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la harpe. cours de littérature - Notes du mont Royal

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SIÈCLE DE LOUIS XIV. — POÉSIE.<br />

davantage pour résoudre le problème, et il s'ensuit<br />

que les idées <strong>de</strong> Corneille n'ont point été celles <strong>de</strong><br />

Racine.<br />

Lorsque j'ai ren<strong>du</strong> compte <strong>de</strong> Y OEdipe grée , f ai<br />

cité les vers sur <strong>la</strong> fatalité, qui se trouvent dans celui<br />

<strong>de</strong> Corneille , et ce sont les seuls qui méritent<br />

d'être retenus. J'ai cité aussi, à propos <strong>du</strong> sublime<br />

d'expression, les quatre beaui vers que Ton distingue<br />

dans l'exposition A'Othon, exposition à <strong>la</strong>quelle<br />

Yoltalre donne beaucoup d'éloges.<br />

Il y en a quatre dans Sopkonhbe, qui sont aussi<br />

d'une expression énergique. Ils sont dans <strong>la</strong> bouche<br />

<strong>du</strong> viens Syphax, et soutes même temps <strong>la</strong> critique<br />

<strong>de</strong> son rôle.<br />

Que c'est tin tobédîe et honteux esc<strong>la</strong>vage,<br />

Que ce<strong>la</strong>i d'an époux sur Se penchant <strong>de</strong> l'âge f<br />

Quand, sons on front ridé t qu'os a droit <strong>de</strong> talc,<br />

1 croit se faire aimer à force d'obéir !<br />

A Fégard é*JgésMusf Fontenelte s'exprime ainsi :<br />

* 1 iiiit croire qu'i est <strong>de</strong> Corneille, puisque see nom y<br />

est ; et il y a eue scène d'Agésites et <strong>de</strong> Lysaa<strong>de</strong>r qui ne<br />

pourrait pas facilement être d'en autre. »<br />

Cette louange est fort eiagérée. Le ton <strong>de</strong> cette<br />

scène est noble, et les pensées ont assez <strong>de</strong> dignité;<br />

mais <strong>la</strong> versification en est faible<br />

Jndrmmêdê et ia Toism d'or sont ee qu'on appelle<br />

<strong>de</strong>s pièces à machines. Elles ne furent -point<br />

représentées par les comédiens <strong>de</strong> l'hôtel <strong>de</strong> Bourgogne<br />

: <strong>la</strong> première le fut sur te théâtre qu' on appe<strong>la</strong>it<br />

<strong>du</strong> petit Bourbon; l'autre en Normandie, che2 le<br />

marquis <strong>de</strong> Sourdéac, à qui nous <strong>de</strong>vons rétablissement<br />

<strong>de</strong> l'Opéra. Ces pièces à machines s où le<br />

chant se mêle <strong>de</strong> temps en temps à <strong>la</strong> déc<strong>la</strong>mation,<br />

étaient encore une nouveauté qu'essayait le talent<br />

<strong>de</strong> Corneille, trente ans avant les opéras <strong>de</strong> Quïnaulf,<br />

et qui prou?@ qu'il a tenté tous les genres <strong>de</strong><br />

poésie dramatique.<br />

Le spectacle <strong>de</strong> <strong>la</strong> Tohom £®r, donné <strong>de</strong>puis sur<br />

le théâtre <strong>du</strong> Marais, réussit beaucoup par un appareil<br />

<strong>de</strong> représentation que l'on n'avait jamais vu,<br />

et fut oublié quand on eut les chefs-d'œuvre lyriques<br />

<strong>de</strong> Quinault. Mais les amateurs ont conservé dans<br />

leur mémoire ces quatre vers <strong>du</strong> prologue, qui<br />

«primaient une vérité <strong>de</strong>venue bien plus sensible<br />

longtemps après que Corneille les eut faits. C'est ia<br />

France qui parle :<br />

A vaincre tant <strong>de</strong> fois Mes forces sWâiMleseet;<br />

L'État est fterlsmni, mais les peuples gémissent :<br />

Lee» membres êèdmmêBWMrbmt s 497<br />

La comédie <strong>du</strong> Menteur, qui précéda <strong>de</strong> vingt<br />

ans celles <strong>de</strong> Molière, fat empruntée <strong>de</strong>s Espagnols,<br />

comme k CM : ainsi nous <strong>de</strong>vons à d'heureuses<br />

imitations f embellies par <strong>la</strong> muse <strong>de</strong> Corneille, ia*<br />

première tragédie touchante et <strong>la</strong> première comédie<br />

<strong>de</strong> caractère que l'on ait vues sur notre théâtre ;<br />

et fauteur fut dans l'une et dans l'autre également<br />

supérieur à tous ses contemporains. Cest dans le<br />

Menteur qu'on entendit pour <strong>la</strong> .première fois sur<br />

<strong>la</strong> scène <strong>la</strong> conversation <strong>de</strong>s honnêtes gens. On n'avait<br />

eu jusque-là que <strong>de</strong>s farces grossières, telles que<br />

les Jod<strong>de</strong>b <strong>de</strong> Scarron, et <strong>de</strong> mauvais romans<br />

dialogues. L'intrigue <strong>du</strong> Menteur est faible, et ne<br />

roule que sur une méprise <strong>de</strong> nom qui n'amène pas<br />

<strong>de</strong>s situations fort comiques. Maïs <strong>la</strong> facilité et l'agrément<br />

<strong>de</strong>s mensonges <strong>de</strong> Dorante, et <strong>la</strong> scène<br />

entre son père et lui, où le poète a su être éloquent<br />

sans sortir <strong>du</strong> ton <strong>de</strong> <strong>la</strong> comédie, font encore voir<br />

cette pièce avec p<strong>la</strong>isir au bout <strong>de</strong> cent cinquante<br />

ans. La suite <strong>du</strong> Menteur n'a pas été aussi heureuse ;<br />

mais Voltaire pense que, si les <strong>de</strong>rniers actes répondaient<br />

auï premiers, cette suite serait au-<strong>de</strong>ssus<br />

<strong>du</strong> Menteur, Plusieurs vers <strong>de</strong> cette <strong>de</strong>rnière pièce<br />

sont restés proverbes, mérite «nique avant Molière.<br />

Il reste à tracer tin résumé <strong>de</strong>s qualités distincte<br />

ves <strong>du</strong> génie <strong>de</strong> Corneille, <strong>de</strong>s parties <strong>de</strong> l'art où<br />

il â réussi, et <strong>de</strong> celles qui lui ont manqué. Ce sera<br />

une occasion <strong>de</strong> rassembler sous un même point <strong>de</strong><br />

vue quelques observations essentielles à <strong>la</strong> théorie •<br />

<strong>du</strong> théâtre, qui eussent été moins frappantes si je<br />

les avais dispersées dans l'analyse succincte que j'ai<br />

faite <strong>de</strong> ses ouvrages. C'est aussi le moment <strong>de</strong> réfuter<br />

les méprises et les injustices <strong>de</strong> Fontenelle.<br />

Mais il est à propos auparavant d'examiner les motifs<br />

<strong>de</strong> <strong>la</strong> partialité qui a dicté trop souvent les jugements<br />

qu'on a portés sur Corneille.<br />

Il a eu le sort <strong>de</strong> tous les grands hommes. De son<br />

vivant, et au milieu <strong>de</strong> ses succès, les Scudéry, les<br />

C<strong>la</strong>veret, les d'Aubignae, et vingt antres barbouilleurs<br />

<strong>de</strong> cette force, lui disputaient son mérite, ne<br />

pouvant lui disputer sa gloire, et censuraient indistinctement<br />

ses défaots et ses béantes. Lorsque, dans<br />

<strong>la</strong> vieillesse <strong>de</strong> ses ans et <strong>de</strong> son génie, on eut vu<br />

s'élever à côté <strong>de</strong> lui <strong>la</strong> jeunesse bril<strong>la</strong>nte <strong>de</strong> Racine,<br />

<strong>de</strong>s beaux-esprits jaloux, <strong>de</strong>s courtisans qui faisaient<br />

quelques jolis vers, et à qui Eacine ne <strong>la</strong>issait rien,<br />

parce qu'il en faisait supérieurement, se mirent à<br />

sens mn hauts falti. exalter au <strong>de</strong>là <strong>de</strong> toute mesure le vieil athlète qu'ils<br />

Et <strong>la</strong> gloire <strong>du</strong> trône accable les it^ets.<br />

regardaient comme hors <strong>de</strong> combat, pour rabaisser<br />

Ce <strong>de</strong>rnier vers est parfaitement beau.<br />

injustement le triomphateur qui occupait <strong>la</strong> lice.<br />

1 De là ces éloges prodigués par Saint-Evremond à<br />

€&mher n'est poîat un werbe neutre : e'est on werbe actif<br />

qui <strong>de</strong>man<strong>de</strong> ee régime. Ph§€r était ie mot propre, s*U <strong>de</strong>s pièces aussi mauvaises <strong>de</strong> tout point que Sopho-<br />

eût pu entrer dans le ¥ers.<br />

fdsbê et AUUa ; ces cabales <strong>de</strong>s <strong>du</strong>cs <strong>de</strong> Hevers et<br />

LA HARPE. — TOME I.<br />

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