui ne peuvent jamais<br />

p<strong>la</strong>ire. Ne reprochons pas aux hommes assemblés<br />

un sentiment qui leur fait honneur, <strong>la</strong> répugnance<br />

invincible pour ce qui est vil, Ces caractères-là<br />

dans le drame, peuvent être p<strong>la</strong>cés pour les moyens,<br />

et jamais pour les effets. Le plus grand effort <strong>de</strong><br />

l'artiste, c'est <strong>de</strong> les faire tolérer au théâtre f et admirer<br />

<strong>du</strong> connaisseur qui ne juge que l'exécution;<br />

et il ne peut en Tenir à bout qu'en leur donnant au<br />

plus haut <strong>de</strong>gré ce que peut avoir un homme bas et<br />

méchant, l'artifice et l'adresse. C'est ce que Racine<br />

a fait dans le rôle <strong>de</strong> Narcisse, Quelle entreprise<br />

que celle <strong>de</strong> ramener Néron après l'impression qu'il *<br />

vient d'éprouver, et que le spectateur a si vivement<br />

partagée! Quel chemin 11 y a <strong>du</strong> moment où il en­<br />

vole Burrhus près <strong>de</strong> son frère pour consommer <strong>la</strong><br />

réconciliation, à celui où il sort avec Narcisse pour<br />

aller empoisonner son rival ! Et cependant tel est<br />

Fart détestable <strong>de</strong> Narcisse, ou plutôt tel est fart<br />

admirable <strong>du</strong> poète, que cette révolution, l'ouvrage<br />

<strong>de</strong> quelques instants, paraît vraisemb<strong>la</strong>ble, naturelle,<br />

et même nécessaire. Le venin <strong>de</strong> <strong>la</strong> malignité<br />

est si habilement préparé, qu'il doit pénétrer l'âme<br />

<strong>du</strong> tyran, et l'infecter sans remè<strong>de</strong>. Cette scène<br />

étonnante mérite d'être détaillée.<br />

HAIOSSE. K-<br />

Setgueor, fal tout prévu pour une mort si juste;<br />

Le potins est tout prêt ; <strong>la</strong> fameuse Locuste<br />

A redoublé pou? mol ses soins officieux : •<br />

Elle a fait expirer un esc<strong>la</strong>ve à mes yeux f<br />

Et le 1er est moins prompt pour trancher mm vie,<br />

Que le nouveau polsoa que sa matn me oôofie.<br />

HERClt.<br />

Htr<strong>de</strong>se s c*est assea : Je reconnais ce soin,<br />

Et se souhaits DM que TOUS aUJes plus loto.<br />

NàHCISSE.<br />

Quoi ! pour Britaanicjiis votre haine âJWblte<br />

Me défend...<br />

NÉ10N.<br />

Oui, Narcisse : on nous réconcilie.<br />

BâmCÎSSE*<br />

Je me gar<strong>de</strong>rie bien <strong>de</strong> TOUS m détourner,<br />

Seigneur*. Mais il s'est TU tantôt emprisonner ;<br />

Cette offense en son coeur sera longtemps nouvelle,<br />

n s'est point <strong>de</strong> secrets que le temps ne rétèle :<br />

11 saura que ma main lui <strong>de</strong>vait présenter<br />

COU1S DE UTIÉIUTUHE.<br />

Un poison que votre ordre avait fait apprêter.<br />

Les dieux, <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>ssein puissent-lis le distraire!<br />

Mais peut-^toe il fera ce que vous n'osez faire.<br />

„ HéBOM.<br />

On répond <strong>de</strong> «ou coeur, et Je val§aal le mien.,<br />

11 a déjà attaqué Héron par <strong>la</strong> eainte : <strong>la</strong> crante<br />

n'a pas réussi. Il se retourne sur-le-champ, et l'attaque<br />

par <strong>la</strong> jalousie^<br />

Et rhymen <strong>de</strong> lunle en eat-11 le Mes ?<br />

Seigneur, luj faites-vous eneor ce seertieef<br />

Cmi prendre trop <strong>de</strong> soin. Quoi qull en sclt, Harc<strong>la</strong>§€ t<br />

Je ne le compte plut parmi mes ennemis.<br />

Ce moment est critique pour 'Narcisse 5 voilà<br />

déjà <strong>de</strong>ui attaques repoussées." 11 ne perd pas 4§<br />

temps; il cherche à irriter Héron par <strong>la</strong> jalousie <strong>du</strong><br />

pouvoir,<br />

» AgripptQe, Sdg®eurs m Fêtait bien promis ;<br />

Elle a repris sur YOUS SOU souverain empire,<br />

NéRON.<br />

Quoi doue? Qu'a-t-elle dit? et que Tonles-vons dire?<br />

HAKCISSS.<br />

Elle s'en cet vantée asseï publiquement.<br />

ffÉlCH. «x<br />

De quoi?<br />

HÂACISSB.<br />

Qu'elle n'avait qu'à ¥©us voir en moment;<br />

Qu'à tout ce grand éc<strong>la</strong>t, à ce courroux funeste.<br />

On verrait succé<strong>de</strong>r un silence mo<strong>de</strong>ste;<br />

Que vous-même à <strong>la</strong> paix souscririez le premier *<br />

Heureux que M bonté daignât tout ouMer.<br />

: nimm*<br />

Mais, narcissei dis-moi : que veux-tu que je tasse?<br />

Remarquons ici <strong>la</strong> ?érité <strong>du</strong> dialogue et <strong>la</strong> simplicité<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> diction ; elle n'est pas au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

conversation soutenue! et ne défait pas en effet<br />

aller au <strong>de</strong>là. D'un côté! c'est un scélérat froid et<br />

réûéchi, qui m songe pas à parer son <strong>la</strong>ngage ; les<br />

fripons ne se passionnent guère : <strong>de</strong> l'autre, un<br />

homme intérieurement agité, qui ne répond quel<br />

par quelques mots pénibles. Toute ûgure poétique<br />

défait disparaître. Nos critiques <strong>du</strong> jour9 qui affec*<br />

tent <strong>de</strong> ne pas reconnaître d'autre poésie, ne manqueraient<br />

pas, si Racine était vivant, <strong>de</strong> le trouver<br />

bien froid et bien faible.<br />

Quels vers, diraient-ils, que eeiix-d :<br />

âgrfpptae , seigneur, m Fêtait bien promis.<br />

T*<br />

- Ole l'en est 'tentée eseea puMlquemeiii<br />

'- MaSi, Hasctisê, dis-moi t que veux-tii que Je fasse?<br />

S'eiprimeraitron autrement en prose? .<br />

Et c'est précisément pour ce<strong>la</strong> qu'ils sont eieellents,<br />

car ils sont ce qu'ils doivent être. Le <strong>de</strong>rnier,<br />

tout simple qu'il est, fait trembler; le tiges<br />

va. se réveiller: . •<br />

le n'ai que trop <strong>de</strong> peufe à punir se» codées;<br />

Et, si je m'en croyais t ce triomphe iaeHseeci g<br />

Serait bientôt suM d'un étemel regret.

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