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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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510 OÛUES DE IXITtaATURB.<br />

le <strong>la</strong>ngage <strong>de</strong> <strong>la</strong> téritéV Ce que Je dis, tout le mon<strong>de</strong> '<br />

Fa senti comme mol ; mais je l'ai détaillé pour répondre<br />

à ecui qui font si peu <strong>de</strong> cas <strong>du</strong> bon sens<br />

qu'ils le croient même Contraire à l'imagination et<br />

aux grands effets; pour leur dé<strong>mont</strong>rer que <strong>la</strong> tragédie<br />

n'en pro<strong>du</strong>it pas un seul qui ne soit fondé sur<br />

<strong>la</strong> raison, que ce qui nous a para froid et ennuyeux<br />

'était déraisonnable, que ce qui nous intéresse et<br />

nous émeut est wal et sensé.<br />

. Ce même Pyrrhus, un moment après, est-il offensé<br />

<strong>de</strong>s refus d'Andromaqne, ce n'est plus cet<br />

homme qui ne <strong>de</strong>mandait seulement qu'à espérer;<br />

il ne connaît plus que les extrêmes.<br />

le bien ! madame, eb bien ! 11 faut iront obéir.<br />

U faut TOUS oublier, ou plutôt ¥ous haïr.<br />

Oui, mes TCBOX ont trop loto poussé leur woîemcê<br />

Pour ne plus s'arrêter que dam Pindtfféreooa.<br />

Songez-y bien ; |l faut désormais que mon eoav,<br />

S'il n'aime mm transport, baisse avec flundr*<br />

le l'épargnerai rien dans ma juste colère;<br />

Le fi<strong>la</strong> me répondra <strong>de</strong>s mépris <strong>de</strong> <strong>la</strong> mère.<br />

La Grèce te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ; et je ne prétends pas<br />

Mettre toujours ma' gloire à sauver <strong>de</strong>s Ingrats.<br />

Ce sont là les alternatives et les contrastes naturels<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> passion. Heureusement qu'en amour il ne<br />

s'agit pas souvent d'évfaements<strong>de</strong> cette importance ;<br />

mais le fond est le même : les différences sont re<strong>la</strong>thres.<br />

Les femmes qui ont rencontré <strong>de</strong>s hommes<br />

vraiment amoureui sa?ent qu'il ne faut qu'un mot<br />

pour les faire passer <strong>de</strong>s transports <strong>de</strong> <strong>la</strong> joie à ceux<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> fureur. Cette vivacité d'imagination, nécessaire<br />

pour bien peindre les passions humaines, me rappelle<br />

un mot <strong>de</strong> Voltaire, aussi frai que p<strong>la</strong>isant. Il<br />

exerçait une actrice, et tâchait <strong>de</strong> lui donner plus<br />

<strong>de</strong> feu qu'elle n'en avait : Mais, monsieur, loi ditelle,<br />

si je jouais ainsi, on me croirait k dkék au<br />

Tout loi rirait, Py<strong>la</strong><strong>de</strong>; et mol, pour mon partage,<br />

le n'emporterais êmm qu'une Inutile rage?<br />

Tirais lois d'elle eneor, tâcher <strong>de</strong> roobhar?<br />

îfon, nos : à mea tonnants Je ¥eu l'associer.<br />

Cest trop fifflfr tout seul, le sols <strong>la</strong>s qu'on me p<strong>la</strong>igne ;<br />

Je prétends qu'à mon toec nnhtmialiM me cta£§Mf<br />

Et que tes yeux cruels 9 à pleurer condamnés.<br />

Me ren<strong>de</strong>nt tous les noms que Je leur sa donnés.<br />

Quand M» ï^ vengés joiiiront <strong>de</strong> ni<br />

Llngfate <strong>de</strong> mes pies» Jonlra-t-elle moins?<br />

Que veux-ta? Mais, ail tant ne te rien dégntar.<br />

Mon innocence enfin oonunence à me peser.<br />

Je ne sais, <strong>de</strong> tout temps, quelle Injuste puissant»<br />

Laisse le crime en pals et poursuit nnaoceaca.<br />

De quelque part sur moi que Je tourne les yeux,<br />

le ne vols que malheurs qui condamnent les dieux.<br />

Méritons leur courooi f Justifions leur haine t<br />

Et que le fruit do crime en ptéeè<strong>de</strong> <strong>la</strong> peina.<br />

Os p<strong>la</strong>int en effet ce malheureux Oreste plus<br />

qu'on ne le condamne ; et ce qu'on n'a peut-être pas<br />

observé, c'est que f amitié qui l'unit à Py<strong>la</strong><strong>de</strong> répand<br />

sur lui une sorte d'intérêt qui nous porte encore à<br />

eicnser son crime. On sent confusément qu v ue<br />

homme à qui il reste un ami peut bien être coupable<br />

, mais n'est pas déterminémeut méchant. On est<br />

ému, lorsque, au milieu <strong>de</strong> ses projets sinistres,<br />

résolu d'enlever Hermione au péril <strong>de</strong> sa fie, le<br />

seul sentiment doux qui lui reste est en faveur <strong>de</strong><br />

Py<strong>la</strong><strong>de</strong>.<br />

Mais toi, par quelle erreur veux-tu toujours sur toi<br />

Détourner an courroux qui ne cherche que mol?<br />

àmm et tiop tongtemp mon amitié t'aocaMe s<br />

Évite un malheureux, abandonne un coupable.<br />

Cher Py<strong>la</strong><strong>de</strong>, crois-moi, ta pitié te sé<strong>du</strong>it :<br />

LalstiHiioi <strong>de</strong>s périls dont J'attends font le Irait;<br />

Porte aux Grecs cet enfant que Pyrrhus af abandonna.<br />

Va-t'en.<br />

Et quelle est <strong>la</strong> réponse <strong>de</strong> Py<strong>la</strong><strong>de</strong>? Ce ne sont pas<br />

<strong>de</strong> ces tournures sentencieuses, telles que noms les<br />

voyons si souvent dan Corneille. H ne dit pas : Un<br />

véritable ami doit tout sacrifier, jusqu'à son <strong>de</strong>voir.<br />

U ne dit pas : Je sais comme doit agir en pareil cas<br />

un ami véritable : ramiti£ ne connaît point <strong>de</strong> dan­<br />

corps. — Eh! oui, ma<strong>de</strong>moiselle, voUà œ que je gers; etc. U <strong>mont</strong>re tout ce qu'il est pr un seul<br />

mm <strong>de</strong>mam<strong>de</strong> : pour jouer <strong>la</strong> tragédie et pour <strong>la</strong> mot:<br />

faire, U/asU avoir k dkék au corps.<br />

allons, légneur, enlevons Honalnm<br />

Si l'amour <strong>de</strong> Pyrrhus est tragique, celui d'Oreste Un mot tel que celui <strong>de</strong> Py<strong>la</strong><strong>de</strong> vaut eniem qu'on<br />

F est-il moins? Oreste remplit parfaitement l'idée traité sur l'amitié; comme tous 1ns mots <strong>de</strong> passion<br />

que nous en donnent toutes les traditions mytholo­ <strong>de</strong> nos bonnes tragédies talent mieui que ce qu'en<br />

giques. 11 semble poursuivi par une fatalité invin­ disent tous les moralistes. Cast un <strong>de</strong>s grands avaecible<br />

: il parait pressentir les crimes auxquels il est tages <strong>du</strong> genre dramatique ; c'est <strong>la</strong> supériorité <strong>de</strong><br />

réserfé, et qui sont comme attachés à son nom. Sa Faction sur le dis<strong>cours</strong>; c'est enfin le mot connu àm<br />

passion est sombra et forcenée; elle est noircie <strong>de</strong> ce Lacédémonien : Ce qu'U m M, je kfais.<br />

cette mé<strong>la</strong>ncolie sinistre qui est toujours près <strong>du</strong> Que <strong>la</strong> réponse d'Oreste est touchante!<br />

désespoir. U ne voit, n'imagine rien que <strong>de</strong> funeste.<br />

Fabuie, cher ami, <strong>de</strong> ton trop d'amitié :<br />

11 dit à Py<strong>la</strong><strong>de</strong>, an moment où Hermione se croit Mais pardonne à <strong>de</strong>s maux don! toi seul as pitié ;<br />

sûre d'épouser Pyrrhus :<br />

Excuse an malheureux, qui perd tout m quïl afme9<br />

Que tout le mon<strong>de</strong> hait, et qui se hall lui-même.<br />

Combien <strong>de</strong> nuances différentes!*et toutes sont intéressantes<br />

: tout parle au cœur, tout est tragique.<br />

Mais ce qui Fest plus que tout le reste , c'est Hermione.<br />

C'est une <strong>de</strong>s plus étonnantes créations <strong>de</strong>

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