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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

Vamonr iMt avoir daiis 11» Mies tragédies, et JW fa<br />

fldélitémwc <strong>la</strong>quelle mm <strong>de</strong>mm conserver à cw vieux<br />

illustres k$ caractères <strong>de</strong> leur temps ci <strong>de</strong> leur Anfutur.»<br />

Eli bien ! il croyait dose que le caractère <strong>du</strong> temps<br />

eê <strong>de</strong> thumeur <strong>de</strong> César était <strong>de</strong> se battre à Phar-<br />

«ale pour Cléopâtre, et <strong>de</strong> se dire ion captif? On<br />

a dit quelque part qu'il'fal<strong>la</strong>it que CormeiMe eût eu<br />

<strong>de</strong>s mémoires particuliers sur les Romains : ee qu'il<br />

y a <strong>de</strong> sûr, c'est que ceux qui nous restent <strong>de</strong> César<br />

le représentent sous <strong>de</strong>s traits un peu différents.<br />

Deux autres vieux illustres, Sertorius et Pompée,<br />

sont encore bien plus étrangement dégradés. Pourquoi<br />

Pompée <strong>de</strong>man<strong>de</strong>-t-H une entreYue à Sertorius?<br />

(Test pour voir sa femme Aristie, qu 9 il a eu <strong>la</strong> là?<br />

cheté <strong>de</strong> répudier pour obéir à Sjlîa; c'est pour lui<br />

dire qu'il est désespéré cf âfûlr pris une autre femme,<br />

mais qu'il n'ose ni <strong>la</strong> quitter ni reprendre Aristle;<br />

c'est pour <strong>la</strong> supplier <strong>de</strong> lui être toujours idèle , et<br />

d'attendre que <strong>la</strong> mort <strong>de</strong> Syl<strong>la</strong> lui permette <strong>de</strong> retenir<br />

à ses premiers liens. Tel est l'objet d'une trèslongue<br />

scène entre lui et sa femme , où celle-ci ne<br />

manque pas <strong>de</strong> lui faire sentir toute son abjection.<br />

Je n'ai pas le courage d'en rien citer : il suffit <strong>de</strong><br />

<strong>mont</strong>rer le grand Pompée dans une situation pareille,<br />

pour faire comprendre qu'il est impossible <strong>de</strong> mettre<br />

en scène un héros d'une manière plus indigne<br />

<strong>de</strong> lui et <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie. On ne peut lui comparer que<br />

le viens Sertorius qui dit :<br />

l'aime alUen». A mon âge, 11 iled tS mal d'aimer;<br />

Que je te cache même à qui m'a su charma.<br />

Celle qui l'a m charmer, c'est Yiriate; mais on<br />

peut juger <strong>de</strong> cet amour par le parti que prend Sertorius'<br />

au premier mot que lui dit Perpétua <strong>de</strong> l'amour<br />

qu'il ressent <strong>de</strong> son eAté pour cette même<br />

Yiriate. U <strong>la</strong> lui cè<strong>de</strong> sur-le-champ, et le recomman<strong>de</strong><br />

à <strong>la</strong> reine <strong>de</strong> Lusitanie, malgré les a?aoces que celleei<br />

lui <strong>la</strong>it à lui-même. H est wil qu'il luit par lui<br />

dire en soupirant :<br />

le patte pour on antp» et toutefois, hé<strong>la</strong>s!<br />

SI TOUS s&¥tei..4<br />

TRIAIS.<br />

Seigneur, que faut-il que Je sache?<br />

Et OJMI est totaoet que ee soupir me cache?<br />

HMCIIIUS»<br />

Ce soupir ndsoMi...<br />

TIBIA».<br />

M'achèves point : allez ;<br />

le rem càmmà afef que rem m foules.<br />

Et € est le grand Corneille qui donne au lieux Sertorius<br />

fut joqpff» reéméiél Voltaire dit en propres terme!<br />

:<br />

« Ou n 9 SOI<br />

. Cherchons maintenant ee qui a pu égarer à ce<br />

point un homme qui a?ait mis tant <strong>de</strong> force dans <strong>la</strong><br />

peinture <strong>de</strong>s grands caractères, et qui <strong>la</strong>it jouer ensuite<br />

aux plus grands hommes on rôle si ridicule. Je<br />

n'en ?oïs point d'autre cause que l'esprit dominant<br />

<strong>de</strong> son siècle qui Fa entraîné. 1 était <strong>de</strong> règle <strong>de</strong> parler<br />

d'amour dans toutes nos pièces, mo<strong>de</strong>lées pour <strong>la</strong><br />

plupart sur les pièces espagnoles et sur les romans<br />

<strong>de</strong> ceteielerie qui étaient en ?ogue. Or9 dans me dangereux<br />

modèles, l'amour n'était jamais traité comme<br />

une passion qui comman<strong>de</strong>, mais comme une mo<strong>de</strong><br />

qu'il fal<strong>la</strong>it sui?re. U était <strong>de</strong> bienséance que tout<br />

chefalier eût une dmm et sespemséesj pour <strong>la</strong>quelle<br />

il soupirait par confenaace, et se battait par habitu<strong>de</strong>.<br />

Lisez dans nos grands romans les eUntersations<br />

amoureuses ; c'est un échafaudage <strong>de</strong> sentiments<br />

hors <strong>de</strong> nature ; ce sont <strong>de</strong>s délicatesses<br />

quintessenciées, <strong>de</strong>s scrupules et <strong>de</strong>s respects sans<br />

Un et sans bornes, qui <strong>de</strong>?aient ennuyer un pu celles<br />

qui en étaient les objets. Et malheureusement,<br />

lorsque Corneille écrivit f personne n'avait traité<br />

l'amour autrement Les Grecs, chez qui l'on avait<br />

étudiéquelqueft-unes <strong>de</strong>s principales règles <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie,<br />

les Grecs, n'y faisant point entrer l'amour,<br />

n'avaient pu nous servir <strong>de</strong> gui<strong>de</strong>s dans cette partie<br />

<strong>de</strong> Fart; et Corneille, naturellement porté à tout ee<br />

qui avait un air <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>ur, vrai ou faux, se persuada<br />

que Famour, peint sous ces traits ? avait quelque<br />

chose <strong>de</strong> noble et û'hêmqw» En ce genre, on<br />

retrouve à tout moment chei lui l'exagération <strong>la</strong><br />

plus romanesque. Quand Rodogune vient <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r<br />

aux <strong>de</strong>ux princes amoureux d'elle <strong>la</strong> tête <strong>de</strong> leur<br />

mère, Séleucus s'en p<strong>la</strong>int avec quelque raison.<br />

Une âme sf cruelle<br />

Mérttatt notw mère, et <strong>de</strong>vait nattn d'elle.<br />

Mais Aiitiôcàiis, m a<strong>mont</strong>parfiàt, lui reproche une<br />

révolte qui blesse le respect que l'on doit à sa divinité.<br />

MsàrmeÊËrcmm sans b<strong>la</strong>sphème....<br />

n faut plus <strong>de</strong> respect pour celle qu'os ado*»....<br />

C'est et i'ele et <strong>de</strong> lui tenir bien peu <strong>de</strong> «ample ,<br />

Que faire sue révolte et si pleine et si prompte.<br />

Cette soumission religieuse qui craint <strong>de</strong> Mmsphémer,<br />

n'est-ce pas celle que %t princesse AJàdiaoe<br />

eiige <strong>de</strong> Polexandre, lorsqu'elle lui ordonne d'aller<br />

dans l'Afrique, â <strong>la</strong> Chine, et dans <strong>la</strong> gran<strong>de</strong> Tar»<br />

tarie, <strong>de</strong> là au Thibet et dans les In<strong>de</strong>s, 'pour tuer<br />

cinq ou six rois ou empereurs assez insolents pour<br />

se déc<strong>la</strong>rer amoureux d'elle? Cek nous paraît aujourd'hui<br />

fort p<strong>la</strong>isant; mais an temps <strong>du</strong> sieur <strong>de</strong><br />

i Jamais rien mis <strong>de</strong> pies m«?aJs sur eaei.ii Gamberrille, auteur <strong>de</strong> Pokxamàre, et membre <strong>de</strong><br />

théâtre.»<br />

l'Académie 'française, ce<strong>la</strong> paraissait fort beau : et<br />

Et il ne dit que trop frai.<br />

combien il est rare <strong>de</strong> s'être pas plus ou moins as-

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