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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.'<br />

exemples donnés par Eacine et Voltaire, fient insulter<br />

à cent ans d'expérience et <strong>de</strong> succès pour mmnacrer<br />

les fautes <strong>de</strong> son oncle, et rabaisser <strong>de</strong>ui <strong>de</strong><br />

ses ennemis, fient nous dire, avec un ton <strong>de</strong> mépris,<br />

•que te siéek $*esî tourné vers fammur k pins pmssîmmé,<br />

comme s'il eût mieux ? alii se tourner fers<br />

l'amour le plus froid ; et ajouteraf ec une emphase si<br />

noble, que ComeiMe dMmigmaRarement Savoir <strong>de</strong><br />

<strong>la</strong> compkdmnee pour ce nmmmu §®M* Passons,<br />

si l'on feut, ta fierté <strong>de</strong> Corneille, qui aurait pu<br />

être mieux p<strong>la</strong>cée; passons k dédain pour un goût<br />

qu f il eût mieux valu possé<strong>de</strong>r. Mais si ce goût était<br />

nouveau pour Corneille, il ne Fêtait pas pour Fastenelle.<br />

Depuis 1667, époque d'Andromaque, jus-<br />

. qu'en 1742, il s'était écoulé près <strong>de</strong> quatre-vingts<br />

ans, qui afaient pu consacrer le mérite <strong>de</strong> Racine<br />

tout aussi bien que celui <strong>de</strong> Corneille. Pourquoi donc<br />

parler <strong>de</strong> ce goût comme d'une mo<strong>de</strong>? Pourquoi<br />

ajouter :<br />

« Peefcétre croira-t-on qm son âge ne lui permettait pas<br />

dfevoir cette comp<strong>la</strong>isance : ce mmpqm serail très-légitime,<br />

si Fou ne voyait ce qu'il a fuit dans <strong>la</strong> Psyché <strong>de</strong> Molière 8<br />

- eà f étaat à romhra da ee» d'astral, il s'est absndûmié à<br />

m eieèsée tendresse dont il s'aurait pas ?eaia ëéêàm&tw<br />

mm mm. Il m poevait mieux braver mm sièek qu'en M<br />

donnant Atti<strong>la</strong>, digne roi <strong>de</strong>s Haas, 11 règne dans cette pièce<br />

une férocité noble que lui seul pouvait attraper. »<br />

Des démentis si formels donnés à <strong>la</strong> ?érité reeonnoe<br />

autorisent à 1a dire sans ménagement. Tout est<br />

faux et absur<strong>de</strong> dans cet exposé* Il u f que ce qui paraft à Fonteaelle mm férocité noMe,<br />

éigmê dm mi <strong>de</strong>s Hums, est une démence risible,<br />

indigne, non-seulement <strong>de</strong> Fauteur <strong>de</strong>s Homœs,<br />

mais, comme le dit Voltaire 9 <strong>du</strong> <strong>de</strong>rnier <strong>de</strong>s versl*<br />

Jkateurs. Ceux qui savent ce qu'on doit à Corneille<br />

ne se permettent jamais <strong>de</strong> parler <strong>de</strong> ces sortes <strong>de</strong><br />

pièces. Mais quand l'esprit <strong>de</strong> parti va jusqu'à les<br />

exalter, il faut le confondre. De nos jours même, on<br />

a imprimé dans une compi<strong>la</strong>tion alphabétique f dont<br />

les auteurs, qui préten<strong>de</strong>nt juger irais sUcks9 assurément<br />

ne seront jamais connus <strong>du</strong> leur, on a imprimé<br />

qa'AttUa, A§é$Hm et PtdcMrk, êoppûmimi<br />

•aaiae <strong>de</strong> mérite qm Mémpe, Ahire et Mokowmt.<br />

Croit-on que ceux qui ont débité cette sottise aient<br />

voulu honorer Corneille? Non : ils vou<strong>la</strong>ient outrager<br />

Voltaire; ils vou<strong>la</strong>ient surtout p<strong>la</strong>ire à ses ennemis,<br />

qui n'ont pas manqué <strong>de</strong> répéter cette ineptie.<br />

Il n'y a que l'envie humiliée, ou <strong>la</strong> bassesse fou<strong>la</strong>nt<br />

f<strong>la</strong>tter <strong>la</strong> haine, qui puisse s'exprimer ainsi; et<br />

comme je les déteste sans les craindre, je ne les rencontre<br />

jamais sans les iétrir.<br />

Il <strong>de</strong>meure prouvé que Corneilles faute d'avoir<br />

su traiter Famour lorsqu'il en mettait partout, a<br />

fait <strong>de</strong>s héros <strong>de</strong> roman <strong>de</strong> plusieurs <strong>de</strong> ses prineipaa<br />

personnages, gâté presque tous ses sujets, et<br />

refroidi même ses meilleures pièces. Si ce défaut est<br />

sensible dans les fê<strong>la</strong>s d'hommes 9 il Fest encore bien<br />

plus dans les femmes, qui doivent connaître et exprimer<br />

encore mieux que nous toutes les nuances<br />

est pas frai <strong>de</strong> cette passion, et lui conserver toutes les bienséan­<br />

que quelques couplets d'une pièce allégorique, où ces <strong>du</strong> sexe. Corneille les a blessées trop soufentf<br />

il y a <strong>de</strong> <strong>la</strong> douceur et <strong>du</strong> sentiment prouf est que même dans ses ouvrages les plus estimés : c'est un<br />

Fauteur aurait pu atteindre au sublime <strong>de</strong> <strong>la</strong> passion, sentiment qu'il n'avait pas. Chef lui, Pauline dit $<br />

tel qu'il se troufe dans Mermi&ne, dans Phèdre, en par<strong>la</strong>nt <strong>de</strong> Polyeucte :<br />

et dans Homne. 11 y a l'infini entre Psyché et ces II att iaajaa» aimable, fij* sêk êm^mmpwmm.<br />

rares pro<strong>du</strong>ctions <strong>du</strong> talent dramatique. Et puis f Emilie dit qu'elle a promis a Cinna iouies les dou­<br />

où f a-t-on prendre qu'un poète déshomre sm.mm ceurs <strong>de</strong> M possession; qmses faweurs l'atten<strong>de</strong>nt.<br />

en peignant <strong>la</strong> tendresse ? 11 me semble que cet excès On pourrait citer beaucoup <strong>de</strong> traits semb<strong>la</strong>bles $<br />

n'avait pas déshmmré l'auteur <strong>de</strong>s Amours <strong>de</strong> Didon. mais il suffit d'indiquer le défaut général.<br />

Quel renversement <strong>de</strong> toutes les Idées reçues 1 quel C'en est un bien grand encore, et qui revient bien<br />

oubli <strong>de</strong> toute bienséance! Et pourquoi? Pour insi­ plus fréquemment, <strong>de</strong> ne mettre dans <strong>la</strong> bouche <strong>de</strong>s<br />

nuer que le talent <strong>de</strong> Eacine, qui excelle à peindre personnages amoureux que <strong>de</strong>s raisonnements ; <strong>de</strong>s<br />

Famour, est peu <strong>de</strong> chose; qu'il est indigne d'un maximes, <strong>de</strong>s sentiments qui ressemblent, oorame<br />

grand poète : et ain qu'on n'en doute pas, il cite le remarque Voltaire , au co<strong>de</strong> <strong>de</strong> ta Cour d'Jtmwr ;<br />

sur-le-champ JitHa, joué <strong>la</strong> même année qu'Jm- <strong>de</strong> parler toujours <strong>de</strong> ce que veut un bel œU, <strong>de</strong> ce<br />

dhnfntftte. Corneille, nous dit-il,'ne pou?ait mieux que faitun vlritaMe amani. Eacine n'est pas tombé<br />

èrmer smsMck. Non, fl ne pouvait mieux ùraner une seule fois dans ce défaut : il est prié dans Cor­<br />

le bon sens et le bon goût ; et quand Boileau disait, neille au <strong>de</strong>rnier excès; on le trouve à toutes les<br />

Jprêêl'JiHta, hoM il par<strong>la</strong>itcomme toute <strong>la</strong>France.<br />

Il ne s'agit pas <strong>de</strong> le prouf er ; ee serait f malgré l'au­ Dans d'autres genres même, il procè<strong>de</strong> presque<br />

torité <strong>de</strong> Ponteselle, le seul tort que l'on pût avoir toujours par le raisonnement mis à <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce <strong>du</strong> sen­<br />

avec lui. S'il est possible à quelqu'un <strong>de</strong> supporter timent; et souvent, au lieu défaire ressortir le<br />

1 <strong>la</strong> lecture <strong>de</strong> cet incompréhensible ouvrage, il verra caractère dans le dis<strong>cours</strong>, il fait dire crûment : J'ai

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