la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal
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500 COU1S BE UTTEBATCRK.<br />
lisant qu'il ne leat pas vous tromper. La ?ifaeité<br />
<strong>de</strong> son imagination <strong>la</strong>it qu'il a toujours l'air <strong>de</strong> <strong>la</strong>isser<br />
échapper son secret; il cause mm ?ons comme<br />
s'il était sans témoins, et toutes ses pensées paraissent<br />
<strong>de</strong>s premiers moufements. Je ne puis pas<br />
âfoîf le même mérite à dire ma pensée , parce qu'elle<br />
est infiniment moins d§conséquence que <strong>la</strong> sienne;<br />
mais c'est f our moi une raison <strong>de</strong> plus <strong>de</strong> <strong>la</strong> dire;<br />
et quand mes principes m'en font on <strong>de</strong>toir, et mon<br />
caractère un besoin, c'est encore une eicuse que j'aj<br />
auprès'<strong>de</strong> ceux qui n'écoutent<br />
Je fondrais 9 s'il était possible f .me rendre compte<br />
<strong>de</strong> ce contraste extraordinaire f <strong>de</strong> cette étonnante<br />
disproportion qui rend le même homme d'un moment<br />
à l'autre si différent <strong>de</strong> lui-même. Tout le<br />
mon<strong>de</strong> en a été frappé dans Corneille; on a dit et répété<br />
que nul n'avait <strong>mont</strong>é si haut et n'était tombé<br />
si bas : <strong>de</strong> son temps on l'avait senti. Nous nous<br />
soutenons <strong>de</strong> ce que disait Molière, que Corneille<br />
avait un lutin qui lui dictait <strong>de</strong> temps en temps <strong>de</strong><br />
beaux fers, et qui ensuite l'abandonnait. Les visites<br />
<strong>de</strong> ce lutin étaient bien heureuses, mais ses éclipses<br />
étaieptbien fréquentes. On en confient, et personne,<br />
que je sache , n'en a cherché les raisons. Il ne s'agit<br />
pas <strong>de</strong> ces inégalités qui se trop feut plus ou moins<br />
dans tout ce qui sort <strong>de</strong> <strong>la</strong> main <strong>de</strong>s hommes. Ici<br />
Ton passe à fout moment d'une extrémité à l'autre,<br />
et il semble que l'esprit <strong>de</strong> Corneille fût formé <strong>de</strong><br />
qualités contradictoires; ce qui ne se rencontre dans<br />
aucun <strong>de</strong>s grands génies <strong>de</strong> <strong>la</strong> Grèce, <strong>de</strong> Rome, et<br />
<strong>de</strong> <strong>la</strong> France. Je hasar<strong>de</strong>rai sur ce sujet quelques<br />
aperçus : c'est tout ce que je puis. Il faut d'abord<br />
établir les <strong>la</strong>its*<br />
L'éléfation et <strong>la</strong> force paraissent appartenir naturellement<br />
au génie <strong>de</strong> Corneille. Tout ce qui peut<br />
exalter Time, le sentiment <strong>de</strong> l'honneur dans le ? ieui<br />
don Biègue; celui <strong>du</strong> patriotisme, dans le fîeii Horace;<br />
<strong>la</strong> férocité romaine, dans son ils; l'enthousiasme<br />
<strong>de</strong> religion, dans Polyeucte; l'ambition effrénée,<br />
dans Cléopâtre; <strong>la</strong> générosité, dans Sévère<br />
et dans Auguste; l'honneur # fenger un époux tel<br />
que Pompée par <strong>de</strong>s moyens dignes <strong>de</strong> lui, dans le<br />
rlta <strong>de</strong> Gornélie; tous ces différents caractères <strong>de</strong><br />
gran<strong>de</strong>ur, il les a connus, il les a tracés.<br />
Il est ordinaire à Thomme d'ifoir plus ou moins<br />
les défauts qui a?aiaiaeat ses qualités. Ainsi 9 que<br />
Corneille ait porté quelquefois <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur jusqu'à<br />
l'enflure, et l'énergie jusqu'à l'atrocité; qu'il passe<br />
<strong>du</strong> nnblime à <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation, et <strong>de</strong> <strong>la</strong> rigueur <strong>du</strong> raisonnement<br />
à <strong>la</strong> subtilité sophistique; rien l'est plus<br />
coneef aUe. Mais ce qui l'est beaucoup moins, c'est<br />
que ce même Corneille, qu'on peut appeler par excellence<br />
le peintre <strong>de</strong> <strong>la</strong> gran<strong>de</strong>ur romaine , ait fondé<br />
l'intrigue <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> ses pièces (et je ne parie que<br />
<strong>de</strong> celles qui sont restées au théâtre) sur l'avilissement<br />
<strong>de</strong> tous les plus grands personnages <strong>de</strong> fancienne<br />
Rome y <strong>de</strong> César, <strong>de</strong> Pompée et <strong>de</strong> Sertorius.<br />
Que sera-ce si l'on se rappelle que c'est le même<br />
homme qui se tante en f isgt endroits <strong>de</strong> n'af oir<br />
jamais peint l'amour que méM ê"kémïsmef qui se<br />
le croit digne <strong>de</strong> <strong>la</strong> tragédie qu'avec ce mé<strong>la</strong>nge,<br />
et qui prétend que tout autre amour ne put qu'affadir<br />
et efféminer Melpomène? Je n'examine point<br />
encore à quel point ces principes sont faux; mais je<br />
<strong>de</strong>man<strong>de</strong> comment il a pu les contredire à ce point<br />
dans l'application, ou les entendre si mal. Que! héroïsme<br />
a-t-il pu foïr dans l'amour <strong>de</strong> César pour<br />
Cléopâtre, ou <strong>de</strong> Cléopâtre pour César? Qu'y a-t-il<br />
d'héroïque dans l'une, lorsqu'elle dit (car il faut absolument<br />
citer ) :<br />
Partout en Italie, aux Gaules f en Espagne ,<br />
La fortune Se suit et Famour l'accompagne.<br />
Son braa ne <strong>de</strong>mpte peint <strong>de</strong> peuples ni <strong>de</strong> Immx<br />
Dont il ne ren<strong>de</strong> iiomma§§ tu pouvoir ils mes yeux ;<br />
Et <strong>de</strong> <strong>la</strong> même main dont 11 quitte répée,<br />
Fumante eue®? <strong>du</strong> sang <strong>de</strong>s amis <strong>de</strong> Pompée,<br />
IS trace <strong>de</strong>s soupirs, et, d'un style p<strong>la</strong>intif,<br />
Dans son champ <strong>de</strong> vl ctoira il se dit mon captif.<br />
Oui, tout victoriens, il m'écrit <strong>de</strong> Pnarsale;<br />
Et si sa diligence à ses feux est égale,<br />
Ou plutôt, si <strong>la</strong> mer ne s'oppose à set feux,<br />
L'Egypte le va voir me présenter ses YOUX.<br />
Il Tient, ma Cnarmtoe f Jusque dans nos murailles,<br />
Chercher auprès <strong>de</strong> moi te prti <strong>de</strong> ses bataMies t<br />
if OUFîF toute sa gloire, et soumettre à mes lois-<br />
#Ce cour et cette mais qui comman<strong>de</strong>nt aux rois ;<br />
*Et ma rigueur mêlée aux faveurs <strong>de</strong> <strong>la</strong> guerre f<br />
Ferait un malheureux <strong>du</strong> maître <strong>de</strong> <strong>la</strong> terre.<br />
Qu'y a-t-Il à'kér&ïqm dans l'autre ? lorsqu'il dit à <strong>la</strong><br />
reine :<br />
C'était pour conquérir un bien si précieux<br />
Que comBattalt partout mon bras ambitieux,<br />
Et dans Phanale même 11 a tiré Fépée<br />
Plus pour le conserver que pour vaincra Pompée<br />
le fat valoco f princesse, et le dieu <strong>de</strong>s combats<br />
M'y favorisait moins que vot divisa appas.<br />
Ils con<strong>du</strong>isaient ma main , Ils eniatent mon courage :<br />
Celte pleine victoire est leur <strong>de</strong>rnier ouvrage.<br />
Ont reflet ém ar<strong>de</strong>urs qu'ils daignaient m'issplrer ;<br />
Et vos beaux yeux enfin n'ayant fait soupirer,<br />
'Pour faire que votre âme avec gloire y répon<strong>de</strong> t<br />
ITont ren<strong>du</strong> le premier et <strong>de</strong> Rome et <strong>du</strong> mon<strong>de</strong> :<br />
Cest ce glorieux titre, à présent effectif,<br />
Que Je vient ennoblir par celui <strong>de</strong> captif.<br />
Voilà dose le <strong>la</strong>ngage que prête à César un homme<br />
fui se pique <strong>de</strong> ne point mffmÊr <strong>la</strong> tragédie 1 Et<br />
quelle fa<strong>de</strong>ur plus ridicule que celle <strong>de</strong> César qui m\<br />
vaincu à Phanale que pour Cléopâtre? Quelle coquetterie<br />
plus froi<strong>de</strong> que celle <strong>de</strong> cette reine qui parle<br />
<strong>de</strong> M» Hgwmn comme d'us imnerre? Et quel roman<br />
est écrit d'un plus mauvais ityle ? Expltquei<br />
après ce<strong>la</strong> ce qu'il écrit à Sâist-Évremond.<br />
« Tout émirs» ce que f al avancé «r te put que