23.02.2013 Views

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

#<br />

sis .<br />

L'amour et <strong>la</strong> fureur! réunis ensemble, n f onl jamais<br />

eu on accent plus vrai ni plus effrayant. 11<br />

serait inini <strong>de</strong> détailler tout ce qu'il y a dans ce<br />

morceau. L'analyse <strong>de</strong> cinq ou sii rôles <strong>de</strong>s pièces<br />

<strong>de</strong> Racine 9 faite dans cet esprit 9 serait une histoire<br />

complète <strong>de</strong> Famour : jamais on se Fa ni mieux<br />

connu ni mieux peint. Quelle vérité dans ce vers :<br />

Te comptes Ses moments que tu penk mm moi !<br />

Comme cette observation est juste! Rien n'échappe<br />

à <strong>la</strong> vue perçante d'une femme qui aime 9 même dans<br />

le trouble <strong>de</strong> <strong>la</strong> colère. Elle ne peut se cacher que<br />

ses reproches; dès qu'ils sont inutilesY ne font que<br />

<strong>la</strong> rendre importune, et que celui qui en est Fobjet<br />

compare in?oïontairement ces moments si tristes et<br />

si insupportables avec ceux qui l'atten<strong>de</strong>nt auprès<br />

d'une autre. Et cette expression , ta lYoymmê! qu'il<br />

y a <strong>de</strong> haine et <strong>de</strong> dénigrement dans ce mot! Ce ne<br />

sont, si l'on veut, que <strong>de</strong>s nuances; mais c'est <strong>la</strong><br />

réunion <strong>de</strong>s circonstances! même légères ; qui fon<strong>de</strong><br />

l'illusion <strong>de</strong> l'ensemble. Rien n'est petit dans <strong>la</strong> peinture<br />

<strong>de</strong>s passions. Cette autre expression 9 tu kàpar»<br />

les eu cœur, qu'elle est heureuse et neuve ! Cest encore<br />

<strong>la</strong> passion qui en trouve <strong>de</strong> pareilles. Smme-M<br />

<strong>de</strong> cet Bmx pourrait ailleurs être familier : U est<br />

relevé par ce qu'il y a <strong>de</strong> cruel dans l'empressement<br />

<strong>de</strong> quitter Hermione. On ne Unirait pas; je m'arrête.<br />

Et parmi tant <strong>de</strong> beautés cherchez un mot <strong>de</strong><br />

trop ? un-mot à reprendre : il n'y en a point.<br />

Ainsi donc Famour est vraiment tragique dans<br />

Pyrrhus, dans Oreste, dans Hermione : il Fest différemment<br />

dans tous les trois, et prend <strong>la</strong> teinte<br />

<strong>de</strong> leurs différents caractères ; ar<strong>de</strong>nt et impétueux<br />

dans Pyrrhus, sombre et désespéré dans Orestey al*<br />

lier et furieux dans Hermione. Jamais dans Corneille<br />

il n'avait 'eu aucun <strong>de</strong> ces caractères. Aussi<br />

les effets qu'il pro<strong>du</strong>it ici sont en proportion <strong>de</strong> son<br />

énergie; et, ce qui est <strong>de</strong> l'essence <strong>du</strong> drame, les<br />

changements <strong>de</strong> situation qui se succè<strong>de</strong>nt dans <strong>la</strong><br />

piècenaissent<strong>de</strong> cette fluctuation naturelle aux âmes<br />

passionnées, et pro<strong>du</strong>isent <strong>de</strong> ces coups <strong>de</strong> théâtre<br />

qui ne tiennent pas à <strong>de</strong>s événements étrangers ou<br />

acci<strong>de</strong>ntels, mais dont les ressorts sont dans le cœur<br />

<strong>de</strong>s personnages. Pyrrhus, croyant que le péril d'un<br />

ils doit résoudre Andromaque à loi donner sa main,<br />

refuse Astyanax aux Grecs. Hermione, offensée, a<br />

promis <strong>de</strong> partir avec Oreste. Celui-ci s'abandonne<br />

à <strong>la</strong> joie; mais, dans Fintertalle <strong>du</strong> premier au second<br />

acte, Andromaque a rejeté les offres <strong>de</strong> Pyrrhus<br />

; et dans le moment oà Oreste se croit sûr <strong>de</strong><br />

, sa conquête, arrive Pyrrhus.<br />

Je fong ehordtaâi %Mêff*m. Un peu <strong>de</strong> wMmm<br />

if« fait <strong>de</strong> wm rafion i»mfMtl» ta puissaiM»,<br />

JeFtfsoe^iiqiiitofiMjiiiiiMiiipitti,<br />

CODES DB LITTÉRATURE.<br />

Tes al senti <strong>la</strong> fcff» et mmmm Pétpittà<br />

Fui longé, cornue wwm% qu'à U Gftee, à MOU ptee,<br />

A moi-mémo, en ua mot, Je <strong>de</strong>venait contniK;<br />

Que je referais Troie, et rendais Imparfait<br />

Tout « qu'a fait AdiUls, et tout m que JM Ait<br />

le ce condamne plu no courroux légitima;<br />

Et Fou ¥®tu va* idgneiir, Uvfer ¥®tra YfcUme.<br />

Oreste <strong>de</strong>meure frappé <strong>de</strong> consternation, et le<br />

spectateur avec lui. YoUà un coup <strong>de</strong> théâtre; il est<br />

d 9 nn maître. L'intérêt croit mm le péril <strong>de</strong>s principaux<br />

personnages; et le nœud capital est <strong>la</strong> résolution<br />

que prendra Andromaque : <strong>la</strong> con<strong>du</strong>ite <strong>de</strong><br />

Pyrrhus en dépend; celle tTHefmione dépend <strong>de</strong><br />

Pyrrhus f et celle d'Oreste, d'Hermione. Cette dépendance<br />

mutuelle est si distincte, qu'elle ne forme<br />

point <strong>de</strong> complication; et le différent <strong>de</strong>gré d'intérêt<br />

qu'inspire chaque personnage ne nuit point à<br />

l'unité d'objet f parce que tout est subordonné à m<br />

premier intérêt attaché au péril d*Andromaque et <strong>de</strong><br />

son ils; car il faut (je l'ai déjà dit, et je crois <strong>de</strong>voir<br />

le répéter) soigneusement distinguer an théâtre<br />

<strong>de</strong>ux sortes cfIntérêt, que Ton confond trop<br />

souvent par une méprise qui a donné lieu à tant <strong>de</strong><br />

critiques injustes : le premier consiste à désirer le<br />

bonheur ou le sa<strong>la</strong>i d'un persoinage principal ; le<br />

second, à partager ses malheurs ou excuser ses<br />

passions en raison <strong>de</strong> leur violence. C'est le premier<br />

qui fait ici le fond <strong>de</strong> <strong>la</strong> pièce ; il tient à <strong>la</strong> personne<br />

d'Andromaque, au péril <strong>de</strong> son ils, qui est sa <strong>de</strong>rnière<br />

conso<strong>la</strong>tion i à ce grand sentiment <strong>de</strong> l'amour<br />

mafemel, peint <strong>de</strong>s couleurs les plus touchantes :<br />

ce qu'on désire le plus s c'est que son ils soit sauvé.<br />

Mais comment poum-t-elle sauver ce ils, s'il faut<br />

que <strong>la</strong> veuve d'Hector épouse le ils d'Achille ? Voilà<br />

d'où naît <strong>la</strong> suspension et l'incertitu<strong>de</strong>, voil l'intérêt<br />

principal. Celui qu'on peut prendre aux passions<br />

<strong>de</strong> Pyrrhus , d f Hermione et d'Oreste , est d'une<br />

autre espèce : il ne va qu'à les p<strong>la</strong>indre ou les exenser<br />

plus ou moins, et à se prêter à un certain point à<br />

tous leurs mouvements, parce qu'ils sont naturels<br />

et vrais» mais on ne désire point que leur amour<br />

soit heureux. C'est une règle générale au théâtre,<br />

que ce désir n'existe dans 1® spectateur que lorsque<br />

l'amour qu'on lui présente est réciproque, os qu'il<br />

Ta été, parce qu'alors il peut faire le bonheur <strong>de</strong>s<br />

<strong>de</strong>ux amants, comme on Ta vu dans h CM. Ici donc<br />

tous les vœux sont pour Andromaque et pour son<br />

Ils : et il est temps <strong>de</strong> parler en détail <strong>de</strong> ce rêle,<br />

qui forme un contraste si admirable avec toutes les<br />

passions orageuses dont il est environné.<br />

Remarquons d'abord l'avantage <strong>de</strong>s sujets connus.<br />

Les noms <strong>de</strong> Troie, d'Hector, <strong>de</strong> sa veuve, <strong>de</strong><br />

son ils, commencent par disposer Fâme à l'attendrissement<br />

: ce sont <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s et mémorables infortunes<br />

dont nous avons été occupés dès notre

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!