la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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COURS DE UTTÉMTIJ1E.<br />
Boileau avait Men pu p<strong>la</strong>cer parmi ses kérm r<br />
Je rmmm un Alexandre qui empire pour ê'aiwm-<br />
Ma tyrom, et qui fient awmer sa défaite. 11 y a<br />
<strong>de</strong>s hommes qu'il ne faut jamais faire soupirer sur<br />
<strong>la</strong> scène f et Aleiandre est <strong>de</strong> ces hommes-là. Mais<br />
pardonnons à Raeine : l'exemple l'entraînait. 11<br />
était bien jeune, et <strong>de</strong>puis il sut faire parler à IV<br />
mour un <strong>la</strong>ngage bien différent.<br />
Un autre défaut essentiel <strong>de</strong> cette pièee, e v est le<br />
manque d'action. Porus est ?alncu dès le commencement<br />
<strong>du</strong> troisième acte, et pourtant il reste sur<br />
leehamp<strong>de</strong>bataille Jusqu'au cinquième 9 à disputer<br />
une victoire qu'Alexandre Mi-même a déjà déc<strong>la</strong>rée<br />
certaine; et, dans ce long intervalle, Alexandre<br />
ne s'occupe qu $ mmêm a un air <strong>de</strong> Jactance qui sent trop le Jeune<br />
?cnifieatenr• U ne doit rien y avoir dans le style<br />
tragique qui ressemble le moins <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> à <strong>la</strong><br />
recherche. Ce sont là <strong>de</strong> ces fers qu'on fait i vingt<br />
ans | mais qu'on effacera à trente ; et, <strong>de</strong>puis Andm*<br />
wmmm, jamais Raeine n'en a fait dans ee goût. Aujourd'hui<br />
qu'on est en général si éloigné <strong>de</strong>s frais<br />
principes <strong>du</strong> style, bien <strong>de</strong>s gens seront peut-être<br />
surpris <strong>de</strong> ee jugement sur <strong>de</strong>s vers dont beaucoup<br />
d'auteurs se g!oriieraient ; mais c'est en lisant les<br />
modèles qu'a donnés Raeine qu'on apprend à être si<br />
sévère.<br />
Le premier <strong>de</strong> ees modèles fut Jnéwmmam.<br />
Racine 9 peu content <strong>de</strong> ce qu'il avait pro<strong>du</strong>it jus<br />
à mettre d'accord Axiane et Taxile, qu'alors (car le talent suit juger ce qu'il a <strong>la</strong>it en le<br />
dont personne ne se soucie'; tout se passe en conver comparant à ce qu'il peut Cure), ne trouvant pas<br />
sations inutiles. Mais celle <strong>du</strong> <strong>de</strong>uxième acte, entre dans ses premiers essais l'aiment que cherchait son<br />
Port» et Éphestion, offre <strong>du</strong> moins <strong>de</strong>s beautés flme, s'interrogea dans le silence <strong>de</strong> <strong>la</strong> télleiion. U<br />
<strong>de</strong> détail. Êphestion veut lui parler <strong>de</strong>s exploits <strong>de</strong> fit que <strong>de</strong>s conversations politiques n'étaient pas <strong>la</strong><br />
son maître :<br />
tragédie; averti par son propre cœur, il vit qu'il<br />
Eh ! que pwntta-Je apprendre<br />
fal<strong>la</strong>it <strong>la</strong> puiser dans le cœur humain, et dès ce mo<br />
Qui m'abaisse §1 fort an-<strong>de</strong>ssous ê'Metmûml ment il put dire : La tragédie m'appartient. 11 con<br />
BmM-m mm effort les Persens mangues,<br />
Et vos bras tant <strong>de</strong> faii <strong>de</strong> meurtres falgaés? çut que le plus grand besoin qu'apportenfles spec<br />
Quelle gloire, ea effet f d'aocabler <strong>la</strong> fidbtesst tateurs au théâtre i le plus grand p<strong>la</strong>isir qu'ils y<br />
' p^iiiîoiiéîàTaiiiceipf sapeopte inoiiesie; cherchent , c'est <strong>de</strong> se retrouver dans ce qu'ils voient ;<br />
D'en peuple sans vlgaeof et presque taaaiaaé f<br />
. Qui géai<strong>la</strong>salî sons For dont 11 était armé f<br />
que si l'homme aime à être élevé, il aime encore<br />
.Et qui, tombant en foule, te tien <strong>de</strong> se défendra, mieui être attendri ? peut-être parce qu'il est plus<br />
N'opposait foe <strong>de</strong>s morts an grand camià'àlmêBâMl<br />
îm entre* , éblouis <strong>de</strong> see moindres exploits , sûr <strong>de</strong> sa faiblesse que <strong>de</strong> sa vertu ; que le sentiment<br />
Sont venus à genou loi <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>de</strong>s lois; <strong>de</strong> l'admiration s'émousse et g'affeiblittrop aisément<br />
Et, mm €ramte éeontant Je se sais ipe<strong>la</strong> oracles t<br />
Ht n'ont pat cm qu'un dtee fit trouver <strong>de</strong>s eiataelea. pour soutenir' seul une pièce entière; que les <strong>la</strong>rmes<br />
Mais noua, qui d%nautre œtl jugeons lea conquérants, douces qu'elle fait répandre quelquefois sont bien-<br />
Hons savons que les dieux ne sont pas <strong>de</strong>s tyrans; têt séchées9 au lieu que <strong>la</strong> pitié^énètre plus avant<br />
Et, <strong>de</strong> quelque ftcoe qu'on esclâ?e le nomme 9<br />
Le fi<strong>la</strong> <strong>de</strong> Jupiter pane Ici pour un homme. dans le cœur, y porte une émotion qui croît sans<br />
' ffoas n'allons point <strong>de</strong> fleurs parfumer soa càeea<strong>la</strong> ;• cesse, et que l<br />
11 ace» trouve partout ta aimes à <strong>la</strong> main :<br />
Il volt à cliaque pat arrêter see «MMpêtee ;<br />
Us seal mener M lui ooûte plus <strong>de</strong> têtee s<br />
Plus <strong>de</strong> soins s pies d'amants, et presque plu <strong>de</strong> temp,<br />
Que n'en coûte à ton bras Peuplée <strong>de</strong>s Persans.<br />
Ennemis <strong>du</strong> repos qui perdit eee infâmes,<br />
L'or qui naît sous nos pas se corrompt point nos âmea :<br />
La gloire est le seul bien qui nous pubs® tenter,<br />
Et le seul que mon sueur cbercne à lui disputer.<br />
Ces f« ont <strong>la</strong> vigueur et <strong>la</strong> dignité <strong>du</strong> genre. Je<br />
me aouviens d'en a?oir ?u citer <strong>de</strong> préférenee quatre<br />
autres, qui sont peut-être plus bril<strong>la</strong>nts, mais qui<br />
ne me semblent pas d'un style aussi sain.<br />
©ni f Je consens qu'au cM on élève Alexandre :<br />
Mais, ai je puis, seigneur! Je l'en ferai <strong>de</strong>seendra;<br />
M fmû rattaquer jusque sur les autels<br />
Que lui dresse en tremWint le reste d« mortels.<br />
le ne doute pas que ces mm ne fussent app<strong>la</strong>udis<br />
par le parterre ; mais je crois qu'ils le seront moins<br />
par les connaisseurs. 11 y a <strong>de</strong> l'emphase et <strong>de</strong> l'affectation<br />
dans ees te»; et <strong>la</strong> ?éritabie gran<strong>de</strong>ur s'en a<br />
point : ëfct*r «* c§d AhmmmÉrepmwimJMrtém*<br />
$ on aime à nourrir, fait couler <strong>de</strong>s <strong>la</strong>rmes<br />
délicieuses qu'on ne se <strong>la</strong>sse point <strong>de</strong> répandre ,<br />
et dont l'auteur tragique peut sans cesse rouvrir <strong>la</strong><br />
source, quand une fois il Ta trouvée. Ces idées<br />
furent <strong>de</strong>s traits <strong>de</strong> lumière pour cette âme si sensible<br />
et si fécon<strong>de</strong>, qui en g'esamwant elle-même, y<br />
trouvait les mouvements <strong>de</strong> toutes nos passions, les<br />
secrets <strong>de</strong> tous nos 'penchants. Combien un seul<br />
principe lumineux, embrassé par le génie, avance<br />
en peu <strong>de</strong> temps,sa marche vers <strong>la</strong> perfection!<br />
JLe CM avait été <strong>la</strong> première époque <strong>de</strong> <strong>la</strong> gloire<br />
<strong>du</strong> théâtre français, et cette époque était bril<strong>la</strong>nte.<br />
Jndmmaqm fut <strong>la</strong> secon<strong>de</strong>, et n'eut pas moins<br />
d'éc<strong>la</strong>t : ce fut une espèce <strong>de</strong> révolution. On s'aperçut<br />
que c'étaient là <strong>de</strong>s beautés absolument neuves.<br />
Celles <strong>du</strong> CM étaient <strong>du</strong>es en gran<strong>de</strong> partie à Fauteur<br />
espagnol : Racine, dans Jndrùwmqm, ne <strong>de</strong>vait<br />
rien qu'à lui-même. La pièce d'Euripi<strong>de</strong> n'a <strong>de</strong><br />
commun avec <strong>la</strong> sienne que le titre : le sujet est<br />
, tout différent; et ee n'est pas encore ici que eom-